Chapitre 35 : Naboo et déclaration


 

Ajan Kloss, 

 

 

« Rappelle-moi pourquoi on doit emmener la Sénatrice Berenko avec nous sur Naboo, déjà ?  grommela Finn à l’intention de Poe tout en se dirigeant vers le Faucon Millénium, les bras chargés de matériel.

— Parce que Ren lui a volé sa place, sans doute en utilisant ses super pouvoirs de Jedi, rétorqua Poe avec rancœur.

— Jedi ? Tu voulais dire Sith, corrigea Finn.

— Ouais, c’est ça, il a utilisé la Force », marmonna Poe avant de s’éloigner à grands pas sans plus de considération pour son ami.

Finn siffla entre ses dents. Depuis quelques jours, Poe était d’humeur querelleuse en dépit des nuits qu’il continuait à passer chez Holdo. Cela ne lui ressemblait pas.

 

« Encore une mission sans moi, soupira Rose. J’adore ce que je fais et c’est gratifiant que la Générale m’ait jugée digne d’occuper un tel poste mais j’avoue que nos aventures me manquent. »

Finn grimaça. Il n’avait toujours pas digéré la manière, délicate mais ferme, dont Rey l’avait repoussé et les appels du pied réguliers et peu subtils de Rose commençaient à le mettre un peu mal à l’aise. Il aimait bien la jeune femme, mais le rejet de Rey était encore trop récent pour qu’il envisage une autre relation. 

« Rassurez-vous, vous nous accompagnez, déclara Holdo qui avait surpris les regrets de Rose. J’aurais besoin de vos talents pour désactiver le bouclier de Naboo en toute discrétion et peut-être également sur place, suivant ce que nous y trouverons. Guich vous remplacera aux communications pendant notre absence. »

Les yeux de Rose reprirent vie et elle adressa un sourire radieux à l’Amirale. Lando, qui n’était jamais loin du petit groupe, adressa un clin d’œil égrillard à Finn et le trooper soupira.

« Oublie la petite Sith, lui glissa Lando. Elle n’était pas faite pour toi, celle-ci par contre… »

Agacé par l’obstination que le contrebandier mettait à vouloir le rapprocher de Rose, Finn se redressa et s’éloigna d’un pas rapide. Il avait besoin de réfléchir, si possible au calme.

 

Le jeune homme poussa un soupir de soulagement alors qu’il s’enfonçait dans la forêt. Enfin, le brouhaha incessant de la base diminuait et il pouvait gouter à un moment de solitude. Le premier depuis… Il ne savait même plus à quand remontait le dernier instant de détente qu’il s’était offert. Peu désireux de rencontrer l’un des autres membres de la Résistance, Finn poursuivit sa progression, goutant les sons de la nature foisonnante d’animaux. S’il avait détesté Crait et ses mines de sel, il adorait Ajan Kloss qui était un petit paradis à ses yeux. Son cœur se serra lorsqu’il se souvint que c’était l’une des premières choses que Rey avait remarqué à son arrivée sur la planète. Il se remémora les yeux brillants de la jeune femme et la manière qu’elle avait eue d’inspirer l’air frais à plein poumons. Elle lui manquait atrocement. Après tout, s’il avait rejoint la Résistance, c’était avant tout pour elle. Bien sûr, il haïssait le Premier Ordre et était conscient de leurs méfaits, mais depuis le départ de Rey, il remettait de plus en plus souvent en question son appartenance à la Résistance. Parfois, il se prenait à rêver d’une existence calme et paisible, sur une petite planète comme celle-ci, loin des combats… Loin de la Résistance et de la douleur de l’absence de Rey. 

 

Un léger bruit sur sa gauche l’alerta et il pesta entre ses dents en reconnaissant des voix étouffées. Il n’avait surtout pas envie de rencontrer qui que ce soit ! Il s’empressait vers la direction opposée lorsque le vent porta jusqu’à lui une conversation.

« Tu ne te concentres pas assez, Kaydel…

— C’est toi qui me perturbes. »

Finn fronça les sourcils. Le ton de Kaydel était joueur, presque séducteur, et cela l’intrigua. Il l’avait vue partir avec Luke quelques heures plus tôt et, aiguillonné par la curiosité, il se rapprocha discrètement au lieu de fuir les indésirables comme il l’avait initialement prévu. C’était une occasion en or de découvrir en quoi consistait l’entrainement d’un Jedi. Il ne fallut pas bien longtemps pour apercevoir les silhouettes de Kaydel et Luke et il s’approcha des deux Jedis sans bruit, utilisant la végétation pour se dissimuler. Un glapissement surpris lui échappa lorsqu’il découvrit leur occupation. Dans les bras l’un de l’autre, Luke et Kaydel s’embrassaient avec une ardeur qui ne laissait planer aucun doute sur la nature de leur relation. Gêné, Finn recula avec précipitation mais la voix de Luke l’arrêta net.

« Qui que tu sois, sors de ta cachette et viens nous rejoindre. »

C’était sans la moindre équivoque un ordre. La tête basse, Finn obtempéra et entreprit de sortir du fourré derrière lequel il s’était dissimulé.

 

Lorsque le jeune homme parvint à leur hauteur, Kaydel était rouge d’embarras tandis que Luke affichait une posture crispée. 

« Je ne voulais pas vous espionner, enfin pas vraiment, commença à se justifier Finn. C’est parce que je voulais voir comment vous vous exerciez et

— Peu importe ce que tu faisais là, balaya Luke d’un geste. J’imagine que tu es étonné, voire même choqué, par ce que tu viens de surprendre. »

Tête basse, l’ancien trooper ne répondit pas et Kaydel s’approcha de lui, inquiète.

