Chapitre 47 : Kylo Ren


Mortis,

 

Je pensais être parvenu à la chasser de mon esprit mais lorsque j’ouvre les yeux, elle est là, comme un vivant reproche. Pourquoi je n’arrive pas à l’oublier ? Je m’écrase dans l’eau glacée et je remonte à la surface, frustré par ce nouvel échec. 

 

Elle est toujours là. 

« Je suis désolée, je ne voulais pas te déranger. Ce que tu faisais… c’était magnifique, tu étais si serein, je regrette de t’avoir interrompu. »

Elle est vraiment là ?

« Qu’est-ce que tu me veux ? Je crois qu’on s’est tout dit, non ? » 

Je patauge jusqu’à la rive, trop concentré afin de contenir ma colère pour faire preuve de grâce. Je ne veux pas lui donner le plaisir de comprendre à quel point elle m’a blessé. Elle m’a dévasté. 

Elle se mord les lèvres.

« Je suis venue pour m’excuser, je n’aurais pas dû te parler comme ça, je.. »

Bien sûr. Elle craint que je n’abandonne notre quête.

« Ce n’était pas la peine de te déplacer. Je n’ai pas changé d’avis, je veux toujours la fin des Jedis et des Siths. Ce que tu penses de moi n’a aucune importance. Tu n’as aucune importance. Maintenant, dégage, va retrouver tes amis, ton trooper ou je ne sais quel droïde. »

Elle ne bouge pas. Elle ne parle pas. Est-ce que je suis devenu fou ? Est-ce que j’en suis arrivé au point de la voir partout ? 

Je sors de l’eau en m’ébrouant. Elle reste là, à me fixer sans bouger. Une illusion…  Je n’en peux plus. Je me campe devant elle :

« Arrête de me faire ça ! Je t’en supplie, laisse-moi tranquille ! Je n’en peux plus de toi, je ne peux plus continuer comme ça, ça fait trop mal. Tu me rends malade, tu me rends fou ! Tout ce que je veux, c’est que tu disparaisses. »

A ma grande honte, ma voix se brise. Elle détourne le visage.

« Je suis désolée. Je ne voulais pas ça, je n’ai jamais voulu te blesser. »

Elle est réellement là. Je frémis. Elle me trouve déjà monstrueux, je n’ai pas envie de lui montrer à quel point je suis pitoyable. Je me force à reprendre mes esprits. Le contrôle. Je suis la Force et la Force est en moi. Rey n’est rien.

« Au contraire, au moins, à présent, nous n’avons plus à faire semblant. Je te propose que nous arrêtions de perdre du temps. De quoi as-tu besoin ? »

 

Son visage se trouble mais elle ne répond pas. Je n’en peux plus. Je veux qu’elle parte. Je ne supporte plus de la savoir si proche et pourtant si inaccessible. Il faut qu’elle s’en aille, je n’en peux plus de ne pas pouvoir la toucher, de savoir qu’elle ne sera jamais à moi. J’ai beau tenter de me contrôler et mettre en pratique toutes les leçons que l’on m’a apprises, je ne tiendrais pas longtemps.

« PARLE ! Pourquoi es-tu là ? Qu’est-ce que tu veux ? » je lui hurle.

Elle prend une profonde inspiration.

« Toi. »

Je dois avoir pris de l’épice sans m’en rendre compte. Ou alors je me suis endormi et je rêve.

 

Rey s’approche de moi, je frissonne. Elle parait tellement réelle.

« Je suis réelle, Kylo. Je suis revenue.

— Si tu t’inquiètes pour notre plan, je te répète que tu n’as pas à t’en faire. Ce que tu penses de moi ne change rien. »

Son visage se remplit de tristesse et je comprends… Elle a pitié de moi. Non ! Je préfère encore sa haine à sa compassion.

« Laisse-moi tranquille ! Va-t’en !

— Je ne peux pas. Kylo… »

Elle tend la main dans ma direction et je sens ses doigts frôler ma peau humide. C’est une torture.

