Chapitre 6 : Weatherby apprend une mauvaise nouvelle


Une autre personne croyait fermement à la mort de l'ensemble de l'équipage du Pearl et cette personne c'était James Norrington.

 

En effet, après avoir dérobé le cœur de Davy Jones à Jack Sparrow, il s'était prétendument sacrifié pour sauver ses compagnons d'une mort certaine. En vérité il s'était assez facilement débarrassé de ses poursuivants et était resté sur l'ile des Quatre Vents jusqu'à ce qu'un bateau de la marine royale le récupère. Il avait néanmoins eu le temps de voir le Black Pearl se faire attaquer et couler par le Kraken et cette image venait parfois le hanter lorsque le sommeil le fuyait.

 

James respira profondément, c'était cette information qu'il était venu transmettre à Lord Cutler Beckett aujourd'hui. En effet, très éprouvé par son retour triomphant à Port Royal et la récupération de ses privilèges, James s'était accordé un délai avant d'annoncer ces nouvelles. De toute manière le plus important pour Beckett était de posséder le cœur.

 

Ayant quitté la somptueuse demeure dont la Compagnie des Indes lui avait fait cadeau, James arriva devant le bureau de Lord Beckett où il fut introduit par son homme de confiance, le mystérieux Mercer. Il s'inclina devant Beckett et fut alors pétrifié par la voix qu'il entendit derrière lui.

« Bonjour, commodore Norrington, c'est un plaisir de vous revoir ici, avez-vous ramené Elizabeth ?

- Gouverneur Swann ! Je, je suis content de vous revoir également. »

Il ne put continuer, bouleversé par l'attente confiante qu'il lisait dans les yeux du gouverneur, cet homme pour lequel il avait toujours eu le plus grand respect et beaucoup d'affection.

 

Un sourire ironique aux lèvres, Lord Beckett observait l'échange entre les deux hommes qu'il détestait du plus profond de son âme, si tant est qu'il en possède une. Il décida d'intervenir et plaqua une expression soucieuse sur son infâme visage.

« Oui Commodore, mes espions vous ont vu quitter Tortuga en compagnie de Mlle Swann et de Jack Sparrow. Vous devez avoir une idée de l'endroit où ils se trouvent ou du moins de ce qui a pu leur arriver. Alors parlez mon brave, ne tardez pas à apaiser les angoisses d'un père. »

Au fond de lui, Norrington ressentit une bouffée de haine envers l'homme qui le pressait ainsi de briser le cœur du gouverneur. Celui-ci avait déjà l'air mal en point et Norrington en le voyant si pale et amaigri craignait pour sa santé. Il essaya de contourner la question.

« Oui et bien en fait, Elizabeth n'est pas avec moi, nous avons été séparés.

- Mais où est-elle alors, où est ma fille ? Où est Elizabeth ? Gémit le gouverneur avant de se laisser tomber sur une chaise. Je vous en conjure dites-nous ce que vous savez.

-Voyons parlez Commodore, » l'exhorta Beckett avec un sourire mauvais.

 

Norrington prit une grande inspiration et commença son histoire.

« Et bien, nous avons fait escale sur une île, celle où j'ai trouvé le cœur, lança t'il en direction de Beckett. William Turner nous a alors rejoints.

- Will est avec ma fille ! s'écria Weatherby, soulagé.

- Continuez mon ami, l'engagea Beckett qui sentait qu'il y avait autre chose.

- En fait nous avons été attaqués par l'équipage de Davy Jones et...

- Oh mon dieu, vous voulez dire l'équipage maudit et immortel de Jones ! On raconte que leur cruauté est légendaire ! » S'exclama Beckett qui s'amusait beaucoup.

 

A ces mots le gouverneur parut se ratatiner un peu plus dans son siège. Norrington, pris de pitié s'empressa de le rassurer.