« Finn, tu ne dois raconter à personne ce que tu viens de voir. Les autres… Ils ne comprendraient pas. 

— J’avoue avoir moi-même du mal à comprendre, maugréa Finn. Je croyais que les Jedi étaient, je ne sais pas, au-dessus de ça !

— C’est en effet ce que préconisait l’ancien Ordre Jedi, répondit Luke avec calme. Mais, à la longue, cet interdit de nouer des relations d’attachement a causé plus de mal que de bien à l’Ordre. S’ils avaient autorisé la relation entre Padmé et Anakin, sans doute aurions-nous évité l’avènement de Vador. Voilà pourquoi je le crois nocif et obsolète. »

 

Les soupçons que Finn avait brièvement entretenus au sujet de la relation entre Rey et le Jedi se ranimèrent brusquement et il se tourna vers Luke, vaguement accusateur.

« Je constate, qu’effectivement, vous vous prononcez clairement contre cette règle, Maitre Skywalker. Et j’imagine que cela vous arrange bien. Est-ce une habitude chez vous de séduire vos apprenties ? D’abord Rey et maintenant Kaydel… C’est à cause de vous que Rey a décidé de partir ? Parce que vous avez flirté avec elle avant de la laisser tomber pour Kaydel ? »

Luke se crispa un peu.

« Je n’ai rien à voir avec le départ de Rey et je n’ai jamais entretenu la moindre relation avec elle, exception faite de celle d’un Maitre et d’une padawan. Si tu cherches un responsable au fait qu’elle ait repoussé tes avances, ce n’est pas vers moi que tu dois te tourner. »

 

Le jeune homme serra les poings, furieux de se voir aussi facilement percé à jour.

« Mais vous l’avez aidée à partir ! Pourquoi, si ce n’est pas parce qu’elle risquait de vous gêner avec votre notre nouvelle conquête ? »

Le visage de Luke se fit de glace et Kaydel adressa un regard rempli de reproches à Finn.

« La place de Rey n’était pas ici, affirma le Jedi avec sécheresse. Sa maitrise de la Force dépasse par de nombreux aspects la mienne et je n’avais plus rien à lui enseigner. Elle ne voulait pas rester, tenter de la retenir aurait été aussi inutile que voué à l’échec. Du reste, elle est assez avisée pour faire ses propres choix, même si je reconnais que j’aurais préféré qu’elle en fasse d’autres.

— Son départ n’a rien à voir avec ses idéaux, n’est-ce pas ? soupira Finn d’une voix triste. Elle a rencontré un homme lorsqu’elle était avec le Premier Ordre, c’est pour cela qu’elle est partie, pour le rejoindre. »

Kaydel, curieuse, se tourna à son tour vers Luke pour observer sa réaction. En dépit de ses questions fréquentes, elle continuait à tout ignorer des événements qui s’étaient produits durant la visite de Rey. Le Jedi hésita quelques secondes tandis que Finn soupirait douloureusement.

« Quand elle m’a repoussé, elle m’a dit qu’elle était amoureuse d’un autre… et de ne pas la juger trop sévèrement quand je saurais qui il est. Ne me dites pas que c’est Hux ? s’inquiéta-t-il.

— Non ce n’est pas ce, Hux, dont tu parles, répondit Luke du bout des lèvres.

— Mais, vous, vous savez de qui il s’agit, releva Finn.

— En effet, cependant, si Rey avait souhaité que tu connaisses son identité, elle te l’aurait révélée elle-même. Par conséquent, n’attends pas de moi que je trahisse son secret en poursuivant sur ce sujet. »

 

La fermeté de Luke transparaissait dans son attitude et Finn laissa échapper une moue déçue.

« Soit, je comprends. »

Il posa un regard troublé sur le couple qui lui faisait face et Luke se raidit.

« Si c’est réellement le cas, je te serais reconnaissant de ne pas ébruiter ce que tu viens de surprendre. Si cela peut te rassurer, Leia est parfaitement au courant de ce qui se passe entre nous et n’y voit aucune objection tant que nous poursuivons l’entrainement de Kaydel. C’est d’ailleurs ce que nous faisons la plupart du temps. Ce que tu as vu n’était qu’une… une petite pause, » expliqua le Jedi avec un soupçon de gêne.

Apprendre que Leia était non seulement au courant de leur relation mais qu’en prime elle avait donné son approbation surprit un peu l’ancien trooper mais il se tut.

« Finn, s’il te plait, plaida de nouveau Kaydel. Je te le demande en tant qu’ami : oublie ce que tu viens de voir. Tu sais comment ça se passe, au camp… Tout le monde se mêle des affaires de tout le monde et je n’ai pas envie de ça. Je ne veux pas que Luke et moi ayons à nous justifier d’être ensemble. »

Finn soupira. C’était précisément à cause de cette manie d’intervenir dans les histoires des autres qu’il avait ressenti le besoin de s’éloigner de ses amis ce jour-là. Il ne pouvait pas blâmer Luke et Kaydel de tenir à leur tranquillité.

« Je ne dirais rien à personne, leur promit-il. Pour être franc, j’aurais même préféré ne rien savoir du tout, maugréa-t-il. Je vous laisse. »

 

Sans qu’aucun des deux autres ne tente un mouvement pour le retenir, Finn s’éloigna, le cœur lourd. Il commençait à penser que Lando n’avait pas tort en l’exhortant à passer à autre chose… De toute évidence, tout le monde sur le camp entretenait des relations privilégiées avec d’autres membres de la Résistance. Même le vieux Luke ! 

 

Destroyer Supremacy, 

 

« Tu dois te concentrer, Rey, sois plus agressive, n’aie pas peur de me blesser, » enjoignit Kylo, un sabre d’entrainement à la main.

