Chapitre 62 : Un partout


 

 

Destroyer Equilibrium, 

 

Agissant de manière mécanique, encore sous le choc de ce qui venait de se produire, Holdo se dirigea vers le comlink et contacta Ren. L’hologramme du jeune homme apparut immédiatement.

« Leur bouclier est tombé. Je viens de donner l’ordre de déployer notre armée sur Naboo. »

Un soupir de pur soulagement salua la nouvelle puis :

« Combien de pertes ?

— Beaucoup, la quasi-totalité de l’Escadron Doré y a laissé la vie et le Destroyer est sérieusement endommagé, répondit Holdo à travers un brouillard de chagrin. Nous n’aurions pas résisté à un tir de plus.

— Bordel Holdo, je vous avais pourtant spécifié de, commença Ren, les traits déformés par la colère, avant de s’aviser de sa pâleur. Amirale, qu’est-ce qui se passe ? 

— La Générale Garan et les survivants sont déjà en route vers le palais de Naboo. Avec les renforts que nous pouvons désormais leur envoyer, nous avons nos chances de l’emporter, déclara Holdo d’une voix monocorde. J’ai conscience d’avoir désobéi à vos ordres et d’avoir mis en danger beaucoup d’existences mais, nous ne pouvions pas reculer si près du but.

— Il n’est pas question de ça », la coupa Kylo Ren.

Il réalisa soudain qu’une seule chose pouvait expliquer le comportement de l’Amirale et il fronça les sourcils :

« Amilyn, est-ce que… Dameron, enfin, est-il 

— C’est lui qui a désactivé le bouclier, annonça-t-elle. Il a réussi à entrer dans le Destroyer avant qu’ils ne referment le pont supérieur. »

 

Kylo Ren baissa brièvement le visage, comprenant ce qu’elle ne parvenait à se résoudre à dire.

« Je suis désolé, je sais qu’il…

— De nombreuses personnes de valeur ont trouvé la mort aujourd’hui. Vous pouvez compter sur moi pour faire en sorte que leur sacrifice n’ait pas été vain. Nous allons rendre leur liberté aux Naboos, Grand Commandeur.

— Je n’en doute pas, répondit Kylo Ren d’une voix étonnamment douce. Cependant, si vous ressentez le besoin de

— Maintenant, si vous le permettez, je vais superviser les réparations de notre Destroyer. La Générale Garan prendra le relai sur place, conformément à ce qui avait été convenu. »

 

A cet instant, la voix de Lanzora s’éleva depuis un autre canal, vibrante de satisfaction.

« Nous sommes en vue du palais et nous avons dégagé un passage. La Jedi nous a rejoint. Elle avait commencé le travail en nous attendant. »

Amilyn ferma brièvement les yeux et songea avec une pointe d’amertume que Poe avait donné sa vie pour secourir une fille qui n’avait nul besoin de son aide avant de se reprendre. Kaydel n’était pas responsable des choix qu’ils avaient faits. 

« J’en suis soulagée, Générale Garan et je suis certaine que le Grand Commandeur et Luke le sont tout autant. Les renforts seront bientôt là, tenez bon. »

 

 

Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre, 

Hapès,

 

Kylo Ren rejoignit Luke.

« Votre padawan a la peau dure. La Générale Garan et ses hommes l’ont retrouvée. Elle était en route pour prendre d’assaut le palais royal. »

Luke laissa échapper un bruit à mi-chemin entre le sanglot et le soulagement.

« Holdo et ses hommes ont réussi à désactiver le bouclier qui entourait Naboo, nous allons pouvoir nous rendre sur place.

— C’est une belle victoire, commenta Luke, tout à sa joie de savoir Kaydel indemne. 

— Nous n’avons pas encore gagné, rétorqua Kylo Ren. Les Soldats de l’Eternel sont encore sur place et nous avons perdus beaucoup d’hommes. »

Il marqua une pause et ajouta : 

« Dameron est l’un d’eux. Il s’est sacrifié pour détruire le bouclier. »

Le visage de Luke s’altéra brièvement.

« C’est une immense perte pour l’Amirale Holdo », déclara-t-il.

Kylo Ren lui jeta un regard en biais.

« Mais un soulagement pour vous, » murmura-t-il.

Le Jedi tressaillit et Kylo Ren posa une main sur son épaule.

« Vous ne cessez de m’encourager à accepter ma part de Lumière afin d’être complet dans la Force. J’apprécierai que vous en fassiez de même en reconnaissant un peu de votre Obscurité. »

Luke inspira longuement.

« C’est vrai. Aussi égoïste que ce soit, j’admets que la disparition de Dameron ne me chagrine pas. Cependant, c’était un homme de valeur et de courage comme il en existait peu. »

 

Tandis qu’il parlait, Luke ressentit l’aiguillon familier de la tentation l’inonder, lui chuchotant qu’à présent il avait Kaydel pour lui seul mais, au lieu de le repousser comme il en avait l’habitude, il ferma les yeux et l’accepta.

« J’aime profondément Kaydel, avoua-t-il. Mais, je ne suis pas aveugle. J’ai vu les œillades que lui lançait Dameron à la dérobée et je redoutai qu’elle ne finisse par me quitter pour lui. Un pilote rebelle.

— Comme Leia vous a quitté pour Han, souffla Kylo Ren avec effort. Lui aussi était un pilote rebelle.

— Rien à voir, c’était un contrebandier », rétorqua Luke, le cœur battant. 

