Chapitre 6 : Réchauffement


Assommée par le rhum, Elizabeth dormit d’une traite la nuit qui suivit pour se réveiller au petit matin avec un frisson. La jeune femme leva un regard frileux vers le soupirail qui laissait filtrer le jour et poussa un gémissement en découvrant un épais manteau blanc à l’extérieur et un petit tas de neige sur le sol dur de leur geôle.

«  Que se passe-t-il ? Lui demanda nonchalamment Hector.

- Ça ! S’exclama Elizabeth en désignant la neige d’un doigt accusateur.

- Nous ne sommes pas dans les Caraïbes Madame Turner, » observa Hector avec la même désinvolture que les cent fois précédentes où il avait fait cette remarque.

 

Elizabeth lui jeta un regard noir et replia frileusement ses bras autour d’elle.

«  Je sais. Mais, la neige va arrêter de tomber n’est-ce pas ? S’inquiéta-t-elle.

- Je ne crois pas Madame Turner. Vous savez c’est l’hiver ici. »

Elizabeth poussa un soupir douloureux. Elle avait souffert lors de son précédent emprisonnement mais au moins elle n’avait pas eu froid. Ici c’était comme si une main gelée lui caressait la peau sous ses vêtements, la neige et son humidité augmentant la sensation de froid. Glacée, elle lança un regard peu amène à Hector qui ne semblait pas le moins du monde gêné par la température fraîche. Comme pour confirmer ses pensées, le pirate reprit.

«  J’ai toujours aimé la neige. C’est ça qui est désagréable dans les Caraïbes, cette chaleur écrasante. Vous ne trouvez pas ?

- Non. Répondit Elizabeth avec sécheresse en se frottant les bras avec énergie. Il reste du rhum ? »

 

Barbossa haussa un sourcil moqueur à sa question.

«  Si tôt ?

- Oui si tôt ! »

Le pirate la regarda d’un air navré et lui désigna la flasque vide.

«  Vous l’avez terminée hier soir Madame Turner. Vous l’avez vidée puis vous vous êtes endormie.

- Oh… Soupira Elizabeth qui comprenait maintenant la cause du tambour qui cognait dans son crâne. Mais vous en avez une autre non ? Demanda-t-elle au bout d’un moment.

- Non Madame Turner, vous avez fini ma dernière réserve. Mais grâce à la neige nous aurons de quoi boire ! Annonça-t-il. A moins qu’elle ne gèle bien entendu.

- Gèle ? Répéta Elizabeth avec effarement.

- Qu’elle se transforme en glace si vous préférez. Lui expliqua Barbossa avec un air supérieur.

- J’avais compris ! »

 

Furieuse, Elizabeth se détourna et commença à arpenter la cellule à la recherche d’une faille dans les murs épais. Elle frissonna lorsque ses doigts touchèrent la pierre glacée et finit par se retourner avec exaspération.

«  Et bien aidez-moi donc au lieu de rester là à attendre ! »

Le sourire de Barbossa disparut et il s’approcha d’elle d’un pas altier. Surprise, la jeune femme eut un mouvement de recul instinctif et le pirate lui enserra brusquement le menton.

«  Je ne suis pas votre domestique Madame Turner. Tâchez de vous en souvenir ou je pourrais fort bien décider de varier mon menu. »

Elizabeth le regarda avec horreur et se dégagea.

« Il faudrait d’abord me tuer ! »

 

Barbossa la fixa, un sourire inquiétant aux lèvres.

«  Croyez bien ma chère Madame Turner que je ne m’y résoudrais qu’à regrets. A moins bien sûr que vous ne soyez parvenue à m’exaspérer suffisamment. Est-ce assez clair pour vous ?

- Parfaitement. Répondit Elizabeth d’un ton sec en reculant toutefois.

- Bien. Finalement nous sommes d’accord sur beaucoup de choses.

- Comme sur Jack ? » Lui renvoya Elizabeth d’un ton doucereux, agacée par l’air sûr de lui qu’affichait le pirate.

