Avant de fermer les yeux



Résumé : Durant la saison 5, Betty est de retour à Riverdale, comme tous ses amis et a enfin succombé à son attirance pour Archie. Seulement, on ne peut pas fuir les traumatismes du passé, surtout quand on s'appelle Betty Cooper...

 

Genre : Romance, Hurt/Comfort

 

Pairing : Archie Andrews/Betty Cooper

 

Rating : M

 

Note : Ecrit dans le cadre des Nuits du FoF 60 minutes pour un thème, ici : Œil

Répond également au défi du Discord Paradisio di Dante : 50 nuances de romance


Avant de fermer les yeux

L’œil désormais aveugle de la dernière victime du tueur au sac poubelle était fixé sur elle, comme une accusation muette. La fille était morte à cause d’elle, parce qu’elle n’avait pas été fichue de suivre le protocole et avait été capturée par le tueur. 

 

Un seul œil ouvert mais tous les reproches du monde dans cet ultime regard que la victime avait posé sur la vie, sur celle qui au lieu de la sauver, l’avait condamnée…

 

Betty Cooper se redressa d’un bond dans son lit, les mains tremblantes et le cœur battant à tout rompre. Du tréfonds du cauchemar qui avait pris forme dans son esprit, l’œil la regardait encore. Déjà laiteux, rempli d’horreur et de détresse. Eperdue de culpabilité, Betty replia ses bras autour d’elle, se balançant lentement dans l’espoir de faire fuir les fantômes qui prenaient possession d’elle à la nuit tombée, juste avant qu’elle ne ferme les paupières. 

 

Une main chaude se referma sur son épaule et le sang de Betty se glaça dans ses veines.

« Betty ? Est-ce que ça va ? »

Elle reconnut la voix emplie de sollicitude inquiète d’Archie et son cœur reprit un rythme normal. Ce n’était qu’Archie. Pas de tueur au sac poubelle, ni de spectre vengeur. Juste Archie, son plus vieil ami et son amour d’enfance.

« Oui, oui, ne t’inquiète pas. Juste un mauvais rêve. Désolée, je ne voulais pas te réveiller, je crois que je ferais mieux de rentrer chez moi, rendors-toi, » déclara-t-elle à la hâte.

 

Elle se redressa mais la main d’Archie se referma sur la sienne pour la retenir.

« Betty, ne me fuis pas. Je vois bien que quelque chose ne va pas. Tu fais des cauchemars toutes les nuits… »

La jeune femme se sentit rougir et évita le regard du roux.

« Désolée, répéta-t-elle. Je ne pensais pas que tu t’en étais aperçu.

— Que tu te réveilles en sursaut, terrifiée, et que tu te balances pendant des heures sur toi-même ? Mais bien sûr que je m’en suis rendu compte, Betty. »

Un sourire grimaçant se forma sur les lèvres de la jolie blonde et elle tenta de changer de sujet.

« Les inconvénients de dormir avec quelqu’un… »

 

Mais, Archie étant Archie, il ne se laissa pas prendre et l’attira doucement sur le lit. Plongeant ses yeux dans ceux de Betty, il murmura :

« Qu’est-ce qui s’est passé Betty ? Tu ne parles jamais de ton travail au FBI, pas un mot depuis que tu es revenue. Pourtant, nous avons passé pas mal de temps tous les deux, ces dernières semaines, sourit-il pour adoucir un peu ce qui ressemblait à un interrogatoire.

— Archie, je n’ai pas envie de parler de ça, ce n’est pas très intéressant, prétexta Betty en fuyant son regard. Je ferais mieux d’y aller maintenant. »

Elle se pencha pour déposer un baiser léger sur les lèvres de son amant mais une fois de plus, il la retint.

« Je sais que tu ne veux pas que nous soyons officiellement ensemble, mais…

— Je croyais que nous étions d’accord là-dessus, le coupa Betty avec vivacité.

— Oui. Ce que je voulais dire, c’est que nous sommes toujours amis, Betty, alors parle-moi. »

 

Elle hésita, ses grands yeux clairs scrutant le visage franc et ouvert d’Archie éclairé par un rayon de lune. Le jeune homme avait beau avoir fait la guerre et vu sans nul doute son lot d’horreurs, il était toujours ce bon vieil Archie : positif, gentil, croyant à la bonté de tous. Que penserait-il d’elle s’il apprenait qu’à cause de sa négligence, une femme était peut-être en train de mourir au moment où ils parlaient ? Qu’un nouveau corps enfermé dans un sac poubelle avait été balancé quelque part pendant qu’ils faisaient l’amour ? 

