Chapitre 18 : L'alinéa 44 du paragraphe 8 de l'article 59 du Code des pirates


Jack soupira lourdement et s’appuya contre le mur de la cabine. Il était perdu. Incapable de la tuer, incapable de l’oublier, incapable de lui résister. Voilà où en était le Grand Capitaine Sparrow. Il la haïssait de lui faire subir ça. A cause d’elle il ne savait plus ce qu’il désirait, l’esprit aussi embrumé par cette foutue catin que s’il avait été lui aussi sous les effets de l’opium qu’elle ingurgitait à tour de bras. Chacun de ses baisers étaient plus mortel que le précédent, chacune de ses étreintes lui donnait plus envie d’elle encore. Les femmes venaient toutes vers lui, il les séduisait sans efforts, se contentant de sourires et de vagues promesses qu’il ne tiendrait jamais. Pas Elizabeth Swann. Elle, il devait payer, la mériter ou lui donner de quoi assouvir ses besoins pour qu’elle pose ses yeux sur lui. Et encore…. Le plus humiliant était sans doute de savoir qu’avant de goûter à l’opium, chacun de ses gestes, chacun de ses actes, chacun de ses mensonges n’étaient que pour un seul homme. Will Turner. Un forgeron minable qui se serait fait tuer cent fois s’il n’était pas intervenu pour le sauver. Tout comme Elizabeth d’ailleurs. Mais bien sur elle serait morte plutôt que de voir son cher Will souffrir. Il avait tellement cru en elle, il avait tellement espéré voir en elle celle qui lui avait toujours manqué. Une femme comme lui. Sauf qu’elle n’était pas comme lui, elle était pire. Là où il prenait une pièce d’or elle prenait une vie. Elle était froide sans cœur, sans âme et sans scrupules avant, à cela venait s’ajouter maintenant sans fierté. L’espace d’un instant Jack se demanda jusqu’où il pourrait aller avec elle, jusqu’à quelle bassesse il pourrait la faire descendre. Serait-elle réellement prête à servir de catin à tout son équipage ? Tout ça pour sa foutue dose. Jack soupira. Il ne la donnerait pas à ses hommes. Rien que la pensée de l’un entre eux posant ses sales pattes sur elle le rendait malade. Pourtant elle n’était qu’une catin mais la posséder c’était un peu comme, comme posséder son Deadly Swan ! Après tout, elle en était la figure de proue alors la donner à ses hommes ça serait comme faire d’eux les capitaines. Ce qui était hors de question. Il tenait trop à son Swan pour le partager.

 

Une bouteille de rhum à la main, Jack avança sur le pont, sa main caressa rêveusement le bois sombre de la figure de proue. Il avait imaginé le visage d’Elizabeth dans l’extase, repoussant loin de lui l’idée que c’était Will qui une fois tous les dix ans pourrait caresser la peau de satin de la jolie Elizabeth. Puis, il avait appris qu’elle était morte. Et il avait dessiné sa proue. Pour qu’enfin elle soit à lui, non pas de chair comme il l’avait souvent fantasmé, mais de bois dur et immortel. Il aimait cette idée. Celle d’être le possesseur du Deadly Swan, c’était encore mieux que le Black Pearl. Sauf que cela ne l’était plus depuis qu’il était la risée de Singapour, enfin le Capitaine Smith, pour naviguer sous les couleurs d’une pute. Bien entendu Jack ne doutait pas que les hommes de Singapour oublieraient bientôt la Perle d’Occident. Ils oublieraient Lia à la faveur d’une autre beauté exotique qui leur dispenserait du plaisir. Alors pourquoi ne parvenait il pas à oublier Lizzie ?