 

Contrairement à ce qu’elle avait espéré, Barbossa lui sourit.

«  Si j’en crois la manière dont vous l’avez sacrifié et laissé derrière vous, oui. »

Elizabeth rougit vivement à ce souvenir.

«  Ce n’était pas … Commença-t-elle mais Barbossa l’interrompit.

- Je vous en prie Madame Turner gardez vos protestations d’innocence pour votre époux. »

Furieuse, Elizabeth lui tourna le dos, résolue à ne plus lui adresser la parole.

 

Quelques minutes passèrent ainsi jusqu’à ce que la jeune femme ne commence à se dandiner avec inconfort, gênée.

«  J’ai creusé un trou à l’autre bout de la cellule pour ça. Lui jeta Barbossa. Si le cœur vous en dit… »

Encore plus gênée, Elizabeth rougit et Barbossa leva les yeux au ciel.

«  Allons Madame Turner ne prenez pas vos mines de jeune fille et allez donc jusqu’à ce fichu trou au lieu de vous tortiller de la sorte !

- Je peux encore me retenir. Répondit Elizabeth.

- Comme vous voudrez. » Rétorqua Barbossa avec indifférence en palpant le mur qu’elle avait déserté.

 

Elizabeth le regarda faire un moment puis, n’y tenant plus, elle se précipita vers la direction qu’il lui avait indiquée. Son envie apaisée, une autre vint lui tordre l’estomac. La faim.

«  Quel enfer… » Soupira-t-elle à voix haute.

Barbossa n’y prêta pas attention et continua à palper le mur.

«  Avez-vous trouvé une faille ? Se força à demander Elizabeth.

- Non, mais peut être qu’avec votre couteau, nous pourrions réussir à faire bouger ces pierres. »

Elizabeth hocha la tête, furieuse de ne pas avoir eu cette idée elle-même. Tandis que Barbossa s’activait, il reprit la parole.

«  Dites-moi comment vous êtes évadée des geôles de la Compagnie ?

- J’ai tué le gardien. Répondit Elizabeth d’un ton évasif.

- Allons Madame Turner, racontez moi. » La pressa Barbossa.

 

Elizabeth grimaça et céda.

«  Je lui ai fait croire que je le désirais et je lui ai pris son arme. » Expliqua-t-elle sobrement.

Barbossa s’en arrêta de s’acharner sur les pierres et la regarda avec interrogation.

«  Vous est-il déjà arrivé d’élaborer un plan sans utiliser votre propre corps comme appât Madame Turner ?

- Bien sûr ! S’exclama Elizabeth. Mais ça m’a paru…

- Le plus simple. » Compléta Barbossa.

 

Elizabeth ne répondit pas, trop affamée pour se disputer.

«  Généralement, ils viennent de part là. La renseigna Barbossa.

- Qui donc ?

- Les rats… »

Elizabeth grimaça puis se tourna vers l’endroit qu’il lui avait désigné. Son cœur manqua un battement et son estomac se tordit en apercevant deux bestioles occupées à se lisser les moustaches.

«  Lorsque nous serons trop faibles, ils n’hésiteront pas. La renseigna Barbossa.

- Je ne vous savais pas un tel spécialiste en rat. » Le railla Elizabeth.

 

Loin de se formaliser, le pirate se redressa.

«  Ce n’est pas la première fois que je me retrouve enfermé sans rien à manger Madame Turner. Et j’ai vu pas mal d’imbéciles avec vos faux scrupules mourir sous leurs attaques. »

Elizabeth frissonna et se tourna vers les rats.

«  Le secret c’est d’être rapide. Lui expliqua Barbossa en lançant adroitement son couteau en direction d’une des bestioles qui poussa un couinement lorsque la pointe le traversa.

- Impressionnant… » Murmura Elizabeth mi admirative, mi écœurée

 

Barbossa détacha la bête du sol et entreprit de la dépecer avec des gestes précis.