« Je tiens à toi, Betty…Pour moi, ce n’est pas que du sexe. Je veux être là pour toi, comme je l’ai toujours été. »

Elle déglutit alors que les mots d’Archie s’imprimaient dans son cerveau.

« Tu penses que pour moi ce n’est que du sexe ? »

Il écarta les bras en signe d’ignorance.

« Je ne sais pas ! Comment veux-tu que je sache ? Nous n’en parlons jamais Betty, ni de ce que nous vivons, ni de ce que tu as vécu. J’ignore tout de la vie que tu as menée pendant les années où je suis parti. Mais, je sais une chose, la Betty Cooper que je connais n’a jamais été sujette aux cauchemars. Donc, si tu es dans un tel état chaque nuit, c’est qu’il t’est arrivé quelque chose de terrible. »

 

Betty ne répondit pas, troublée. Elle avait succombé à son désir pour Archie à cause de l’évasion qu’il lui procurait. Utilisant sa chaleur et sa lumière pour chasser ses propres ténèbres. Quand elle était avec Archie, tout s’effaçait. Les meurtres, les horribles heures de sa captivité, sa culpabilité… Elle ne voulait pas perdre ça, elle ne voulait pas salir Archie de la fange de son histoire.

« Betty, plaida de nouveau le jeune homme. Je ne cherche pas à te blesser, je veux juste comprendre. »

La tentation de déposer son fardeau, même pour un instant, était grande et, en dépit de ses résolutions, de son désir de préserver Archie de la noirceur, Betty céda.

 

Lentement, elle lui raconta son histoire, la traque du tueur au sac poubelle, sa négligence coupable et les conséquences que son impulsivité avait eues sur l’enquête.

Lorsqu’elle se tourna vers Archie, il sembla à Betty que le jeune homme était un peu moins heureux. La lune n’éclairait plus son visage, comme si les ombres de Betty s’étaient répandues sur lui. 

« C’est pour ça que je ne voulais rien te dire, murmura-t-elle. Je ne voulais pas que tu…

— Mais enfin Betty, tu portes ça toute seule depuis tout ce temps ? s’effara Archie. Tu n’en as parlé à personne ?

— Pas en détails, admit la jeune femme. Le Bureau m’a bien ordonné d’aller voir une thérapeute mais… »

Les bras d’Archie se refermèrent autour du corps de Betty dans une étreinte farouche.

« Pas étonnant que tu fasses des cauchemars chaque nuit, murmura-t-il, embrassant les joues de Betty où, elle s’en rendit seulement compte, des larmes roulaient. Mais, tu n’es pas responsable, tu es une victime, comme toutes les autres.

— Sauf que moi, il ne m’a pas tuée, rétorqua Betty. Il s’est contenté de me jeter dans un trou et il s’est enfui quelques minutes avant que le Bureau arrive. Si j’avais suivi les ordres, nous aurions tous débarqués et il serait sous les verrous en ce moment. Il n’aurait pas fait une nouvelle victime. C’est elle que je vois dans mes cauchemars, son œil mort qui me fixe… Elle sait que je suis responsable de ce qui lui est arrivé. »

 

Archie la serra à la briser contre lui, ses lèvres épousant les siennes avant de reculer.

« Tu n’es coupable de rien, Betty Cooper. Ni des crimes du tueur au sac poubelle, ni de ceux commis par ton père. Je veux que tu te répètes ça chaque soir avant de t’endormir. »

Un léger sourire indulgent se forma sur les lèvres de Betty. Archie était si naïf, si bon… Pensait-il vraiment que cela avait une chance de fonctionner ? Que sa noirceur allait disparaitre sous l’effet d’un mantra qu’elle prononcerait en boucle dans son esprit une fois ses paupières closes ?

 

Le jeune homme sentit ses doutes et l’embrassa de nouveau, cette fois plus profondément.

« Laisse-moi te faire oublier, Betty… »

Ses mains chaudes, rassurantes, aimantes étaient sur son corps et, en dépit des ombres qu’elle sentait encore en elle, Betty se laissa aller sur le lit.  

 

Dans les bras d’Archie rien de mal ne pouvait lui arriver. Jamais. Il était sa lumière au fond des ténèbres et l’espoir de ses nuits sans sommeil.

 

L’œil accusateur disparut des pensées de Betty, remplacé par une crinière poil de carotte et le sourire ravageur du garçon d’en face. Comme cela avait toujours été, il avait chassé les ombres et les blessures de l’âme de la jeune femme.

 

Parce qu’il était Archie et parce qu’elle était Betty.

 


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