Chapitre 3 : Une femme amoureuse et une prisonnière


Le Black Pearl arrivait au terme de son voyage et Jack, à la barre, donna l'ordre à un équipage silencieux de jeter l'ancre à quelques mètres de la berge où commençait l'embouchure du fleuve. Les hommes obéirent sans un mot. En effet, ils se méfiaient à présent des sautes d'humeur inhabituelles de leur Capitaine. Jack ordonna de mettre une chaloupe à la mer et, accompagné par quelques hommes, il prit place à l'avant de la frêle embarcation et les laissa ramer jusqu'à ce qui avait été le refuge de Tia Dalma. Derrière lui, ses hommes avançaient en silence, n'osant parler à celui qui avait déjà failli abattre froidement deux d'entre eux et que la mort de Gibbs semblait avoir définitivement rendu fou.

 

Il observait avec un curieux détachement les lieux qui l'entouraient, la forêt dense qui, telle un écrin monstrueux, enfermait le fleuve et empêchait les rayons du soleil de le toucher, un endroit si différent de l'océan. Il n'était jamais venu ici et avait ignoré durant des siècles l'endroit où Calypso avait trouvé refuge après sa trahison, ce lieu où se terrait celle qui avait été son amour, sa faiblesse et sa tortionnaire, qui l'avait condamné non pas à mourir mais à vivre avec le souvenir de son absence. A présent que le moment de la revoir était venu, il se sentait à la fois exalté et curieusement ému.

« Si seulement tu avais encore un cœur à m'offrir » Avait elle dit lorsqu'ils s'étaient revus quelques mois plus tôt après des siècles d'errance. Il sourit en sentant le cœur de Jack battre dans son torse. Il avait trouvé ce qu'elle désirait tant et ainsi il récupérerait son amour, puis sa place aux commandes du Hollandais Volant. Et cette fois, dans dix ans elle serait là. Il ne lui laisserait pas le choix.

 

« Capitaine, nous y sommes. » Murmura prudemment Marty, rendu méfiant par le regard bleu acier que son capitaine posait à présent sur le monde.

Jack ouvrit les yeux, rendu à lui-même et mit un moment avant de réaliser qu'il parlait de la cabane de Tia Dalma. Il porta la main à sa tempe et tenta de rassembler ses idées. Quelques heures auparavant il était devant le cadavre de Gibbs à Tortuga et quelque chose l'avait…

« Davy Jones. » Souffla doucement une voix à son oreille.

Jack écarquilla les yeux, Jones ! Il l'avait vu, il avait même cru un moment qu'il entrait en lui, le possédait.

« Il a tué Scarlett, puis Gibbs. Réveille-toi Jack ! Empêche de prendre le contrôle, empêche le de te prendre … » Murmura d'une voix pressante un Jack avant d'émettre un gargouillement d'agonie.

La voix de Jones le remplaça et siffla à son oreille.

« Je te l'ai dit Jack, tu ne peux pas me vaincre. Je suis toi maintenant. »

Un long gémissement échappa à Jack tandis qu'il lui semblait être happé par la noirceur des abysses.

 

« Je crois qu'il vaut mieux que j'y aille seul. Déclara-t-il à ses hommes, sans rencontrer de résistance.

Il se hissa sur l'escalier de bois, gravit une à une les marches qui le séparaient de la cabane et poussa la porte de la cabane sans la moindre hésitation.

 

A l'intérieur, Calypso leva les yeux dès son entrée, son visage se teinta de surprise en reconnaissant Jack.

« Tu ne t'attendais pas à moi Calypso. » Déclara-t-il en adoptant le ton ironique du pirate.

Elle ne répondit pas, le regard noué à celui bleu glacier de Jack.

«  Je ne pensais pas te revoir sous ses traits. Je ne pensais pas qu'il tenait à ce point à sa meurtrière.

- J'ai un cœur à t'offrir à présent Calypso.

