Chapitre 6 : Depuis toujours et plus jamais


Les Indes.

 

Jack posa une main agacée sur son front alors que la pensée le harcelait encore.

«  Nous y sommes ! Ragea-t-il. Que faut-il de plus ? »

A quelques pas de lui, Gibbs lui lança un long regard inquiet et Jack s’empressa de reprendre une contenance.

«  Je vais faire un tour en ville.

- Seul Capitaine ?

- Oui seul Mr Gibbs. » Répondit Jack.

 

Il ne savait pas d’où lui venait cette certitude mais il savait qu’il devait être seul.

«  C’est pas un peu risqué ? » Osa Gibbs.

Cette fois, Jack lui renvoya un regard noir.

« Allons Gibbs, qui suis-je ? »

Devant l’absence de réaction de son second, Jack répondit avec agacement.

«  Je suis le Capitaine Jack Sparrow ! Alors quoi qu’il y ait ici, ce n’est pas quelque chose que je puisse craindre. Tu restes à bord et tu gardes le Pearl prêt à lever l’ancre. »

Gibbs haussa le sourcil et Jack ajouta.

« Juste au cas où, simple mesure de sécurité. »

 

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Angelica admira la bague dont lui avait fait cadeau Butler quelques jours plus tôt. Depuis qu’elle avait accepté sa demande en mariage, la jeune femme croulait sous les présents de toute sorte, étoffe, bijoux, senteurs délicates… Il y en avait tant qu’Angelica en était venue à se persuader qu’elle avait fait le bon choix. Teckett était parfait. Certes, l’homme avait un côté froid presque inquiétant et pouvait faire preuve d’un raffinement cruel dans ses châtiments mais avec elle il était parfait. Il était tout ce qu’elle avait rêvé que Jack soit et peu à peu, son cœur s’était laissé attendrir par la cour délicate et les étreintes passionnées du noble.

 

Angelica sourit. Elle était amoureuse c’était évident. Pour la première fois depuis Jack elle aimait un homme qui, non content d’être fortuné, l’aimait en retour. Une fois qu’elle se serait vengée, elle pourrait refermer le chapitre pirate de sa vie et devenir ce qu’elle avait toujours désiré au fond d’elle-même sans oser le reconnaitre : une épouse et une mère.

 

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Foam pénétra dans le bureau de Butler, un large sourire aux lèvres. Loin de sembler s’en apercevoir, son employeur prit la parole d’une voix sèche.

« J’espère pour vous que vous avez une raison valable pour paraître ici. » Commenta-t-il.

Foam se rengorgea et prit son temps pour arranger son effet.

« Allons, Monsieur Foam, le pressa Butler. Croyez-vous que je n’ai que ça à faire que d’attendre votre bon plaisir ? »

Foam déglutit sous le ton que l’autre avait employé et s’empressa de délivrer sa nouvelle.

«  Le Black Pearl a jeté l’ancre dans une crique isolée il y a moins d’une heure Earl Butler. »

 

Les yeux de l’homme brillèrent d’un éclat mauvais et il se pencha sur son bureau.

« Vraiment ? En êtes-vous certain ?

- Oui, Earl Butler, la sorcière est formelle.

- La sorcière ? Releva l’homme. Vous voulez dire que vous ne l’avez pas vu en personne. »

Décontenancé, Foam hésita.

« Et bien non Earl Butler, mais il n’y a aucune raison pour qu’elle se trompe…

- Aucune bien sûr, répéta avec sarcasme Butler. Soit Mr Foam, je vous souhaite qu’elle ne se soit pas trompée, car dans le cas contraire quelqu’un devra répondre de cette erreur et comme vous me l’avez fait si justement remarquer lors de notre dernière entrevue, molester une sorcière vaudou attire le mauvais œil, il me faudra donc trouver un autre destinataire à ma frustration. »

 

Foam déglutit devant la menace à peine voilée et recula.

« Elle ne se trompe pas Earl Butler.

- C’est tout ce que je souhaite, Monsieur Foam. Pour moi et pour vous. » Répondit son employeur avec un sourire désagréable.

Foam prit une inspiration, de plus en plus mal à l’aise et Butler leva les yeux.

« Autre chose ?