 

C’était la première fois que Ben abordait de lui-même son histoire avec Leia. Et même si ce n’était qu’une allusion, le pas était de taille. Cependant, Luke fit mine de ne pas avoir remarqué la chose. Il commençait à bien connaitre Ben : souligner ses progrès était le meilleur moyen de le faire régresser.

« Me suis-je assez tourné vers l’Obscurité à ton gout ? reprit-il avec une feinte désinvolture.

— Oui, je ne tiens pas à ce que vous basculiez totalement, j’ai assez de Siths à gérer comme ça », répondit son fils sur le même ton.

 

Luke ne put retenir un sourire devant sa répartie. Leur nouvelle relation lui plaisait et il commençait à apprécier l’ironie mordante du jeune homme. Peut-être qu’avec le temps, Ben réussirait à l’accepter pour de bon dans sa vie. Il se rembrunit en songeant que le temps était justement ce qui risquait de leur manquer.

 

Par ailleurs, en dépit du soulagement de savoir Kaydel saine et sauve, il ne pouvait se départir du pressentiment d’un désastre imminent qui le taraudait depuis que la jeune femme avait décidé de se rendre sur Naboo.

 

Naboo,

 

Lanzora et ses hommes marquèrent une pause alors qu’ils avaient réussi à prendre l’étage inférieur du palais. 

« Ils se sont retranchés dans la salle du trône, commenta inutilement Lando.

— Brillante déduction, lui lança Lanzora d’un ton tranchant. Personne ne l’aurait deviné sans vous. »

Le visage du vieil homme se brouilla fugacement et elle grimaça.

« Pardonnez-moi. La disparition prolongée de Finn m’inquiète, mais ce n’est pas une raison pour passer mes nerfs sur vous. »

Lando accepta ses excuses d’un signe de tête philosophe tandis que Kaydel s’éloignait du groupe pour explorer les lieux. 

 

Ne sachant ce qui la poussait à agir ainsi, mais incapable de résister à son impulsion, la jeune femme pénétra dans une salle. Elle sursauta en y découvrant un petit homme, visiblement terrifié.

« Vous n’avez pas à avoir peur, lui affirma-t-elle d’une voix douce. Nous sommes ici pour vous aider. C’est le Grand Commandeur Ren qui nous envoie. »

L’homme la regarda d’un air craintif puis, jugeant apparemment qu’elle ne présentait aucun danger, il se détendit légèrement. 

 

« A quoi sert cette pièce ? lui demanda Kaydel, désireuse de se changer les idées.

— Vous êtes dans la salle des archives royales, lui apprit l’homme d’un ton pompeux. Cette pièce renferme tout ce qui concerne les différents souverains qui se sont succédés sur Naboo ainsi que leurs familles. »

Un bref frisson secoua les épaules de Kaydel. Ce ne pouvait pas être une coïncidence si, de toutes les salles que comptait le palais, elle avait choisi de pénétrer dans celle-ci. Le cœur lourd, elle se tourna vers le vieil homme. 

« Pourrais-je voir celles qui concernent Padmé Amidala ? »

 

L’archiviste dissimula mal sa surprise mais l’entraina toutefois vers une section fournie de la salle. 

« Notre plus grande Reine à ce jour. Elle a été Sénatrice ensuite, vous savez…

— Oui, je sais », répondit Kaydel du bout des lèvres.

L’homme commença à exhumer divers documents mais elle l’interrompit.

« En fait, si vous m’y autorisez, j’aimerais surtout voir ce que vous avez sur sa sœur. Elle s’appelait Sola, je crois. »

Il la fixa, intrigué.

« Vous n’êtes pas la première à me demander ça. Je me rappelle que, du temps de l’Empire, la Grande Amirale Sloane en personne avait formulé la même requête, quoi que moins gentiment que vous. Dans son cas, c’était plutôt une exigence, grimaça-t-il. Pourtant, Sola n’a pas fait grand-chose de notable, contrairement à Padmé. Elle a même disparu peu de temps après la mort tragique de sa sœur. Enfin, voilà, » déclara-t-il en chargeant une carte holographique.

 

Les yeux de Kaydel se posèrent sur une esquisse qui dépassait du dossier et elle se désintéressa de la carte. 

« Je peux ? » 

Sans attendre la réponse, elle sortit le dessin et avala brutalement sa salive en découvrant les traits de ceux qui y étaient représentés. Elle se souvenait encore assez de sa mère et de sa grand-mère pour être capable de les reconnaitre, même avec des années de moins. 

« La petite fille, là, laquelle est-ce ? » 

L’archiviste regarda le dessin.

« Pooja, la cadette. Chose intéressante, elle a été adoptée par les Naberrie, mais ses documents de naissance ne révèlent aucune information sur l’identité de ses véritables parents. Sans doute un scandale étouffé », s’amusa l’homme, mis en confiance par la gentillesse de Kaydel. 

 

Les oreilles bourdonnantes, Kaydel recula d’un pas et se heurta à Lando. Inquiet de son absence prolongée, le vieil homme était venu la rejoindre sans qu’elle s’en aperçoive.

« Pooja ! Je savais bien que ce prénom me disait quelque chose, s’exclama-t-il. Mais, alors si ta mère est…ça veut dire que…

— Ce n’est pas la même Pooja, s’entendit affirmer Kaydel. Le fait que ma mère s’appelle ainsi n’est qu’une coïncidence. »

Troublé, Lando examina les visages représentés.

