Chapitre 27 : Tu m'appartiens


Le réveil fut difficile pour Jack, une douleur lancinante ne lâchait pas son crâne et faisait résonner des milliers de tambours dans sa tête. Il avait la bouche pâteuse et ricana douloureusement en évaluant le nombre de cadavres qui jonchaient le sol de sa cabine.

« Oh c'est pour ça … » Murmura-t-il pour lui-même.

Son regard se posa alors sur son compas toujours inutilisable et avec un soupir il le referma sèchement. Rien n'avait changé depuis la veille, l'alcool ne l'avait pas guéri cette fois ci et il doutait que quoique ce soit y parvienne. Il remit machinalement sa chemise, ne se rappelant même plus l'avoir ôtée et se décida à aller sur le pont. Il n'était plus un enfant pour rester ainsi cloîtré dans sa cabine parce qu'une gamine le repoussait.

 

Une gamine ? Tu ne disais pas ça sur l'île de Molokai, Turner non plus d'ailleurs. Allons Jack ne soit pas stupide. Tu as toujours su qu'elle n'était pas pour toi. Alors laisse la où elle est et part comme tu le fais toujours. Tu as toujours été égoïste et libre. Tu as pris ce que tu voulais alors maintenant va t'en comme tu l'as toujours fait.

 

Jack réfléchit un instant puis il repensa aux mots si durs qu'Elizabeth avait eu pour lui puis à nouveau à la tendresse dont elle avait fait preuve sur l'île de Molokai. Avait-elle triché pendant ces instants ? Elle avait dit qu'elle le voulait lui. Elle avait dit qu'elle le méprisait. Elle avait dit qu'il était quelqu'un de bien. Elle avait dit qu'il était lâche. Avec un soupir lourd il se leva. Il avait pris sa décision, il lui donnerait le compas afin qu'elle puisse sauver son forgeron, il l'aiderait à le faire. Peu importe du moment qu'il était à ses côtés, peut être ainsi parviendrait il à la reconquérir.

 

Pourquoi ? Pour une étreinte rapide avant qu'elle ne te repousse à nouveau ?

 

Jack dédaigna de répondre et sortit dans la lumière, là il chercha à apercevoir la silhouette de celle qui le faisait se sentir vivant.

 

Nonchalamment accoudée au bastingage, mais encore terrifiée intérieurement par sa rencontre avec le redoutable Mercer, Anamaria observa Jack. Elle sourit lentement en voyant la fébrilité mal dissimulée qui animait le pirate, l'angoisse qui luisait dans ses yeux sombres tandis qu'il fouillait le navire des yeux. Elle le vit se diriger vers l'entrepont, ouvrir toutes les cabines mais sans oser demander où se trouvait sa princesse aux cheveux dorés. Finalement elle s'approcha de lui, prête à savourer sa douleur. Elle posa sa main sur son bras, le sentit trembler un peu comme s'il avait de la fièvre et parla d'un ton enjôleur.

« Tu cherches quelque chose Jack ?

- Lizzie. Souffla-t-il avec impatience, se dégageant de son étreinte

- Elle n'est pas à bord. »

Jack se retourna vivement, ses yeux luisaient d'impatience.

« Où est-elle !

- Partie se promener sans doute. Déclara Anamaria, un peu effrayée par son regard. Mais je peux la remplacer si tu veux. »

Jack posa un regard méprisant sur elle.

« Je ne crois pas non… »

Sans qu'Anamaria ait eu le temps de lui répondre il se dirigea vers Tortuga. Il ne pouvait laisser sa Lizzie errer seule sur cette île remplie de hors la loi.

 

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Le « Fringuant » avait rapidement franchi la distance qui séparait Tortuga de Port Royal, les vents leur avaient été cléments, comme si les dieux eux même avaient décidés qu'il était mieux pour elle qu'elle ne revoit jamais Jack Sparrow. Elizabeth n'avait pas quitté sa cabine de tout le voyage, tentant de remettre de l'ordre dans ses idées et ses sentiments mais taraudée par le souvenir du pirate et l'envie de le voir à nouveau.