- Le sien ? Mais il n'est pas le Capitaine du Hollandais Volant et tu sais qu'à lui seul j'appartiendrai.

- Il ne l'est pas encore. »

Calypso le regarda avec tendresse et frayeur. Il était revenu là où elle ne l'attendait pas. Il reprit la parole.

« Cette fois je ne te laisserais pas m'abandonner Calypso. » Murmura-t-il.

Il se prépara à réciter les paroles qui, il le savait, l'emprisonneraient à nouveau.

« Davy… Souffla-t-elle doucement. Je vais venir avec toi, nous serons enfin réunis. »

Il s'arrêta net, et la regarda s'approcher. Calypso posa sa main sur sa poitrine et savoura les battements de son cœur. Lentement Davy Jones reprit son visage, les traits de Jack s'estompant jusqu'à disparaître.

« Quelle folie … » Murmura Calypso avant qu'il emprisonne sa bouche sous la sienne.

 

Enfin il la caressait, enfin il la tenait, après avoir espéré son corps pendant de si longues années. Ses doigts pressés défirent les épingles qui retenaient la robe bleue océan qu'elle avait revêtue, sa bouche glissa sur sa peau chaude et sombre tandis qu'elle se laissait faire avec un soupir vaincu. Il laissa la robe tomber sur le sol et retrouva ce corps sans âge dans lequel il s'était déjà perdu une fois. Ses mains agrippèrent les épaules de la femme et il la regarda longuement.

« Dix ans Calypso, pendant dix ans je n'ai vécu que pour le moment où je te reverrais et le moment venu tu n'étais pas là.

- Je suis là à présent. » Répondit-elle en défaisant la ceinture de Jack.

 

Il se laissa déshabiller et savoura la tension qui habitait ce corps et qu'il n'avait pas connue durant des lustres. Puis il la renversa sur le lit et gémit comme tous les amoureux qui retrouvaient enfin leur promise. Leurs corps s'unirent, son sexe apprécia la douce humidité de celui de Calypso et les ongles de sa déesse se plantèrent dans son dos alors qu'elle le rejoignait. Il se perdit dans l'extase de l'étreinte qu'il avait trop attendue.

 

Jack ouvrit les yeux, le cœur battant la chamade et il gémit de plaisir tandis que ses reins allaient et venaient sur la femme allongée sous lui. Il s'arrêta net. Il ne comprenait pas comment il était arrivé là à faire l'amour à Calypso. Jack gémit de douleur et se sentit tiré en arrière, poignardé dans le dos tandis que la voix tonnante et tremblante de rage de Jones résonnait dans son esprit.

 

« Laisse la Sparrow ! Je te renvoie dans les limbes que tu connais déjà, je te renvoie dans un endroit pire que le Purgatoire… Spectateur de ton propre corps pendant que j'anéantirai tout ce à quoi tu tiens et bientôt, bientôt tu ne lutteras plus. Personne ne peut vaincre le démon !

 

Il jouit dans un râle et s'enfonça en elle d'une violente poussée, le désir qui le tenaillait enfin assouvi. Calypso le regarda. Elle admira les traits tendus par le plaisir sur lesquels elle avait lu un instant la confusion de Jack Sparrow avant de se lâcher à son tour, donnant à son cruel amant ce qu'il attendait d'elle. Ils retombèrent tout deux essoufflés sur le lit en attendant de reprendre leurs esprits.

« Que comptes-tu faire ? » Demanda-t-elle, rompant la première le silence qui suivait les ébats.

 

Il lui sourit avec méchanceté puis se leva et se rhabilla peu à peu.

