Chapitre 9 : La Perle d'Occident


 

Et puis cet otage sans cage

Et puis tous ces hommes en essaim

Son grave visage, maquillage, sans âge

Et puis ces billets dans ta main

 

 

Jack se réveilla avec un mal de crâne lancinant, preuve s’il en avait besoin des abus de rhum de la veille. Retrouvant rapidement ses esprits, le pirate passa en revue sa déplorable soirée où il avait été contraint de fuir les bavardages incessants de la fille qu’il avait payée pour lui donner du plaisir mais qui n’avait réussi qu’à lui donner envie de boire. Il gémit douloureusement en sentant son corps se réveiller, son sexe se tendit alors que le désir se rappelait à son souvenir.

 

Il se leva d’une démarche chancelant, ramassa ses vêtements éparpillés çà et là dans sa cabine et s’habilla rapidement pour prendre l’air sur le pont. Jack grimaça en découvrant Bonner avachi dans un coin, ronflant à même le sol et les vêtements empestant l’opium dont il s’était sans aucun doute gorgé toute la soirée. Sans hésiter, Jack saisit le seau rempli d’eau noirâtre dont le jeune mousse se servait pour nettoyer le pont du Swan et le jeta à la figure du second qui ouvrit les yeux avec un gémissement.

« Quoi ! A vos ordres Amiral. » S’exclama Bonner qui bondit sur ses pieds avant de réaliser que l’homme qui se trouvait devant lui n’était manifestement pas un officier français.

Jack lui sourit avec ironie.

« Amiral oui j’y songerai … En attendant Capitaine me convient. »

Bonner grimaça un sourire d’excuse avant de porter la main à sa tête puis à son gilet et découvrit avec consternation que sa bourse avait disparu.

« Saloperie de chinois …

- Un problème Bonner ? » Se moqua Jack.

 

Bonner grimaça à nouveau et grommela.

« Non …

- Oh … Je vois, l’opium était-il bon ? »

Bonner le regarda d’un œil vitreux avant de baisser la tête.

«  Je ne me rappelle plus.

- Encore heureux que tu sois revenu ici entier… » Ironisa Jack.

Bonner rougit en portant la main à sa ceinture et découvrit que son arme aussi avait disparu.

«  Saloperie de chinois. » Répéta-t-il, en colère.

 

Jack haussa les épaules d’un air désinvolte.

«  Je suppose que tu n’as plus le sous.

- Même plus de quoi m’offrir une fille. » Confirma Bonner d’un air piteux.

Jack soupira et lui fit signe de le suivre.

« Voilà pourquoi je ne donne jamais entièrement leur part aux hommes.

- Moi qui croyais que c’était pour nous rouler. Ironisa Bonner

- Aussi oui. » Sourit Jack en lui tendant une petite bourse.

Bonner soupira de soulagement.

« Merci Jack.

- Paie-toi une fille mon gars. Ça te laissera de meilleurs souvenirs et ça t’évitera de te retrouver raide mort au fond d’une ruelle. »

 

Bonner sourit et regarda le visage de Jack qui avait les traits empâtés par ses récents excès.

«  Pas le seul à avoir eu une nuit difficile apparemment.

- Mais moi je me souviens de tout. Signala Jack d’un air dégagé.

- Hmmm alors dis-moi : A qui hurlais-tu de manière si convaincante que tu le haïssais cette nuit ? »

Jack blêmit légèrement.

« J’ai dit ça ?

- Oh oui … C’est même pour ça que je suis remonté sur le pont. Je n’en pouvais plus de t’entendre crier ta haine. »

Jack claqua de la langue d’un air agacé avant de répondre d’un ton dégagé.

« Ce que tu racontes n’a aucun sens. Un effet de l’opium sans doute. »

 

Bonner fronça les sourcils.

«  Pourtant Jack…

- Connais-tu la maison de Madame Wu ? Demanda Jack tout à trac pour couper court.

- Entendu parler. Répondit laconiquement Bonner. Tout le monde ne parle que de ça. Parait qu’il y a une catin exceptionnelle là-bas.

- Précisément… Répondit Jack qui afficha un large sourire.

- Elle est chère.

- Mais le Capitaine Smith est fortuné… Répondit Jack avec un sourire. Alors, où ça se trouve ?

- Au milieu du quartier anglais. »

Jack éclata de rire.

« Une maison de passe au milieu des demeures des officiers ?

- La maquerelle est amie avec tous et c’est aussi une fumerie d’opium. Précisa Bonner en rougissant légèrement sous le mot opium.

- Je vois, et bien je vais aller voir ça !

- Jack ! Et si quelqu’un te reconnaît ? »

Pour toute réponse, Jack lui adressa un large sourire et se dirigea vers le quai.