 

Curieusement, plus Port Royal s'approchait et l'éloignait du pirate, plus ce qui s'était passé entre eux lui semblait irréel. Lorsqu'elle fermait les yeux, elle sentait encore la chaleur du soleil de Molokai, elle entendait les murmures de Jack, leurs râles de plaisir. Et puis elle ouvrait les yeux et la magie s'envolait. Jack lui avait menti pour mieux la faire tomber dans ses pièges. Il l'avait laissée tomber amoureuse pour qu'elle s'offre à lui. Il avait profité d'elle, puis de Will et peut être même d'Anamaria, tout ça pour récupérer son fichu navire. Cela n'aurait pourtant pas du l'étonner, depuis le début, depuis leur première rencontre il cherchait à récupérer son précieux Black Pearl. Et elle s'en voulait de ressentir encore de l'amour pour un homme qui avait été capable de condamner Will à être emporté par Davy Jones. Pauvre Will. Son cœur se serra en pensant à celui qu'elle avait cru aimer si longtemps. Bien sur elle croyait Jack lorsque celui-ci lui disait qu'il délivrerait le jeune homme, et cette garce d'Anamaria l'y obligerait. Mais cela ne changeait rien pour eux, ça ne changeait pas ses sentiments pour le pirate. Les larmes roulèrent à nouveau sur ses joues alors qu'elle se rappelait d'autres cris, d'autres gémissements. De la voix de Jack, chaude et sensuelle qui disait à Anamaria que cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu de vraie femme. Et à cause de ça, tous les moments qui étaient ses souvenirs les plus éclatants s'en trouvaient ternis. Le cœur lourd, Elizabeth s'essuya les yeux. Elle ne devait plus penser à Jack, l'oublier comme il l'avait oubliée et fermer la porte de ses rêves.

 

Un coup discret à la porte de sa cabine l'arracha à ses résolutions.

« Entrez. » Autorisa-t-elle d'une voix encore tremblante de larmes.

Mercer fit son apparition, il laissa glisser un bref instant son regard sur elle avant de reprendre son masque impénétrable. Elizabeth s'en aperçut et ressentit une répulsion instinctive envers le second de son fiancé.

« Nous arrivons à Port Royal, Miss Swann.

- Oh… ». Murmura Elizabeth qui retint de justesse le déjà qui lui brûlait les lèvres.

 

Ainsi donc le moment était venu de reprendre sa vie, de faire comme si rien ne s'était passé, de retrouver la douceur de son foyer, son père et son fiancé. Elizabeth se troubla un instant. Elle n'avait pas pensé à Cutler. Elle ne l'aimait pas, elle le savait à présent, mais elle avait de l'affection pour lui et ils avaient été sur le point de se marier. Seulement, voudrait-il encore d'elle à présent ? Et elle voulait elle toujours épouser un homme alors qu'elle se savait toujours désespérément amoureuse d'un autre ? Comme dans un rêve, absente, Elizabeth mit pied à terre et se laissa emporter vers le fiacre que Mercer avait fait venir pour elle. Déjà, la mer lui manquait et elle monta dans la calèche en songeant que chaque tour de roue l'éloignait un peu plus de Jack. Une fois de plus la voix de Mercer la tira de ses pensées.

« Votre père a été prévenu, il est en route et vous retrouvera chez Lord Beckett. »

 

Elizabeth tiqua, elle avait espéré pouvoir se préparer à ses retrouvailles avec Cutler. Jetant un coup d'œil par la fenêtre du fiacre elle reconnut les arbres familiers qui bordaient le parc qu'elle traversait jadis en courant, impatiente de retrouver Cutler pour leur leçon d'escrime. Qu'il était loin le temps où son cœur battait d'impatience pour son fiancé ! Elle avait cru l'aimer mais à présent qu'elle aimait réellement ce qu'elle ressentait alors lui parut bien fade. Avec un soupir, elle ferma à nouveau son cœur. Elle devait oublier Jack et ce qu'elle ressentait pour lui puisqu'elle avait fait le choix de revenir auprès de son père et de Cutler. Elle avait déjà blessé Will involontairement et un cœur brisé était plus qu'assez, elle ferait donc son possible pour ménager les sentiments de Cutler.

