Chapitre 19 : Haute trahison


 

 

La Résistance,

 

Poe était littéralement lessivé. La réunion du Haut Conseil s’était prolongée jusque tard dans la nuit et il semblait au commandant que la générale Organa avait peiné à se faire écouter. Les opinions modérées de Leia trouvaient de moins en moins d’écho auprès de leurs compagnons, furieux de la mort de leurs amis. S’il devait être totalement franc, Poe Dameron était de leur avis : ils devaient frapper durement le Premier Ordre. Leur rendre la monnaie de leur pièce et venger la mort de Brance et des autres. Seulement, la générale n’y était pas favorable et, en dépit de l’existence du Haut-Conseil, c’était bien elle qui avait le dernier mot. Donc, ils ne feraient rien. Pas d’action spectaculaire, ni de représailles sanglantes. La priorité de la générale était de ne pas sacrifier inutilement des membres de leur groupe ou des civils innocents. 

Poe laissa échapper un profond soupir. Certes, une part de lui comprenait la décision de Leia, sa volonté d’épargner des vies, mais… Ils étaient en guerre et leurs ennemis n’avaient pas ce genre de scrupules.

Il se dirigeait vers ses appartements, pressé de retrouver la chaleur du corps de Paige contre le sien, lorsqu’il aperçut Lando. Le vieux filou arborait une mine dépitée, refoulant sa lassitude, Poe se dirigea vers lui.

« Lando ? Vous semblez contrarié…

— Après ce à quoi nous venons d’assister, je vois difficilement comment il pourrait en être autrement », répliqua le forban.

 

Poe se troubla et lança un long regard interrogateur à Lando. Un sourire amer se forma sur les lèvres de ce dernier.

« Bien sûr…Tu es comme tous les autres, toi aussi tu te laisses emporter par l’esprit revanchard et l’envie d’en découdre. Tu te dis que la violence est la seule réponse possible. Nous ne sommes plus guère nombreux à nous souvenir de l’Alliance Rebelle et des raisons de son existence.

— C’est-à-dire ? » interrogea Poe, réellement perplexe. 

Lando poussa un profond soupir.

« La princesse Organa n’a jamais voulu détruire et exterminer. Son but a toujours été d’apporter la paix et l’égalité dans la Galaxie, de mettre un terme à la dictature impériale, ou pour ce qui nous occupe présentement, d’empêcher Snoke d’étendre ses influences nocives sur les Systèmes.

— Je vois difficilement comment nous pourrions en finir avec eux sans les combattre, observa Poe. 

— Il faut se battre ; oui. Mais pas comme Ackbar et les autres veulent le faire. Pas en frappant Coruscant ou un autre centre névralgique du Premier Ordre au mépris des innocents qui seront touchés.

— Si nos tirs se concentrent sur la base et si notre opération est bien préparée, nul innocent ne perdra la vie, répliqua Poe.

— Ah oui ? ricana Lando. Et les troopers ?

— Les troopers ? s’ébahit Poe. Mais, enfin, ce sont…

— Pour la plupart de pauvres êtres qui ont été arrachés à leur famille et enrôlés de force dans le Premier Ordre. Comme ma Jannah ou ton ami Finn. Combien d’entre eux ont réellement conscience de la cause qu’ils servent ? »

L’idée n’avait jamais traversé l’esprit de Poe et il se décomposa légèrement. Lando s’en avisa et grimaça :

« Voilà une des raisons pour lesquelles la disparition du dernier Jedi est un drame pour notre Galaxie. Luke, à l’instar de la princesse, comprenait que ceux qui se dressent face à nous n’ont pas tous choisi de le faire. Les Chevaliers de l’Ordre Jedi savent lire dans les cœurs des gens. Ils sont capables de discernement dans leurs combats au lieu de frapper à l’aveugle comme nos amis du Haut-Conseil voudraient le faire. »

Dameron s’empourpra légèrement et baissa la tête avant de se souvenir d’un détail qui l’avait surpris durant la réunion.