- Non Earl Butler.

- Dans ce cas, » le congédia t’il en lui désignant la porte.

Avec un soulagement visible, Foam sortit.

 

Une fois seul, Butler s’accorda quelques instants de triomphe puis sonna l’un des domestiques.

« Faites venir Angelica. Immédiatement. » Ordonna t’il.

 

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Mécontente de ce qui ressemblait plus à une convocation qu’à une invitation, Angelica pénétra dans la pièce.

« Que se passe-t-il Teckett ? Le domestique m’a fait comprendre que vous exigiez ma présence. »

Butler grimaça. Il en avait plus qu’assez de cette roulure qui se donnait des airs de grande dame en espérant faire illusion. Mais, si Foam disait vrai, il pourrait bientôt mettre un terme à cette mascarade ridicule.

«  Sparrow vient d’arriver. » Lui annonça-t-il tout à trac.

 

Le cœur d’Angelica rata un battement et elle porta malgré elle la main à sa poitrine.

« Oh… Vraiment ?

- Selon toute vraisemblance et si l’on peut se fier aux prédictions d’une sorcière vaudou. »

Angelica se signa à cette mention puis se reprit.

« Comment comptez-vous l’attraper ? Jack n’est pas du genre à se laisser capturer si facilement. »

 

Butler sourit.

«  Oh moi je ne vais rien faire, c’est vous qui allez me ramener Sparrow ma chère. »

Angelica grimaça à cette mention.

«  Je doute que Jack se laisse mettre la main dessus, en particulier par moi. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais nous nous sommes quittés en mauvais termes, sans oublier la fois où je l’ai enlevé à Londres. Il sera sur ses gardes.

- Allons Angelica chérie, vous ai-je demandé de combattre ? Non… Votre réputation est établie désormais dans cette ville et Jack Sparrow voudra certainement voir la fameuse future Earl Butler. Une fois qu’il se sera rendu compte qu’elle n’est autre que vous et que vous êtes assise sur une montagne d’or, il n’aura pas d’autre idée que de vous rejoindre pour vous persuader de s’enfuir avec lui et mon or cela va de soi. »

Angelica sourit à cette idée et s’approcha de Butler.

«  Un plan audacieux Earl Butler, que se passerait-il si je décidais de succomber à Jack ? »

 

Butler sourit légèrement.

«  Et bien, j’admets que cette idée m’a traversé l’esprit. Si tel était le cas, sachez que mes hommes ne sont pas moins habiles que ceux de ce cher Drummond. Mais j’ose croire que je peux croire à la sincérité de vos sentiments, non ? »

Angelica sourit coquettement et se pencha sur lui.

«  Vous le pouvez.

- Desquels parlez-vous ? De votre haine à l’égard de Sparrow ou de ceux qui nous unissent ?

- Les deux… » Souffla Angelica.

 

Leurs bouches se rejoignirent et Angelica sourit en sentant le désir qu’elle inspirait à son fiancé. Elle releva le menton avec fierté et s’écarta.

« Je crois qu’il est temps que j’aille me faire voir non ?

- En effet, répondit Butler avec une froideur qui la troubla. Je vous attendrai avec impatience ma chère. »

 

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Affalé à une table de la première taverne trouvée, Jack écoutait avec un sourire les discussions des habitués ainsi qu’il le faisait toujours à chacune de ses arrivées dans un nouveau port. Les tavernes étaient, pour qui savait écouter, une source inépuisable d’informations.

 

Un prénom finit par le frapper et il se tourna vers la table voisine, un peu surpris.

« Pardon l’ami mais quel nom as-tu dit ?

- Angelica, répondit l’autre en accompagnant ses mots d’un geste équivoque. Une jolie poupée celle-ci… Sortie de nulle part et qui va épouser un de ces anglais. » Expliqua t’il en ponctuant sa phrase d’un crachat.

Jack grimaça.

« C’est bien ce que j’avais cru entendre, » marmonna-t-il avant de jeter un regard inquiet à son compas.

