Chapitre 9 : Machinations à Port Royal


A Port Royal, l'état du gouverneur Swann ne faisait qu'empirer. Depuis que Norrington lui avait dévoilé la fin atroce de sa fille, Weatherby n'avait plus le courage de continuer à vivre. Du jour où il s'était évanoui dans le bureau de Beckett et où Norrington l'avait fait transporter chez lui, il n'avait plus quitté son lit. Weatherby vivait dans une affliction permanente, il avait tout perdu, son honneur, le respect qu'il se portait à lui-même et sa fille. Ses pensées sinistres furent interrompues par l'entrée de Cutler Beckett.

« Bonjour Gouverneur Swann. Comment allez-vous ?

- Que dois-je signer ? demanda Weatherby pour être débarrassé de cet homme dont la présence lui était odieuse.

- Comme toujours, quelques dépêches adressées à notre bon roi.

- Qui chantent vos louanges, je suppose ?

- Cela vous poserait il problème Gouverneur ? Dois-je vous rappeler que j'ai fait tout mon possible pour sauver votre fille et que si elle est morte c'est parce qu'elle a choisi de suivre un pirate. »

 

A ces mots Weatherby ferma les yeux et sentit ses larmes couler.

«  Assez je vous en prie, pourquoi me torturez-vous ainsi ? Acceptez ma démission au moins, que je puisse me regarder dans une glace … supplia t'il.

- Votre démission ? Non Gouverneur, dans ce cas vous ne me seriez plus d'aucune utilité. Signez qu'en en finisse, je suis devenu un homme très occupé vous savez. »

Le gouverneur signa ce qu'on lui demandait sans même regarder de quoi il s'agissait, pour lui ça n'avait plus d'importance à présent.

« Très bien Gouverneur Swann, à demain. Soignez-vous bien surtout, il me serait pénible que vous nous quittiez trop tôt. » Déclara Beckett, un détestable sourire aux lèvres.

 

Une fois ce dernier parti le gouverneur Swann laissa retomber sa tête sur ses oreillers et sa honte et son chagrin éclatèrent. Il avait l'impression de passer son temps à signer des missives pour Lord Cutler Beckett auquel il n'avait plus la force de s'opposer. Il vivait dans un isolement quasi total depuis l'annonce de la mort d'Elizabeth, même Norrington qui avait retrouvé son grade de Commodore ne venait pas lui rendre visite. Il aurait pourtant bien aimé parler avec celui qui avait assisté aux derniers moments de sa fille et qui avait risqué sa vie pour la sauver.

 

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Ce que le gouverneur ignorait, c'était que le commodore Norrington avait tellement honte de lui qu'il n'osait pas l'affronter en face. En effet James Norrington ne cessait de penser à ce qu'il avait fait pour retrouver sa place et son honneur. Bien sur il se consolait en se disant qu'il ne pouvait pas prévoir l'attaque du Kraken, mais cela peinait à l’apaiser.

 

Néanmoins depuis que Norrington avait récupéré son poste et les privilèges qui lui étaient associés le visage d'Elizabeth ne cessait de venir le tourmenter. Il l'avait beaucoup aimée, c'était peut-être même la seule femme qu'il eut aimé. Mais elle l'avait tant fait souffrir. Elle l'avait repoussé, et lui avait préféré deux hommes, le premier était un forgeron dont le seul mérite était d'être un homme d'honneur. James avait donc accepté sa défaite avec élégance comme seul un gentleman peut le faire. Pour noyer son chagrin, il s'était lancé à corps perdu dans la traque d'un pirate. Cela lui avait valu de perdre toutes les autres choses qui lui étaient chères. Ayant atterri à Tortuga, le repaire de la lie de la société et alors qu'il buvait plus que de raison, il avait retrouvé Elizabeth. Il l'avait suivie et s'était engagé dans l'équipage de Sparrow pour la protéger. Mais une fois à bord, ce qu'il avait vu l'avait humilié, blessé dans son orgueil et ses sentiments. Chaque jour il voyait cet ignoble pirate se rapprocher de la tendre Elizabeth et elle, et bien il avait dû se rendre à l'évidence, elle l'encourageait. Plus que cela même, elle regardait Jack Sparrow d'une manière dont elle ne l'avait jamais regardé, lui.

 

Norrington sentit à nouveau le chagrin et la colère l'envahir et repensa au sourire qu'avait Elizabeth lorsqu'elle songeait à Jack. Et le pire c'était qu'elle ne semblait pas s'en rendre compte. C'est tout cela qu'il n'avait pu supporter et qui l'avait conduit à se comporter comme cet homme qu'il méprisait et haïssait tant. Depuis, il avait eu le temps de regretter son geste car s'il lui avait rendu sa position il lui avait aussi ôté son honneur et conduit à blesser mortellement un homme qu'il respectait.

 

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C'était animé de toutes ces pensées contradictoires qu'il se rendit chez Lord Beckett. Norrington frappa et entra dans la pièce où se tenaient Beckett et son homme de paille: Mercer.

« Ah Commodore, entrez donc, j'ai des nouvelles pour vous.

- Lord Beckett, salua sobrement Norrington.

- Mercer racontez donc à notre ami les rumeurs qui vous sont parvenues. »

Mercer ne se fit pas prier.

« On m'a raconté qu'un bateau nommé Interceptor naviguait dans nos eaux, commandé par un certain capitaine Barbossa.

- Impossible. Déclara Norrington, l'Interceptor a été coulé, quant au pirate Barbossa il est mort sur l'ile de Muerta.

- Il semblerait pourtant que cela soit, coupa Beckett. Aussi ai-je pris la liberté de vous confier une mission. Vous allez partir à bord du Majestic, vous trouverez Davy Jones et vous l'informerez des derniers événements. Lorsqu'il se sera mis sous vos ordres vous lui demanderez de couler L'Interceptor. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Tout à fait. Et si je rencontre l'Interceptor en premier ? Demanda ironiquement Norrington qui doutait que la chose fut possible.

- Vous le coulez. Allez préparer votre départ, Mr Mercer vous accompagnera, vous appareillerez ce soir, » le congédia sèchement Beckett.

 

Une fois Norrington sorti Beckett se tourna vers Mercer.

« Etes-vous sur de vos informateurs ?

- Tout à fait sûr, ils sont formels, Turner et la fille du gouverneur sont à bord de ce bateau.

- Parfait dans ce cas assurez-vous que cette fois leur disparition soit certaine. Je compte sur vous pour tenir Mr Norrington à l'œil nous avons encore besoin de lui. Surtout il est capital pour le bon déroulement de nos projets qu'il continue à croire Elizabeth Swann morte.

- Ne vous inquiétez pas je sais ce que je dois faire, » lui répondit Mercer en souriant.

 

Les deux hommes trinquèrent ensuite au succès de leur entreprise.


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