« C’est pour cela que la vice-amirale Holdo est si acharnée à retrouver Skywalker ? Ou a-t-elle une raison plus personnelle de le vouloir ? » osa-t-il demander.

Le visage de Lando se referma immédiatement.

« Les motifs d’Amilyn ne regardent qu’elle et il est exclu qu’il en devienne autrement. »

Ainsi rabroué, Poe fronça les sourcils et Lando insista. 

« Il y a des choses qui doivent demeurer cachées. Pour le bien de tout le monde. Tout ce que tu as à savoir est qu’Holdo, comme Leia, comprend à quel point il est impératif pour la Galaxie de faire renaitre l’Ordre Jedi. A présent, si tu veux bien m’excuser, ma vieille carcasse n’a plus l’habitude de veiller aussi tard et j’ai hâte de me reposer. »

 

Resté seul, Poe songea à l’attitude de Lando. Visiblement, son instinct ne le trompait pas au sujet d’Holdo. La froide vice-amirale, toujours si raide et collet monté, était capable d’éprouver des sentiments. Amusé par cette idée, Poe rejoignit ses appartements en sifflotant.

 

Le Premier Ordre, 

 

Une fois entré dans les appartements de Kaydel, Hux fixa longuement le visage de la jeune femme sans un mot. Il devait admettre que Pryde avait raison… Les pommettes hautes, l’ourlet des lèvres, la forme des yeux de Kaetix… Tout cela lui rappelait à présent la générale Organa. Un tic nerveux déforma sa bouche lorsqu’il songea aux analyses qui avaient révélé la présence de midi-chloriens en sommeil dans le sang de la jeune femme. 

 

Troublée par l’intensité du regard que le général posait sur elle, Kaydel toussota.

« Que se passe-t-il ? »

Le son de sa voix, doux et mélodieux, sortit Hux de la transe dans laquelle les insinuations de Pryde l’avaient plongé.

« Votre mère, vous avez bien dit qu’elle était native d’Alderaan, n’est-ce pas ? En voyage, lors de la destruction de sa planète. »

Une main glacée se referma sur le cœur de Kaydel et elle opina silencieusement du chef, les yeux dans ceux du roux. Le regard vert de Hux avait perdu de sa chaleur coutumière et Kaydel referma malgré elle ses doigts sur son bracelet.

« Dans quel système ? » l’interrogea Hux.

Décontenancée, Kaydel cligna des yeux.

« Quoi ?

— Dans quel système votre mère voyageait-elle ? articula-t-il lentement. J’imagine qu’elle a dû maintes fois vous le raconter, attendu que c’est durant ce périple que tout ce qu’elle connaissait a disparu. D’ailleurs, vous ne m’avez jamais dit son nom. »

 

Kaydel s’obligea au calme, se concentrant sur les battements de son propre cœur afin de refouler la panique qui montait en elle.

« Jaina, c’était le prénom de ma mère, répondit-elle, fidèle à la biographie qu’elle avait construite pour Kaetix. Elle se trouvait sur Naboo lorsque sa planète a été détruite. C’est d’ailleurs là-bas qu’elle a rencontré mon père, Losnah.

— Votre père était d’origine Naboo ? » s’empressa de l’interroger Hux.

Kaydel réfléchit rapidement. Elle n’avait jamais défini clairement les origines de son « prétendu » père mais son instinct lui dicta de répondre par l’affirmative.

« Du côté de sa mère. Mon grand-père était de Dulathia et voyageait beaucoup. Il a rencontré ma grand-mère dans une taverne, l’a épousée et l’a ramenée sur Dulathia. Rien de très glorieux, » fit-elle mine de grimacer.

 

Un large sourire s’épanouit sur les lèvres de Hux. Il avait eu raison un peu plus tôt en suggérant que la ressemblance entre Kaetix et la générale rebelle était un pur hasard dû à des racines communes. Il s’était simplement trompé de parent et de planète ! Soulagé, il repoussa la petite voix pernicieuse qui lui rappelait les midi-chloriens et s’approcha de sa compagne.

