Chapitre 30 : Un cadeau original


Beckett n'en revenait pas. Le jour se levait à peine et déjà la rage avait pris possession de lui et lui donnait envie de frapper ou de tuer. Il s'exhorta au calme, conscient qu'il ne devait pas se découvrir maintenant et s'adressa au soldat, qui, tout tremblant, se tenait devant lui.

«  Donc, Monsieur Groves, vous avez perdu la trace du navire que Monsieur Mercer vous avait chargé de suivre pour moi. Expliquez-moi donc comment on peut perdre la trace d'un bateau.

- Je… Je ... Milord. Ils ont fait une manœuvre et… »

D'un geste ample le jeune lieutenant mima une disparition, un air piteux sur le visage.

 

En voyant cela, Beckett cligna des yeux et s'efforça de maîtriser sa rage.

« Dites-moi Lieutenant. Pourquoi vous présentez vous devant moi puisque vous avez failli à la mission pourtant simple qui vous était confiée ? »

Le jeune homme esquissa un sourire, sûr que le Lord apprécierait la nouvelle et lui pardonnerait son erreur passée.

«  Parce que lorsque je suivais le Green Bottle

- Vous feriez mieux de dire : Lorsque je perdais le Green Bottle. » L'interrompit Beckett avec acrimonie.

Groves rougit comme un écolier devant cette rebuffade et se tut brusquement.

« Mais continuez donc ! Cracha Beckett qui avait de plus en plus de mal à maîtriser sa colère.

- Oui My Lord. Je. Et bien j'ai entendu des marins dire que le Black Pearl était à Tortuga. »

Beckett leva les yeux au ciel.

«  Oh quelle information ! Il ne fait nul doute en effet que vous deviez me la rapporter sur le champ ! »

Groves sourit mais Beckett reprit.

« Mais que voulez-vous que ça me fasse espèce d'idiot ! Disparaissez ! »

Le jeune lieutenant ne se le fit pas dire deux fois et sortit en tremblant du bureau du Lord. Il n'avait pas eu le temps de lui dire qu'à ce qu'il savait Sparrow était à bord mais ne voulait pas risquer un nouveau débordement de rage du Lord.

 

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Une fois qu'il fut sorti Beckett se tourna vers son âme damnée, le regard noir.

« Audrey était à coup sûr sur ce navire et cet idiot s'est laissé berner par cette petite garce ! J'aurais dû vous envoyer remplir cette mission Mercer. »

Cessant la contemplation de la lame de son couteau, Mercer leva les yeux sur son maître avec nonchalance.

«  En effet Milord vous auriez du, mais dois je vous rappeler que l'apprentissage de la perversion par la douce Elizabeth vous occupait alors entièrement ? Comme c'est toujours le cas d'ailleurs. »

Beckett retrouva le sourire à cette pensée.

« Certes Mercer. Et je dois dire qu'elle se montre particulièrement appliquée. Elle sera bientôt parfaite, prête à être détruite. Ricana-t-il.

- De plus, le Green Bottle finira bien par réapparaître dans un port et, comme la dernière fois, nos agents auront tôt fait de nous prévenir. Et alors… » Murmura Mercer en caressant le tranchant de sa lame.

 

Brutalement excité, Beckett le fixa.

« Vraiment Mercer je ne sais décider si vous êtes plus doué avec un couteau ou avec un crayon. Vos dessins d'hier soir sont excellents, vous avez su saisir l'expression de luxure de cette petite catin à un point mmm… »

Mercer accueillit le compliment avec un petit sourire satisfait et répondit.

« D'ailleurs Milord quel est le programme pour ce soir ? J'ai hâte d'y être. Elizabeth est un bon sujet à dessiner, si expressif. En attendant de pouvoir faire mieux… Murmura Mercer en regardant son couteau.

- Bientôt Mercer, bientôt je vous la laisserai. » Murmura Beckett.

 

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A Tortuga, Jack sortait peu à peu de la fièvre dans laquelle il était plongé depuis des semaines, au grand soulagement de Gibbs qui lui sourit alors que le pirate clignait des yeux.

«  Alors Jack. Tu te sens mieux ? »

Le pirate hocha la tête, un peu désorienté par sa faiblesse et les souvenirs qui étaient revenus le hanter.

«  Je, oui … Tu es resté tout le temps à mes côtés ?