Essoufflée, Rey reprit sa position d’attaque et lui fit face.

« J’essaie ! pesta-t-elle. Ce serait peut-être plus facile si je comprenais pourquoi tu t’entêtes à vouloir que je m’entraine au maniement du sabre laser !

— Un, tu n’es pas assez rapide, commença Kylo en se débarrassant facilement de la dernière attaque de la jeune femme. Deux, il est impératif que tu sois plus aguerrie afin de trouver le cristal Kyber qui correspond à ta manière de combattre quand le moment sera venu de construire ton propre sabre.

— Je sais, je sais… soupira Rey. Tu n’arrêtes pas de me le répéter.

— Et surtout, poursuivit Ren sans tenir compte de son interruption, trois, tu ne me feras pas croire qu’il n’y rien qui te perturbe. Je sens la colère gronder en toi, mais tu refuses de la laisser sortir. Alors, vas-y ! » cria-t-il avant de l’attaquer avec violence.

 

Rey recula sous son assaut avant de resserrer ses mains autour de l’arme d’entrainement. 

« Je suis parfaitement capable de me défendre, voire de remporter un combat, si c’est ça qui t’inquiète, lui renvoya-t-elle. J’ai battu Luke sans la moindre difficulté. »

Les yeux de Kylo Ren s’étrécirent.

« Nous y voilà… Skywalker, encore et toujours lui ! C’est donc ça qui te trouble. J’aurais dû m’en douter. »

Rey abaissa son sabre, renonçant à l’entrainement.

« Evidemment que cela me perturbe ! Tu refuses systématiquement d’en parler. 

— Parce qu’il n’y a rien à en dire, lui renvoya-t-il avant de reprendre sa posture d’attaque. En position, Rey. »

 

D’un geste agacé, Rey jeta son sabre d’entrainement à l’autre bout de la salle.

« Au contraire, il y a beaucoup à dire sur le sujet ! Pendant des années, tu l’as haï pour ce qu’il avait prétendument fait à ta mère. Mais, à présent, tu sais que tu t’es trompé, cela change forcément les choses !

— Pas le fait qu’il a tenté de me tuer, lui renvoya-t-il. Ni ma nature. »

Dépitée, Rey lui fit face.

« Alors, tu ne vas même pas essayer…

— Essayer quoi ? 

— De lui parler, de vous expliquer ! Enfin, Ben, c’est ton père, murmura-t-elle.

— C’est trop tard, répondit-il d’une voix sans émotion. Pour lui comme pour moi. »

 

La jeune femme se troubla.

« Et Leia dans tout ça ? Elle n’attend qu’un geste de toi. Elle est très malade, Ben. Si tu ne te décides pas rapidement, il sera peut-être trop tard. »

Il inspira profondément et détourna le regard pendant une fraction de seconde avant de répondre.

« Je sais. Je suis au courant de son état depuis des mois, depuis avant même que tu me rejoignes. »

Incrédule, la jeune femme secoua la tête.

« Je ne comprends pas… Je ne te comprends pas. Si j’avais la chance de pouvoir parler à mes parents, de pouvoir les serrer dans mes bras encore une fois, je…

— Pas moi, la coupa Kylo Ren. Aucun d’entre eux ne s’est jamais comporté comme un parent à mon égard, tu le sais.

— Ils ont fait beaucoup d’erreurs, je le reconnais, mais ils t’aiment, tenta Rey. Ils t’aiment tellement, Ben, chuchota-t-elle.

— Mais pas assez pour essayer de me comprendre ou pour m’accepter comme je suis, lui renvoya-t-il. A présent que ces points sont éclaircis, pouvons-nous reprendre l’entrainement ou est-ce trop te demander ? »

 

Enervée par la manière dont, une fois de plus, Kylo Ren refusait la moindre conversation au sujet de sa famille, la jeune femme traversa la pièce d’un pas rageur.

« Non, j’arrête, j’en ai assez ! Je suis fatiguée et je n’ai pas envie de me battre contre toi, en fait je n’ai envie de me battre contre personne.

— Tu mens. Il y a trop de colère en toi pour que ce soit vrai, répondit Kylo Ren d’un ton faussement calme. Et tout cela n’a rien à voir avec Skywalker ou la Générale Organa. Il y a autre chose. Dis-moi ce qui se passe ! Allez ! »

La jeune femme regarda un instant la porte avant de balayer des yeux la salle froide et fonctionnelle qui leur servait de terrain d’entrainement. Finalement, elle souffla :

« Est-ce que notre vie ressemblera toujours à ça ? »

Il se troubla, surpris par sa question.

« Que veux-tu dire ? 

— Est-ce que nous resterons toujours enfermés dans ce Destroyer à ne rien faire d’autre que nous entrainer et lier des alliances diverses ? Nous ne parlons que de ça : la Force, les entrainements, la politique », pesta-t-elle, songeant brièvement que Ben ressemblait beaucoup plus à sa mère qu’il ne voulait l’admettre. 

Kylo Ren se décomposa légèrement.

« Non, bien sûr que non… Rey, une fois que …

— Que quoi ? Que tu auras obtenu le pouvoir que tu convoites ? Et où comptes-tu t’arrêter au juste ? Quand seras-tu satisfait ? On dirait que gouverner est la seule chose qui t’importe.

— Tu sais que c’est faux, s’insurgea le jeune homme.

— Non, je ne le sais pas. Comment le pourrais-je ? Tu refuses de parler de ton passé ou de te projeter dans l’avenir, enfin exception faite de ton grand projet pour la Galaxie… ironisa-t-elle à demi. Et nous dans tout ça ? Quelle place tu accordes à notre histoire ? »

 

Kylo Ren inspira de nouveau et rangea son sabre pour se laisser le temps d’ordonner ses idées.

