Chapitre 22 : Adieu


Elizabeth ouvrit les yeux, le corps encore douloureux après les heures passées à accoucher. Elle tourna la tête et aperçut Beckett à son chevet. Elle se redressa légèrement et le regarda. Les yeux de l'homme étaient fixes.

« Où est notre bébé ? J'aimerais le voir. »

Beckett sembla alors s'apercevoir de sa présence et Elizabeth sentit son cœur se serrer.

« Où est-il ? » chuchota-t-elle.

Cette fois Beckett cilla.

« Il est mort il y a trois heures. Le médecin a dit qu'il n'aurait pas pu prévoir la chose. La sage-femme prétend que si, tous deux disent qu'ils n'ont rien pu faire. »

Une douleur transperça le cœur d'Elizabeth.

« Non….

- Ils seront pendus demain à l'aube. » lui annonça Beckett d'un ton égal.

 

Une boule dans la gorge, Elizabeth tendit la main vers lui.

« Je veux le voir, mon bébé….

- Je vous le déconseille, répondit Beckett.

- C'est mon enfant ! Je veux le voir ! Hurla Elizabeth, éperdue de chagrin.

- Très bien, j'y veillerai, » répondit Beckett en se levant.

Restée seule, Elizabeth fondit en larmes. Elle avait su. Elle avait compris que quelque chose n'allait pas. La porte s'ouvrit et Estrella apparut.

« Mademoiselle, balbutia t'elle tellement émue qu'elle en oubliait le mariage de la jeune femme, faut mieux pas que vous le voyez.

- Je veux le tenir une fois. Je veux le tenir, » répéta Elizabeth.

 

Lorsqu'on lui mit le corps sans vie de l'enfant dans les bras, Elizabeth comprit pourquoi Beckett ne voulait pas qu'elle le voie. Il lui sembla que son cœur explosait en morceaux et elle serra le corps contre son sein. Des larmes roulèrent sur ses joues et elle commença à le bercer contre elle. D'une voix ténue, elle commença à balbutier.

« S'il te plait, reviens tu ne peux pas être parti, tu ne peux pas…Je ne te laisserai pas… »

 

Tétanisés, Estrella et les femmes de chambres assistèrent à la scène tandis qu'Elizabeth continuait à supplier l'enfant d'ouvrir les yeux. Sur le seuil, Beckett blêmît.

« Imbéciles ! Ragea-t-il. Retirez-le-lui ! »

Elizabeth gémit alors qu'on lui arrachait l'enfant des bras et Beckett la serra contre lui.

« J'ai tellement mal, » sanglota Elizabeth.

Les bras de Beckett la serrèrent un peu plus.

« Je sais… » Murmura t'il.

 

Bouleversée, Elizabeth l'étreignit.

« Je le savais. J'aurais voulu que ce soit moi, pas lui, pas lui…

- Ne dites pas de sottises. » la coupa Beckett d'une voix froide.

Elizabeth recula devant sa hargne et rencontra le regard fixe de Beckett.

« Reposez-vous. » lui ordonna le Lord avant de la relâcher.

 

Une semaine plus tard

 

Les yeux rougis et ses larmes taries, Elizabeth laissa Estrella l'habiller. C'était la première fois qu'elle se levait depuis la mort de son bébé. Des médecins étaient venus lui expliquer que la chose arrivait. Surtout lorsqu'il s'agissait d'un premier enfant. Cela ne la consolait pas. Ca n'enlevait pas le vide dans son cœur.

 

Estrella lui lança un regard rempli de compassion.

« Comment les hommes de la Compagnie ont pu être sans cœur au point d'exiger de Lord Beckett qu'il parte en un tel moment ? »

Elizabeth ne répondit pas. Depuis la scène qui avait eu lieu une semaine plus tôt, elle n'avait pas revu Beckett.

Mercer la regarda et s'inclina légèrement.

« Lady Beckett… Suivez-moi »

Elizabeth frémit et Mercer la toisa sans émotion.

« Ce sont les ordres Madame. »

 

La jeune femme haussa les épaules et le suivit. Perdue dans son chagrin, elle reconnut à peine le couloir qui menait aux geôles. Elle cilla lorsque Mercer déverrouilla la porte.

« Entrez. » lui dit-il.

Will se précipita vers elle et la serra contre lui.

« Elizabeth !

- Vous avez deux heures, » annonça Mercer.

La jeune femme se dégagea de l'étreinte de Will.