- Évidemment. Je suis ton second non ? »

Jack sourit avec amusement.

« Je n'ai pas l'habitude que mes seconds ne me trahissent pas

- Tu vas devoir la prendre dans ce cas. » Répondit Gibbs avec ferveur.

Jack sourit fugacement avant de reposer la tête sur son oreiller, il se sentait désespérément et inhabituellement faible.

« Gibbs ?

- Oui Jack ?

- Avons-nous des nouvelles d'Elizabeth ? » Demanda-t-il le cœur battant à tout rompre, caressant un instant l'espoir que tout n'ait été qu'un cauchemar du à la fièvre.

 

Gibbs grimaça un peu, il ne se rappelait que trop bien que la jeune femme avait été au centre des délires de son bien aimé capitaine.

« Elle… Elle est partie tu te souviens ?

- Je sais ça. Répondit Jack avec lassitude. Ma question n'était pas celle là , as-tu de ses nouvelles ? »

Gibbs le regarda un moment avec un air triste.

 

Oh mon dieu elle est morte. Il l'a tuée ! Non non non. Lizzie !

 

« Répond Gibbs et ne me cache rien. Exigea Jack qui s'efforçait de faire taire ses avatars.

- Jack. Je suis désolé. Elizabeth s'est mariée. »

Le pirate blêmit sous son hâle.

Nonnnnnnnnnn

« Quand ? »

Gibbs n'osa pas le regarder puis finit par se décider.

« Si j'en crois ce qu'on dit il y a un mois. Le soir même de son retour à Port Royal.

- Oh et bien tu vois … Elle n'a pas perdu de temps. Persifla un de ses avatars.

- Je vois. Murmura Jack. Et qui, qui a-t-elle épousé ?

- Tu le sais très bien, pourquoi tu poses la question ? Reprit l'autre impitoyablement.

- Lord Cutler Beckett. »

 

Jack s'efforça d'accuser le coup tandis qu'il lui semblait que ces trois petits mots lui brisaient le cœur. Ses yeux se remplirent de larmes de rage, de peine et de fatigue mêlés et il s'éclaircit la voix.

«  Gibbs laisse-moi seul.

- Jack tu…

- C'est un ordre Gibbs. Tu es mon second comme tu l'as dit alors obéit. »

Lui lançant un regard dans lequel se lisaient reproche et inquiétude, Gibbs se retira.

« Appelle si tu as besoin. »

Jack attendit que Gibbs sorte pour relever le visage. Il pleurait sans même s'en rendre compte.

 

Oh Lizzie pourquoi tu as fait ça .. Pourquoi lui…

 

Jack hoqueta, ses larmes n'étaient pas dues entièrement au chagrin de la savoir mariée à un autre, il était le Capitaine Sparrow et ce genre de détails n'était qu'une broutille pour lui. Non, il pleurait les souvenirs qui étaient restés enfouis en lui tant d'années, ces horreurs qu'il avait vécues avec Audrey Beckett et Tia Dalma. Il savait Elizabeth aux mains de l'homme lui plus immonde qu'il connaisse et ce passé qu'il avait tant cherché à fuir en s'étourdissant dans les femmes, le rhum et la poursuite de son navire le rattrapait à présent. Beckett avait détruit toutes ses illusions, il lui avait dévoilé l'horreur et Jack n'avait jamais pu parler de ce qu'il avait vu ou entendu à quiconque. Et de toutes les femmes du monde, ce monstre avait choisi Elizabeth, sa Lizzie. Jack ferma les yeux. Il devait la sauver, trouver un moyen de la sortir des griffes de Beckett, peu importe qu'elle reste auprès de lui après, il ne voulait pas la voir comme il avait vue Audrey, détruite, morte à l'intérieur… Avec un soupir Jack se leva, avant d'affronter Beckett, il devait terminer la descente dans l'enfer de ses souvenirs qui avait commencée pendant sa fièvre et pour ça il aurait besoin de rhum. Il devait affronter son passé, s'il voulait sauver Lizzie. Lourdement, Jack se leva et se dirigea vers la cale. Il avait soif.