« Il me semblait pourtant t’avoir exprimé clairement ton importance à mes yeux. Et cela pas plus tard que la nuit dernière.

— Oui, par du sexe comme d’habitude, bien à l’abri derrière la porte de ta chambre soigneusement protégée par un code. Il ne faudrait surtout pas que quelqu’un soupçonne ce qui se passe entre nous », cracha-t-elle.

Il pâlit devant sa virulence.

« Je pensais que nous étions d’accord pour garder ça secret. Tu sais qu’il ne serait pas prudent de nous afficher ensemble tant que nous ne savons pas exactement quelles sont les intentions de l’Empereur et l’ampleur de ce Plan Contingence. 

— J’en suis consciente et je le comprends. Toutefois, tu ne sembles aucunement te préoccuper de les découvrir, l’accusa Rey. Tu te contentes d’agir comme si de rien n’était et de continuer tes réunions et tes entrainements. 

— Tu te trompes. A cause de ce que tu m’as appris, j’ai dû accélérer mes projets. Pourquoi crois-tu que j’aie rencontré autant de délégations ces derniers jours ? Pourquoi penses-tu que je passe autant de temps à compulser les archives qui me sont accessibles ? Contrairement à ce que tu imagines, ce n’est pas uniquement à cause de mon projet, c’est avant tout pour toi, pour te protéger ! »

 

Rey le détailla du regard. En vérité, il semblait épuisé et il ne regagnait souvent ses appartements que tard dans la nuit, pour quelques heures de sommeil grapillées après qu’ils aient fait l’amour.

« Alors, laisse-moi t’aider ! Je sais que je n’ai pas ton talent de négociateur mais je peux me rendre utile. Je pourrais chercher des informations sur Palpatine ou sur ce fameux Eternel Sith dont Luke m’a parlé avant mon départ. Si je retournais sur Castilon, peut-être que je trouverai une piste. »

Kylo Ren frissonna alors que des images du rêve où il s’était retrouvé face à l’Empereur lui revenaient en mémoire.

« Non. Je ne veux pas que tu t’en approches, répondit-il instinctivement. Je vais trouver un moyen de découvrir la vérité. Toi, tu n’es pas prête pour ça. Tu es puissante, assez pour mettre à terre un Jedi sur le retour, mais tu ne maitrises pas suffisamment la Force et le Côté Obscur pour affronter Palpatine ou ses hommes. Je tiens trop à toi prendre ce risque. »

Elle soupira.

« Tu dis que tu tiens à moi, mais nous ne parlons jamais de nous, Ben, souffla-t-elle d’un ton plus calme. De notre avenir, si tant est que nous ayons un… »

Le cœur de Kylo Ren s’affola brusquement et il traversa la pièce pour la rejoindre.

« Bien sûr que nous en avons un ! Cette situation ne durera pas éternellement. Et, crois-moi dès que le moment sera venu, je compte bien montrer à la Galaxie toute entière ce que tu es pour moi.

— Et qu’est-ce que je suis ? Ton apprentie ? Ton associée ? Le plan cul qui remplace tes droïdes sexuels ? ironisa-t-elle, volontairement provoquante.

— Ma femme. » 

 

Le souffle de Rey se bloqua dans sa poitrine. Les yeux sombres de Kylo Ren ne lâchaient pas les siens et il murmura.

« Voilà ce que tu représentes à mes yeux. C’est ce que j’éprouve quand je pense à toi, même si tu mérites une autre vie, un homme dont tu serais fière de porter le nom. Quelqu’un qui puisse te donner des enfants et une famille et non un monstre dont la lignée doit s’éteindre avec lui. Je sais que je suis égoïste pourtant, je ne peux renoncer à toi. »

Il tremblait légèrement en prononçant ces mots et elle lui dissimula sa peine. Il était tellement abîmé… Déjà, elle voyait le doute s’insinuer en lui, la peur du rejet, le regret de s’être ainsi exposé. Elle leva la main jusqu’à son visage et le caressa avec douceur.

« Cesse de te torturer ainsi. Tu n’as pas à rougir de ce que tu es, ni à te punir, à nous punir, pour les erreurs de tes parents. »

Elle lut l’incertitude dans son regard et comprenant qu’il attendait une réponse à la demande qu’il avait été incapable de formuler, elle reprit :

« Peu importe ton nom, je serais honorée et heureuse d’être ta femme. Tout comme de porter un jour ton enfant.

— Rey, tu sais que je ne 

— Je sais ce que tu vas dire, mais ça n’a aucune importance. Je me fiche du sang qui coule dans tes veines ou dans les miennes. Ben, les circonstances de ma naissance ne sont pas si différentes des tiennes, de bien des façons elles sont même pires, murmura-t-elle, pourtant, tu ne vois rien de mal au fait que je devienne un jour mère. Alors pourquoi ne pourrais-tu pas être père ? »

 

Intensément troublé, il ne répondit pas, et elle ajouta.

« Je ne te demande pas de prendre une décision maintenant. J’aimerais juste que tu y réfléchisses.

— Et si je ne changeai pas d’avis ? 

— Alors, nous trouverons un autre moyen d’être parents, répondit-elle avec sincérité. La seule chose qui m’importe c’est d’être avec toi. Tu es mon maitre, mon amant et mon ami. Mais surtout, tu es l’homme que j’aime. »

Les mots étaient sortis de sa bouche sans qu’elle ait réfléchi. Statufié, il la fixa, n’osant y croire tout à fait et elle soutint son regard. Finalement, il poussa un gémissement étranglé avant de se pencher sur elle pour un profond baiser, y mettant tout ce qu’il n’osait pas dire. Il la relâcha brièvement, les yeux fiévreux.