« Je vous l’ai dit, vos origines m’importent peu.

— Dans ce cas, pourquoi ces questions ? » lui renvoya Kaydel, sur la défensive.

Hux soupira, se sentant un peu ridicule.

« Je… Le général Pryde m’a fait remarquer que vos traits avaient certains points communs avec ceux de la rebelle Organa et, je ne sais pas, je… »

 

Cette fois, Kaydel dut faire appel à tout son self-contrôle pour ne pas essayer de s’échapper. 

« Cette vieille peau toute flétrie ? ironisa-t-elle à la place. Très flatteur… »

Elle adressa mentalement une excuse à Leia tandis qu’Hux, honteux de sa propre crédulité, baissait la tête.

« C’était une beauté lorsqu’elle avait votre âge, marmonna-t-il. Mais, n’y pensons plus. Pryde a toujours été un homme envieux. Me voir triompher de mes ennemis et entouré d’une femme telle que vous a dû réveiller sa jalousie, raison pour laquelle il a tenté de semer le trouble dans mon esprit afin de nous séparer. »

Kaydel écarquilla les yeux, stupéfaite de s’en sortir aussi facilement. Devant son silence, Hux s’inquiéta.

« Je n’aurais jamais dû l’écouter et vous interroger de la sorte. Me pardonnez-vous ? »

Une lueur remplie d’espoir brillait dans ses yeux verts. Désireuse d’être sûre que tout danger était écarté, Kaydel s’approcha de lui.

« Cela m’inquiète de vous voir douter de moi aussi facilement. Si vous ne me faites pas confiance, peut-être ne suis-je pas la personne adéquate pour vous seconder… »

 

Hux déglutit.

« Je suis navré, Kaetix. C’est juste, que, que mon éducation et mon expérience au sein du Premier Ordre ne m’ont pas préparé à avoir foi en quiconque. Mais, poursuivit-il avec une émotion visible, depuis que je vous connais, cela m’est plus facile. Même s’il me reste encore du chemin à faire, ajouta-t-il avec une grimace piteuse. S’il vous plait, restez… Je ne veux personne d’autre à mes côtés. »

Touchée, Kaydel lui prit la main.

« Armitage, je ne souhaite pas être une gêne ou une entrave pour vous, murmura-t-elle. Si ma présence pose un problème, je…

— Non ! explosa Hux. Pryde n’a aucun droit de s’immiscer de la sorte dans ma vie. JE suis le bras droit du Suprême Leader, c’est MOI qui suis en charge ici et non lui. Je ne le laisserais plus remettre en question mon jugement. »

 

Le cœur de Kaydel se serra un peu plus devant la naïveté du général. Elle avait beau le savoir redoutable et sans pitié, elle se méprisait de lui mentir. Qu’arriverait-il à Hux si la vérité venait à éclater ? Comment pourrait-il encore marcher la tête haute ou accorder sa confiance ? Pendant une fraction de seconde, elle envisagea de tout lui avouer avant de renoncer devant la folie d’un tel geste. Même si Hux tenait à elle, il ne pourrait pas fermer les yeux sur son statut d’espionne. Au mieux, il lui ferait la grâce d’une fin rapide, au pire…

 

Les lèvres du roux se posèrent sur les siennes, mettant fin aux sombres pensées de la jeune femme. Leurs langues se rejoignirent dans une danse passionnée et elle glissa ses doigts dans les cheveux de Hux afin de l’attirer à elle. A cet instant, elle ne désirait rien d’autre que d’être avec lui et d’oublier le Premier Ordre, la Résistance, sa mère et tout ce qui les séparait. 