 

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Elizabeth mettait la dernière touche à sa tenue lorsque Cutler la rejoignit dans leur chambre. Elle frissonna en sentant les lèvres de son époux se poser sur son épaule largement dénudée et la main de Cutler se posa sur sa poitrine pour presser doucement un de ses seins dont la pointe se durcit à travers le tissu. Elizabeth ferma les yeux et attendit la suite, guettant désespérément ce plaisir dans lequel elle se noyait un peu plus chaque jour. Ce plaisir qui lui apportait l'oubli car, lorsque son corps jouissait, il lui semblait que son cœur la blessait un peu moins. Un mois. Cela faisait un mois qu'elle n'avait pas vu Jack, ou même entendu parler de lui. Un mois et il lui semblait encore sentir les doigts du pirate sur elle. Ce n'était pas Cutler qui faisait bruisser la robe de soie et s'infiltrait à l'intérieur pour caresser le sein rond c'était Jack. Ce n'était pas Cutler qui embrassait son cou, mais le pirate au goût de rhum. Elizabeth garda les yeux fermés et se laissa bercer par sa rêverie dont elle se sentirait immanquablement coupable lorsque ce serait fini. Ses cuisses s'écartèrent en une invitation inconsciente tandis qu'elle poursuivait sa fantaisie qui s'estompait peu à peu tandis que le désir la gagnait et surpassait toutes les autres pensées. Et après ce serait le plaisir, cette jouissance qui lui apporterait l'illusion du bonheur, et qui disparaîtrait avec la sensualité de l’instant.

 

Derrière elle, Beckett souriait mais la froideur de son regard démentait ce sourire. Sa main se resserra un peu sur le sein offert faisant gémir de souffrance la jeune femme qui ouvrit les yeux, brusquement arrachée à son rêve. Beckett sourit et pinça doucement le bout de son téton pour la faire gémir de plaisir cette fois. D'un air détaché il observait les traits détendus du jeune visage tandis qu'il continuait à pincer son sein de plus en plus fort. Elizabeth, les yeux à nouveau clos, ne savait plus où elle en était, elle sentait la douleur qui irradiait peu à peu son sein mais loin de lui déplaire, cela l'excitait encore plus et exacerbait son désir. Cutler sourit en voyant le plaisir inonder le visage de la jeune femme et relâcha brusquement le sein gonflé qu'il pinçait sans douceur à présent. Elizabeth ouvrit les yeux, le regard une fois de plus perdu dans un monde où la luxure était reine.

« La douleur et le plaisir sont intimement liés ma chère, ne trouvez-vous pas ? »

Elle le fixa un moment et déglutit avant de répondre.

« Je ne sais pas Cutler. Murmura-t-elle, le corps encore tendu par le désir.

- Si vous savez. Mais qu'importe nous verrons cela plus tard. Je suis venu vous annoncer qu'à mon grand regret je ne pourrais partager ni votre repas ni votre couche cette nuit. »

 

Elizabeth le regarda avec incertitude, à la fois déçue et soulagée de cette absence impromptue.

«  Oh où allez-vous donc ?

- Un petit voyage m'oblige à différer quelque peu nos ébats ma chère. Mais je vous promets de me rattraper demain. » Murmura-t-il d'un ton qui se voulait tendre en caressant sa joue.

Elizabeth ferma les yeux sous sa caresse et sourit.

« Promettez que vous penserez à moi. » Murmura Cutler.

Elle ouvrit les yeux à sa requête et rougit légèrement.

« Je ne penserai qu'à vous. Assura-t-elle du bout des lèvres en évitant son regard.

- Parfait, je n'en attendais pas moins de vous Lady Beckett. Murmura-t-il en se baissant pour baiser sa main. Je sais quelle vertu est la vôtre. » Ajouta-t-il ironiquement.

 

Il songea qu'elle passerait une partie de la soirée à penser à cet homme qui lui avait volé sa virginité et dont il ignorait l'identité. Du reste il n'avait jamais cherché à la connaître, savourant simplement la culpabilité d'Elizabeth et la docilité qui en découlait.

« Rentrerez-vous tard demain ?

- Je vous promets que non. Du reste je projette d'organiser un dîner demain soir. Invitez donc votre père Elizabeth. »

La jeune femme sourit et Beckett caressa ses cheveux. Il songea à quel point elle était semblable à un petit chat, tant elle aimait les caresses. Malheureusement pour elle, il n'aimait pas les chats.