« Rey, je… » balbutia-t-il.

Comprenant à quel point il était difficile pour lui de poursuivre, elle l’embrassa à son tour, les mains en coupe autour de son visage.

« Je sais, » lui assura-t-elle.

 

Le sang du jeune homme s’enflamma en l’entendant et il l’attira contre lui. Sa bouche reprit la sienne avec une exigence mêlée de désespoir et il entreprit de la débarrasser de sa tenue d’entrainement. Haletante, Rey se tortilla pour l’aider et, la poitrine nue, elle lui fit face.

« Je croyais que tu voulais que nous soyons discrets. Et si quelqu’un entrait ?

— Je le tuerai avant qu’il ait le temps de raconter ce qu’il a vu », annonça-t-il comme une évidence avant de l’allonger sur le sol.

 

Elle ne songea pas à protester devant cette vérité aussi froide qu’injuste. Les lèvres brûlantes de Kylo Ren étaient sur sa peau nue, ses doigts sur son pantalon et elle le déshabilla à son tour. Un gémissement de plénitude leur échappa lorsqu’il la pénétra. Leurs doigts s’entrelacèrent tandis qu’il allait et venait lentement en elle. Leurs yeux ne se lâchaient pas et le plaisir de Rey redoubla en lisant dans ceux de son amant tout ce qu’il n’osait pas lui dire. Il ne lui fallut que quelques minutes pour parvenir à la jouissance et il jaillit à son tour, incapable de résister au spectacle de l’orgasme de la jeune femme.

 

Essoufflé, il se laissa tomber à côté d’elle, sur le dos.

« Une excellente séance, si tu veux mon avis, plaisanta-t-elle afin de détendre l’atmosphère, consciente que son aveu avait déstabilisé le jeune homme. J’aime de plus en plus apprendre avec toi.

— Ravi que tu aies apprécié même si je n’avais pas prévu cette petite pause », répondit-il en s’efforçant d’adopter le même ton. 

Elle se pencha pour l’embrasser légèrement sur les lèvres avant de ramasser ses vêtements et son sabre d’entrainement.

« Maintenant, je crois que je suis prête à reprendre. Je pense que tu vas avoir plus de mal à battre, cette fois », lui lança-t-elle malicieusement.

Encore haletant, il se rhabilla à son tour.

« C’est une technique de combat déloyale, remarqua-t-il. 

— Ce n’est pas ma faute si tu te laisses facilement déconcentrer, mon cher Maitre. »

Un sourire joua un instant sur les lèvres du jeune homme et il écarta les bras.

« Il en faut plus pour me déstabiliser. Viens prendre ta leçon, petite apprentie… »

 

()()

 

Le Général Hux fixait d’un air impavide la salle de contrôle lorsque Phasma le rejoignit.

« Vous semblez fatigué Général, lui déclara-t-elle en guise de salutations. Notre Suprême Leader aurait-il encore mis vos nerfs à l’épreuve ? »

Il ne lui accorda pas l’aumône d’un regard, agacé par l’insolence grandissante dont elle faisait preuve.

« En vérité, je ne l’ai pas vu de la journée, ce qui me ravit. 

— J’ignorai qu’il devait se déplacer, releva Phasma.

— Ce n’est pas le cas. Cela fait des heures qu’il s’entraine avec son apprentie, grinça Hux.

— Et ses Chevaliers ?

— Non, juste son apprentie », répéta Hux, tendu.

 

Phasma coula un regard vers le visage du roux. Il semblait particulièrement énervé au lieu du flegme servile qu’il affichait d’ordinaire. Une chose qui lui arrivait de plus en plus souvent. 

« Eh bien, vous devriez vous réjouir qu’il soit si occupé avec elle, cela vous laisse les coudées franches.

— C’est le cas, répondit Hux d’un ton froid. 

— Pourtant, ce n’est pas l’impression que vous donnez. Au contraire de Ren qui semble presque détendu depuis quelques temps. J’imagine que cela a quelque chose à voir avec la petite visite à l’unité médicale du réceptacle… »

 

La mâchoire du Général se durcit.

« Que voulez-vous dire ? L’a-t-il blessée ? »

La capitaine eut un petit sourire sous son casque chromé.

« Je doute que vous vouliez que je poursuive, je crois savoir que mon vocabulaire imagé vous déplait… »

Hux se tourna vivement vers elle. 

« Précisez, ordonna-t-il.

— Très bien : tout porte à croire qu’il la prend. »

Un frémissement de rage agita la bouche du Général et Phasma siffla.

« Faites attention, Hux. Vos réactions vous trahissent… Il me serait pénible de devoir faire un rapport en votre défaveur à nos amis des Régions Inconnues.

— Ne soyez pas stupide, Capitaine. La seule chose qui me déplait c’est de voir ce dément user ainsi du vaisseau destiné à accueillir l’esprit de notre Empereur. Si vous ne voyez pas ce qu’il y a de révoltant dans tout cela, c’est que vous êtes encore plus dévoyée que je ne le pensais. »

 

Sans attendre la réponse de Phasma, il la planta là pour rejoindre le poste de transmission. 