« La fille ne devrait pas tarder, celle que Sparrow appelle Lizzie dans le secret de son cœur. Elle viendra avec le coffre, mon coffre. Une fois qu'ils seront tous deux à mon bord, nous irons rejoindre l'usurpateur. Et il me donnera la clef, il acceptera de mourir pour elle. Il l'a déjà fait. Ah l'amour ! Quel sentiment stupide … N'est-ce pas ma douce Calypso ? »

Elle se leva à son tour et remit ses vêtements puis  prit le temps de rassembler quelques herbes avant de l'embrasser légèrement sur les lèvres.

« Je viens avec toi Davy….Oui, je viens avec toi. »

Sans rien ajouter, le couple enfin réuni sortit de la cabane et retourna vers le Black Pearl qui les attendait.

 

Ça faisait des semaines qu'ils avaient quittés l'île aux épaves et Elizabeth se sentait toujours aussi tendue, furieuse contre elle-même de n'avoir pas su dire non à Teague Sparrow. Elle soupira d'exaspération en observant Pintel et Ragetti, qui émaillant leur discours de grands gestes désordonnés, racontaient une fois de plus les horreurs commises par Jack et dont-ils avaient bien sûr été les témoins. Cette fois, Jack avait tué presque tout l'équipage du Pearl à mains nues après avoir fait un véritable massacre à Tortuga. Il avait violé Scarlett après l'avoir tuée avant de s'en prendre à Gibbs, le violant à son tour alors qu'il expirait. Bien sûr ils devaient à leur ruse et leur expérience leur fuite échevelée et avaient profité du fait que Jack était occupé à violer une nouvelle victime pour s'enfuir. Bouches bée, les hommes de l'Empress les écoutaient, tremblant à chaque nouvelle anecdote, qui chaque jour s'ajoutait au récit rocambolesque des deux pirates.

 

Si elle n'avait pas été aussi furieuse, Elizabeth aurait pu trouver ça comique. Si on lui avait raconté cette histoire alors qu'elle était à l'abri dans la forteresse des pirates, une main posée sur le coffre contenant le cœur de son époux, elle aurait sans doute réagi comme ses hommes et observé les deux pirates d'un air mi incrédule mi horrifié. Seulement leurs bêtises l'avaient forcée à quitter la sécurité du nouveau foyer qu'elle s'était construit et à rechercher le seul homme qu'elle désirait plus que tout éviter aussi Elizabeth était-elle à bout de patience. Elle s'approcha à pas de loups de Pintel et Ragetti, qui ne l'entendirent pas arriver derrière eux, tant ils étaient absorbés par le récit de leur fantastique odyssée.

 

Elizabeth sortit froidement son coutelas et le plaça sous la gorge de Pintel qui couina de terreur.

« Encore un seul mot, un seul à propos de Jack Sparrow et de sa prétendue cruauté et ce sera le dernier que tu prononceras. Est-ce que je me fais bien comprendre ? »

Pintel gémit et hocha vigoureusement la tête, s'entaillant au passage.

« Oui, oui Votre Majesté on fera comme vous le voudrez.

- Mais n'empêche, le Capitaine Jack il a vraiment fait tout ça. » Ne put s'empêcher d'ajouter Ragetti

Elizabeth se tourna vers lui, une lueur meurtrière dans les yeux mais avant qu'elle n'agisse, la voix de la vigie brisa le silence qui régnait à présent sur le pont de l'Empress.

« Un navire Captain ! Avec des voiles noires… »

 

Elizabeth poussa un lourd soupir et se tourna vers l'horizon. Son cœur battit la chamade en reconnaissant le Pearl.

« Déjà … Murmura-t-elle

- On dirait qu'il ne bouge pas. Souffla Pintel.

- Peut-être qu'il les a tous massacrés. » Renchérit Ragetti

Elizabeth, railleuse, se tourna vers eux.

« Je croyais qu'il l'avait déjà fait ? »

 

Les deux marins ignorèrent l'attaque et tremblèrent à la vue du bâtiment sur lequel ils avaient jurés de ne plus remettre les pieds. A quelques pas d'eux, Elizabeth scrutait l'horizon et sa main se crispa sur le coffre qui ne la quittait jamais. Profitant de ce moment, Pintel et Ragetti s'éloignèrent silencieusement. Ils se préparaient à décrocher une chaloupe lorsque l'épée d'Elizabeth se plaça devant eux et la jeune femme les dévisagea d'un air peu amène.

