Chapitre 6 : Kylo Ren


Destroyer Steadfast,

 

 

 

Je ne sais pas combien de temps je suis resté au sol mais, lorsque j’ouvre les yeux, deux stromtrooper me fixent.

 

Mon torse me brûle et je sens le sang s’écouler sous mon armure. L’attaque de Rey m’a pris par surprise. Je ne m’attendais pas à une telle réaction.

 

« Que voulez-vous ? »

 

J’aboie plus que je ne parle et je me relève, furieux d’avoir été surpris à terre par ces imbéciles et encore plus de m’être laissé surprendre.

 

« Suprême Leader, je m’inquiétai pour vous. Vous êtes inconscient depuis plusieurs minutes », déclare Pryde derrière moi d’une voix onctueuse.

 

Comme toujours, il est flanqué de Hux. Je serre les dents en percevant la nuance de triomphe de cet idiot de Pryde. Jamais je n’aurais dû le garder à la place de Quinn. Il me hait. Je caresse un instant l’idée de me débarrasser de lui, mais je n’ai pas de remplaçant valable pour l’instant.

 

« Certains pouvoirs demandent une grande concentration, quelque chose que vous ne pouvez sans doute pas comprendre.»

 

Je suis volontairement méprisant, je veux qu’il comprenne que sa place sera toujours inférieure à la mienne.

 

« Bien entendu, Suprême Leader. Toutes mes excuses pour vous avoir dérangé en pleine concentration… Si je m’y suis autorisé c’est pour vous faire part d’une information d’’une importance capitale.

 

— Laissez-moi donc en juger. »

 

Il n’est pas dupe de mes justifications. A la moindre faille, il me trahira, je le sais. Pryde est comme tous les autres…

 

« Nos agents pensent avoir repéré la base principale des rebelles. »

 

Mon torse me brûle et je sens que mon armure se gorge de sang. Mais je ne peux faire montre de faiblesse.

 

« Vraiment ? Et où serait-elle ?

 

— Sur une petite planète de la bordure extérieure, Dagobah. »

 

Dagobah… Evidemment. La planète sur laquelle Luke Skywalker a suivi son entrainement de Jedi, je reconnais bien là le côté nostalgique de Leia. Seuls les symboles comptent à ses yeux, seul son précieux jumeau est important. Je suis bien placé pour le savoir…

 

« Dois-je donner l’ordre de les attaquer Suprême Leader ? »

 

La voix onctueuse de Hux, cette fois.

 

« Non, pas encore. »

 

Il se décompose. Je ne peux nier que le spectacle est plaisant, même si j’ignore ce qui m’a poussé à refuser de donner l’ordre.

 

« Rien ne garantit la fiabilité de ces informations, continue-je. C’est peut-être un piège des résistants, ce ne serait pas la première fois. »

 

Pryde peine à contenir un rictus méprisant et les deux stromtroopers échangent un regard.

 

Ils pensent que j’ai peur, ils pensent que je suis faible.

 

« Les détruire serait encore trop doux, je veux les capturer, faire d’eux un exemple afin d’annihiler définitivement toute tentative d’opposition. »

 

Même à mes oreilles ma justification sonne faux mais j’ai trop mal pour m’en soucier. Pour l’instant, la seule chose que je désire est qu’ils sortent de cette pièce.

 

« Le Suprême Leader Snoke a toujours ordonné que nous les détruisions à la première occasion », objecte Hux.

 

Pour qui se prend-il cet idiot ? De quel droit remet-il en question mes ordres ? La rage me submerge et je m’empare de la Force pour l’étrangler.

 

« Il me semble que son manque de prudence a couté cher à Snoke… Je ne compte pas suivre son exemple. Remettriez-vous mes ordres en question ? »

 

A demi étouffé et le visage pourpre, Hux émet un gargouillis qui se veut soumission. Je le relâche à regret.

 

« Donnez l’ordre à notre flotte de nous approcher de la Bordure Extérieure mais pour l’instant, nous n’attaquerons pas.

 

— Bien, Suprême Leader », coasse Hux tout en jetant un regard à Pryde.

 

Je les congédie d’un geste.

 

Pourquoi mettent-ils tant de temps à sortir ! Je sens mes jambes flageller, je n’en peux plus, je dois mettre à jour ma blessure et vite !