 

Naboo, 

 

 

Le regard émerveillé, Rose découvrit la planète à la végétation luxuriante et aux édifices raffinés sur laquelle leur capsule de transport venait de se poser. La bouche entrouverte sous l’effet du ravissement, elle souffla :

« C’est magnifique… Encore plus que Paige me l’avait dit. »

Finn lui jeta un petit coup d’œil. En la découvrant ainsi en pleine contemplation, il réalisa brusquement qu’elle était jolie. Pas comme Rey, non, Rey, elle, était belle mais il y avait dans les yeux de Rose la même candeur, le même ravissement, qu’il avait déjà observés dans ceux de Rey. Pris d’une impulsion, il lui saisit la main et Rose tourna un visage radieux vers lui.

« Je suis tellement heureuse d’être ici, avoua-t-elle. Même si je sais que nous sommes avant tout en mission, voir Naboo en vrai, c’est… indescriptible. »

Finn ne put retenir un sourire devant la joie simple de la jeune femme. 

 

« Ne restez pas plantés là comme deux nigauds, les admonesta Holdo, vous allez nous faire repérer. » 

Rose eut une moue déçue mais elle se reprit rapidement, et, redressant les épaules, elle emboita le pas de leur cheffe. Au bout de quelques mètres, elle se retourna vers Finn.

« Bah alors, qu’est-ce que tu fais ? Tu as entendu l’Amirale ! »

L’émotion qui entourait cette visite se lisait encore sur le visage de la jeune femme mais elle l’avait reléguée pour le bien de la mission qui leur avait été confiée. Le respect que Finn avait pour elle s’en trouva encore grandi…

 

()()

 

« Pas un mécontent ! pesta la Sénatrice Thadlé Berenko au bout de plusieurs heures passées à sonder, de manière plus ou moins subtile, les opinions.  Même les Gungans se montrent satisfaits d’avoir cédé le pouvoir à Ren ; c’est incompréhensible ! »

La jeune rousse arpentait la rue tout en parlant, ses cheveux formant une sorte de couronne flamboyante autour de son visage. Holdo grimaça de la voir ainsi : la Sénatrice déchue était par trop reconnaissable. Si elle continuait à se comporter de la sorte, elle allait mettre en péril leur mission de reconnaissance.

« Pourriez-vous au moins remettre votre capuche ? lui lança-t-elle. Inutile de trop attirer l’attention sur nous. »

La Sénatrice lui adressa un regard rageur. 

« Comment voulez-vous que j’aie une chance de reprendre ce que Kylo Ren m’a volé en me terrant comme si j’avais quelque chose à me reprocher ? 

— Vous restituez le pouvoir n’est pas notre objectif, lui rappela Holdo d’un ton sec. Vous le savez très bien, la Générale a été suffisamment claire à ce sujet lorsqu’elle a posé les conditions de votre participation. Nous sommes là pour évaluer la situation et non pour déclencher les hostilités avec le Premier Ordre. »

 

Berenko se contenta d’hausser les épaules, et altière, lui tourna le dos pour se diriger vers le marché bondé de monde. L’Amirale, le visage et la tête presque entièrement dissimulés par sa cape pesta entre ses dents. Cette mission ressemblait de plus en plus à un suicide, principalement en raison de l’attitude de la politicienne. Avant qu’elle ait pu trouver une parade aussi subtile qu’efficace, Poe prit les choses en main.

« Ecoutez Sénatrice, vous n’avez pas l’air de vous en rendre compte mais votre peuple vous a tourné le dos. C’est le Premier Ordre qui est aux commandes désormais et, à ses yeux, vous n’êtes rien d’autre qu’une fugitive. Alors, vous ne tenez peut-être pas à la vie, mais ce n’est pas notre cas.

— Je vous rappelle que vous êtes là pour trouver une faille, s’insurgea Berenko. Pour aider les Naboo ! 

— Les aider, oui, pas mourir comme des imbéciles ! » rétorqua Poe. 

 

Holdo dissimula son sourire. Comme toujours, Poe ne faisait pas dans la demi-mesure. 

« Sénatrice, avez-vous en tête un endroit sécurisé où nous pourrions nous reposer et élaborer un plan pour la suite de notre action ?  demanda-t-elle afin de calmer les esprits et d’avoir une chance de ramener la rousse à la raison.

— Un trou où vous planquer comme les lâches que vous êtes, vous voulez dire ? se moqua cette dernière. J’imagine que je n’ai pas le choix attendu que vous ne semblez pas décidés à agir. Suivez-moi. »

La colère et la déception de la jeune rousse étaient visibles mais l’Amirale choisit de ne pas argumenter.

 

Le petit groupe traversa des rues animées et Finn remarqua une nouvelle fois l’extase de Rose. Les yeux de la jeune femme passaient des étals colorés aux allées majestueuses sans s’arrêter. Elle donnait l’impression de vouloir engranger le plus de souvenirs possibles de leur passage sur Naboo et cette pensée le toucha. 

 

Finalement, au bout d’une marche ralentie par l’activité grouillante du marché, Berenko s’arrêta devant une maison. Holdo la stoppa avant qu’elle ne frappe à la porte.

« Est-ce un endroit sûr ? »

Un sourire méprisant lui répondit et la Sénatrice cogna contre le battant. Des cris de joie l’accueillirent et, au bout de quelques minutes d’embrassades et de mots échangés d’un débit rapide, elle se tourna vers les Résistants.

« Cette maison est celle de ma sœur, nous y serons en sécurité.

— Evidemment, ironisa Holdo. Ce n’est pas comme si c’était le premier endroit où l’on vous chercherait. Cela aurait pu fonctionner si vous aviez tenu compte de mes directives au lieu de vous exhiber comme vous l’avez fait. Mais, attendu que vous ne vous êtes pas privée de vous faire reconnaitre par chaque personne que nous avons croisée, rester ici est hors de question. Mr Dameron a raison : pour le Premier Ordre qui, je vous le rappelle, établit désormais les lois de cette planète, vous êtes une prisonnière en fuite. Les geôles de Corellia vous manquent peut-être mais mes hommes et moi n’avons aucune envie de les visiter. Il va falloir aller ailleurs. »

La belle assurance de la Sénatrice s’évanouit un peu et, au bout de quelques nouvelles longues minutes de palabres entrecoupés de larmes avec sa sœur, elle se tourna vers l’Amirale.