« Où pensez-vous donc aller comme ça ? Le Pearl est de l'autre côté. Dois-je vous rappeler que c'est votre faute si nous sommes ici ? Que croyez-vous que vous fera Teague Sparrow si vous fuyez maintenant que le moment est venu de faire face à celui que vous accusez ? »

Pintel et Ragetti se dandinèrent quelques instants et Elizabeth sourit malgré elle.

« Vous allez venir avec moi dans la chaloupe. Ordonna-t-elle en prenant place, le coffre à ses côtés. Tai Huang, tu veilles sur le navire, je ne serais pas longue. Vous deux ramez ! »

 

La mort dans l'âme, Pintel et Ragetti obéirent, pendant qu'Elizabeth se rassurait en se persuadant qu'une brève visite serait suffisante. Elle n'aurait qu'à prendre des nouvelles de Jack, constater que tout allait bien puis reprendre le chemin d'un lieu où elle attendrait paisiblement Will.

 

Elle fit passer Pintel et Ragetti devant elle et les regarda monter à l'échelle de corde qu'elle avait exigée puis se retrouva brutalement sur le pont du Pearl, confrontée aux souvenirs qu'il recelait. Son mariage avec Will. Elle s'était mariée ici et c'était le seul événement qui devait avoir de l'importance pour elle, songea-t-elle en posant une nouvelle fois la main sur le coffre, cherchant comme toujours l'apaisement dans les battements réguliers du cœur de son mari.

« Où est le Capitaine Sparrow ? » Demanda-t-elle à l'équipage.

Elle détesta le tremblement mal assuré de sa voix.

 

Les hommes lui désignèrent le bayou sans un mot et Elizabeth pesta intérieurement, se demandant ce que le pirate pouvait bien faire là-bas….

 

L'attente fut longue, le regard d'Elizabeth se posait régulièrement sur le grand mât, celui-là même où elle avait attaché Jack. Avec un soupir exaspéré, elle arracha la longue vue des mains de la vigie avant de se détendre en voyant approcher une nouvelle chaloupe.

 

 

Il sourit en reconnaissant la blondeur de celle qui avait pris place sur son navire et il se tourna vers Calypso.

« La chance nous sourit, elle est là. »

Elle ne répondit pas et se contenta d'observer la silhouette d'Elizabeth Swann, espérant secrètement que le coffre ne soit pas avec elle.

Il monta lestement à bord et aida Calypso à venir à son tour sur le pont, notant au passage l'air surpris de la sorcière blonde.

« Elizabeth, mon ange. » Commença-t-il en se dirigeant vers elle, imitant le ton dilettante et la démarche hésitante de Jack.

La jeune femme eut un mouvement de recul, presque effrayée et s'adressa à lui.

« Comment allez-vous Jack ? »

Il garda la tête baissée, ses yeux fouillèrent le pont à la recherche du coffre il sourit en l'apercevant à quelques pas d'Elizabeth et s'apprêta à parler.

 

 

Elizabeth, c'était elle qui se trouvait là. Il ne parvenait pas à le croire, son cœur battit très vite et il comprit qu'elle ne devait pas rester ici.

« Lizzie, partez, je... » Commença-t-il avant de s'interrompre brutalement.

Elizabeth le regarda avec inquiétude. Quelque chose n'allait vraiment pas, Pintel et Ragetti avaient peut être raconté en partie la vérité.

« Non Jack je n'irai nulle part tant que je ne saurais pas ce qui se passe ici. Commença-t-elle, étonnée de voir Jack le singe venir se percher familièrement sur l'épaule du capitaine.