« Pourquoi riez-vous ? L'interrogea Elizabeth peu habituée à une telle démonstration de joie chez son époux

- Pour rien mon chaton. Répliqua-t-il avec ironie. A demain. »

Une fois sorti, Beckett se précipita vers sa prison personnelle, il avait des ordres à donner et la soirée de sa chère et tendre épouse promettait d'être moins tranquille qu'elle l'imaginait.

 

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Jack s'était enfermé dans sa cabine au grand dam de Gibbs qui ne comprenait pas le besoin soudain de solitude de son capitaine. Lentement, Jack porta la bouteille à ses lèvres et trinqua.

« Pour toi Lizzie … »

Il but une grande gorgée, il voulait être ivre, saoul jusqu'à oublier sa sorcière aux cheveux dorés mais il savait qu'il n'y parviendrait pas. Avec un soupir et la bouteille de rhum à ses côtés, Jack retourna à nouveau dans le passé pour affronter ses pires démons.

 

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Ils étaient arrivés dans le bayou sans trop savoir comment. Le bras de Jack le brûlait presque autant que son cœur saignait. Il avait cru en l'honneur, en des valeurs. Il avait cru qu'il existait des hommes biens, des hommes qui n'étaient pas des pirates et qui respectaient la loi, ce qui les rendait meilleurs que son père ou que les autres hommes qu'il avait côtoyés mais alors qu'il se trouvait dans la chaloupe, entouré d'esclaves en fuite et le corps d'Audrey pesant lourdement contre son épaule, il avait dit adieu à ses illusions. Il les avait guidés vers le seul endroit qu'il connaissait, vers la maîtresse de son père qui avait causé tant de peine à sa mère qu'elle avait fini par en mourir. Il s'était présenté à sa porte, Audrey contre lui, les cuisses ensanglantées de l'enfant qu'elle perdait. Parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autre. Parce qu'il n'avait nulle part où aller. Parce qu'il était seul.

 

Tia l'avait longuement regardé avant de sourire d'une manière qui lui avait déplu, une façon qui le faisait se sentir minuscule et elle était presque triomphante lorsqu'elle s'était décidée à parler.

« Ainsi tu es venu Jack Sparrow. Mieux encore tu es venu me demander mon aide.

- Pas pour moi. Pour elle.

- Oh en es tu certain ? Avait-elle murmuré en posant ses doigts chauds à côté de sa brûlure, le faisant frissonner.

- J'en suis sûr. » Avait-il dit en soutenant Audrey avant de la porter jusqu'au lit de la sorcière.

Tia avait souri et s'était occupée de la jeune femme.

« L'enfant est perdu. Mais cela vaut mieux. »

 

Jack n'avait rien dit et s’était contenté de regarder l'horizon, cherchant ce qu'il allait faire.

«  Retourner voir Teague. Tu lui manques. Avait deviné Tia.

- C'est vrai j'oubliais à quel point tu es proche de mon père. » Avait-il rétorqué avec acidité.

Laissant alors Audrey profondément endormie, Tia s'était approchée de lui.

« Et qu'est-ce qui te gêne Jack ? Le fait que ton père trompe ta mère ou qu'il ait réussi là où tu as jusqu'à présent échoué ?

- Je ne vois pas ce que tu veux dire…

- Au contraire Jack… » Avait-elle murmuré en suivant du doigt les contours du torse du jeune pirate

 

Jack avait retenu sa respiration, il ne comprenait pas le désir qui s'éveillait peu à peu en lui, un désir envers une femme qu'il devrait haïr.

« Tu en as envie Jack comme tu as désiré cette fille. Avait continué Tia en désignant la forme endormie. Que crois-tu ? Que j'ai été la seule qui a aimé ton père ? »

Jack avait rougi lorsqu'elle avait dit ces mots, honteux de s'avouer à lui-même qu'elle avait raison. Il la désirait tout comme il avait, durant un instant fugac,e désiré Audrey alors qu'elle se trouvait asservie devant lui.

« Prends ce que tu veux Jack. Ne laisse plus les autres choisir à ta place. Tu es un pirate et tel est ton destin. »

Il avait regardé cette femme étrange qu'il connaissait depuis son enfance et qui semblait ne pas avoir d'âge et une poussée de désir avait inondé ses reins.