 

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La voiture s'immobilisa et Elizabeth vit son père et son fiancé, côte à côte sur le perron. A la vue de l'air inquiet de son père, Elizabeth ouvrit la porte sans attendre l'aide du valet et se jeta dans les bras du gouverneur, se sentant à nouveau une petite fille. Le gouverneur, mi riant, mi pleurant la reçut dans ses bras. Il la serra farouchement contre lui avant de l'écarter doucement comme pour mieux contempler son visage.

«  Oh Seigneur Elizabeth. Tu vas bien ? Ils ils, ne t'ont pas molestée au moins ? »

Des larmes emplirent ses yeux et, incapable de parler, Elizabeth secoua la tête, non ils ne l'avaient pas molestée grâce à Jack, ce même homme qui lui avait brisé le cœur.

 

Un peu en retrait, Cutler Beckett observait la scène, Mercer à ses côtés.

« Quel touchant spectacle que celui d'un père fou de sa fille qui la retrouve enfin, ne trouvez-vous pas Mercer ? » Murmura-t-il avant de s'approcher d'Elizabeth.

Un sourire élégant aux lèvres et affectant une émotion qu'il était loin de ressentir, Beckett s'inclina devant elle. Il serra ses doigts dans les siens avant de déposer un léger baiser sur sa main.

« Je suis heureux de vous revoir Elizabeth.

- Moi aussi Cutler. » Répondit machinalement la jeune femme.

Il la dévisagea alors avec attention et fouilla son regard qui lui parut à la fois plus hardi qu'autrefois mais dans lequel il lui sembla déceler de la honte.

« Il est heureux que ces monstres ne vous aient pas dérobés votre bien le plus précieux. » Insista-t-il.

Le regard de la jeune femme se troubla et fuya le sien tandis qu'elle peinait à répondre. Cutler sourit. La culpabilité… elle se sentait coupable, un sentiment qu'il serait délicieux d'exploiter. Sans laisser paraître qu'il avait compris il lui offrit son bras.

«  Venez Elizabeth, j'ai pris la liberté de vous faire préparer un bain. »

 

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La jeune femme jeta un petit regard à son père qui lui adressa un sourire rassurant et ne songeait plus à se dresser devant l'homme qui avait tenu sa promesse et ramené sa fille saine et sauve. Une fois à l'intérieur, Elizabeth se laissa entraîner par les servantes de Beckett, savourant le plaisir enfantin d'être choyée. Alors qu'elle était assise devant le miroir, les servantes s'affairant pour préparer son bain, un coup léger fut frappé à la porte, suivi immédiatement de l'entrée de Cutler qui chassa les servantes d'un geste. Elizabeth resserra son vêtement autour d'elle d'un mouvement instinctif. Elle ne savait pas comment se comporter face à son fiancé et se surprit à souhaiter voir luire le sourire de Jack Sparrow à la place de l'air affable de Cutler. Ce dernier fixa le reflet du visage de la jeune femme dans le miroir un moment sans parler et caressa du regard ses courbes avant de s'approcher d'elle.

« Ma chère, je voulais vous entretenir en privé au sujet de notre union que ces barbares ont si malencontreusement interrompue avant qu'elle ne soit prononcée. »

 

Elizabeth déglutit nerveusement, elle n'osait pas se retourner. Tandis qu’elle observait le reflet de son fiancé derrière elle, elle réalisa l'étendue de sa trahison envers cet homme qui avait manifestement passé son temps à la chercher depuis son enlèvement tandis qu'elle s'offrait naïvement à un autre. Cutler resta silencieux un moment, imaginant sans peine les réflexions de la jeune fille et posa doucement sa main sur son épaule avant de remonter vers son visage en suivant la ligne de son cou.