« Je connais une autre cachette, suivez-moi. »

 

De nouveau la progression reprit dans les rues de la ville et la nervosité d’Holdo grandit. Ils étaient trop groupés, trop étrangers, trop visibles. Heureusement Chewie et Lando étaient restés à bord du Faucon, se tenant prêts à venir les récupérer en cas de problème, ce qui n’allait sans doute pas tarder.

 

Le petit groupe finit par s’éloigner du centre névralgique de la planète pour se rapprocher des étendues d’eau. Les sentiers se firent de plus en plus abrupts et la végétation s’épaissit. Au bout d’une bonne demi-heure de marche, la Sénatrice stoppa sa progression et commença à compter à voix basse.

« Elle fait quoi ? » s’étonna Finn en la voyant effectuer de grandes enjambées.

Finalement, Berenko s’immobilisa et se pencha sur le sol.

« Aidez-moi à déblayer », ordonna-t-elle.

Blasée, Amilyn adressa un geste du menton à Poe et ce dernier alla prêter main forte à la rousse, non sans maugréer.

 

Après une bonne dizaine de minutes d’efforts, un tunnel se révéla aux yeux du petit groupe et la Sénatrice, les mains noircies par la terre, se tourna vers eux.

« Bienvenue dans ma cachette secrète ! Et, avant que vous ne disiez quoi que ce soit, lança-t-elle à Holdo, la seule autre personne au courant de l’existence de cet endroit est morte sur Hosnian Prime. C’était ma plus fidèle suivante, ajouta-t-elle avec une émotion visible. Elle était restée pour défendre mes intérêts. »

Un silence respectueux lui répondit, chacun comprenant qu’elle avait perdu plus qu’une servante ce jour-là. Puis, telle une procession, ils s’engagèrent dans le tunnel.

 

Il faisait sombre à l’intérieur. Contrairement à Berenko qui avançait d’un pas assuré, Amilyn et ses acolytes trébuchaient régulièrement. Un cri de colère échappa à Poe alors qu’il manquait de s’étaler au sol pour la dixième fois mais la Sénatrice ne sembla pas s’en préoccuper. Loin devant eux, elle marchait comme si rien ne pouvait l’arrêter et c’était probablement le cas. 

 

Finalement, ils débouchèrent dans un vaste appartement, parfaitement équipé et meublé avec gout dont la fenêtre du séjour offrait une vue imprenable sur les fonds marins.

« Nous sommes sous l’eau ? s’étonna Amilyn. Mais…

— Ma suivante était une gungan, expliqua Thadlé avec une pointe de défi dans la voix. Nous avons fait construire cet endroit pour être proches de nos univers respectifs. La terre et l’eau. »

Personne ne trouva quoi répondre et la Sénatrice se tourna douloureusement vers une porte close. 

« Il y a de quoi manger et je suis certaine que vous trouverez un endroit pour dormir. Quant à moi, vous m’excuserez si je n’ai pas le cœur à partager votre soirée. »

Poe ouvrit la bouche pour protester qu’ils devaient parler de la stratégie qu’ils allaient adopter mais la main d’Holdo effleura légèrement la sienne.

« Nous comprenons, Sénatrice, assura-t-elle. Nous nous débrouillerons, ne vous en faites pas. »

Berenko ne répondit pas et se dirigea, comme aimantée, vers une porte derrière laquelle elle disparut.

 

Une fois qu’elle fut partie, Poe se tourna vers ses amis.

« Cette mission est suicidaire. Cette femme n’est pas là parce qu’elle s’inquiète pour son peuple, elle veut se venger. Si nous la suivons, je doute qu’on s’en sorte vivants. »

Amilyn hocha la tête. Elle aussi avait remarqué le changement d’attitude de la Sénatrice depuis leur arrivée. Berenko avait certes été toujours un peu exaltée mais elle frôlait désormais l’hystérie.

« Alors qu’est-ce qu’on fait ? demanda Finn. On n’est quand même pas venus ici pour rien ! »

L’Amirale grimaça et leur annonça qu’elle devait en référer à Leia avant de prendre une décision sur la suite de leur opération.

« Essayez de nous trouver de quoi manger en attendant, » lança-t-elle au petit groupe.

 

Finn et Poe se tournèrent d’un même mouvement vers Rose et la jeune femme leva les yeux au ciel.

« Vous êtes sérieux, là ? Je vous rappelle qu’hormis Holdo, je suis la plus gradée de notre groupe.

— Très délicat, Rose », siffla Poe qui n’avait toujours pas digéré sa rétrogradation.

Il commença à fouiller bruyamment les placards et un cri de victoire lui échappa. 

« Voilà !

— Oh non, pas de la végéviande, gémit Rose.

— En l’occurrence, c’est du végépoisson, corrigea Poe. Par contre, aucune idée de la manière dont ça se cuisine. »

 

Avec un soupir las, Rose prit les choses en main et, lorsqu’Holdo revint, un bol fumant l’attendait. Sans s’embarrasser de manières, l’Amirale se mit à table et, une fois sa faim partiellement comblée, elle se tourna vers ses trois compagnons.

« La Générale préconise que nous tentions de raisonner la Sénatrice et que nous fassions une nouvelle reconnaissance demain. Toutefois, si Berenko persiste dans son attitude et se montre aussi incontrôlable qu’aujourd’hui, nous avons ordre d’abandonner la mission et de rentrer à la base. J’ai déjà pris les devants et prévenu Chewie et Lando de se tenir prêts à venir nous récupérer.