«  Tant qu’il aura des rats nous ne mourrons pas de faim. La neige nous donnera de quoi boire.

- En admettant qu’elle ne gèle pas. » Lui rappela Elizabeth, agacée.

Barbossa se contenta d’hausser les épaules avec fatalisme et lui tendit un morceau de chair sanglante qu’elle prit sans un mot, trop affamée pour faire la fine bouche.

 

Les heures qui suivirent s’écoulèrent ainsi, les deux pirates se relayèrent pour tenter de creuser la pierre jusqu’à ce qu’Elizabeth, les doigts douloureux, ne laisse échapper le couteau avec un soupir découragé.

«  Nous n’y arriverons jamais… Ça fait des heures que nous y sommes et nous l’avons à peine entamé.

- Mais nous n’avons que ça à faire. » Remarqua Barbossa

 

Elizabeth ne répondit pas et fixa avec inquiétude le soupirail par lequel la neige continuait à s’infiltrer dans leur cellule. Avec un frisson, elle ramena ses bras autour d’elle et chercha à se réchauffer. Barbossa s’en aperçut et se laissa tomber dans un coin, le plus éloigné de la fenêtre.

«  Venez. Lui ordonna-t-il d’une voix dure.

- Quoi ?

- Allons approchez et asseyez-vous à côté de moi Madame Turner. Vous n’êtes pas la seule à avoir froid. »

 

Reconnaissant la justesse de l’argument, la jeune femme le rejoignit et s’assit à ses côtés, gardant une distance respectable.

«  Madame Turner, commença Barbossa d’un ton pompeux qui fit redouter le pire à la jeune femme, lorsque je vous ai suggéré de venir près de moi, je voulais dire contre moi.

- J’avais compris mais non merci. » Répondit Elizabeth.

Elle lui lança un regard vaguement écœuré et tordit le nez devant l’odeur qu’il dégageait. En effet, il y avait fort à parier que le pirate n’avait pas pris de bain depuis plusieurs mois et le nez encore délicat de la jeune femme peinait à respirer les effluves de sueur, d’alcool, de sang et de quelques autres choses qu’il dégageait.

 

« Vous ne sentez pas spécialement la pomme non plus. Remarqua Barbossa en voyant sa grimace.

- Et pourquoi sentirais-je la pomme ? Rétorqua la jeune femme, vexée. Je n’en mange pas.

- Vous avez tort. La pomme est très bonne pour les dents. »

Une fois de plus, Elizabeth s’abstint de tous commentaires, remarquant pour elle-même qu’au vu de la dentition du pirate il allait lui en falloir beaucoup. Observant un silence buté, elle se recroquevilla sur elle-même et Barbossa haussa les épaules avant de se lever pour reprendre ses tentatives sur le mur.

 

Quelques heures s’écoulèrent ainsi puis il vint reprendre sa place à côté d’une Elizabeth frigorifiée qui s’efforçait vainement de penser à autre chose.

«  Il va bientôt faire nuit. » Observa inutilement Barbossa tandis que l’obscurité envahissait peu à peu leur cellule.

Elizabeth ne répondit pas, absorbée dans ses pensées, elle remâchait sa haine pour Tai Huang. Si elle sortait d’ici, elle lui ferait payer au centuple. Elle ne cessait de se répéter cette promesse qui la distrayait du froid et posa un regard presque hostile sur Barbossa en le voyant s’allonger à même le sol et fermer les yeux.

«  Vous devriez dormir Madame Turner sans quoi vous ne tiendrez pas longtemps. » Remarqua-t-il.

 

Elizabeth se força à ne pas bouger tandis que le froid augmentait encore, si c’était possible, et elle commença à claquer des dents sans pour autant trouver de solution à son calvaire.

 

Elle discerna la silhouette de Barbossa qui se redressait légèrement et le ton agacé du pirate s’éleva, résonnant dans l’obscurité.