« Pourtant, la ressemblance avec toi est 

— Je vous ai dit que cela ne signifiait rien, rétorqua Kaydel d’un ton sec. Je me renseignais juste pour Luke.

— Cela ne signifie rien et tu te renseignais pour Luke, » répéta Lando, l’air égaré.

 

Kaydel referma sa main sur le bras du vieil homme.

« Allons rejoindre les autres à présent. »

Evitant le regard suspicieux de l’archiviste, Kaydel le remercia du bout des lèvres avant de s’éloigner, le cœur serré dans un étau et retenant ses larmes à grand peine.

 

Croiseur Sauveur I, 

Orbite de Castilon, 

 

Larma D’Acy posa un regard hésitant sur les hommes placés sous son commandement. En dépit de ses efforts de réflexion, elle n’avait pas l’ombre d’une stratégie d’attaque. Les plans fournis par Ren localisaient Starkiller II à l’intérieur d’une mine de cortose désaffectée, ce qui rendait toute approche furtive impossible. 

 

Jacen, qui arborait fièrement la marque jaune de son clan, la rejoignit et Larma se raidit lorsque les yeux d’un noir de jais du Kiffar se posèrent sur elle.

« Les hommes attendent vos ordres, Commandante D’Acy. »

Il aurait dû l’appeler Amirale, ainsi que le prévoyait son nouveau grade, mais la blonde était trop désemparée pour s’en émouvoir.

« Je, balbutia-t-elle, propose que nous nous rendions sur place avec des Tripodes d’Assaut et que nous forcions l’entrée de la mine. »

Le visage mate de Jacen s’affaissa.

« Le temps que nous arrivions à portée de tir, leurs Turbolasers auront fait exploser notre croiseur… »

D’Acy se troubla et Jacen lui désigna deux points sur la surface de Castilon.

« Ici et là… »

 

La Commandante se sentit rougir d’embarras. Comment avait-elle pu passer à côté d’une telle menace ? Le Kiffar la regarda avec une pointe de compassion. 

« Le plus sûr serait d’envoyer une navette de quelques hommes ici, et de prendre la mine à revers pour y placer des charges explosives en espérant ne pas nous faire repérer. Je suis volontaire pour coordonner l’équipe au sol, si vous m’y autorisez. »

D’Acy se mordit la lèvre au sang.

« Oui… Cela me semble jouable… Mais est-ce que cela sera suffisant pour éliminer la menace ? 

— Si nous réussissons à faire s’écrouler la mine sur l’arme que nous voulons détruire, oui. Le cortose est certes résistant à la puissance énergétique mais la surface de la roche est faite de minerai ordinaire. Une fois enseveli sous des tonnes de cortose, Starkiller II sera hors d’usage pendant un bon moment, » expliqua patiemment Jacen.

 

Une fois de plus, Larma se mordit la lèvre.

« Soit, faisons cela. Je viens avec vous. »

Jacen se décomposa à cette perspective.

« En tant qu’officier en charge de cette mission, votre place est plus indiquée à la coordination et 

— Cette chose a anéanti une planète entière. Beaucoup de mes amis s’y trouvaient. Je ne suis sans doute pas une fine stratège mais, je sais me battre et je refuse de me voir reléguée au poste d’observatrice passive.

— Très bien, céda Jacen. Seulement, comprenez bien qu’une fois sur place, chacun devra assurer sa propre protection. La cible est notre priorité, nous ne nous arrêterons pas pour secourir ceux qui seront en difficultés.

— Rassurez-vous, je ne voyais pas les choses autrement, » affirma Larma avec sécheresse avant de se tourner vers l’équipage.

 

 

Naboo

 

Vicrul toisa le jeune homme aux couleurs de l’Ordre de l’Equilibre qui s’avançait vers eux, les bras écartés.

« C’est celui que voulait l’Impératrice », souffla Cardo à travers le lien qui les unissait tous.

Finn frissonna en percevant les paroles muettes du Chevalier et se tourna vers lui.

« Je me nomme Finn et je suis venu pour vous rejoindre. »

 

Il n’avait pas réfléchi, emporté par ce que lui dictait la Force et la sensation puissante et irrésistible d’avoir trouvé sa place légitime auprès des redoutables guerriers vêtus de sombre.

« Pourtant, tu arbores les couleurs de Ren, le testa Vicrul.

— A contrecœur, rétorqua Finn aussi sec. Ren et ses fidèles sont mes ennemis, je suis prêt à les combattre. »

Son cœur se pinça un peu tandis qu’il prononçait ces paroles. Certes, il en voulait à Lanzora ainsi qu’à Skywalker et Kaydel, mais… Poe, Poe était son ami depuis le tout premier jour. Et, il n’avait rien à reprocher à Amilyn, exception faite de sa tendance à commander d’une main de fer…

 

Vicrul, sentant le conflit monter en Finn, lui adressa un signe.

« Suis-moi. »

Finn lui adressa un regard un peu inquiet. Dans quel guêpier s’était-il fourré ? Il avait beau sentir la Force couler en lui, il n’était ni entrainé, ni préparé à combattre les Chevaliers de Rey !

« Notre Impératrice souhaite s’entretenir avec toi, » précisa Vicrul.

Un sursaut d’exaltation agita Finn. Cela faisait des mois qu’il n’avait pas vu Rey et, à cet instant, il réalisa qu’en dépit de Rose ou même de Lanzora, elle lui avait manqué. Poe n’était pas le seul ami qu’il s’était fait au commencement de cette aventure, il y avait aussi l’ancienne pilleuse d’épaves et, d’une certaine manière, il lui semblait logique qu’ils finissent par se retrouver.