« Qu’attends-tu Jack ? L'autorisation du vieux Teague ? »

 

Ces quelques mots avaient suffi à le remplir de rage. Il avait attrapé Tia Dalma par les cheveux pour la plaquer contre le mur et relevé ses jupons d'un geste fiévreux et sans douceur. Il l'avait prise sans attendre, espérant presque lui faire mal, ses coups de reins se faisant plus violents à mesure qu'il laissait libre court à sa colère. Il s'était lâché en elle au bout de quelques minutes, sans se préoccuper de lui procurer du plaisir. Tia l'avait regardé et avait lissé ses jupons après qu'il l'ait relâchée.

« Tu fais honneur à ton père Jack mais je t'apprendrais d'autres choses. Avait-elle minaudé en lui caressant la joue. Avec moi tu auras l'impression de posséder l'océan lui-même.

- Oh… c'est-ce que Teague voit en toi ?

- Non mais toi c'est-ce que tu désires. Être le maître de l'océan. Tu es guidé par un destin plus fort que toi.

- Ne te leurre pas ma belle. Tu n'es rien pour moi.

- Comme elle n'était rien pour lui… Répondit-elle en désignant Audrey. Et regarde ce qu'il a fait d'elle. Es-tu ce genre d'homme Jack Sparrow ?

- Non je suis un pirate. Et je suis libre. »

 

Tia avait alors souri, comme si la réponse de Jack était celle qu'elle attendait. Lentement elle avait pris un onguent qu'elle s'était chargée d'appliquer sur sa brûlure.

« C'est écrit dans ta chair Jack. La marque du destin est sur toi. »

Ses yeux s'étaient posés sur le livre qu’Audrey avait tellement tenu à emporter et elle avait écarté Jack d'un coup d'épaule.

« Où as-tu trouvé ça ? »

 

Audrey avait alors ouvert ses fantastiques yeux mauves et Jack s'était rendu compte qu'elle avait été belle.

«  Il est à moi. J'espère l'utiliser pour me libérer.

- Oh, et tu crois que ça suffira ?

- Il le faudra bien.

- Raconte-moi jeune fille. Raconte ton histoire. » Avait exigé Tia.

 

()()

 

Jack ouvrit les yeux brutalement. L'histoire d'Audrey, l'histoire d'Elizabeth… Cette histoire ne devait pas se reproduire. Jamais. Pas avec Lizzie. Il se leva et se mit à arpenter la pièce de long en large. Beckett avait une faiblesse, quelque chose qu'il désirait plus que tout au monde, une chose contre laquelle il accepterait de laisser Elizabeth tranquille.

« Calypso … » Murmura-t-il avant de sombrer dans un sommeil d'ivrogne décidé à donner dès le lendemain le signal du départ pour Port Royal.

 

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Le soir tombait doucement sur Port Royal et Elizabeth s'apprêtait à passer sa première nuit seule depuis son mariage. Elle avait revêtu une tenue confortable et s'était installée au coin du feu avec un bon livre. Elle releva à peine la tête lorsque le domestique fit son apparition, traînant derrière lui une jeune femme à l'air emprunté. Alicia regarda Elizabeth et vit pour la première fois la fille de l'homme qui était son amant depuis presque cinq ans. Ses mains tremblèrent un peu alors qu'elle songeait à l'enjeu de cette soirée. Beckett lui avait promis que si elle échouait, elle le paierait de sa vie et elle connaissait à présent suffisamment le lord pour savoir que ce n'était pas des menaces en l'air.

 

Elizabeth leva les yeux de son ouvrage et ses sourcils se froncèrent imperceptiblement en découvrant Alicia. Elle regarda la jeune femme.

« Puis-je savoir qui vous êtes ? »

Alicia la regarda, saisie par la beauté de la jeune fille du gouverneur qui, assurément, ne ressemblait pas à son père.

« Lady Beckett, votre époux m'a demandé de vous occuper ce soir. »

 

Elizabeth la fixa un long moment et chercha à deviner ce que Cutler avait encore inventé.

« Et comment ?

- Je crois que Lord Beckett vous trouve un peu tendue. Un bain suivi d'un massage serait indiqué. »

Elizabeth sourit à la jeune femme.

« J'ai déjà des servantes pour faire ceci. »

Alicia s'approcha doucement d'elle.

«  Certes mais je vous assure que je suis experte dans mon domaine. »

Elizabeth se leva et prit au passage la bouteille de sherry.