« Je pense que nous devrions célébrer cette union le plus rapidement possible. Murmura-t-il en effleurant son cou de ses lèvres. Au cas où votre enlèvement aurait laissé disons, un souvenir fâcheux. Un mariage rapide vous mettrait à l'abri de tous commérages. »

 

Le sang d'Elizabeth se glaça. Il savait. Il avait deviné. Levant les yeux, elle croisa le regard de Cutler dans le miroir tandis qu'il remontait sa bouche derrière son oreille et l'effleurait doucement avant de souffler

« Je vous l'ai dit lors de ma demande Elizabeth. Je vous veux pour orner ma couche. Je suis persuadé qu'en dépit de cet incident, vous et moi feront bon ménage. »

Elizabeth se mordit les lèvres. Un incident. Ces instants si forts, si beaux qu'elle avait passés avec Jack ramenés au stade d'incident ! Elle ouvrit la bouche pour répondre avant de se rappeler de cette fille aux cheveux de jais chevauchant Jack. Le cœur serré elle étudia un instant les traits de son fiancé dans le miroir tandis que la main de ce dernier se posait à nouveau sur son épaule. Sans réfléchir, elle prit sa décision, se souvenant de ce qu'elle ressentait pour Cutler avant Jack, du désir qu'elle ressentait pour lui à défaut de l'amour qui allait avec.

« Oui. Je crois en effet que c'est une bonne idée. Du reste s'il n'y avait pas eu cette attaque ce serait fait. »

 

S'il n'y avait pas eu cette fille, si Jack m'avait aimée je ne serais pas ici…

 

Cutler sourit avec satisfaction avant de reculer, rompant le contact physique.

« Je suis heureux de vous revoir aussi ardente. Je dois avouer que j'ai un peu anticipé votre réponse et j'ai pris la liberté d'organiser une cérémonie ce soir. Ainsi nous aurons la nuit pour faire connaissance. »

Elizabeth rougit légèrement, la gorge subitement sèche devant ce qu’impliquaient les derniers mots de son fiancé

« Je vous attendrai Elizabeth. » Conclut-il avant de sortir sans lui laisser le temps de répondre.

 

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Une fois à l'extérieur, un sourire cruel remplaça l'expression affable de Cutler Beckett. Il avait bien vu que sa fiancée était troublée, peut être aimait elle ailleurs mais sans doute sans retour. Quoiqu'il en soit, ces sentiments et la culpabilité qu'ils faisaient naître en elle auguraient des moments délicieux de même que la sensualité qu'il avait senti couver en elle. Elizabeth croyait souffrir à présent, honteuse de s'être donnée à un autre, mais ce n'était rien à coté de ce qu'elle ressentirait une fois qu'il en aurait fini avec elle. Beckett frissonna d'excitation et imagina jusqu'où il pourrait la faire aller. Il allait continuer à la pervertir, la faire adorer ça jusqu'à la briser. Elle était si prometteuse, tellement plus qu'Audrey ne l'avait été. Tout en pensant à ce qu'il allait infliger à sa jeune promise, Cutler se rendit dans les sous-sols de sa demeure et déverrouilla une porte.

 

A l'intérieur de la cellule, Alicia releva la tête, ses yeux bruns rougis par les larmes. Cutler lui fit signe d'approcher ce qu'elle fit en tremblant. Les mains agitées de spasmes, Alicia défit la ceinture de son geôlier et se hâta de prendre son sexe dans sa bouche tandis qu'il se poussait en elle. Beckett râla, heureux de posséder la douce maîtresse du gouverneur. Ses coups de reins se firent de plus en plus violents tandis qu'il cherchait un assouvissement rapide. Il finit par se lâcher dans la bouche de la jeune femme avec un gémissement rauque tandis qu'elle restait de glace. Il se retira et se rhabilla avant de s'adresser à elle.

« Je vais bientôt varier un peu ton menu quotidien ma belle en te rappelant le souvenir de ce cher Gouverneur Swann. Tiens-toi prête à me satisfaire… Et tu seras libre de partir ensuite. »

 

Alicia leva les yeux à ces paroles, libre… Elle ne se rappelait même plus le sens de ce mot. Elle pourrissait dans les geôles de Beckett depuis la nuit où il l'avait surprise sortant de chez le Gouverneur. Beckett venait chaque jour et réclamait tantôt des faveurs sexuelles tantôt qu'elle lui raconte ses rapports avec le gouverneur. Écœurée elle avait du obéir, consciente que, même si Beckett n'avait jamais levé la main sur elle et la traitait plutôt bien, il n'hésiterait pas à la tuer. Elle lui avait donc tout raconté sur Weatherby Swann malgré l'affection qu’elle avait pour le bon gouverneur qui à lui seul subvenait à ses besoins. Beckett la regarda et sourit, admirant une fois de plus les traits si familiers du visage avant de sortir sans un mot.