 

Destroyer Mandator,

 

Hux frappa du poing sur la table des opérations, furieux. Contre toute attente, les hommes de Ren étaient parvenus à atteindre le cœur du bouclier déflecteur et à le détruire. Ce qui allait sans aucun doute hautement contrarier l’Impératrice… Le roux se crispa à la pensée de ce qui l’attendait à son retour sur Coruscant. Rey était devenue tellement imprévisible et impulsive qu’il risquait sa tête dans l’histoire. Même s’il ne comprenait vraiment pas pourquoi la jeune femme accordait une telle importance à Naboo…

« Général Hux ? Nos capteurs détectent un mouvement non identifié dans la zone supérieure. »

Hux se tourna vers l’officier qui venait de parler et réfléchit à la hâte. Cela pouvait être n’importe quoi : un débris se déplaçant en raison d’une brèche, un droïde mal en point ou alors…

« Merci. Je vais me rendre sur la zone afin de prendre la mesure de la situation.

—Bien Général, mes hommes vont vous accompagner.

— Non, déclara Hux après une demi-seconde d’hésitation. Je préfère m’en charger seul. »

Si le mouvement était causé par une faille, il mourrait à coup sûr, aspiré dans le vide spatial… Mais, à côté de ce que Rey allait probablement lui faire lorsqu’elle apprendrait son échec, ce ne serait qu’une promenade de santé.

 

Naboo,

 

La salle dans laquelle les Chevaliers avaient établi leur quartier général était bien équipée et confortable. Située dans la partie supérieure du Palais, elle disposait d’un accès privatif vers l’extérieur grâce à un passage dérobé menant directement aux jardins. 

 

Finn évalua les lieux d’un regard circulaire et siffla :

« Mazette… »

En son fort intérieur, il songea que Rose aurait adoré ça, à moins qu’elle ne se soit lancée dans une diatribe contre les nantis, à l’instar de celle qu’elle avait faite sur Canto Bight. L’hologramme de Rey apparut au milieu de la salle, le ramenant au présent. 

 

Stupéfait, Finn retint son souffle. Rey avait changé. La jeune femme, au sourire facile et au visage ouvert dont il se souvenait, n’avait plus rien de commun, ou presque, avec celle qui venait de se matérialiser devant lui. La nouvelle Rey avait le visage creusé, décharné, tout comme le reste de son corps (exception faite de son ventre proéminent que sa maigreur faisait paraitre plus énorme encore). Ses yeux jadis d’un doux marron avaient pris la couleur de l’ambre liquide et un sourire mauvais étirait ses lèvres.

 

« Finn, je suis heureuse d’avoir enfin l’occasion de te parler, commença-t-elle. Tu m’as manqué. »

En dépit de la tendresse de ses mots, le ton de la jeune femme était dépourvu de chaleur et Finn se raidit imperceptiblement.

« Je t’avoue que j’ai été surprise et peinée d’apprendre que tu avais rejoint la cause de Ren, poursuivit Rey. Toi et moi, nous avons toujours été amis, voire même plus, et te voir prendre son parti contre moi m’a profondément blessée. Je suis heureuse que tu te sois décidé à reprendre ta place à mes côtés. »

 

Une fois encore, Finn ne ressentit aucune bienveillance dans son discours et il resta coi, stupéfait du changement de son amie.

« J’ai hâte de te revoir et de reprendre là où nous en étions restés », poursuivit Rey du même ton monocorde.

 

Cette fois, le jeune homme n’y tint plus.

« De quoi parles-tu, Rey ? Du moment où tu m’as dit que tu ne me verrais jamais autrement que comme un ami et m’as avoué en aimer un autre ? Parce que, si je me souviens bien, c’est là que nous en étions restés. »

La jeune femme se troubla brièvement et un pli barra son front.

« Tout cela n’a plus d’importance désormais, finit-elle par déclarer. Il faut oublier le passé. Toutes ces vieilles choses doivent s’éteindre. A présent, seul compte ce que nous allons accomplir et nos retrouvailles prochaines. Mais, pour mettre un terme à tout cela et enfin vivre en paix, je dois savoir quelque chose. Finn : où se trouve la base secrète de Kylo Ren ? »

L’ancien trooper se raidit de plus belle tandis que le souvenir des amis morts sur Ajan Kloss explosait en lui.

« Que feras-tu si je te la révèle ? Tu la détruiras ? Je ne peux pas te laisser faire ça, Rey. Il y a de nombreux innocents sur cette planète, des amis, certains faisaient partie des tiens… Je refuse d’être responsable de leur mort. »

Pendant une fraction de seconde, le visage de Rey exprima une haine pure, puis, elle se reprit.

« Offre-moi la localisation et je te donnerais tout ce que tu désires… Nous pourrons être ensemble, Finn. C’est ce que tu veux depuis le début, n’est-ce pas ? »

 

Le trooper grimaça en réalisant que ce n’était pas cette Rey qu’il désirait. C’était la fille douce et gentille qu’il avait rencontrée sur Jakku.

« Non. Je suis prêt à me battre pour toi, mais pas à me rendre complice d’un génocide. Rey, je suis sensible à la Force et je pourrais t’aider à vaincre Ren et 

— Ren ne représente pas une menace pour moi, l’interrompit Rey. J’aurais tôt fait de l’écraser ainsi que les résidus de l’Ordre Jedi mais, pour cela, je dois savoir où ils se terrent…

— Non », réaffirma Finn.