« Venez vous coucher près de moi. Vous aurez beaucoup moins froid. »

Elizabeth hésita puis s’approcha à tâtons, soulagée que la nuit dissimule sa gêne aux yeux de son compagnon. Les bras de Barbossa se refermèrent sur elle et elle poussa un soupir de soulagement en sentant un peu de chaleur l’envelopper.

« Allons Madame Turner ça n’est pas si terrible. Commenta le pirate.

- Il fait tellement froid… » Soupira Elizabeth en se pelotonnant contre lui.

 

Barbossa ne répondit pas, conscient du corps jeune et ferme qui épousait ainsi le sien. Il faisait peut être froid mais pas encore assez pour calmer ses ardeurs masculines, sans compter que, comme Elizabeth qui avait toujours Tai Huang à l’esprit, il avait quant à lui l’idée de prendre sa revanche sur Sparrow. Et quelle revanche était plus éclatante que de prendre une chose que l’autre avait tellement désirée ?

 

Barbossa sourit dans l’obscurité tandis qu’Elizabeth fermait les yeux et tentait de profiter de la chaleur inespérée pour dormir un peu. Un sourire aux lèvres, elle commença à se laisser bercer par le silence et la chaleur. Contre son dos, le corps de Barbossa était une barrière contre le vent et même si il bougeait légèrement, c’était agréable de sentir un peu de chaleur glisser sur ses bras, son ventre, ses seins… Cette pensée réveilla net Elizabeth et elle poussa un glapissement outré avant de se dégager.

 

«  Mais vous êtes malade ! Comment osez-vous ? Et que, que croyez-vous faire ? Bredouilla-t-elle, indignée.

- Vous voulez avoir chaud non ?

- Je ne vois pas le rapport ! »

Barbossa réprima un soupir agacé et prit sa voix la plus suave pour le répondre.

«  Au cas où vous l’ignoreriez, il n’y a pas des millions de façons pour deux personnes de se tenir chaud.

- Cela va très bien comme ça. J’ai assez chaud !

- Beaucoup plus depuis quelques minutes. » Ricana Barbossa.

 

Elizabeth rougit dans l’obscurité et Barbossa continua.

«  Allons revenez-vous coucher. Je ne vais pas vous violer Madame Turner.

- Et vous espérez que je vais vous croire ? Demanda Elizabeth en grelottant.

- Je n’ai pas envie de gaspiller mes forces en vous forçant. Maintenant revenez ou bientôt vous serez aussi morte que le rat qui jouait ici il y a une heure. »

Elizabeth déglutit. Elle avait froid. C’était horrible d’avoir froid ainsi. A cet instant elle aurait vendu son âme pour une bonne flambée. Avec réticences, elle reprit sa place, le bras de Barbossa l’entoura immédiatement tandis que son dos rencontrait un os atrocement dur contre lequel elle remua, cherchant une position confortable.

 

«  Brave petite. » Commenta le pirate, la respiration lourde.

Elizabeth ne répondit pas, à demi rassurée par ses protestations et se pelotonna sans toutefois fermer les yeux, espérant que l’autre s’endorme avant elle. Sauf que Barbossa était à des lieues de parvenir à dormir. Au bout d’un moment, la jeune femme sentit ses doigts caresser légèrement l’étoffe de sa robe et s’attarder sur ses manches.

« Arrêtez.  Siffla Elizabeth entre ses dents, en s’avouant toutefois que le contact était agréable

- C’est pour vous réchauffer » Rétorqua Barbossa sans s’arrêter.

Sa main se promenait à présent sur le ventre de la jeune femme.

 

Elizabeth soupira légèrement en sentant une douce chaleur l’envahir tandis qu’il la resserrait un peu plus contre lui. Au bout d’un moment, elle sentit la main de Barbossa remonter légèrement sur sa poitrine et glisser sur l’étoffe tandis que la respiration du pirate accélérait. Elizabeth ne bougea pas. Après tout la caresse était somme toute innocente et il fallait admettre que le pirate avait raison sur un point : elle avait plus chaud comme ça.