 

Il s’était vautré dans d’autres lits après lui avoir dit adieu la dernière fois, non loin d’ici d’ailleurs. Il avait trouvé du plaisir dans bien d’autres étreintes, l’avait chassée de son esprit par l’assouvissement de ses désirs. Mais depuis qu’il l’avait goûtée il ne parvenait plus à s’en rassasier. A chaque nouveau fantasme réalisé, dix autres germaient dans son esprit. Toujours avec elle. Il avait cru que posséder son corps lui suffirait. Mais ça n’était pas le cas, alors il lui avait pris sa dignité et sa fichue fierté qu’elle avait toujours agités devant lui comme un mur invisible. Ça ne suffisait pas non plus. Il la voulait toute entière. Il voulait qu’elle le voit, qu’elle le regarde comme elle regardait son petit forgeron, qu’elle s’offre à lui non pour obtenir quelque chose en échange ou pour sauver Will ou parce qu’elle était une putain de garce de meurtrière de catin mais parce qu’elle le désirait. Non, le désir ne suffisait pas, il voulait …. Il voulait qu’elle…

 

Bonner posa la main sur son épaule, un large sourire aux lèvres, et pour une fois Jack l’accueillit avec soulagement.

« Comment vas-tu Jack ?

- J’ai connu pire. Grinça le pirate.

- Cette fille était délicieuse. Soupira Bonner.

- Tant mieux pour toi… Répondit Jack avec indifférence, sans se poser de questions sur la fille en question.

- Elle était furieuse après toi. Ça ne l’a rendue que plus ardente. »

Jack tourna la tête vers lui et réalisa au bout d’un moment qu’il parlait de Sathara. Il l’avait complètement oubliée. Si seulement il pouvait en faire autant avec Lizzie…

 

Une voix caverneuse, venant du quai le fit sursauter et sa bouche se tordit sous l’angoisse.

« Bugger. » Souffla-t-il.

Bonner, penché au bastingage, regarda l’homme vêtu d’une improbable livrée rouge, qui, une guitare à la main se préparait à monter.

« Maintenant c’est pire… Murmura Jack avec désespoir avant de se tourner, tout sourire, vers le nouvel arrivant. Teague que me vaut le plaisir de

- Qu’est-ce que tu fais ici Jackie ? »

Jack grimaça alors que Teague l’écartait d’un geste.

« Je suis venu pour … pour …

- Réclamer la place de Roi. » Souffla obligeamment Bonner.

 

Les mains de Teague se crispèrent sur sa guitare et un silence de mort plana soudain sur le pont du Swan.

« C’est contraire au Code. Le Roi est élu et seules certaines circonstances particulières peuvent engendrer un nouveau vote de son vivant.

- Précisément… Murmura Jack. Et quelles pourraient être ces circonstances particulières ?

- Rien qui puisse convenir dans ce moment présent. Dit Teague en observant le navire autour de lui. Beau bâtiment. Jolie figure de proue. Se moqua-t-il. Très révélateur de ce qui te préoccupe petit… »

Jack se crispa et se planta devant Teague.

« Je retire mon vote. C’était une erreur, je n’aurais pas dû voter pour elle ! »

Teague, une moue impatiente sur le visage, le fixa.

« Écoute bien petit. La seule manière pour toi de devenir Roi serait d’épouser la Reine. Ensuite il faudrait pour cela qu’elle ne soit plus en état d’assurer ses fonctions et alors l’alinéa 44 s’appliquerait et tu deviendrais Roi. »

Jack le regarda d’un air surpris avant de marmonner :

« Tu m’étonneras toujours…

- Un mariage … Ironisa Bonner. Quelle corvée ça va être… »

 

Jack lui lança un regard furieux auquel Bonner répondit avec grand sourire tandis que Teague arpentait le pont du Swan.

« Enfin encore faudrait-il qu’il y ait quelqu’un à épouser. Le Seigneur Swann a disparu depuis des mois. »

Bonner l’air de rien, sifflota.

« Bah on va bien finir par la retrouver. »

Jack réfléchit un long moment avant de se tourner vers son père.

«  Par plus en état tu veux dire quoi au juste ?

- Bah si quelque chose altérait son jugement. Mais au vu la dame je doute que ce soit possible… Elle fait un meilleur Roi que toi, pour une fois tu as fait le bon choix. »

 

Bonner et Jack s’entreregardèrent puis Jack soupira lourdement et se décida à dire la vérité, du moins en partie…

« Elizabeth est ici.

- Oui je m’en doute … Répondit Teague en se rengorgeant. Le forgeron n’a pas fait le poids. Et je l’ai vu tout de suite lorsqu’elle est entrée dans la salle du Conseil la première fois qu‘elle... »

Jack se crispa, agacé par son père. C’était véritablement une mauvaise idée.