 

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Jack ne s'était pas accordé une minute de repos depuis qu'il avait constaté la disparition d'Elizabeth. Il avait fouillé Tortuga et ses ruelles de fond en comble sans succès, les battements affolés de son cœur ne lui laissant pas le moindre répit. Il savait qu'il était ridicule d'agir ici mais chaque fois qu'il décidait de l'abandonner à son sort il ne pouvait s'y résoudre. Il avait bien sur tenté d'utiliser le compas pour la retrouver mais l'objet était toujours inutilisable et oscillait sans cesse entre plusieurs directions. Jack ne pouvait pourtant penser qu'à sa Lizzie, il désirait tout à la fois la posséder, la retrouver mais aussi s'éloigner le plus possible d'elle, tant ce qu'elle provoquait en lui lui faisait peur.

 

Les voix de ses avatars ne lui laissaient pas de répit, chacun trahissait les désirs les plus intimes de Jack sans qu'aucun ne parvienne à s'imposer.

« Elle ne veut plus te voir de toute manière. C'est le petit forgeron qu'elle veut. Elle se moque de toi Jacky !

- Tu lui as promis de le libérer, si tu veux qu'elle t'aime tu dois lui prouver que tu es quelqu'un de bien.

- Tu n'as besoin de personne Jack, surtout pas d'une gamine prétentieuse et égoïste.

- Souviens toi de Molokai Jack, souviens toi de ce que tu as ressenti avec cette fille dans les bras, ne fais rien de stupide Jack, ne gâche pas une chance d'être heureux.

- Pars, va t'en laisse la se débrouiller ! »

 

Jack arriva ainsi sur le pont du Pearl, se prenant la tête entre les mains pour tenter de faire taire ces voix qui le harcelaient sans relâche. Il ne savait plus quoi faire, plus où chercher. Il semblait qu'Elizabeth avait disparu comme si elle n'avait jamais existé, comme si elle n'était qu'un rêve.

« Ton rêve. » Souffla obligeamment un de ses avatars.

Gibbs s'approcha avec hésitation de lui, ce qui fit taire temporairement les voix.

« On se demandait où tu étais Jack…

- Lizzie, elle est revenue ? Demanda Jack, une expression avide dans le regard.

- Tu ne la trouveras pas ici. » Énonça calmement Anamaria

Jack se tourna vers elle et lui accorda une réelle attention pour la première fois depuis que Jones était venu prendre Will. Le regard fiévreux il fixa la jeune femme.

« Tu sais où elle est. Où ! » Hurla-t-il sans s'en rendre compte.

 

Anamaria sourit lentement elle prit le temps de graver le visage de Jack dans sa mémoire et savoura l'inquiétude inhabituelle qui déformait les traits du pirate. Oh oui il l'aimait. Il aimait cette garce d'Elizabeth Swann. Comme Will. Mais à présent lui aussi allait avoir le cœur brisé par elle, comme elle l'avait eu à cause d'elle. Jack allait apprendre ce que ça fait de savoir que la personne qu'on aime, aime quelqu'un d'autre. Il allait savoir quel goût l'impuissance a, comme elle l'avait appris en voyant Jones emporter Will loin d'elle.

« J'ai rencontré un homme qui la cherchait. » Grimaça-t-elle en repensant à Mercer et à la terreur qu'il lui inspirait.

Jack blêmit brutalement et leva un doigt tremblant avant de reprendre.

«  Tu... Tu n'as pas fait ça… »

Anamaria sourit méchamment devant la détresse de Jack.

« Un ami de son fiancé. Elle n'a pas hésité une seconde à partir avec lui. A l'heure qu'il est-elle est sans doute arrivée à Port Royal et dans les bras de son fiancé. » Annonça-t-elle triomphalement, appuyant volontairement sur le dernier mot.

 

Jack sortit son arme de sa ceinture et braqua son pistolet sur la jeune femme. Il ne réfléchissait plus, ne pouvant penser qu'à sa Lizzie. Lizzie et Beckett.

« Tu … lui as donné. Un monstre, cet homme est… » S'affola-t-il.