 

Encouragé par son silence, Barbossa resserra son étreinte. Il empoigna les seins de la jeune femme à deux mains tandis qu’il les massait rudement, les pressant dans ses paumes, à travers le tissu. Elizabeth lâcha un soupir satisfait. Barbossa glissa sa main jusqu’au décolleté et savoura le contact avec la peau de la jeune femme. Elizabeth soupira.

«  Il ne faut pas. Le reprit-elle.

- Pas quoi ? » Rétorqua Barbossa qui empoigna ses seins sous sa robe et les caressa rapidement.

 

Elizabeth tenta faiblement de se dégager mais il la retint tout en s’exhortant au calme. En d’autres circonstances, cela aurait fait longtemps que la jeune femme aurait été dûment prise de gré ou de force. Mais un tel acte compliquerait sérieusement sa détention sans compter qu’il ne perdait de vue sa revanche envers Sparrow et était bien décidé à se voir offrir ce qui avait été refusé à son rival. Ce serait une petite compensation pour la perte du Pearl. De son côté Elizabeth balbutiait, cherchant ses mots tandis qu’une chaleur diffuse et bienvenue montait en elle.

«  Mais parce que. Parce que. Je, je ne vous aime pas ! » Répondit elle en désespoir de cause.

 

Barbossa dédaigna l’argument et sa main gauche défit prestement le petit lacet qui enfermait la poitrine d’Elizabeth. Un gémissement outré salua son geste lorsque le froid glissa sur la poitrine de la jeune femme. Les mains de Barbossa l’enveloppèrent brusquement et s’amuèrent à l’agacer.

«  Hector… Je… » Tenta de le reprendre Elizabeth qui avait de plus en plus chaud.

La main du pirate se posa sur sa bouche pour la forcer à se taire et il glissa ses lèvres jusqu’à sa poitrine, sa langue lécha sa peau nue alors qu’il passait sur elle. Réduite au silence, Elizabeth sentit son corps se tendre instinctivement vers l’autre et Barbossa continua, faisant battre son cœur plus fort. Au bout d’un moment, il relâcha sa bouche et lui prit la main. Il la guida jusqu’à sa chemise et la glissa en dessous, la forçant à caresser son torse.

 

Les joues rouges dans l’obscurité, Elizabeth savoura le contact de sa peau tiède tandis que Barbossa remontait légèrement sa robe le long de sa cuisse. Ses doigts glissèrent sur sa peau jusqu’à son endroit le plus intime et Elizabeth se débattit brutalement, se forçant à repousser la douce torpeur qui l’envahissait.

«  Arrêtez ça » Gémit elle.

Sur elle, Barbossa ne répondit tout d’abord pas, puis sa voix s’éleva dans l’obscurité, légèrement altérée.

«  Elizabeth, croyez bien que je ne fais pas ça de gaieté de cœur. Mais si nous ne trouvons pas un moyen efficace de nous réchauffer nous ne tiendrons pas longtemps. Surtout vous. »  

 

Elizabeth cligna des yeux, l’esprit embrumé par les sensations que les caresses de Barbossa faisaient monter en elle. Elle avait chaud maintenant. Vraiment très chaud.

«  Je… » Commença-t-elle avant de s’interrompre.

Elle se mordit les lèvres en sentant un doigt s’immiscer en elle.

« Vous étiez prête à vous offrir pour obtenir le Feu de Glace. Je vous propose la même chose pour survivre. Ce n’est que de la piraterie. »

Elizabeth avait beau chercher elle ne trouvait rien à opposer à cela, d’autant plus que les gestes lents de Barbossa et ce qu’ils provoquaient en elle brouillaient de plus en plus ses pensées. Ses cuisses s’écartèrent d’elles-mêmes alors que le feu grondait dans son bas ventre.

 

Barbossa interpréta son silence comme un consentement et le cliquetis de sa ceinture résonna dans la cellule alors qu’il défaisait son fut. Elizabeth, inquiète, se redressa légèrement et rougit en sentant un morceau de chair brûlant effleurer ses lèvres les plus intimes. Elle ouvrit la bouche pour protester mais son corps la prit de vitesse et se cambra vers l’homme qui avait allumé la chaleur dans ses reins. Les mains de Barbossa pétrirent ses fesses pour les écarter et il se guida en elle d’une légère poussée, arrachant un cri à la jeune femme.