« Après tout pourquoi pas … Puisque que mon époux vous a demandé de venir il doit y avoir une raison. Et j'ai toujours été curieuse. » Sourit-elle innocemment.

 

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Elizabeth était allongée dans le bain brûlant et Alicia démêlait doucement ses longs cheveux clairs. La jeune lady appréciait tout particulièrement le silence que gardait la servante envoyée par Cutler et savourait la caresse légère de ses doigts dans ses cheveux. Alicia la regarda longuement, guettant le moment où elle s'abandonnerait et commença à glisser l'éponge sur son corps. Elizabeth sourit, perdue dans sa rêverie et revint comme toujours sur l'île où elle avait fait l'amour avec Jack. Derrière elle, Alicia passait consciencieusement le savon sur son corps et insista légèrement sur les pointes de ses seins qui se durcirent presque immédiatement. Alicia sourit.

 

Finalement les femmes n'étaient pas si différentes des hommes. Elle prit une grande serviette et murmura.

« Madame si vous voulez bien… »

Elizabeth battit doucement des paupières et se leva. Elle se laissa envelopper puis frictionner par la jeune femme.

« Merci Alicia. Vous pouvez disposer. »

Alicia blêmit.

« Oh, mais madame, Lord Beckett m'a bien recommandé de vous prodiguer un massage et je ne voudrais pas le décevoir. »

 

Elizabeth soupira et se servit un nouveau verre, tandis que son regard tombait sur le paquet de gravures qui l'attendait sagement sur le coin de sa table de chevet. Elle sourit et songea que Cutler avait sans doute une de ses petites leçons en prévision. Elle se tourna vers Alicia, excitée à l'idée de découvrir de nouveaux plaisirs.

« Soit je pense que mon époux a de bonnes raisons pour vouloir ceci. Allez y donc. » Déclara-t-elle avant de s'allonger, sûre que sous peu Cutler la rejoindrait.

Alicia faillit hurler de joie tant son soulagement était grand mais elle se contenta de hocher la tête à l'adresse de la jeune femme.

 

Elizabeth ferma les yeux tandis que les mains chaudes et huilées glissaient sur son corps et frôlaient ses fesses. Alicia retenait sa respiration, s'efforçant de ne pas l'effaroucher et se contenta d'explorer son dos pendant un long moment avant de murmurer.

« Retournez-vous. »

 

L'air dolent, Elizabeth s'exécuta tandis qu'Alicia reprenait son massage, ses mains glissèrent le long des cuisses de la jeune femme, se rapprochant de plus en plus de son intimité. Elizabeth soupira et ferma les yeux de nouveau, il lui semblait presque sentir la caresse du soleil dans les mains chaudes d'Alicia. Cette dernière sourit en voyant l'air d'abandon de la fille du gouverneur et remonta doucement ses mains vers la poitrine d'Elizabeth qu’elle la soupesa doucement avant d'en caresser les pointes. La jeune femme, surprise et choquée, ouvrit brutalement les yeux.

« Que faites-vous ?

- Un massage Madame. Tel que votre époux l'a demandé. » Murmura Alicia avant de laisser sa main glisser sur le ventre plat de sa victime.

Elizabeth rougit, troublée et honteuse des idées qui lui avaient traversé l'esprit et se tut.

 

Alicia reprit patiemment, elle la sentit à nouveau se détendre, elle frôla peu à peu son intimité sans toutefois s'y attarder et constata avec soulagement que cette dernière devenait plus luisante à chacun de ses passages. Elizabeth quant à elle sentait son cœur battre de plus en plus vite tandis que le désir s'emparait d'elle. Elle avait une conscience accrue de ces mains qui caressaient son corps, s'attardant sur des endroits sensibles sans toutefois s'y arrêter. La tête lui tournait un peu et elle soupira légèrement. Alicia sourit. Elle était prête. Elle se pencha sur le sein rond et offert et glissa sa langue sur le téton avant le prendre entre ses lèvres, arrachant cette fois un gémissement à la jeune lady. Elizabeth ouvrit brutalement les yeux, ne comprenant pas ce qui se passait.

« Chut … Laissez-vous aller madame. » Murmura Alicia qui remonta cette fois franchement sa main sur l'intimité d'Elizabeth.

Elle la caressa ouvertement avant d'y glisser un doigt à la faveur de l'humidité.

« Ce n'est qu'un massage. » Reprit-elle.