 

La bouche de Kaydel était de miel pour Hux et il approfondit leur baiser, la poussant doucement vers le lit. Cette fille le rendait littéralement fou. A présent, qu’il l’éprouvait enfin, il comprenait ce qu’était le désir charnel. Ses mains pâles glissèrent sur le corps de sa compagne et il la débarrassa de sa chemise empesée. Leurs bouches se séparèrent et il retint son souffle à la vue des deux globes de chair gansés de satin noir qui se dévoilaient à son regard. Eperdu de convoitise, il pesa de tout son poids sur la jeune femme, la débarrassant de son sous-vêtement pour exhiber les seins parfaitement proportionnés de sa compagne.

« Magnifique », haleta-t-il avant de les prendre dans ses mains, ses doigts jouant avec leurs pointes durcies. 

 

Kaydel ferma les yeux sous la caresse, son corps s’arquant instinctivement vers celui du général. La langue de ce dernier taquina l’une de ses pointes et elle laissa échapper un gémissement tandis qu’une des mains de Hux s’insinuait dans son fut, ses doigts éprouvant son humidité. 

 

Le bruit de la boucle de la ceinture de Hux tombant sur le sol tira Kaydel de son extase et elle se redressa, paniquée de se retrouver à demi-nue devant lui. 

« Kaetix… » souffla le général, lui aussi torse nu, en s’approchant d’elle.

Le cœur battant la chamade, Kaydel se déroba à sa caresse et Hux eut l’impression d’une douche froide.

« Que se passe-t-il ? Je pensais, j’ai cru que tu en avais envie… » s’inquiéta-t-il. 

Kaydel avala sa salive.

« Je… Oui, admit-elle. Seulement, je n’ai jamais… »

Elle s’interrompit et Hux sentit son désir atteindre son paroxysme devant ce qu’elle sous-entendait.

« Je ferais attention, je te le promets, » murmura-t-il.

Le rouge aux joues, Kaydel poursuivit. 

« Je… Vous, tu ne comprends pas. J’ai juré à ma mère de rester pure jusqu’à mon mariage. »

 

Cela était l’entière vérité, pour une fois. Leia s’était conservée jusqu’à sa nuit de noces et Kaydel avait choisi des années plus tôt de suivre les traces de sa mère sur ce point. En accord avec la tradition d’Alderaan. Un peu inquiète de la réaction de Hux, elle leva timidement les yeux vers lui. 

« Rhabille-toi », lui ordonna-t-il avec plus de sécheresse qu’il ne le voulait.

Le cœur en berne, Kaydel se retourna pudiquement pour agrafer son sous-vêtement et Hux, conscient de ce que sa réaction laissait à penser, s’approcha pour l’embrasser dans le cou.

« Ne crois pas que je t’en veuille, murmura-t-il. Je respecte ton choix. J’aurais juste aimé que tu m’en parles plus tôt, tenta-t-il mollement de plaisanter.

— Je suis désolée, murmura Kaydel, honteuse.

— Ne t’excuse pas d’avoir des valeurs et de la dignité. Ce sont toutes ces choses qui font de toi une femme exceptionnelle, » lâcha Hux avant de sortir à la hâte, le visage rouge brique.

 

( ) ( )

 

Une fois à l’extérieur, il se heurta presque à Pryde. Devant son allure débraillée et son agitation manifeste, le plus vieux haussa le sourcil. 

« Oh… C’est donc ainsi que vous menez vos interrogatoires, lâcha-t-il avec mépris. A présent, je comprends les raisons de votre manque de résultats. »

Hux s’efforça de retrouver sa dignité et réajusta sa tenue.

« Le fait que notre Leader ait requis temporairement votre présence ne vous autorise pas à vous immiscer dans ma relation avec ma collaboratrice.

— Collaboratrice, ricana Pryde. Soit. Enfin, j’étais venu vous annoncer que j’allais m’absenter quelques temps, j’imagine que cela vous fait plaisir ? »

Un sourire joua sur les lèvres de Hux.

« Je suis effectivement ravi de vous voir retourner d’où vous venez. »

Le regard acéré de Pryde se posa sur Hux.