 

L’instant d’après il s’abattit sur elle, son corps collé au sien tandis que ses reins allaient et venaient. La chaleur des reins d’Elizabeth augmenta d’autant et elle gémit lourdement, nouant ses cuisses autour de la taille de Barbossa qui grogna en réponse alors qu’il s’enfonçait profondément en elle.

 

Ils n’échangèrent aucun mot, leur râles résonnèrent dans la pièce jusqu’à ce qu’Elizabeth pousse un cri étranglé, peinant à maîtriser les tremblements de son corps. Quelques secondes plus tard, Barbossa râla à son tour et la jeune femme sentit un liquide chaud se déverser en elle avant qu’il ne se retire, haletant. Barbossa se laissa retomber sur le côté et la reprit contre lui, pour conserver la chaleur qu’ils avaient dégagée. Brusquement épuisée, Elizabeth ferma les yeux et sombra dans un profond sommeil.

 

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Le lendemain, lorsque la jeune femme ouvrit les yeux, elle était toujours dans les bras de Barbossa. Renâclant à la pensée de quitter la chaleur, Elizabeth referma les yeux avant les rouvrir brutalement. La nuit écoulée venait de lui revenir en mémoire et l’humidité entre ses cuisses lui en confirmait la véracité au cas où cela aurait été nécessaire.

 

Sans se soucier de réveiller le pirate, Elizabeth s’écarta de lui avec horreur. Elle avait trompé Will. Elle qui avait tellement lutté pour rester intacte dans les geôles de la Compagnie puis face à Pavlov, venait de s’offrir à un homme qui, qui était assez vieux pour être son père ! Des larmes brûlantes roulèrent sur ses joues et elle commença à arpenter sa cellule, trop anéantie pour ressentir la morsure du froid.

 

« Que vous arrive-t-il ? » Demanda Barbossa d’un ton agacé en refermant son fut.

Les yeux brillants de larmes, Elizabeth se retourna vers lui.

«  Comment osez-vous poser cette question ! Vous, vous m’avez …

- Réchauffée et donné du plaisir. » La coupa Barbossa, agacé. Pourquoi diable fallait-il que cette fille s’encombre d’autant de scrupules ? Elle aurait fait un excellent pirate sans ça !

 

Indignée, Elizabeth avança vers lui.

«  Profité de moi et de ma faiblesse pour, pour…

- Vous prendre comme un homme le fait généralement avec une jolie femme. Et je dois dire Madame Turner que vous êtes particulièrement en beauté ce matin. » Rétorqua Barbossa en lui baisant la main.

Son geste coupa Elizabeth dans son élan et il en profita pour reprendre l’avantage.

«  Allons Elizabeth, chaque heure qui passe est peut être notre dernière… Avez-vous réellement envie de passer vos derniers instants à vous disputer avec moi ou alors préférez-vous continuer à vivre ? »

 

Elizabeth ne répondit pas. Elle jeta un regard inquiet au soupirail qui laissait s’infiltrer le froid et songea à la chaleur que lui avait dispensée Barbossa. Peut-être que Will comprendrait. Il faisait si froid et sans ça elle… Non si elle sortait d’ici elle ne dirait rien à Will. Jamais. Personne ne saurait.

«  Bien maintenant que vous avez réfléchi, prenez ce couteau et attaquez-vous à ce mur. » Ordonna Barbossa.

Elizabeth lui lança un regard outré et le pirate sourit désagréablement.

«  Vous préférez la chasse au rat ? Ou une autre activité peut être ? Il ne fait pourtant pas si froid… » Insinua-t-il.

Elizabeth lui lança un regard rageur et s’empara du couteau qu’il lui tendait.