Celle qui se trouvait devant lui était une parfaite étrangère et, même s’il haïssait Ren, il n’était pas prêt à sacrifier ses amis. 

 

Le visage de Rey se marbra de rouge mais Finn ne se démonta pas :

« Je t’aiderai à en finir avec Ren et les Jedis, Rey. Mais, à mes conditions. C’est à prendre ou à laisser. Et avant que notre conversation ne devienne franchement désagréable, sache que je préfère la mort à la trahison d’innocents. Mais, vu que nous sommes amis comme tu l’as toi-même rappelé, j’imagine que je n’ai pas à m’inquiéter, n’est-ce pas ?

— Très bien, grimaça la jeune femme, le visage tendu. Que veux-tu en échange de ton aide ?

— La vie sauve pour Poe, Amilyn Holdo, Chewie et les autres dont la seule faute est de s’être montrés naïfs. La sauvegarde de la planète où nous vivons. Et, ajouta-t-il après un moment d’hésitation, me charger moi-même de Lanzora Garan. Ai-je ta promesse ?

— Evidemment. Maintenant, où est-il ? » exigea Rey.

 

Finn secoua négativement la tête.

« Je te livrerai Ren et Skywalker, tu as ma parole. Je les espionnerai et je les pousserais dans le piège que tu tendras pour eux. Mais, c’est tout ce que tu obtiendras de moi. 

— Je veux également la padawan de Luke. Kaydel. 

— Tu l’auras, promit Finn avec une pointe de remords. Mais c’est tout. Les autres ne sont pas sensibles à la Force, je les persuaderai de se rendre. »

Rey lui adressa un sourire doucereux.

« Très bien, Finn. En raison de notre vieille amitié, je suis prête à te faire confiance. Toutefois, tu comprendras que j’ai besoin d’une garantie avant de laisser partir. 

— Laquelle ?

— Je veux que tu me fasses allégeance et prête le serment des Chevaliers de Rey. Sache que si tu venais à manquer à ta promesse, je ne serais pas aussi clémente qu’aujourd’hui.

— Je fais serment de t’aider à vaincre tes ennemis et de faire en sorte de participer au triomphe de l’Empire, déclara instinctivement Finn, les mots lui venant sans qu’il ait besoin d’y penser. Je suis ton bras armé et l’instrument de ta puissance. Je ferais en sorte que l’Univers se prosterne devant toi. Je le jure, devant les Siths, anciens et futurs. »

 

Vicrul et ses compagnons ne purent retenir un hoquet de surprise en entendant Finn réciter leur engagement tandis que Rey opinait du chef.

« Bien… Chevalier. Pour l’instant, je veux que tu rejoignes les troupes de l’Usurpateur, arrange-toi pour conserver leur confiance et obtenir des informations sur leurs projets. Ce ne devrait pas être difficile pour toi, vu ton talent évident pour la traitrise et la dissimulation. A présent que le serment a été prononcé, il te sera aisé d’user de la Force pour communiquer avec tes compagnons. Vicrul se chargera de me tenir au courant des tes avancées. »

Finn s’inclina légèrement et s’apprêtait à quitter la pièce lorsque la voix de Rey s’éleva de nouveau.

« J’espère vraiment que tu respecteras ton engament, Finn. Car, si tu venais à manquer à ta parole, je te jure de tuer des mes mains Dameron, Holdo et le reste de tes amis. Quant à ce refuge que tu sembles tellement apprécier, je le réduirais en millions de particules sous tes yeux. »

Le nouveau Chevalier de Rey se raidit sous la menace et se retourna lentement.

« Ren, Skywalker et Kaydel. Ni plus, ni moins. » 

Sur ces mots, il se dirigea d’un pas décidé vers le passage dérobé.

 

Destroyer Mantador,

 

Parvenu devant la porte sécurisée qui menait au pont supérieur, Hux ne put retenir un mouvement d’hésitation tandis qu’il s’apprêtait à en commander l’ouverture. Si son intuition était fausse, la mort l’attendait de l’autre côté, mais au moins cela serait rapide… 

 

Le sas s’ouvrit avec un chuintement et le roux retint son souffle avant de laisser échapper un soupir de soulagement en découvrant que rien ne se produisait. Une fumée sombre embrumait l’endroit et la chaleur était à la limite du supportable mais Hux avança, protégeant ses voies respiratoires de son bras. Il devait trouver l’origine du mouvement.

 

Au bout d’un moment, il entendit des bruits provenant de l’endroit où s’était dressée la colonne de commandement du bouclier et avança dans cette direction. Des gazouillis lui parvinrent et Hux sentit ses genoux se dérober un peu sous lui alors qu’une voix humaine répondait aux trilles du droïde. Il était encore temps de reculer, de renoncer à son projet et de rejoindre le rang des fidèles soldats de l’Empire comme il l’avait fait depuis toujours. Il suffirait de faire demi-tour et d’envoyer une escouade de stormtroopers s’emparer des intrus. C’était la meilleure, non la seule, chose à faire. Pourtant, Hux poursuivit sa route en direction des bruits. 

 

Au bout de quelques minutes, Hux aperçut la carcasse du Silencer qui s’était encastré dans l’antenne du bouclier puis, à quelques mètres, un pilote vêtu de sombre avachi sur le sol et un droïde s’affairant autour de lui afin de libérer du lourd morceau de métal qui lui était tombé dessus.