« Surveille le Swan. »

 

()()

 

 

Jack poussa franchement la porte de la maison de Madame Wu. Il grimaça devant l ‘étalage de rouge et d’or de la pièce avant de poser son regard sur les filles, qui, négligemment allongées sur des coussins moelleux, lui lancèrent des œillades intéressées. Une adolescente à peine âgée de quinze ans s’approcha de lui d’une démarche aussi assurée que celle d’une femme faite et s’inclina devant lui.

« Bienvenue chez Madame Wu. Que pouvons-nous pour votre plaisir Monsieur ?

- Smith, Capitaine Smith. Répondit Jack. J’aimerais un peu de compagnie. Susurra-t-il.

- Nous sommes là pour vous satisfaire Capitaine. Vous avez une préférence ? S’enquit la gamine.

- J’aimerais Lia. »

 

Une jeune métisse aux yeux d’un gris incroyable s’approcha de Jack, séductrice, et glissa sa main sur son bras.

«  Lia est avec un client. Peut être que je pourrais vous satisfaire. »

Jack sourit à la fille et la prit familièrement par le bras.

« Trésor, loin de moi l’idée de dénigrer des charmes aussi évidents. Commença Jack en laissant ses yeux errer sur le corps de la fille. Mais c’est Lia que je veux et pas une autre. » Murmura-t-il en posant négligemment sa bourse sur la table.

Voyant cela, les yeux de Jane brillèrent de convoitise et elle tendit la main vers l’argent. Jack saisit sa main avant qu’elle n’ait eu le temps de prendre la bourse et lui sourit.

« D’abord je veux être sûr d’avoir la fille. »

 

Jane le fixa, ce qui lui laissa le temps d’apercevoir un éclat dur dans ses yeux clairs puis son visage s’adoucit.

« Très bien Capitaine Smith. Je vais en parler à Madame Wu. » Dit-elle en s ‘éloignant.

Jack, agacé, la regarda disparaître derrière une tenture, curieux de voir cette « Perle d’Occident » dont on semblait tant faire de cas.

« Cette fille est mieux gardée qu’un trésor… » Grinça-t-il entre ses dents.

 

Mettant à profit l’absence de la prostituée, Jack lança un bref regard circulaire sur la pièce et sourit cyniquement en reconnaissant les insignes prestigieuses des uniformes des anglais mêlées aux tuniques bordées d’or des riches notables de Singapour. Oui cet endroit était bien digne du Capitaine Jack Sparrow. Une main légère se posa sur son bras et Jack rencontra à nouveau le regard gris de la jeune femme.

« Suivez-moi Capitaine Smith… »

 

Jack, un sourire ironique aux lèvres, se laissa guider dans les couloirs aux couleurs chaudes et grimaça de sentir l’odeur suave de l’opium flotter partout dans la demeure. Finalement il se retrouva devant une vieille femme ridée et obèse qui était outrageusement maquillée.

« C’est vingt pièces d’or. » Annonça cette dernière.

Jack se crispa au prix, il songea qu’aucune femme ne pouvait valoir une telle somme mais lança sa bourse à la femme avec décontraction.

 

Madame Wu défit les cordons et étala les pièces dans sa paume avec un sourire nettement plus aimable.

« Jane va vous conduire dans une chambre Capitaine Smith. Lia vous y rejoindra dans quelques instants.

- J’y compte bien. Répondit Jack. Tout comme j’espère en avoir pour mon argent. Ne put-il s’empêcher d’ajouter.

- Lia donne toujours satisfaction. A n’importe quel désir … » Ricana Madame Wu.

 

()()

 

Jack entra dans la pièce richement décorée dans laquelle Jane l’avait mené et observa l’endroit. Il siffla entre ses dents en apercevant le miroir suspendu au plafond au-dessus du lit. Avec décontraction, il se dirigea vers le fauteuil situé dans le fond de la pièce et s’assit avec un mouvement souple. Ici tout était fait pour inciter à la luxure et Jack songea qu’effectivement Lydie et les autres filles faisaient pâle figure au regard des promesses de la maison de Madame Wu. Restait à savoir si la fille était si douée qu’on le disait. Il avait grand besoin de goûter une peau qui lui ferait enfin oublier sa meurtrière. Jack soupira longuement alors que le visage d’Elizabeth Swann flottait dans sa pensée et il la rejeta loin de lui pour attendre l’apparition de cette fameuse Lia, trop belle pour être mêlée aux autres filles.

 

()()

 

Dans le couloir, Elizabeth s’essuya la bouche avec délicatesse et son cœur fit un bond dans sa poitrine en découvrant un filet de sang maculant le mouchoir dans lequel elle avait étouffé sa toux. Jane, à ses côtés, lui tendit la pipe d’opium tandis que sa main glissait familièrement le long de sa hanche.