« Mais qu’est-ce que tu veux de moi, Rey ? Qu’est-ce que tu veux de plus ? Je ne peux pas devenir celui que tu espères et je ne peux pas changer le passé. Je ne redeviendrai jamais Ben. »

Elle me fixe, les larmes aux yeux.

« Je sais. Mais, je me fiche de Ben, c’est Kylo que je veux. »

Elle avance vers moi. Je serre les poings. Je la veux… Mais elle ne le sait que trop bien, elle s’en sert.

« Arrête ! Cesse de jouer avec moi ! Je n’en peux plus. Si tu veux me tuer, fais-le mais, pas comme ça. »

Elle se décompose, puis prend ma main pour la poser sur sa tempe.

« Laisse-moi te montrer que je ne joue pas. Je ne mens pas. La vérité, c’est que j’ai peur de ce que j’éprouve pour toi. Tu me terrifies, Kylo. Parce que quoi que tu fasses, je ne parviens pas à te détester assez pour ne plus te désirer. »

Elle s’ouvre totalement à moi et je recule ma main sous l’intensité de ses émotions. Son désir me frappe de plein fouet.

« J’en assez de lutter, murmure-t-elle. Je me fiche que tu aies exterminé les Porgs, les Jedis ou même la Galaxie. Tu pourrais bien être le dernier Seigneur Sith, le Suprême Leader ou même ce foutu Côté Obscur à toi tout seul, ça ne changerait rien à ce que je ressens. Je te veux. »

Je sens ses lèvres frôler les miennes et mon cœur s’affole.

« Tu dis ça à cause de la Dyade… »

Je me hais pour avoir prononcé cette phrase mais je ne pourrais pas supporter qu’elle me repousse de nouveau.

« J’ai menti… Ça n’a jamais été la Dyade, je l’ai toujours su mais j’avais trop peur d’admettre mon attirance pour toi. C’est moi, uniquement moi. Ce n’est pas une manifestation de la Force ce sont mes sentiments à moi. »

 

Sa bouche épouse la mienne et je cesse de réfléchir. Les mains de Rey sont sur mon corps, elle me débarrasse de ma chemise humide avec des gestes pressés et je sens ses doigts contre ma peau. Je suis en plein rêve.

« Touche-moi, murmure-t-elle. S’il te plait. »

Je voudrais pouvoir résister mais c’est impossible. Je la veux trop pour ça. Je la débarrasse de sa blouse et je découvre sa peau parfaite. Elle est exactement comme je l’avais imaginée, non elle est encore plus belle. Elle se presse contre moi et je sens son cœur battre contre ma peau.

« J’ai envie de toi, Kylo. »

 

Elle me rend fou. Je la veux. Je reprends sa bouche et sa langue rejoint la mienne. Je sens sa main descendre le long de mon bas ventre et mon pantalon glisse sur le sol avec un petit bruit d’humidité. Elle rompt notre baiser et se recule légèrement pour me regarder. Ses yeux s’agrandissent en découvrant la taille de mon désir.  Je tremble à l’idée qu’elle me rejette une fois encore.

« Je ferais attention, je te le promets, je ne veux pas te blesser. J’irais doucement.» 

Elle sourit.

« J’espère bien que non. Je veux te sentir. Je te veux. »

Cette fois, je perds complètement le peu de contrôle qu’il me restait encore. Mes mains rejoignent les siennes sur son pantalon. Je tremble, ou alors, c’est elle qui tremble. Elle s’allonge sur le sol, nue. 

« Viens. »

Je ne sais plus où j’en suis. Je sens sa peau chaude contre la mienne et je l’embrasse à nouveau. Elle caresse mon dos et je sens ses cuisses s’ouvrir sous la pression de mon corps. 

« S’il te plait », gémit-elle.