- En effet vous n'irez nulle part… Répondit Jack d'une voix basse et inquiétante

- Jack ? Vous allez bien ? Demanda Elizabeth soudainement très inquiète, quelque chose ne tournait vraiment pas rond ici.

- Moi ? Je ne me suis jamais senti aussi vivant. » Ricana-t-il en refermant brutalement son bras sur le frêle poignet de la jeune femme.

Elizabeth se débattit effrayée par la force qu'il mettait à la retenir.

« Jack ! Lâchez-moi ! »

Sans l'écouter, il se tourna vers Marty.

« Les fers, vite ! »

L'autre obéit tandis que Pintel et Ragetti cherchaient un endroit où se cacher. Elizabeth hurla lorsque les fers se refermèrent sur ses poignets.

« Jack ! Si c'est une plaisanterie elle n'est pas drôle ! »

 

Une gifle lui imposa le silence et Jack la traîna vers la cale, la poussant dans l'escalier.

« Je suis ravi de voir que vous avez amené le cœur de Maître Turner. » Déclara-t-il en la poussant dans une geôle dont il referma la porte.

Elizabeth, sous le choc, se jeta contre les barreaux.

« Jack c'est moi ! Elizabeth ! Enfin vous ne pouvez pas faire ça ! »

 

A cet instant il leva enfin le visage et Elizabeth rencontra de plein fouet ses yeux d'un bleu surnaturel.

« Qui, qui êtes-vous donc ? Où est Jack ?

- Je suis son pire cauchemar Elizabeth et bientôt le vôtre. Mais je vous rassure, vous n'aurez pas à me supporter longtemps une fois que j'aurais obtenu ce que je désire le plus au monde, votre présence en ce lieu ne sera plus nécessaire. » Déclara-t-il avant de remonter sur le pont d'une démarche pesante, la laissant secouer les barreaux et s'époumoner.

Une fois revenu à l'air libre, il se tourna vers les deux traîtres qui lui avaient amené Elizabeth.

« On, on peut peut-être repartir. Osa Pintel.

- C'est pas comme si vous aviez besoin de nous. » Renchérit Ragetti en se rapprochant du bastingage.

Il sourit et sortit son pistolet.

« Dites-moi avez-vous peur de la mort ? »

 

Il ne leur laissa pas le temps de répondre. Il les abattit d'une balle en plein cœur avant de se tourner vers le reste de l'équipage et ramassa le coffre de Will.

« Coulez ce navire. Pas de quartiers. » Ordonna-t-il en désignant l'Empress.

Puis il se tourna vers Calypso, un sourire cruel aux lèvres.

« Ensuite nous mettrons le cap vers l'autre monde. Je crois que je possède une chose que Turner aura envie de m'échanger contre sa clef. »

La femme lui sourit et ensemble, ils pénétrèrent dans sa cabine, laissant l'horreur se dérouler sans eux.

 

Dans sa prison, Elizabeth tomba lourdement sur le sol, déséquilibrée par le soudain coup de canon. Le cœur cognant dans sa poitrine, elle se précipita vers la coque à la recherche d'un interstice qui lui permettrait de voir ce qui se passait. Lorsqu'elle l'eut trouvé elle frappa de ses chaînes contre le mur de sa prison.

« NON ! » Hurla-t-elle en voyant l'Empress à demi en feu, sombrant inexorablement dans les abysses…

 

Finalement, Pintel et Ragetti avaient raison, Jack Sparrow n'avait plus rien de commun avec celui qu'elle avait connu et à cause de sa stupidité, de son besoin de savoir Will à ses côtés pour l'affronter, il était désormais en possession du coffre contenant le cœur de son mari.

 

Au bout d'un long moment, après avoir vu son navire totalement englouti par l'océan. Elizabeth se laissa retomber sur le sol et des larmes amères roulèrent sur ses joues.

 


Chapitre 2                                                                                                         Chapitre 4


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