« Il a l’air exigeant… » Souffla-t-elle.

Elizabeth inspira une profonde bouffée, le regard déjà voilé par l’opium.

«  Ils le sont tous… » Répondit elle d’un ton indifférent.

 

Sans attendre de réponse de Jane, elle poussa la porte de la chambre et baissa la tête avec servilité tout en cherchant du regard le client sans pouvoir discerner le visage de celui qui s’était assis dans l’ombre.

 

Le cœur de Jack manqua un battement en la voyant entrer. La fille était blonde et son corps mince était mis en valeur par son vêtement serré, compromis étrange entre les corsets occidentaux et les kimonos asiatiques. Ses mains se crispèrent sur l’accoudoir alors qu’elle relevait la tête et dévoilait son visage.

« Que désirez-vous ? » Souffla Elizabeth d’un ton languide.

 

Jack ne répondit pas, muet de surprise en la reconnaissant. Elizabeth. Sa Lizzie. Un couinement de rage lui échappa et il se redressa, furieux. Cette fille, cette meurtrière qui l’avait dédaigné, qui l’avait tué, qui lui avait objecté son foutu sens de l’honneur était la même que la catin qui assouvissait les désirs les plus pervers des hommes de Singapour ! Une bouffée de haine le traversa et il avança d’un pas vers elle.

« Alors c’est ça Madame Turner. »

 

Elizabeth frissonna brutalement en reconnaissant sa voix et ses yeux assombris par l’opium se posèrent sur la silhouette de son client. Jack Sparrow. Son Jack. Un cri lui échappa et elle recula vers la porte, rouge de honte de se retrouver face à lui, prête à se vendre comme les catins dont il avait l’habitude.

 

Fou de rage, le cœur cognant dans sa poitrine comme jamais, Jack traversa la pièce et la saisit aux poignets pour la plaquer sans douceur contre la porte.

« Il fallait le dire si c’était l’argent le problème. » Souffla-t-il haineusement, furieux de sentir son corps se tendre vers elle.

Le regard perdu, Elizabeth le fixa, ses poignets blanchissant sous la pression de ses doigts.

« Jack. » Murmura-t-elle d’une voix étranglée.

 

Il la regarda longuement, furieux de la désirer encore plus qu’avant maintenant qu’il savait et la plaqua plus violemment contre la porte, grinçant de haine

« Je vous croyais morte. Alors qu’en fait vous vous vendez pour de l’argent ! Vous êtes méprisable. La reine de pirates ! S’exclama-t-il avec hostilité. Rien d’autre qu’une catin qui monnaie ses charmes à qui a assez d’argent pour la payer!!! Qu’est-ce que tu leur donnes !!! Qu’est-ce que tu leur fais que tu n’as jamais voulu m’offrir !!! Réponds !!! » Hurla-t-il, fou de rage.

Elizabeth, les larmes aux yeux devant la haine pure qu’elle lisait dans son regard, hoqueta lamentablement.

«  Je n’avais pas d’autres choix, je n’ai pas le choix. C’est le seul moyen. »Murmura-t-elle.

 

Jack la relâcha brutalement à ces mots qui faisaient écho à ceux qu’elle avait prononcés le jour où elle l’avait condamné à mort, ne lui accordant pour cela qu’un baiser.

« Putain. » Cracha-t-il avant de sortir, claquant la porte derrière lui.

 

Choquée, Elizabeth se laissa glisser au sol et des larmes amères glissèrent sur ses joues alors que le pas de Jack décroissait dans le couloir recouvert de tapis.


Chapitre 8                                                                                                       Chapitre 10


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Commentaires: 4
  • #1

    Microcosmos (dimanche, 06 mai 2012 14:50)

    Ah,je dois dire que la réation de Jack était prévisible et compréhensible. Pauvre Elizabeth qui sait plus où se mettre...

  • #2

    JessSwann (dimanche, 06 mai 2012 17:42)

    Erf la réaction de Jack, oui forcément il est furieux ...

  • #3

    emy (mardi, 30 octobre 2012 05:44)

    il est furieux normal mais qu'est ce qu'il est con ! ! ! ! c'est un gros imbécile stupide!!!! haaaa sa me tue il aurai pas pus se dire que ce n'etait pas sa place et qu'il devait la sortir de se bordel?! Raaaa il me rend folle se jack (dans tous les sens du terme HAHA)

  • #4

    JessSwann (mardi, 30 octobre 2012 08:52)

    Lol et il n'a pas encore fait toute la démonstration de sa connerie mdrrr
    Tu verras...