Non, se morigéna t’il. Ca ne pouvait pas être elle, sûrement pas. Ca faisait à peine quelques mois qu’il l’avait laissée sur une île après qu’elle lui ait juré son amour éternel. Même ELLE ne pouvait rebondir si vite et retrouver fiancée à un riche anglais en si peu de temps ! A moins que… Non, se répéta-t-il. Et quand bien même c’était elle, cela n’avait sûrement rien à voir avec son désir soudain d’aller aux Indes. Non… Peut-être pas, sûrement pas, aucune chance…

 

Jack secoua la tête et se tourna vers les deux ivrognes.

« Et cette Angelica elle ressemble à quoi ? »

Des gestes obscènes lui répondirent et Jack s’agaça.

«  J’avais compris que la donzelle avait des attraits mais elle est… blonde ?

- Brune, je suis sûr que ce qu’elle a entre les cuisses est même noir, ricana un homme.

- Noir ou brun moi je lui boufferai bien, » ajouta l’autre.

Jack se redressa, énervé.

« C’est bon j’ai compris l’idée et où peut-on voir cette princesse ?

- Elle passe son temps à se pavaner dans les rues.

- Quand elle est pas au pieu avec son lord. »

 

Jack jeta quelques pièces sur la table et sortit, pressé de retrouver l’air frais.

«  Angelica, marmonna t’il. Non c’est stupide, ça ne peut pas être elle. »

 

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Juchée sur un éléphant et un sari de soie verte enveloppant son corps, Angelica agita la tête et fit jouer ses pendants d’oreille d’or fin tout en fouillant la foule du regard. Depuis qu’elle avait appris que Jack était en ville, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir fébrile. Un sourire joua sur ses lèvres à la pensée de la revanche qu’elle prendrait sur Jack en lui annonçant son mariage prochain et toutes les richesses qui seraient bientôt les siennes. Il allait regretter de l’avoir abandonnée, et on verrait bien s’il jouait toujours les indifférents lorsqu’il comprendrait qu’elle l’avait oublié pour de bon.

 

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«  Bugger… » Souffla Jack.

Les yeux écarquillés par la surprise, il regarda la silhouette juchée sur un éléphant qui passait fièrement au milieu de la foule.

«  Angelica, cette fois trésor tu t’es surpassée. »Marmonna Jack de mauvaise grâce.

 

Le pirate se recula dans l’ombre et observa la silhouette gracile d’Angelica tandis qu’elle fendait la foule, le menton fièrement relevé. Jack ricana et songea que s’il ne l’avait pas si bien connue, il aurait presque pu croire, à l’instar de la foule qui l’entourait, qu’Angelica était une sorte de noble espagnole en exil.

« Qu’est-ce que tu cherches Angie ? » Chuchota-t-il, les yeux rivés à la jeune femme.

Bien sûr la réponse était évidente : la rumeur disait que le fiancé était riche et possédait une Compagnie maritime de tout premier ordre qui était sur le point de passer un énorme contrat avec la Compagnie des Indes. Jack grimaça à la pensée de cette compagnie qui représentait tout ce qu'il haïssait le plus au monde et suivit Angelica des yeux alors qu’il échafaudait un moyen d’obtenir sa part du trésor de Butler.

 

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Angelica franchit avec un sourire la porte de la vaste demeure de Butler et se dirigea vers le bureau de ce dernier.

« Alors ? Avez-vous vu Sparrow ? Lui demanda Teckett avec impatience.

- Non, j’ai eu beau fouiller la foule, je ne l’ai pas vu. » Rétorqua Angelica qui se servit un verre.

Butler serra les mâchoires avec colère et lui agrippa le poignet.

« Etes-vous sûre d’avoir bien regardé ? »

Angelica grimaça de douleur.

«  Vous me faites mal. »

 

Butler se força au calme et arbora un sourire affable que démentait l’éclat de ses yeux.

« Pardonnez-moi ma chère. Je ne vous pensais pas si fragile, » ironisa Butler.

Angelica lui lança un regard rempli de rancune puis se laissa tomber sur un siège, le cœur lourd.

« Peut-être que Jack ne s’intéresse plus du tout à moi…

- Dans ce cas, j’ose croire qu’il s’intéressera suffisamment à mon or. » Rétorqua Butler avec sécheresse.

Angelica leva un regard colérique sur lui.