« Oh, vous pensez que je vais rejoindre la Base Arrière ? Vous faites erreur, Hux. Le Suprême Leader Snoke m’a demandé de me rendre sur Coruscant afin de juger des compétences de l’homme que vous avez placé à sa tête. Il faut croire qu’il commence, lui aussi, à douter de vos aptitudes… »

A cette nouvelle, Hux se décomposa.

« Je suis certain que nous aurons, le chancelier administrateur Opan et moi-même, beaucoup de choses à nous dire, triompha Pryde. Je vous laisse à présent, j’étais juste venu vous informer de mon départ prochain : le Suprême Leader souhaite avoir mon rapport au plus vite. »

 

Blême, Hux suivit des yeux la silhouette de Pryde tandis qu’il s’éloignait. Il ne faisait aucun doute dans son esprit que son aîné ne reculerait devant rien pour le détruire afin de prendre sa place. Un frisson lui remonta l’échine en songeant à tous les secrets dont Opan était le dépositaire et son regard tomba sur la porte close de Kaetix. 

Opan haïssait la jeune femme… Et il savait pour les midi-chloriens qu’elle détenait dans son sang. Si une telle information arrivait aux oreilles de Snoke, le Leader ne mettrait pas longtemps à demander qu’on la lui apporte. Le général serra les poings à la pensée de ce que Snoke ferait subir à Kaetix dans l’espoir la voir s’ouvrir à cette satanée Force pour l’utiliser ensuite. Il avait été témoin, des années plus tôt, de la « sensibilisation » de Vicrul, l’un des Chevaliers de Ren. Et, même si les souffrances de Ren avaient de quoi le satisfaire, certaines d’entre elles lui avaient soulevé le cœur. Il était hors de question qu’il prenne le risque de voir Kaetix être exposée à de telles horreurs. 

 

Sa décision prise, Hux tourna les talons.

 

( ) ( ) 

 

« Vous voulez que je… Mais, c’est de la haute trahison ! » s’étrangla Phasma.

Le regard dur, Hux la toisa.

« Tout comme le fait d’avoir laissé Solo et FN 2137 accéder à Starkiller et ainsi participé à sa destruction.

—Comment savez-vous ? souffla Phasma.

— Peu importe. La seule chose qui compte c’est que je sois au fait de ce qui s’est réellement passé. »

 

Phasma déglutit sous son masque.

« Ils menaçaient ma vie.

— Vous croyez vraiment que cela fera une différence pour le Suprême Leader ? »

La capitaine des troopers soupira, consciente que ce ne serait pas le cas. Snoke éliminait sans vergogne tous ceux qui faisaient preuve de faiblesse, même un instant. 

« Pourquoi commanditer sa mort ? demanda-t-elle, résignée.

— Mes raisons ne vous concernent pas. Sachez simplement que Pryde fait tout ce qu’il peut pour obtenir ma disgrâce. 

— Dans ce cas, vous n’avez qu’à vous en charger vous-même ou demander à votre protégée ! C’était ce que le capitaine Opan accomplissait pour vous, nous le savons tous les deux.

— Non. Je ne veux pas que l’on puisse remonter jusqu’à moi. De plus, Kaetix n’a pas le réseau nécessaire, alors que vous… »

 

Phasma se crispa.

« Ce sera ma parole contre la vôtre. Et si Pryde trouve quelque chose contre vous, elle ne vaudra plus grand-chose. »

Hux s’approcha d’elle.

« Allons, Phasma… N’oubliez pas que je suis celui qui vous a mis à la tête des stormtroopers. Si je tombe, vous ne tarderez pas à le faire vous aussi. »

Elle rumina quelques instants cette affirmation, puis :

« Comment ?

— Faites en sorte que sa navette explose et que l’on croit à des représailles de la Résistance suite à la destruction de l’une de leurs bases. 