Ses mots me font oublier toutes mes résolutions de retenue et de douceur. Je n’en peux plus d’attendre. Je m’enfonce en elle d’un coup et ses doigts se crispent sur mes épaules. Je suis en elle et je la sens vibrer autour de moi. Je l’emplis totalement. Je la possède enfin. Elle se cambre légèrement pour mieux m’accueillir et je retiens à grand peine un râle de plaisir. Ses ongles s’enfoncent dans ma chair et elle se redresse pour m’embrasser encore. Je me noie en elle. Ses cuisses s’enroulent autour ma taille pour m’attirer un peu plus en elle et je la sens haleter sous moi. J’ai l’impression que ses mains sont partout sur mon corps et je peux presque sentir les sensations que mes coups de rein lui procurent. Jamais je n’ai vécu ça. Jamais ça n’a été aussi intense. Je l’embrasse voracement, au bord de la jouissance, et je la sens me rejoindre. Son cri de plaisir se perd dans notre baiser et je la retiens contre moi alors que je succombe à mon tour. 

 

Je me sens étourdi, exalté, heureux. Elle est contre moi et je referme un peu plus mon étreinte autour d’elle. Je ne veux plus jamais la laisser partir. Je la veux à mes côtés. Les Siths, les Jedis et la Galaxie peuvent bien disparaître, je m’en moque. Il n’y a plus qu’elle.

 

Une goutte roule sur mon bras et je réalise qu’elle pleure. Merde ! Quel imbécile égoïste ! Au lieu de faire attention comme je le lui avais promis, je me suis laissé emporter et je me suis comporté comme un Wookie en rut. Anéanti par ce que je viens de faire, je bafouille :

« Je ne voulais pas te faire mal. Je ne voulais pas, je n’ai pas réussi à me contrôler, je…S’il te plait, ne pleure plus.»

Elle se retourne vers moi.

« Tu ne m’as pas fait mal. Si je pleure, c’est parce que je me sens bien. Et parce que c’était si intense, si fort, que je ne suis plus où j’en suis. Jamais je n’ai ressenti ça.»

Ses doigts suivent les contours de mon visage et je plonge mon regard dans le sien. A travers notre lien, je sens sa confusion qui fait écho à la mienne. Des paillettes d’or vert font luire ses yeux noisette et je passe mes doigts avec douceur sur sa joue. Je ne veux pas la blesser, jamais. Lentement, elle s’approche de ma bouche et je sens la caresse de ses lèvres sur les miennes. J’ai l’impression de me fondre dans notre baiser. Je ne peux plus la laisser me quitter.

« Je dois rentrer au camp, murmure-t-elle. Tu sais qu’il le faut. Ce qui vient de se passer était…  Je ne sais pas comment le qualifier. »

Elle regrette… Tout ça, toute cette nuit, cette passion entre nous, n’a rien changé. La peine me submerge et elle secoue la tête.

« Je ne regrette rien, Kylo. J’en avais désespérément envie, je le voulais depuis si longtemps, depuis Ahch-To, depuis que nous avons commencé à nous parler. Et, je le veux encore. Mais, j’ai besoin de temps, j’ai besoin de penser à tout ça, à ce qui vient de se produire, à toi, à nous et à ce que cela signifie. »

Je ne veux pas qu’elle me quitte. Pas encore, pas déjà.

« Tu sais que je dois partir, murmure-t-elle. Ce qui s’est passé cette nuit ne change rien à notre mission. Si je suis ici, c’est avant tout pour trouver les artéfacts et mettre un terme à tout cela. Nous sommes là pour détruire le Dernier Ordre et aider à fonder un Nouvel Equilibre. C’est ce que la Force attend de nous, nous n’avons pas le droit de nous dérober à notre responsabilité. »

Elle a raison, je le sais. Mais, la laisser partir me semble insurmontable.  Déjà, elle s’arrache à mon étreinte et le froid de son absence me glace.

« Je reviendrai dès que possible. S’il te plait, Kylo, laisse-moi un peu de temps. »

Même si tout en moi répugne à la voir s’en aller, je n’ai pas le droit de m’y opposer. 

« Je ne bougerai pas d’ici. Je t’attendrai. »

Elle sourit.

« Merci. »

 

Je me laisse retomber sur le sol alors que ses pas décroissent dans la nuit. Elle reviendra, il le faut. La Force crépite autour de moi et je me laisse aller à son étreinte rassurante. 

 


Chapitre 46                                                                                                  Chapitre 48


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