« Merde, pesta l’homme qui le vit au même instant. BB-8, on a de la compagnie. »

Hux croisa le regard sombre du responsable de ce gâchis et grimaça.

« Dameron, évidemment… 

— Commandant Dameron, le corrigea ce dernier. Comment va, Général Hux ? »

Le roux se raidit devant autant d’insolence avant de désigner la poutrelle qui entravait le brun.

« Mieux que vous, de toute évidence… »

 

Ignorant les trilles affolés du droïde, Hux s’avança vers Dameron.

« Ça vous fait bander de me voir ainsi cloué au sol, hein ? le provoqua le pilote. J’imagine que vous allez prendre votre temps pour me tuer. »

Hux soupira lourdement et leva les yeux au ciel.

« Epargnez moi votre vulgarité et votre sens de la provocation, voulez-vous ? »

Sans se soucier d’obtenir une réponse, le Général s’approcha de la poutrelle et serra les dents tout en tentant de la soulever.

« Serait-ce trop demander à votre droïde de m’aider ? »

Stupéfait par le comportement de Hux, Dameron adressa un signe du menton à BB-8 lequel s’empressa de seconder le sauveteur improbable de son mieux. Au bout de quelques minutes ponctuées par les grognements d’effort de Hux et les bips affolés du droïde, Poe put rouler sur le côté, libérant sa jambe à l’instant précis où le Général lâchait prise. Le bruit que fit le métal en retombant sur le sol résonna sur le pont désert et Poe se releva de son mieux. Son premier réflexe fut de chercher une arme des yeux tandis que BB-8 se plaçait défensivement devant lui.

 

Une fois de plus, Hux roula les yeux.

« De rien, » lança-t-il sèchement.

Poe se troubla et le fixa.

« Je ne comprends pas… pourquoi m’avez-vous aidé ? Pour me livrer à Rey ?

— Non, en vérité, je compte vous laisser partir. J’espérai bien que vous soyez toujours en vie, raison pour laquelle je suis venu seul. J’avais visiblement raison de penser qu’une mauvaise graine dans votre genre ne mourrait pas facilement.

— Charmant, maugréa Poe. C’est à l’école des officiers de l’Empire qu’on vous apprend à tourner vos compliments ? »

Tout en le provoquant, le pilote avait repris ses recherches frénétiques d’un quelconque objet susceptible de lui servir à se défendre.

« Cessez de vous agiter de la sorte, si je voulais vous tuer, j’aurais déchargé mon blaster sur vous lorsque vous étiez coincé sous cette poutrelle, soupira Hux.

— Un choix de terme intéressant, s’amusa Poe. J’ignorais que vous étiez de l’autre bord…

— Je ne suis pas, commença le Général, agacé, avant de s’interrompre. Pourrions-nous avoir une conversation sérieuse ou ai-je surestimé vos capacités intellectuelles ? »

 

Piqué au vif, Poe se tourna vers lui.

« Nous n’avons rien à nous dire.

— Dis l’homme qui, sans mon intervention, croupirait encore au sol. Je commence à regretter mon choix… »

Poe grimaça.

« Si vous espérez que je vais vous révéler la localisation de notre base en échange, vous rêvez, le rouquin !

— Ce n’est pas ce que je t’attends de vous ! Ce que je veux, c’est que vous informiez Kylo Ren que je dois lui parler de toute urgence.  Il pourra me joindre chaque jour à une heure quarante-deux précises, fuseau de Coruscant, en utilisant cette holocarte cryptée. Ne divulguez ce renseignement à personne d’autre. Uniquement Ren. »

 

Incrédule, Poe haussa le sourcil tout en refermant ses doigts sur l’objet

« Je ne comprends pas… Pourquoi cette volte-face ? Je vous croyais entièrement dévoué à Rey.

— Je le suis. Ce n’est pas l’Impératrice que je trahis, mais Palpatine. Quant à mes raisons, elles ne concernent que moi. Alors ? Vous acceptez de délivrer ce message ou pas ? 

— J’imagine que je n’ai pas le choix, marmonna Poe.

— En effet, sans cela, votre survie n’a plus le moindre intérêt à mes yeux…

— Qu’est-ce qui vous prouve que je le ferais réellement ? Je pourrais tout à fait détruire cette clé de données une fois libre. »

 

Hux avala sa salive et soutint le regard du pilote.

« Certes, mais vous n’agirez pas ainsi. J’ose croire que, tout rebelle mal dégrossi que vous soyez, vous avez un restant d’honneur et respecterez votre parole. Donnez cette holocarte à Ren ainsi que l’heure de connexion. C’est tout ce que je vous demande.

— Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas un piège ? 

— Rien. De la même manière que je m’apprête à vous faire confiance, vous allez devoir croire à ma sincérité. Alors ? 

— Je lui donnerai la carte…. Mais…

— Vos techniciens ne trouveront rien, votre droïde non plus. Il n’y a aucun traceur. Mais, je suppose qu’il est normal que vous preniez vos précautions. Je vous demande simplement de ne pas divulguer à qui que ce soit, excepté Ren, comment cette carte est entrée en votre possession. Sommes-nous d’accord, Dameron ? »

 

Le pilote grimaça.

« Nous le sommes. »

Dans un réflexe, il tendit la main vers le roux mais ce dernier se contenta de le regarder avec une moue dédaigneuse.