« Ils n'ont pas touché à Elizabeth, j'ai fait en sorte de les attirer sur moi pour permettre aux autres de s'enfuir. Votre fille et les autres ont rejoint le Pearl et je m'en suis miraculeusement sorti.

- Oh merci mon ami, je n'oublierais jamais ce que vous avez fait pour sauver ma fille ! S'exclama Weatherby, ragaillardi par la nouvelle.

- Et ensuite que sont-ils devenus, où se trouve le Pearl ? Dites-le nous que j'envoie mes soldats délivrer Mlle Swann de ces ignobles pirates ! »Intervint Beckett.

 

A ces mots, Norrington se retourna vers Beckett et fut stupéfait par la méchanceté qu'il lisait dans ses yeux. Avec qui s'était-il donc acoquiné ? Au départ il croyait que si Beckett le pressait ainsi c'était pour rassurer le gouverneur. Mais maintenant, il voyait que ce n'était pas le cas, au contraire il lui semblait que Beckett espérait entendre des nouvelles désastreuses.

 

Et bien il ne lui ferait pas ce plaisir ! Non, c'était au-dessus de ses forces, il ne pouvait pas asséner un tel coup à un homme comme Weatherby Swann. Il secoua la tête en signe de dénégation.

« Je suis désolé, je l'ignore.

- Vous mentez ! » Cria Lord Beckett.

Il reprit sur un ton doucereux.

« Racontez toute l'histoire au gouverneur.

- Enfin, James je vous en prie, le supplia Weatherby.

- Mais enfin je vous ai dit ce que je savais, tenta Norrington.

- Dites le lui Commodore, dites le lui ou je vous démets de vos fonctions et je lui annonce moi-même. Dites le lui, c'est un ordre ! dit toujours aussi doucement Beckett.

- Mais quoi ? S’affola le gouverneur. Elizabeth va bien n'est-ce pas ? Dites le moi, un de vous deux ! Je veux savoir, c'est de ma fille dont il s'agit ! »

 

Voyant Beckett se tourner vers le gouverneur et esquisser une parole, Norrington se décida la mort dans l'âme à raconter toute l'histoire. Il ne voulait pas qu'un tel homme apprenne à Weatherby la mort de son unique enfant.

« Elizabeth est retournée sur le Pearl.

- Cela vous me l'avez dit, oui, et après où est-elle allée ? S’impatienta le gouverneur Swann

- Elle n'est allée nulle part, lâcha Norrington

- Comment ça ? Que s'est-il passé ? Mais parlez pour l'amour de Dieu ! C'est un vrai supplice, » gémit Weatherby.

Norrington sentit des larmes lui monter aux yeux à la pensée de la peine qu'il allait lui faire.

« Le Black Pearl et tous ceux qui étaient à son bord a été englouti par l'océan. Jones a envoyé son Kraken sur eux. Elizabeth est morte. Je suis désolé, je n'ai rien pu faire pour la sauver. »

 

Au moment où il prononçait ces mots, Norrington réalisa qu'il mentait, Elizabeth était morte par sa faute. S'il n'avait pas volé le cœur à Sparrow, elle serait probablement encore vivante. Il avait tué la seule femme qu'il ait jamais aimée.

 

Le gouverneur Swann ne prononça plus une parole, il pleura des sanglots convulsifs puis s'évanouit. Beckett prit les choses en main et apostropha Norrington.

« Allons Commodore reprenez-vous et ramenez le gouverneur chez lui. La nouvelle que vous lui avez annoncée l'a terrassé. Sortez ! »

 

Une fois la porte refermée sur les deux hommes, il se tourna vers Mercer.

« Intéressant n'est-ce pas ?

- Comment saviez-vous qu'il mentait ?

- Oh je l’ignorais, c'était un coup de dés. Je lui ai fait croire que j'étais au courant pour le voir briser le cœur de son ami. Il ne s'en remettra jamais et ils seront ainsi tous deux plus malléables. »

 

Les deux hommes éclatèrent alors d'un rire froid et cruel qui résonna dans la pièce.


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