«  Un homme galant se serait empressé de me dire que je suis inoubliable, particulièrement mon fiancé. »

Butler grinça des dents, il commençait à en avoir plus qu’assez d’Angelica et de ses prétentions.

«  Je doute qu’aucun fiancé n’encourage sa future femme à se complaire dans le souvenir de sa roulure d’amant. » Rétorqua-t-il.

Comme il l’avait escompté, sa réponse dérida Angelica qui s’approcha de lui avec un sourire.

« Seriez-vous jaloux Teckett ?

- Allons ma chère, aucun homme ne peut posséder un joyau sans craindre que le précédent propriétaire ne cherche à le lui dérober. »

 

Angélica frissonna et l’embrassa légèrement sur les lèvres.

«  Teckett, » souffla-t-elle.

Un sourire aux lèvres, Butler défit sa ceinture et s’empressa de répondre à sa demande. Alors qu’il s’enfonçait en elle, il songea que les femmes, qu’elles soient pirates ou lady, étaient définitivement toutes stupides lorsqu’il s’agissait de flatteries.

 

()()

 

De retour au Black Pearl, Jack, songeur, attrapa une bouteille de rhum. Gibbs, soulagé au fond de lui que son capitaine soit revenu presque normal (enfin aussi normal que Jack Sparrow pouvait l’être) après son comportement étrange des dernières semaines, s’approcha de lui.

«  Nous sommes prêts à appareiller capitaine. »

Jack ne réagit tout d’abord pas, puis :

«  Nous ne partons pas, pas encore. »

 

Gibbs laissa échapper un soupir las tandis que Jack poursuivait, plus pour lui-même que pour son second.

« Angelica est ici. »

Manquait plus que ça, songea Gibbs avec résignation.

«  Je ne sais pas comment cette vipère s’y est prise mais elle est fiancée ! » S’exclama Jack en s’octroyant une nouvelle lampée de rhum.

Cette fois Gibbs posa un regard inquiet sur son capitaine, conscient que même s’il n’en laissait rien paraitre, la nouvelle ébranlait Jack.

« Oh, commenta-t-il platement.

- Comme tu dis l’ami. On dirait que cette chère Angelica s’est à nouveau engagée dans une entreprise de haut vol. L’homme est le plus riche de la ville et je me demande combien de temps il va falloir à cette garce pour lui voler tout son magot. »

Cette fois Gibbs ne pipa mot et songea que peut être Angelica était réellement éprise.

« Oh je sais ce que tu penses ! Elle est peut être amoureuse, blablabla, tu parles, Angelica n’aime que moi ! » Pavoisa Jack.

 

Gibbs le suivit des yeux tandis que le pirate s’empressait de coiffer son tricorne.

«  Du reste, il est temps de le lui rappeler.

- Jack ? Qu’est-ce que vous comptez faire ? » S’alarma Gibbs.

Un regard rusé lui répondit.

«  Tu ne crois tout de même pas que je vais laisser un tel magot m’échapper ? Je vais aller voir Angelica et lui proposer mes services pour fuir une fois le brave anglais dépouillé, je doute que la donzelle se soit procuré un navire. »

Gibbs grimaça et Jack lui lança un sourire lumineux.

«  Allons Gibbs ce n’est que de la piraterie. Affirma-t-il avant de s’éloigner d’une démarche dansante. Tiens le Pearl prêt à partir, nous serons peut-être pressés… »

Gibbs hocha la tête sans pour autant s’empêcher de ressentir un étrange malaise. Tout semblait trop facile… et de plus il ne savait toujours pas pourquoi Jack avait semblé si pressé de venir dans les Indes.

 

()()

 

Butler se rhabilla avec promptitude puis se tourna vers Angelica, encore alanguie sur l’ottomane où il l’avait prise.

« Mettez quelque chose Angelica, Monsieur Foam devrait venir me faire son rapport d’ici peu de temps, du moins si cet imbécile est capable de se rendre utile. »

Angelica tendit la main vers son sari coloré et demanda :

«  Quel rapport ?

- Le fait que vous n’ayez pas vu Jack Sparrow ne signifie pas que lui ne vous a pas aperçue.

- Je m’en serais rendu compte, rétorqua Angelica. Je l’aurais senti.