«  Je ne sais pas ce qui me retient de vous le planter dans le cœur.

- Bonne idée. Seulement, en admettant que vous réussissiez, je me demande qui vous réchauffera après ça…. »

 

Elizabeth grimaça et se retourna vers le mur. Elle utilisa la pointe du couteau pour gratter miettes par miettes la pierre que Barbossa avait entamée le jour précédent et s’efforça d’ignorer les mouvements du pirate derrière elle et les couinements effrayés des rats.

 

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A la fin de la journée, dix rats s’alignaient sur le sol et Elizabeth pouvait presque voir la pièce voisine de la leur en glissant un œil dans le trou qu’ils avaient fait en se relayant. Le jour déclinait vite et, les doigts douloureux à force d’avoir gratté, Elizabeth se laissa tomber sur le sol en frissonnant.

«  Croyez-vous que nous arriverons à sortir d’ici ?

- Je me suis sorti de bien pire. » Commenta Barbossa.

 

Désireuse de se changer les idées, Elizabeth s’approcha de lui et s’empara d’un rat machinalement.

«  C’est-à-dire ?

- Et bien prenez la Muerta par exemple. Une fois qu’un homme a connu cette malédiction, toute autre torture parait dérisoire à côté. Et j’ai déjà été enfermé par Pavlov.

- Quoi ? Mais alors vous connaissez ces geôles ! » S’exclama Elizabeth.

 

Barbossa lui lança un regard las.

«  Il n’a pas qu’une seule prison Madame Turner. »

Elizabeth tiqua. L’appellation lui rappelait trop bien Will et sa faute à son égard

«  Appelez-moi donc Elizabeth…

- Très bien Elizabeth, donc la dernière fois je m’en suis sorti grâce à l’imbécillité des gardiens sans toutefois utiliser le genre de subterfuge qui a vos faveurs. »

Elizabeth rougit légèrement et posa un regard dégoûté sur le rat.

«  Je hais ces bestioles. Remarqua-t-elle, désireuse de changer de sujet.

- J’aurais bien autre chose à vous offrir mais je ne crois pas que ma proposition vous plaise.

- Dites toujours. » Grommela Elizabeth.

 

Un regard éloquent lui répondit et Elizabeth bafouilla en détournant les yeux de l’entrejambe que Barbossa lui désignait

«  C’est écœurant ! Je ne suis pas une putain !

- Mais vous sauriez me procurer beaucoup de chaleur en agissant ainsi.

- Et pendant ce temps je gèlerai ! S’exclama Elizabeth avec vivacité.

- Allons Elizabeth, je compte bien vous tenir aussi chaud que possible. »

 

La jeune femme se leva à la hâte et s’écarta.

«  Je me passerais de vos services Capitaine Barbossa.

- Quoi ?

- Ça veut dire non ! » Explosa Elizabeth en se pelotonnant dans un coin.

 

Quelques minutes plus tard, elle tremblait tellement de froid qu’elle ne protesta pas lorsque Barbossa se glissa contre elle. Dans la semi obscurité, le pirate glissa ses mains sur son ventre avant de les remonter fermement jusqu’à ses seins et de la caresser lentement

«  Allons Elizabeth, vous avez froid. » Murmura Barbossa.

Elizabeth soupira lourdement et se retourna vers lui.

«  Vous profitez de la situation.

- Comme vous profitez de moi pour vous réchauffer, »rétorqua Barbossa en se penchant pour lécher ses seins.

 

Un gémissement sifflant échappa à Elizabeth et son corps s’enflamma brutalement. Résignée, elle passa ses mains sur le torse noueux du pirate et entreprit de le caresser maladroitement. Lorsque, longtemps après, elle se pelotonna dans les bras du pirate, les cuisses humides de la semence qu’il avait répandu en elle, elle calma ses regrets en se disant qu’il n’y avait pas d’autres moyens d’avoir chaud au milieu de l’enfer de glace dans lequel les avait enfermé Pavlov…


Chapitre 5                                                                                                         Chapitre 7


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