« Mon bébé… commença t'elle d'une voix tremblante. Il ….il est... il est…

- Nous le savons mon ange, la coupa Jack d'une voix douce.

- Beckett est venu nous annoncer la nouvelle » ajouta maladroitement Will.

Elizabeth cilla et de nouvelles larmes roulèrent sur ses joues.

« Il a dit que tu pourrais en avoir d'autres, reprit Will pour la consoler.

- Bugger quel imbécile », cracha Jack devant la mine décomposée d'Elizabeth.

 

Le pirate referma ses bras autour de la jeune femme et la berça lentement contre lui.

« Je suis désolé Lizzie.

- Ça aurait dû être moi, murmura la jeune femme.

- Chut… » Répondit Jack.

Will serra les poings en le voyant faire et Jack lui adressa un regard sombre.

« Essaie de ne pas parler stupidement ça nous changera. »

Will déglutit et fixa Elizabeth tandis qu'elle sanglotait sur l'épaule de Jack et que le pirate murmurait doucement à son oreille.

« Vous êtes un idiot Turner, commenta Norrington. Même Sparrow est capable de voir que ce n'est pas le moment de parler d'autres enfants. »

Will secoua la tête.

« Je ne voulais pas dire que, mais …

- Taisez-vous. » Le coupa Norrington avant de rejoindre Jack et Elizabeth.

 

Le lendemain,

 

A nouveau Mercer conduit Elizabeth jusqu'à la geôle et Will la serra jalousement contre lui sous le regard excédé de Jack.

« Je t'aime tellement Elizabeth, murmura t'il. Si je pouvais faire quelque chose.

- Il n'y a rien à faire », répondit la jeune femme.

Les bras de Will l'étreignirent et elle ferma les yeux. Elle ne savait pas ce qui justifiait autant de visites et à dire vrai, elle ne posait pas la question.

 

()()

 

Deux semaines s'écoulèrent ainsi. Aidé par ses amis, Elizabeth surmontait peu à peu sa peine. Pourtant quelque chose lui manquait sans qu'elle sache quoi.

« Quand rentre Lord Beckett ? Demanda-t-elle pour la centième fois à Estrella.

- Je suis rentré. » Annonça le lord en posant un regard froid sur elle.

Le cœur d'Elizabeth se serra et elle avança vers lui.

« Venez dans mon bureau. » ordonna-t-il d'un ton qui ne souffrait pas de discussion.

 

La jeune femme le suivit et Beckett referma la porte sur eux. Inquiète, Elizabeth le fixa.

« Asseyez-vous Lady Beckett. »

La jeune femme obéit docilement et Beckett la fixa.

« Vous sentez vous mieux ? J'ai songé que vos amis seraient un baume plus efficace que ma présence pour votre chagrin.

- Oui… répondit Elizabeth d'une voix tremblante.

- Le médecin dit que vous pourrez avoir, que la chose sera possible. »

Elizabeth se mordit la lèvre et Beckett la regarda avec froideur.

« Rassurez-vous ma chère, je ne vous demande pas de partager ma couche.

- Mais, pourquoi m'avez-vous fait venir ? »

Beckett la fixa.

« Pour vous donner ceci. » Déclara-t-il en lui tendant des lettres de marque.

 

Elizabeth examina les lettres et lut qu'elles étaient au nom de Will, Jack, James et au sien. Surprise, elle releva les yeux.

« Je ne comprends pas.

- J'ai laissé vide le nom sur la vôtre vu que j'ignore quelle identité vous comptez prendre une fois partie d'ici. Je me suis toujours perdu dans toutes vos hésitations entre Sparrow, Turner et Dieu sait qui d'autre.

- Mais…

- Néanmoins je vous serais reconnaissante de ne pas utiliser le mien. Je compte annoncer votre mort dès demain. Voir une Elizabeth Beckett ressurgir serait particulièrement gênant, d'autant plus si elle est un pirate. »

Elizabeth secoua la tête, perdue.

« Je ne comprends pas, je croyais…

- Vous m'avez donné un fils. Ce n'est pas votre faute s'il n'a pas survécu, la coupa brutalement Beckett. Vous avez rempli votre contrat, je remplis le mien. J'ose croire que cela vous aidera à surmonter votre peine. Le Pearl vous attendra demain à l'aube. Mercer vous escortera vous et vos amis. Il va sans dire que je vous conseille d'éviter de croiser ma route à nouveau. »

 

Médusée, Elizabeth le suivit des yeux.