- Vraiment ? Et comment cela ? L’instinct de l’amour ? » Se moqua Butler.

 

Angelica s’immobilisa net, flattée de sa jalousie à peine dissimulée et un peu troublée.

« Teckett, » commença-t-elle.

L’arrivée de Foam l’empêcha de poursuivre et son fiancé se tourna vers l’homme.

«  L’avez-vous vu ?

- Oui Earl Butler, il a été aperçu dans une des tavernes de la ville et il parait qu’il a posé des questions sur vous. »

 

Triomphant, Butler se tourna vers Angelica.

«  Vous l’auriez senti disiez-vous…

- Rien ne prouve que c’était lui, » marmonna Angelica, vexée.

Butler l’ignora et se tourna à nouveau vers Foam.

«  Faites courir le bruit que je m’absente ce soir et qu’Angelica est souffrante.

- Oui Earl Butler. » Répondit Foam avec docilité avant de s’empresser de sortir.

 

Une fois seuls, Butler s’approcha d’Angelica.

«  C’est lui, je le sais.

- Oh un instinct amoureux ? Se moqua Angelica.

- La haine est plus forte que l’amour ma chère. Répondit froidement Butler. Sparrow est dans cette ville et je ne doute pas qu’il se précipitera ici une fois qu’il vous saura seule. Parlez avec lui, retenez-le. Mes hommes seront prêts à agir. »

Angelica se troubla légèrement.

«  Et ensuite ?

- Ensuite ? Et bien Sparrow tâtera de mes geôles et de notre vengeance ainsi que le prévoyait notre accord. Auriez-vous changé d’avis ? »

 

Angelica eut un léger sourire alors que les offenses de Jack lui revenaient en mémoire et qu’elle revoyait le visage de son père mourant.

« Non. Je serais prête. Dites à vos hommes de l’être également sans quoi ils risquent forts de ne trouver qu’un cadavre à enchainer. »

Butler s’autorisa un sourire et l’embrassa légèrement.

« Une mort lente est plus jouissive qu’un arrêt rapide Angelica, souvenez-vous en. »

Sur ces mots, Butler la planta là et s’en alla mettre en scène son départ.

 

()()

 

Un sourire épanoui aux lèvres, Jack leva les yeux vers la demeure de Earl Butler, le fiancé d’Angelica. Trouver la maison avait été un jeu d’enfant et la chance lui souriait visiblement attendu qu’il avait appris que Butler devait s’absenter ce soir-là tandis qu’Angelica prétendument indisposée restait alitée. Jack secoua la tête avec indulgence et songea qu’Angelica ne devait pas être plus malade que lui. Sans doute comptait-elle profiter de l’absence de l’anglais pour vider son coffre.

«  Trop prévisible Angelica. » Marmonna-t-il.

 

Jack dépassa tranquillement la maison et chercha des yeux une cachette où il pourrait attendre que la nuit soit tombée tout en surveillant les tours de garde de la demeure.

 

()()

 

Fébrile, Angelica congédia la domestique et se servit un grand verre de vin. Sa coupe à la main, la jeune femme se dirigea vers son coffret à bijoux et passa une main négligente sur les cadeaux qui s’y amassaient. Cela faisait plusieurs heures maintenant que la nuit était tombée et elle commençait à trouver le temps long.

«  J’ai toujours su que tu étais une femme pleine de ressources. » Déclara soudain une voix dans son dos.

 

Le cœur d’Angelica fit une embardée et elle se retourna pour faire face à Jack. Un sourire nonchalant aux lèvres, le pirate avança dans la pièce et tendit la main vers la bouteille qu’elle avait laissée à son chevet.

«  Je dois reconnaître que cette fois tu t’es surpassée, reprit Jack. Mettre le grappin sur l’homme le plus riche de la ville en si peu de temps…

- Qu’est-ce que tu veux Jack ? »

Le pirate dédaigna sa question et se laissa retomber sur le lit.

« Moi ? Rien. C’est toi qui va avoir besoin de moi ma belle. »

Agacée, Angelica lui adressa un regard dur.

« Je ne vois pas en quoi. Maintenant dégage Jack. »

 

Le pirate se redressa légèrement.