 

Il semblait à Elizabeth que son cœur allait exploser tandis que la fille continuait ses caresses, allant et venant cette fois ouvertement en elle et enflammait ses sens. Elle se tortilla légèrement, ne sachant plus si elle voulait que l'autre s'en aille ou au contraire continue. Son esprit lui hurlait que c'était contre nature mais son corps, lui, avait des envies d'encore qui la firent gémir de frustration. Alicia ne lui laissa pas l'occasion de protester et un léger sourire naquit sur ses lèvres en voyant l'expression d'Elizabeth. C'était pour elle une revanche d'être cette fois celle qui menait la danse, de voir enfin un de ses clients soumis. Alicia délaissa le téton luisant de salive et descendit doucement sa bouche sur le ventre de la jeune femme avant d'embrasser la peau douce de l'intérieur de ses cuisses.

 

Elizabeth retint sa respiration en sentant son souffle sur son intimité et son esprit la ramena instantanément sur l'île. Ce n'était plus Alicia qui caressait son corps, c'était Jack à nouveau. Elizabeth gémit lorsque la langue d'Alicia effleura son intimité puis ses lèvres l'enveloppèrent entièrement tandis que sa langue s'introduisait en elle. Instinctivement elle écarta en plus largement ses cuisses et poussa son bassin vers la jeune fille, son corps réclamait un assouvissement et tout scrupule ou honte avaient désertés son esprit. Alicia sourit et continua ses pressions de la bouche, sa langue se fixa sans hésiter sur le bouton gorgé de désir de la jeune Elizabeth tandis que de sa main elle flattait sa poitrine, sentant le cœur de la jeune femme cogner à mesure que dans sa bouche son clitoris durcissait. Les mains d'Elizabeth étreignirent le drap avant de venir se poser dans la douce chevelure de la jeune femme pour l'encourager à continuer ses caresses. Elizabeth ne savait plus où elle était, elle confondait le passé et le présent, imaginant qu'entre ses cuisses c'était à nouveau la langue de Jack qui la fouillait, ses mains qui la caressaient. Finalement Elizabeth se cambra et jouit sans retenue dans la bouche d’Alicia, un râle de plaisir lui échappant tandis qu'elle murmurait :

« Jack… »

 

Le bruit d'une porte qui s'ouvrait la fit sursauter, la ramenant au présent et à ce qu'elle venait de faire.

« Savez-vous ma chère que de s'adonner aux plaisirs de la chair avec une personne du même sexe que soit est puni par la loi ? Sans compter l'adultère. »

Elizabeth sentit son cœur se serrer. Elle imaginait sans peine le spectacle qu'elle donnait, nue, échevelée, sa main encore crispée dans les cheveux de la jeune servante qui était entre ses cuisses.

« Cutler. Je … »

Il sourit et s'approcha d'elle. Il releva d'un geste Alicia avant de glisser sa main sur le sexe de sa femme pour en apprécier l'humidité.

« Je constate que mon cadeau vous a plu… »

 

Elizabeth le regarda l'air perdu, elle ne comprenait plus ce qui se passait, Cutler aurait dû être furieux. À juste titre d’ailleurs, elle-même se sentait honteuse d'avoir succombé, pire encouragé, une pratique aussi licencieuse.

« Votre cadeau ? Demanda-t-elle d'une petite voix, l'esprit embrouillé par un mélange de plaisir, de honte et d'alcool.

- Oh vous n'avez pas regardé les dessins ce soir ? » Interrogea Beckett qui chassa Alicia d'un geste, la jeune femme ne se faisant pas prier pour obéir.

Elizabeth tendit une main tremblante vers les gravures et découvrit la femme aux yeux mauves, le corps tendu par le plaisir tandis qu'une autre femme s'activait entre ses cuisses, le tout se déclinant en plusieurs tableaux.

« Vous ? Mais… Commença Elizabeth abasourdie de découvrir qu'Alicia l'avait bel et bien séduite pour obéir aux ordres de son époux.

- Je vous l'ai dit ma chère petite catin. Je vous apprendrai le plaisir… sous toutes ses formes. Murmura Beckett avant de lui saisir la tête à son tour, la forçant à descendre vers son bas ventre tandis qu'il défaisait la ceinture de ses pantalons. Remerciez votre époux à présent. »


Chapitre 29                                                                                                     Chapitre 31


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