 

 

 

A peine sont-ils sortis que j’ôte mon armure et déchire ma chemise. Le tissu est roidi par le sang. Mon épaule me brûle et le simple fait de passer ma main sur elle me donne envie d’hurler. Comment ai-je pu me laisser surprendre à ce point ?

 

Ma main tremble alors que je la tends vers un linge propre. Je me sens aussi faible que cette nuit-là, sur Ahch-To.

 

« Je ne voulais pas te blesser… Je suis désolée, Ben. »

 

Je manque de sursauter. Je ne l’ai même pas sentie arriver. La Force n’est-elle plus avec moi ?

 

« Bien sûr, rien de plus bienveillant que des Eclairs de Force. Quand je pense que tu passes ton temps à essayer de me convaincre que laisser libre court à ma colère n’est pas la solution… Tu es venue essayer de terminer ce que tu as commencé ? »

 

Mon ironie fait mouche et je la vois se décomposer. Elle s’approche, mordant sa lèvre au sang. Sa tunique blanche forme un halo de lumière autour d’elle. Elle est splendide. Je la veux tellement.

 

« Je te le répète, ce n’est pas ce que je voulais. Je ne comprends pas ce qui s’est passé… Je ne pensais pas qu’on pouvait se toucher physiquement, je veux dire, à travers notre lien. »

 

A vrai dire, j’ignorai également qu’une telle chose était possible. Elle me regarde, l’air perdu.

 

« Je ne sais pas pourquoi ces, ces, Eclairs sont sortis de moi. »

 

Elle est tellement bouleversée que ses yeux noisette s’embuent de larmes. Ainsi, ils paraissent plus clairs, presque verts. Je me force à reprendre mes esprits. Quelle importance la couleur de ses yeux ? Sa contrition est une arme que j’entends bien retourner en ma faveur.

 

« Vraiment ? Il me semble pourtant que c’est évident. Tu as laissé ton sang s’exprimer.

 

Je ne suis pas un Sith, je ne peux pas être un Sith. »

 

Son visage révèle l’intensité de son tourment. Elle hésite, je le sens. J’ai eu raison de différer l’assaut contre Dagobah, je suis proche de la convaincre de me rejoindre.

 

« Pourtant, tu utilises les pouvoirs du Côté Obscur… Je suis certain que cela t’a été plus facile que de te conformer aux enseignements de Luke ou Leia. »

 

Elle ne répond pas mais je perçois son trouble. Elle doute…

 

 

 

« Est-ce que tu as dit vrai ? Sur mes origines ?

 

— Je n’ai aucune raison de te mentir, Rey.

 

Vraiment ? Ironise-t-elle. Aucune raison, hormis de me persuader de te rejoindre bien sûr…

 

— Je ne suis pas celui qui te manipule… »

 

Je voudrais poursuivre, lui révéler ce que les Skywalker lui ont fait, mais un éclair de douleur me transperce l’épaule et je ne peux retenir un gémissement. Le visage de Rey se décompose et, sans que je l’aie anticipé, je sens sa paume chaude contre ma blessure.

 

« Je ne voulais pas te blesser », répète-t-elle.

 

Une douce chaleur se répand dans mon épaule avant de gagner le reste de mon corps. La sentir si près de moi est à la fois exaltant et terrifiant. Je la veux à un tel point qu’à cet instant je pourrais tout abandonner pour elle. Je peux presque sentir son souffle contre mon visage. Je sens mes chairs se reconstruire, la douleur m’abandonne. Je plonge mon regard dans le sien. Elle ne se détourne pas et, à travers notre lien, je perçois son trouble. Je m’entends prononcer :

 

« Nous savons que vous êtes sur Dagobah, notre flotte est en approche. La Résistance sera anéantie sous peu. Rejoins-moi avant qu’il ne soit trop tard. »

 

Pourquoi ai-je dit une chose pareille ? Qu’est-ce qui me pousse à la mettre en garde ?

 

Son visage se durcit et sa main déserte mon torse, je regrette sa chaleur.

 

« Ainsi, j’avais raison, tout cela n’était qu’un piège pour nous localiser… Quelle idiote !

 

— Non, Rey, attends, je ne t’ai pas tout dit… »

 

Elle est partie me laissant seul avec la relique de Dark Vador.

 


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