— Il serait plus facile d’attendre qu’il soit arrivé, j’ai des hommes sur place qui pourraient…

— Non. Le général Pryde ne doit jamais atteindre Coruscant, la coupa Hux. Je sais que vous êtes en contact avec des mercenaires de tout poil, le faire abattre n’est qu’une formalité pour vous. »

 

Phasma grimaça sous son casque. Hux avait raison, bien entendu. Seulement, entre quelques exactions de temps à autres et préméditer l’assassinat de l’un des pontes du Premier Ordre, il y avait une différence de taille.

« Cela risque de couter cher.

— Je me moque du nombre de crédits que vos hommes demanderont. Je paierais. La seule chose qui m’importe c’est que Pryde disparaisse. »

 

 

La Résistance, 

 

 

Paige se colla contre le corps chaud de Dameron et le gratifia d’un baiser léger dans le cou avant de laisser sa main descendre jusqu’au bas-ventre de son amant. Un sourire s’épanouit sur les lèvres du pilote et il marmonna.

« Mmm j’adore ça… J’étais certain que tu avais appris deux trois trucs sur Jakku… »

Paige stoppa net son mouvement.

« Jakku ? » répéta-t-elle d’une voix montant dans les aigus.

Cela termina de réveiller totalement Poe qui sursauta.

« Hein ?

— Tu as parlé de Jakku ! Et de trucs que j’y aurais appris ! » 

 

Le visage de Paige était cramoisi de rage et le pilote bredouilla :

« Je, euh, j’ai dit ça ? Je suis désolé, je, je dormais encore, je devais être en plein milieu d’un rêve. »

Sa compagne, le visage fermé, siffla :

« Visiblement, je n’étais pas celle sur qui tu fantasmais. »

Poe détourna brièvement les yeux, ce qui finit d’énerver la jeune femme. D’un mouvement vif, elle se leva et ramassa ses vêtements.

« Paige, tenta Poe.

— Non. Je ne veux pas entendre tes excuses !

— Mais, enfin, je rêvais ! » s’exaspéra le pilote.

 

La jeune femme lui tourna le dos et sortit sans un regard en arrière. BB-8 s’approcha alors de Dameron et bipa à toute vitesse.

« Mais non ! J’étais à moitié endormi ! J’ai dû mélanger mon rêve et la réalité. Enfin, je suppose que ça va être ceinture pour un moment, » soupira Poe.

Le petit droïde confirma vigoureusement et le pilote haussa les épaules, excédé par la jalousie de sa petite amie.

 

( ) ( )

 

« Hey, Paige, tu sais où est Poe ? l’interpella Finn en voyant la jeune femme.

— Sans doute en train de rêver à des trucs dégueulasses avec une fille de Jakku », lui renvoya Paige sans aménité. 

Interdit, Finn cligna des yeux, bouche ouverte.

« Ça veut dire quoi ? coassa-t-il finalement.

— Que je commence à en avoir marre de Rey. Rey par ci, Rey par là… 

— Oui mais tu sais qu’on la cherche tous parce que…

— Elle seule peut sauver la Galaxie, trouver le Jedi et accomplir je ne sais quel miracle, compléta Paige avec férocité. Sauf qu’elle n’est pas là et, si tu veux mon avis, elle n’est pas près de revenir. En plus, si elle est si douée que ça, comment ça se fait qu’elle n’ait pas encore échappé à Ren ? A moins, bien sûr, qu’elle n’en ait pas envie… »

 

Cette fois Finn serra les poings.

« Comment oses-tu suggérer que, que Rey, resterait avec ce monstre de son plein gré ! Tu la connais, c’est une femme bien, jamais elle

— Non, justement, je ne la connais pas ! Et toi non plus, ajouta Paige. 

— C’est ma petite amie, bafouilla Finn tant il était ulcéré par les propos de la jeune femme.

— Vraiment ? Tu en es sûr ? Parce qu’on dirait qu’elle n’est pas si pressée que ça de te retrouver. A ta place, je chercherai une fille vraiment disponible et disposée à être avec toi, » lâcha-t-elle avant de le planter là. 