— En bref, un déplacement complètement inutile, commenta Finn.

— Et Ohma-D’un ? interrogea Poe. Beaucoup d’habitants ont dit que le Premier Ordre y avait déployé la majorité des forces qu’ils avaient envoyées ici. On pourrait y faire un saut pour voir ce qui se trame. Histoire de ne pas être venus pour rien, ajouta-t-il devant la mine peu convaincue d’Holdo.

— Va pour votre plan, soupira l’Amirale au bout de quelques minutes. Cependant, il est hors de question de prendre des risques inconsidérés. Si les forces en présence sont trop nombreuses, on décroche sans se poser de questions. »

Le reste du repas se déroula dans un silence morose et, au bout d’un moment, Rose s’éloigna de ses amis pour se planter devant la baie vitrée.

 

Conscient des regards de plus en plus insistants que Poe lui adressait, Finn rejoignit la jeune femme afin de laisser une intimité relative à l’Amirale et au pilote. Rose ne parut pas se rendre compte de sa présence et il l’observa de longues minutes tandis qu’elle suivait des yeux le mouvement des poissons énormes qui occupaient le fond marin.

« C’est tellement beau, si calme, murmura Rose. Pas étonnant que la Sénatrice et son amie aient fait de cet endroit leur refuge. J’aimerais pouvoir vivre dans un lieu comme celui-ci. Peut-être un jour, quand la guerre sera finie... » soupira-t-elle tristement.

Finn sursauta à cette pensée qui faisait si bien écho à celles qu’il nourrissait depuis quelques temps.

« Pourquoi restes-tu dans ce cas ? lui demanda-t-il. Tu es libre, non ? Tu pourrais partir t’installer ailleurs, loin de la Résistance et du Premier Ordre. La Générale comprendrait certainement. Après tout, rien ne t’oblige à continuer si tu ne te sens plus à ta place. »

Choquée, Rose se tourna avec vivacité vers lui.

« Comment peux-tu dire une chose pareille ? Ma sœur Paige est morte pour cette cause ! Si j’abandonnais, ce serait comme si elle mourrait pour la seconde fois. »

Tout en parlant, elle caressait le collier en forme de croissant de lune qui ne quittait jamais son cou et Finn se maudit intérieurement d’avoir parlé sans réfléchir.

« Oui, bien sûr, excuse-moi, c’est simplement que…

—Que c’est ce que, toi, tu ressens, le coupa-t-elle. En fait, tu ne nous as rejoints que parce que tu voulais suivre Rey. Et, maintenant qu’elle n’est plus là, tu estimes ne plus avoir aucune raison de poursuivre le combat contre le Premier Ordre. Pourtant après ce qu’ils t’ont fait subir durant toute ta vie, tu devrais avoir envie de mettre un terme aux agissements de ces hommes plus que n’importe lequel d’entre nous. »

 

Ces mots frappèrent Finn de plein fouet. Rose avait raison… Le Premier Ordre l’avait arraché à sa famille, il l’avait privé d’un nom, d’une identité même. Il avait fait de lui un matricule. Il l’avait spolié d’une majeure partie de son existence. Parce que c’était ce que ces hommes faisaient à ceux qui avaient le malheur de tomber entre leurs mains. Ces monstres réprimaient toute insubordination par la violence, jusqu’à ce que l’esprit abandonne tout espoir, toute envie de rébellion ou de liberté. La Résistance se battait pour toutes ces vies sacrifiées, ces enfants éduqués dans des camps afin d’obéir aveuglément aux ordres de leurs maitres… C’était ça le combat de la Générale Organa, d’Holdo et de tous les autres. Et, à présent qu’il venait enfin de le comprendre, il devenait le sien.

 

Rose sembla s’apercevoir d’un changement en lui et le regarda avec une pointe de curiosité.

« Je ne voulais pas être rude, s’excusa-t-elle au bout d’un moment. Du moins, pas autant. C’est juste que je ne comprends pas comment tu peux

— Tu as raison, la coupa Finn. J’ai rejoint la Résistance pour de mauvaises raisons, mais si je reste et c’est bien ce que je compte faire, c’est pour les bonnes. »

 

Un silence plana entre eux. 

 

Finn détailla la jeune femme et il réalisa soudain que Rose le soutenait depuis le début. A chaque fois qu’il avait douté, à chaque fois qu’il avait été sur le point de rendre les armes, elle avait été là pour lui. Contrairement à Rey. Une émotion lui serra brutalement la gorge et il se pencha sans réfléchir sur les lèvres de la jeune femme pour y déposer un baiser.

« Merci d’être toujours présente pour moi, » souffla-t-il, un peu embarrassé par son geste impulsif.

Les doigts de Rose agrippèrent sa chemise et elle l’attira à elle. Finn la regarda un bref instant avant de reprendre sa bouche pour un baiser plus appuyé. Une vague de désir monta en lui lorsque le corps généreux de la jeune femme se colla contre le sien et il sentit la langue de Rose caresser ses lèvres. Un petit cri étranglé de surprise lui échappa tandis que Rose glissait ses mains dans ses cheveux courts, approfondissant leur étreinte.

Un toussotement sonore derrière eux les interrompit soudain et ils se séparèrent à la hâte.

« Désolée mais votre petite romance devra attendre, déclara Holdo avec froideur. La Sénatrice nous a faussé compagnie et j’ai besoin de l’aide de tout le monde pour la retrouver. »

 


Chapitre 34                                                                                                   Chapitre 36


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