« Inutile d’en arriver là… Votre parole me suffit. A présent, suivez-moi et croisez les doigts pour que le hangar annexe supérieur soit toujours opérationnel et que la porte menant au pont inférieur fonctionne, ce qui vous permettra de le rejoindre à bord d’un appareil. Vous vous ferez passer pour un mécanicien, personne ne sait exactement à quoi ils ressemblent. Je vais m’arranger pour que vous puissiez quitter le Mandator en toute discrétion. Tenez-vous prêt à saisir votre chance. Lorsqu’un de nos appareils reviendra, je ferais en sorte que le hangar reste ouvert un peu plus longtemps que d’ordinaire. Vous devrez faire vite. 

— La rapidité, ça me connait », pavoisa Poe.

Hux le gratifia d’un regard ironique.

« Je n’en doute pas, Dameron. »

 

Palais Royal,

Naboo

 

Les yeux de Lanzora s’éclairèrent en voyant Finn apparaitre sur le seuil de la salle dans laquelle ils préparaient leur assaut de l’étage supérieur.

« Finn ! Où étais-tu ? Pourquoi es-tu parti ? Que… » bredouilla la jeune femme.

Le jeune homme la rejoignit et la serra contre lui, affectant le soulagement.

« Je suis désolé que tu te sois inquiétée, pardonne-moi… C’est juste, que, que c’est difficile pour moi de me retrouver ici et… j’avais besoin de m’isoler un peu, de prendre l’air. Je… j’aimerais pouvoir t’expliquer mais

— Ce n’est rien, le coupa Lanzora. L’important c’est que tu sois sain et sauf et que tu nous aies rejoints.

— J’ai passé des heures à vous chercher, mentit Finn. Quand je suis revenu au refuge, il était vide et je craignais que vous ayez été capturés. »

 

Lanzora se dégagea à regret de leur étreinte, consciente de devoir tenir son rang mais le gratifia d’un tendre regard tandis que Kaydel, Lando et Chewie les rejoignaient.

« Kaydel ! Louée soit la Force, tu es en vie ! » s’exclama Finn en la serrant contre lui.

La jeune femme se raidit brièvement alors que la sensation Obscure qu’elle avait déjà éprouvée s’imposait à elle, mais, une fois de plus, l’impression s’effaça et elle rendit son étreinte à Finn, intérieurement anéantie par ce qu’elle venait de découvrir sur ses origines.

 

« Les renforts arrivent ! » se réjouit Lando en désignant le ciel, désormais obscurci par les navettes en provenance de l’Equilibrium.

 

Palais Impérial, 

Coruscant,

 

« Battez-vous, tuez-en quelques-uns, mais laissez leur l’illusion d’avoir remporté une victoire », ordonna Rey à ses Chevaliers.

L’hologramme de Vicrul se troubla et la jeune femme perçut sa confusion.

« Votre nouveau compagnon va nous aider à les miner de l’intérieur. La chute de Ren n’en sera que plus douloureuse », expliqua-t-elle avec un sourire cruel.

Les Chevaliers inclinèrent respectueusement la tête et leur chef auto-proclamé reprit :

« Bien. Nous agirons selon vos désirs. Et pour la Jedi ? Devons-nous la tuer ? »

Rey sentit l’excitation que représentait cette perspective aux yeux des Chevaliers mais secoua négativement la tête.

« Non. Pas encore. Laissez-la s’imaginer capable de vous vaincre. La fierté qu’elle en retirera endormira sa méfiance. »

Sentant leur déception, elle ajouta :

« J’ai d’autres projets pour elle. Je veux que Skywalker assiste à sa fin. Le moment venu, je vous laisserai décider de son trépas. »

Elle marqua une pause puis :

  « Ainsi de ce qui le précédera. Vous serez entièrement libres de disposer d’elle comme il vous plaira. »

Cette fois, elle sentit la satisfaction mâtinée d’impatience du redoutable régiment et sourit.

« Laissez à votre nouveau frère l’occasion de vous l’offrir et assurez-vous de ne pas attirer l’attention sur lui durant le combat. Il ne doit pas dévoiler ses capacités.

— Nous ferons ainsi que vous le désirez, Impératrice », répondit Vicrul avec respect.

 

Sans répondre, Rey coupa la communication et contacta le Mandator.

« Où est Hux ? »

L’officier en charge lui adressa un signe d’ignorance et la jeune femme sentit la fureur monter en elle.

« Trouvez-le, maintenant ! Je le veux sans délai devant moi. »

A cet instant, le roux, échevelé et un peu ébahi par ce qu’il venait d’accomplir, pénétra dans la salle. Il frissonna à la vue de l’hologramme de Rey. Il avait escompté avoir un peu plus de temps devant lui, assez pour pouvoir la sauver de Palpatine même si cela signifiait de la remettre entre les mains de Ren. Résigné à la perspective de sa fin prochaine, il s’inclina :

« Impératrice… »

Rey pinça les lèvres.

« Hux. J’ordonne que vous vous repliiez vers Coruscant sitôt que mes Chevaliers auront rejoint le Destroyer. »

 

Le roux blêmit. La sauvagerie des Chevaliers était légendaire et, s’il avait une seule chose à reconnaitre à Ren, c’était que ce dernier avait su les maintenir d’une main de fer. Leur nouvelle maitresse était plus du style à leur laisser exprimer leurs instincts primaires et ce simple fait remplit le roux de terreur.