« Allons ma chère, pas de fausse pudeur, laissez éclater votre joie. Vous voilà libre.

- C'est que j'ai peine à le croire… murmura la jeune femme.

- En ce qui concerne les bijoux que je vous ai offert vous pouvez les prendre. Vous n'aurez qu'à les vendre ou en faire ce que vous voudrez. En revanche j'aimerais récupérer votre alliance. Elle est dans ma famille depuis plusieurs générations et j'y suis attaché.

- Bien sûr… » Murmura Elizabeth, trop sonnée pour réagir.

 

Elle retira la bague de son doigt d'une main tremblante et Beckett la suivit des yeux tandis qu'elle la posait sur le bureau.

« Vous voyez Elizabeth, finalement nous aurons tous deux obtenus ce que nous désirions. Vous voici libre de rejoindre vos hors la loi et quant à moi je viens d'être nommé gouverneur des Indes. Plus rien ne nous lie désormais. Je suppose que vous ne serez pas longue à penser que c'est mieux ainsi. » Lui lança Beckett avec amertume.

Le cœur serré, Elizabeth le fixa.

« Allons sortez Elizabeth ! » lui ordonna Beckett avec violence.

 

Troublée, la jeune femme obéit. Arrivée sur le seuil, elle se retourna brièvement. Beckett lui tournait le dos. Assis sur son fauteuil confortable, il observait la baie.

« Venez. » lui enjoignit Mercer d'un ton sec.

Elizabeth se dégagea de son étreinte et avança vers le bureau.

« Qu'allez-vous faire ? »

Les épaules de Beckett tressautèrent et il répondit sans la regarder.

« Je ne compte pas vous arrêter vous et vos amis si c'est ce que vous redoutez. Comme je vous l'ai dit à de nombreuses reprises, je suis un homme de parole.

- Je ne parlais pas de ça, » souffla Elizabeth.

Beckett garda le silence quelques secondes, puis

« Il semble que cela ne vous concerne plus Miss Swann. Partez donc et efforcez-vous d'oublier ce désagréable épisode, je ne doute pas que Sparrow, Turner ou Norrington vous y aidera. A moins que ce ne soit les trois… »

 

Ulcérée et les larmes aux yeux, Elizabeth avança encore vers lui.

« Monsieur Mercer, faites la sortir. Employez la force s'il le faut, j'ai assez supporté sa présence. » Ordonna Beckett.

La main de Mercer se referma sans douceur sur le bras d'Elizabeth et il la tira en arrière.

« C'était votre idée ! » Cria la jeune femme.

Cette fois, Beckett se retourna et leurs yeux se croisèrent un bref instant.

« Et bien vous voyez, vous n'êtes pas la seule à commettre des erreurs finalement. » ironisa t'il.

 

Elizabeth blêmit tandis que Mercer l'entrainait à l'extérieur de la pièce.

« Suis-moi. » lui lança familièrement l'homme de main.

Secouée par ce qui venait de se produire, Elizabeth obéit. Mercer s'immobilisa devant son appartement.

« Lord Beckett vous autorise à prendre ce que vous désirez.

- Je ne veux rien…murmura Elizabeth sans même jeter un regard vers son coffret à bijoux.

- Soit, dans ce cas je débarrasserai Lord Beckett de vos effets moi-même. Suivez-moi. »

 

Le cœur lourd, Elizabeth lui emboita le pas. La jeune femme se sentait étrange. Vide. Aussi vide que lorsque son enfant était mort. Egarée, elle ne reconnut la geôle que lorsque Mercer la poussa à l'intérieur.

« Des hommes vous escorteront cette nuit. »

 

()()

 

Jack haussa le sourcil en voyant apparaître Elizabeth tandis que Will se précipitait vers elle.

« Elizabeth », souffla t'il en l'embrassant.

La jeune femme répondit machinalement et Will la relâcha.

« Tu es toute pâle que se passe-t-il ? De quoi parle Mercer ? »

Une boule se forma dans la gorge d'Elizabeth et elle se tourna vers ses amis.

« Lord Beckett considère que notre contrat est rempli. Il m'a donné ceci. »Souffla t'elle en agitant les lettres de marque.

Gibbs et Norrington se précipitèrent sur ces dernières et Gibbs écarquilla les yeux

« Toutes les accusations de piraterie sont levées. »

 

Jack sursauta et s'avança.