Alors qu'il allait tirer, délirant complètement pendant que son esprit lui rappelait le Wicked Wench, Audrey. La marque que Beckett avait laissée sur elle.

 

Jack s'écroula sur le pont. Anamaria, soulagée, se laissa à son tour tomber au sol. Gibbs se rua sur Jack et le souleva légèrement.

« Il est brûlant de fièvre. » Annonça-t-il avant de faire signe à deux hommes de l'aider à porter Jack dans sa cabine.

Avant de partir il se tourna néanmoins vers Anamaria.

« A ta place je partirais avant qu'il ne te tue. Il avait la mort dans les yeux, sans cette fièvre, tu ne serais plus de ce monde. »

Anamaria se dirigea vers le quai.

« Je vais partir crois-moi. » Dit-elle en jetant un regard dénué de compassion vers celui qui lui avait volé tout ce qu'elle aimait.

 

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Un sourire aux lèvres elle mit pied à terre. Dans sa poche tintait joyeusement la clef du coffre de Jones qu'elle avait trouvée pendant que Jack cherchait désespérément Elizabeth. Anamaria posa une main sur l'objet et ouvrit le compas qu'elle avait subtilisé en se laissant tomber sur le pont après Jack.

« A nous deux Jones… » Murmura-t-elle avant de voir l'aiguille se fixer vers celui qu'elle désirait le plus au monde.

 

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Elizabeth sortit de son bain et laissa les femmes l'habiller de blanc, l'apprêtant avec le sourire. Elle les laissa la coiffer et fixer le voile de mousseline dans ses cheveux. La blancheur immaculée de la robe que Cutler avait choisie pour elle lui brûla les yeux lorsqu'elle se vit dans le miroir. Autour d'elle, les servantes pépiaient joyeusement et parlaient du bonheur que devait être le sien d'avoir un fiancé si pressé et si amoureux. Elizabeth lissa la robe contre elle et rougit du décolleté audacieux et de la coupe près du corps que Cutler avait choisie. Aucun cerceau ne venait faire bouffer cette robe dont le tissu se collait presque à son corps et qui faisait saillir sa poitrine étroitement corsetée. Elizabeth rougit de plus belle et songea que malgré sa couleur, cette robe ressemblait plus à celle d'une courtisane qu'à celle d'une vierge. Elle jeta un dernier regard à son reflet et essaya de trouver quelle femme Jack avait vu en elle. Elle chassa cette pensée lorsqu'elle sentit les larmes lui brûler les yeux. Son fiancé l’attendait.

 

Comme dans un rêve elle prit le bras que son père lui offrait et progressa jusqu'à l'autel improvisé devant lequel l'attendait Cutler. Vu la rapidité de la cérémonie il y avait peu d'invités et aucun visage amical pour Elizabeth. Weatherby la remit doucement à Cutler avant de s'effacer, les yeux rivés sur sa fille. Comme le reste, l'échange des vœux fut rapide, la jeune femme les prononça mécaniquement sans chercher à en creuser le sens. Ses yeux croisèrent ceux de Cutler lorsqu'elle prononça le oui qui la liait à lui et elle crut lire une lueur de triomphe dans ceux de son époux. Cutler se pencha alors sur elle avec, dans la main, l'anneau serti de diamant qui avait attendu de longues semaines le retour de la jeune femme et le glissa lentement à son doigt sans chercher à dissimuler sa satisfaction. Elizabeth lui répondit avec un sourire nerveux, un peu étourdie par l'effervescence de son mariage et son exécution si précipitée.

 

Cutler l'attira à lui d'une main ferme et l'embrassa profondément. Il glissa sa langue entre ses lèvres sans ménagement et pressa son corps contre le sien de manière à ce qu'Elizabeth puisse sentir son désir pour elle. Leur baiser se prolongea tandis que le gouverneur écrasait une petite larme en réalisant qu'il venait de donner sa fille à un homme. Les sens en éveil, Elizabeth ferma les yeux et répondit au baiser, imaginant un instant que c'était Jack qui la serrait ainsi, comme sur leur île. Cutler sourit contre sa bouche et rompit le baiser pour la fixer dans les yeux

«  A présent tu m'appartiens Elizabeth Beckett. »


Chapitre 26                                                                                                   Chapitre 28


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