« Oh je vois, tu m’en veux toujours pour notre petite dispute sur l’île. »

Cette fois la rage submergea Angelica.

« PETITE DISPUTE ??? Tu m’as laissée sur cette île sans te soucier de savoir si j’allais vivre ou mourir !!!

- Tu n’es pas morte, se borna à observer Jack. Et maintenant que nous sommes à nouveau ensemble…

- Je t’ai supplié de ne pas me laisser !!

- Tu m’as tiré dessus ! » Glapit Jack en réponse.

 

Un bruit de pas léger se fit entendre et Angelica se tourna vers lui.

«  Jack…

- Je sais, tu m’aimes, » pavoisa le pirate.

A cet instant, des dizaines d’hommes armés envahirent la pièce et Angelica le fixa avec dureté.

«  Depuis toujours et plus jamais Jack. »

Incrédule, le pirate porta la main à son épée mais un coup de crosse l’assomma et il s’effondra sur le sol.

 

()()

 

Lorsque Jack reprit conscience, sa tête lui faisait atrocement mal et tout était sombre autour de lui.

«  Bugger, » marmonna Jack en tentant de se mettre debout.

Un gémissement de rage lui échappa en constatant qu’il était enchainé et il gronda.

«  Angelica arrête ça tout de suite, maudite garce. »

 

Une torche se rapprocha alors et Jack leva les yeux vers celui qui s’approchait de lui.

«  Bienvenue dans mes geôles Jack…

- Cutler Beckett… Souffla Jack. Mais vous êtes mort non ?

- Non, répondit avec affectation Beckett. Vous en revanche, vous le serez bientôt. »

Jack ricana avec une feinte ironie.

« Je croyais que nous avions dépassé cela.

- Vraiment ? Rétorqua Beckett. Angelica n’est pas de cet avis, elle m’a convaincu. »

Jack blêmit.

«  Angelica ? Qu’allez-vous lui faire ?

- Moi ? Rien du tout Sparrow… Maintenant, si vous voulez bien me pardonner, ma fiancée m’attend, vous connaissez son appétit. » Ricana Beckett avant de s’éloigner.

 

Resté seul, Jack serra les poings, il ne savait pas ce qui l’inquiétait le plus : être prisonnier de Beckett ou savoir qu’Angelica partageait son lit.


Chapitre 5                                                                                                         Chapitre 7


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Commentaires: 12
  • #1

    emeline (jeudi, 29 novembre 2012 18:22)

    Jack est jaloux à fond là, c'est trop le pauvre.

  • #2

    JessSwann (jeudi, 29 novembre 2012 18:25)

    Lol, si tu trouves déjà que c'est trop là qu'est ce que ce sera au prochain mdrrr

  • #3

    emeline (vendredi, 30 novembre 2012 17:35)

    Je le sens mal pour Jack :/

  • #4

    JessSwann (vendredi, 30 novembre 2012 17:37)

    Ah ça il va le sentir passer....

  • #5

    Elise (100% Jackelica) :P (mardi, 04 décembre 2012 21:28)

    HA!! C'est bien fait pour Jack, ça lui apprendra :)

  • #6

    JessSwann (mardi, 04 décembre 2012 21:31)

    Lol merciiiiii mais pas sûre que tu aimes demain^^

  • #7

    Ladypirate (jeudi, 06 décembre 2012 16:02)

    Pour le moment, on peut dire que Beckett gagne sur tous les plans, mais je doute que le capitaine Sparrow se laisse faire aussi facilement :) !!
    Angie va sûrement tomber de haut quand elle va découvrir la véritable estime que lui porte son "fiancé" :(

  • #8

    JessSwann (jeudi, 06 décembre 2012 21:05)

    Ah ça Angie va en avoir un aperçu dans le prochain chapitre mdrr...

  • #9

    Angie Cruz (Jackelica et fière de l'être) (lundi, 24 décembre 2012)

    super chap

  • #10

    JessSwann (lundi, 24 décembre 2012 12:19)

    Ci^^

  • #11

    Chloé (mercredi, 13 décembre 2017 14:11)

    J'avais raison !!! c'est beckett !!!

  • #12

    Jess Swann (mercredi, 13 décembre 2017 18:04)

    Beckett... what else ? Lol