« Naboo est perdu, laissons cette victoire à l’Usurpateur, poursuivit Rey. Cela lui donnera confiance en sa puissance et le poussera à l’erreur. Je sais à quel point cela vous pèsera de prendre la responsabilité d’une nouvelle défaite, mais, j’attends de vous que vous jouiez le jeu, Hux. »

Ce dernier était tellement stupéfait qu’il ouvrit la bouche, incapable de répondre. Au lieu de la punition si redoutée, Rey le poussait dans la voie qu’il avait lui-même initiée. Sauf que, désormais, ce n’était plus une trahison mais une directive.

« Je suis à vos ordres, Impératrice. »

Le visage de Rey s’adoucit brièvement.

« Merci, Armitage. Je saurais me souvenir de votre fidélité le moment venu. »

Quelle fidélité ? songea le roux, inquiet. Cependant, la voix de Rey ne recelait aucun sarcasme et il se surprit à s’imaginer pouvoir s’en tirer…

 

Palais Royal, 

Naboo

 

Les navettes étaient nombreuses et largement pourvues de soldats. Rapidement, les hommes aux couleurs de l’Ordre de l’Equilibre envahirent le palais et Lanzora se précipita sur le chef de la section d’assaut. Sans un mot, il lui tendit un comlink.

« Amirale Holdo ? Cela me fait plaisir de vous entendre ! Et encore plus de recevoir vos renforts, » se réjouit la Générale.

 

A ses côtés, Kaydel fixa les soldats or et noir envahir la planète. Elle ne ressentait aucune satisfaction, ni joie, à la pensée de leur réussite désormais possible. Le souvenir de Tsabin ne quittait pas ses pensées : l’histoire qu’elle lui avait racontée, confirmée par les archives, faisait d’elle la nièce de Luke. L’expression d’amour qu’avait reflété le visage de l’ancienne suivant lorsqu’elle avait reconnu en Kaydel sa descendante la hantait et la peine lui alourdissait le cœur en songeant que, si tout cela était vrai (et il était désormais illusoire que cela ne le soit pas) chacun des membres de sa famille proche était mort pour la protéger…

 

« Où est Poe ?  interrogea-t-elle Holdo tout à trac. Je ne le vois pas parmi les renforts. Il nous couvre depuis le ciel ? »

En ces moments où elle se sentait plus perdue que jamais, elle avait besoin de s’appuyer sur un ami, d’avoir quelqu’un à qui se raccrocher… Et, en dépit de leur dispute, elle ne voyait aucune autre personne à qui ouvrir son cœur malmené. Elle regrettait désormais son intransigeance envers le pilote.

Le ton d’Amilyn se modifia en entendant sa question et tous purent sentir les sanglots dans la voix de l’Amirale tandis qu’elle leur annonçait :

« Il a détruit la colonne qui commandait le bouclier et n’en est pas revenu. »

 

Kaydel étouffa un gémissement et porta la main vers son cœur tandis que Finn vacillait. En dépit de sa nouvelle allégeance, le jeune homme sentit s’éveiller une peine sourde en lui puis, la colère prit le pas sur le chagrin : Poe, son dernier ami, son seul ami, était mort pour défendre la cause de Ren. Une fois de plus, Kylo Ren était responsable de la perte d’un être qui lui était cher… A cette pensée, la rage et la haine du jeune homme ne connurent pas de limites et Kaydel tressaillit alors qu’une vague obscure la submergeait. Elle se tourna vers Finn, incertaine, mais à ce moment précis, les Chevaliers de Rey pénétrèrent dans la pièce, se dirigeant droit vers l’ancien trooper.

« Finn, attention ! » le prévint Kaydel tout en faisant jaillir le laser du sabre de Luke.

 

Passif, Finn se laissa écarter par la jeune femme, les ordres de Vicrul lui parvenant à travers la Force. Trop désemparée par l’ampleur des pertes subies en un seul jour pour avoir peur de mourir, Kaydel se précipita à la rencontre du Chevalier de tête. Finn reconnut Ushar, la Force lui dictant son nom tandis que l’apprentie Jedi l’affrontait.

 

Si le combat eut été observé avec attention, il aurait été évident que Kaydel était techniquement inférieure à son adversaire mais le reste de la troupe était trop occupé à défendre sa propre existence contre le régiment obscur pour s’en rendre compte. 

 

Finn, le blaster dans une main et l’autre tendue dans l’optique de faire appel à la Force, se prépara à affronter Cardo. Alors qu’il levait son arme, un ordre impérieux résonna dans son esprit.

« Couche-toi. » 

Décontenancé, Finn cligna des yeux et Cardo en profita pour l’envoyer à terre, le laser de son canon portatif le blessant légèrement au bras.

« Ne te relève pas », ordonna la voix de Vicrul dans la tête de Finn.

 

 

Kaydel sentit une bouffée d’exaltation la traverser alors que le Chevalier reculait sous ses assauts maladroits. Guidée par la Force elle leva les mains et, à sa surprise, une lueur chaleureuse s’évada de ses doigts, frappant son adversaire de plein fouet. Stupéfait par la puissance de l’attaque, Ushar lâcha sa massue et recula. 

 

Finn, toujours à terre, perçut l’incompréhension de son frère, Galvanisée par sa réussite, Kaydel s’avança vers le redoutable régiment, les paumes scintillantes, et les Chevaliers reculèrent avant de battre en retraite.

« Ren, Skywalker et cette fille, rappela Vicrul à Finn à travers leur lien. Surtout elle… Elle doit payer pour l’humiliation qu’elle vient d’infliger à notre frère. »

Finn vacilla alors que la puissance de la suggestion des Chevaliers le submergeait dans la Force et il perdit connaissance.

 


Chapitre 61                                                                                                   Chapitre 63


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