« Quoi ? »

Le visage de Jack accusa sa surprise et il lut la lettre de marque qui portait son nom.

« Il disait la vérité …. » murmura t'il.

Elizabeth se retourna vers lui.

« Et c'est vous qui dites ça.

- Trésor, commença Jack avant d'être coupé par Will.

- Elizabeth, tu as réussi ! S'exclama-t-il en la serrant contre lui. Tu as réussi ! Tu nous as tous sauvés. »

La jeune femme s'écarta légèrement.

« Oui. »

Will se troubla.

« Je suis désolé que tu aies du payer un tel prix. Elizabeth, sache que je ferais tout pour que, pour que tu oublies ce…

- Comment veux-tu que j'oublie ? » Cracha la jeune femme.

Désemparé, Will la regarda s'éloigner.

« Qu'est-ce qu'elle a ?

- Laisse-lui du temps petit, » murmura Jack.

 

Plusieurs heures s'écoulèrent ainsi, Elizabeth restait prostrée dans un coin de la cellule tandis que les autres attendaient patiemment. Finalement, la garde apparut.

« Suivez-moi. » ordonna un officier visiblement mal à l'aise.

Les quatre hommes se levèrent et Will s'approcha d'Elizabeth.

« Viens. » lui souffla-t-il d'une voix joyeuse en lui prenant la main.

 

()()

 

Elizabeth se laissa entrainer. L'air frais fouetta son visage et elle poussa un soupir.

« Nous sommes libres. murmura-t-elle avec incrédulité.

- Maintenant nous pourrons être ensemble, lui glissa Will. J'ai parlé à Jack, il nous débarquera sur une île et nous pourrons construire notre vie…

- Nous marier. répondit Elizabeth d’une voix terne.

- Quand tu le voudras… » Murmura Will avec passion.

Elizabeth lui sourit légèrement et la pression sur sa main augmenta. Le sourire d'Elizabeth s'élargit. Will avait raison. Ils étaient libres. Comme il se devait.

 

La petite troupe avança rapidement et Jack poussa un cri de joie à la vue du Pearl, qui, soigneusement amarré dans une baie un peu à l'écart, se balançait mollement.

« Te voilà ma belle.» Murmura-t-il.

La main de Will toujours dans la sienne, Elizabeth avança vers le navire.

« Monte », lui enjoignit Will.

 

Elizabeth referma sa main sur le bois de la chaloupe et se retourna. Ses yeux fouillèrent l'horizon et son cœur se serra. D'ici, elle pouvait voir la maison de Beckett qui dominait la ville. Une seule lueur brillait dans la demeure endormie. Celle du bureau de Beckett. Son cœur se serra un peu plus et elle se demanda s'il les regardait.

« C'est fini Elizabeth, » lui murmura tendrement Will.

Un sourire tremblant aux lèvres, la jeune femme hocha la tête et monta dans la chaloupe.

 

Alors qu'ils s'éloignaient de Port Royal, Elizabeth garda les yeux fixés sur la fenêtre illuminée.


Chapitre 21                                                                                                     Chapitre 23


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Commentaires: 7
  • #1

    Ladypirate (lundi, 16 janvier 2012 19:42)

    Pauvre Lizzie ! :(
    C'est vraiment trop triste !! ça me rappelle "La belle et la Bête" quand il lui rend sa liberté sans rien demander en échange (enfin, Beckett n'a rien de la Bête ^^)
    Jack a toujours dit qu'il avait un sens aiguë de la psychologie féminine et ça se voit :)

  • #2

    JessSwann (lundi, 16 janvier 2012 21:20)

    Ah oui ???? La belle et la bête ???Mdrrrr
    Erf et oui pour le coup pauvre Lizzie

  • #3

    Sharkna (mardi, 08 mai 2012 02:21)

    Pauvre elizabeth en effet.
    Ça ma fait mal au cœur pour son 2éme enfant

  • #4

    JessSwann (mardi, 08 mai 2012 09:10)

    Oui, ils n'ont pas de chance tous les deux et faut pas croire, Beckett souffre aussi

  • #5

    megan (dimanche, 12 octobre 2014 12:10)

    pauvre cutler

  • #6

    Jess Swann (dimanche, 12 octobre 2014 12:30)

    Lol tu vois tu le plains déjà ^^

  • #7

    megan (dimanche, 12 octobre 2014)

    oui ♥ ♥