 

Jannah, qui avait assisté à l’échange, s’approcha de Finn et poussa un long sifflement.

« Eh bien, moi qui croyais que Paige était la Tico sympa… »

Finn tressaillit et se tourna vers la jeune femme qui lui offrit un large sourire.

« Désolée, j’ai tout entendu. 

— Je ne sais pas ce qu’elle a, soupira Finn. A tous les coups, elle s’est encore disputée avec Poe. »

Jannah roula des yeux.

« Ils ne vont pas très bien ensemble.

— Ah bon ? s’étonna Finn. Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »

Un léger sourire se forma sur les lèvres de Jannah.

« Poe est plutôt…insouciant alors que cette pauvre Paige semble porter toutes les responsabilités de la Galaxie sur ses épaules. En même temps, avec une sœur comme Rose sur les bras, je la plains. 

— Rose est sympa, tu sais. C’est juste qu’elle a des opinions bien arrêtées, se sentit obligé de répondre Finn.

— Oui, avec toi, elle est gentille parce qu’elle amoureuse, s’amusa Jannah.

— Rose n’est pas… commença l’ancien trooper.

— Bien sûr que si. Et c’est sans doute la seule chose chez elle que je comprends », souffla Jannah avec le même petit sourire.

 

Mal à l’aise, Finn déglutit.

« Je crois qu’on devrait changer de sujet de conversation. »

Les yeux dans les siens, la jeune femme s’approcha d’une démarche chaloupée.

« Tu sais, Paige a raison de te conseiller de te trouver une autre copine. Je ne connais pas beaucoup Rey, mais, si elle est si puissante que tout le monde semble le croire, pourquoi ne s’est-elle pas encore échappée ? Après tout, la première fois, c’est ce qu’elle a fait… A moins qu’entre temps, elle n’ait succombé au charme de Kylo Ren. »

Finn sursauta comme si elle venait de le piquer et Jannah poursuivit :

« Sous son masque, il est plutôt bel homme. Et il a des yeux d’une noirceur envoutante… De plus, sans vouloir te vexer, ta Rey semble peu farouche. C’est le genre de fille prête à tout pour survivre ; dans ma bouche, ce n’est pas une critique, précisa-t-elle à la hâte. J’admire ceux qui sont assez forts pour faire ce qu’il faut. »

Un peu ébranlé par les déclarations de Jannah, Finn songea à l’expérience dont Rey avait fait preuve lors de leurs ébats et se décomposa. Jamais il n’avait songé que son amie ait pu se servir de ses charmes afin de survivre mais, à présent que Jannah lui avait soufflé l’idée, il ne pouvait s’empêcher d’y penser.

 

La jeune femme suivit le cheminement des émotions sur le visage de son compagnon et s’approcha de lui.

« C’est différent pour nous, murmura-t-elle. Toi et moi, nous n’avons jamais eu assez de temps libre pour pouvoir faire de telles expériences. »

Finn ne bougea pas d’un muscle tandis qu’elle glissait une main derrière sa nuque.

« Nous sommes pareils toi et moi, murmura-t-elle. Lando, Poe, Paige et tous les autres ont beau essayer, ils ne pourront jamais comprendre ce qu’on a traversé. »

Hypnotisé, Finn ne protesta pas alors qu’elle approchait ses lèvres des siennes.

« Jannah. Ton père te cherche partout, » intervint la voix dure de Rose.

Le charme brisé, Finn s’écarta de la jeune femme, mal à l’aise.

« Tu, tu ferais mieux de ne pas le faire attendre. »

Le regard de Jannah se chargea de rage mais elle ne tenta pas d’argumenter. La tête haute, elle passa à côté de Rose, la bousculant presque.

 

« C’est pas ce que tu crois », bafouilla Finn à l’intention de la plus jeune des Tico.

Rose se contenta de le gratifier d’un long regard déçu avant de tourner les talons.

 


Chapitre 18                                                                                                    Chapitre 20


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