« Bref donc si Lizzie n’était plus en état et que j’étais son mari. Je deviendrais Roi de la Confrérie.

- Selon l’alinéa 44 du paragraphe 8 de l’article 59 du Code de Morgan et Bartholomew, oui. »

Jack sourit franchement cette fois et commença à avancer vers sa cabine.

« Ce fut un plaisir d’avoir vu ta face de furoncle Teague.

- Partagé Jack. Déclara Teague sans bouger.

- Il se fait tard. Insista Jack. »

Teague soupira et ramassa sa guitare d’un air nonchalant.

« Tu sais où me trouver… »

 

()()

 

Jack entra dans sa cabine sans faire de bruit et découvrit Elizabeth voluptueusement allongée sur le lit, les mains crispées sur le flacon de laudanum et les pupilles dilatées comme jamais. Le pirate serra les dents de rage en la voyant ainsi. Foutue catin droguée… Enfin, elle serait plus malléable ainsi.

« Debout. » Ordonna Jack d’un ton sec.

Elizabeth, le regard vague, lui sourit d’un air perdu et tenta de se lever tandis que Jack lui jetait une vieille robe oubliée dans un coin.

« Met ça. »

Les doigts tremblants, Elizabeth passa le vêtement sans sourciller et Jack soupira douloureusement. Même ainsi, même avec un vêtement beaucoup trop grand pour elle d’une couleur rose absolument immonde, elle était belle. Jack hésita puis croisa le regard d’Elizabeth qui déjà déviait vers le laudanum et d’un geste rapide il s’empara de la bouteille pour la mettre hors de sa portée.

« Pas maintenant. Avant j’ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.  Ensuite tu pourras t’en gaver tant que tu voudras. » Grinça-t-il d’un ton méprisant.

 

Elizabeth leva des yeux dévorés par l’angoisse sur lui avant d’avancer d’un air résigné. Lentement, elle tomba à genoux, ses doigts défirent la ceinture de Jack qui poussa un soupir rauque. Elle venait vers lui pour le laudanum comme la foutue catin qu’elle était. Sans douceur il la releva et la regarda d’un air haineux, s’efforçant de ne pas penser à sa bouche tiède se refermant sur lui, à ses petits soupirs, son corps…

« Non sale pute. Ce que je veux c’est récupérer le titre de Roi de la Confrérie. Les pirates ne peuvent pas avoir une catin de ton espèce à leur tête. A moins qu’ils ne veuillent tuer leurs ennemis pendant qu’une putain s’occupe d’eux. »

Elizabeth rougit légèrement à ses paroles et les larmes montèrent à ses paupières en réalisant à quel point il avait raison.

«  Je voterais pour toi. »

 

Jack, agacé, la regarda.

« Elle votera pour moi. Singea-t-il. Sauf que le Roi est élu jusqu’à la mort ! »

Elizabeth tremblante, le regarda. Le moment de sa vengeance était donc venu. Il allait la tuer, comme elle l’avait fait quelques mois plus tôt, elle allait retrouver Will et son père, et James. Tous morts à cause d’elle.

« Je ne vais pas te tuer. Même si ce n’est pas l’envie qui me manque d’écraser ta sale petite tête de menteuse perverse jusqu’à ce que tu en crèves. » Précisa Jack.

Elizabeth complètement sonnée, le regarda à nouveau sans comprendre.

« En fait le seul moyen pour moi de devenir Roi est de t’épouser. » Pesta Jack.

 

Elizabeth sourit vaguement à ces mots. L’épouser ? Jack avait bien dit qu’il voulait l’épouser ! Mais pour devenir Roi bien sur, songea-t-elle avec tristesse. Pour lui reprendre la place qu’il lui avait offerte. Elle était bien placée pour savoir que le mariage était rarement d’amour.

« Donc en tant que Capitaine de ce navire, je vais procéder au mariage ici sur le champ dans cette cabine ! Continua Jack. Je sais que cette idée te fait horreur autant qu’à moi mais va falloir te forcer trésor. Tu n’auras qu’à dire oui quand je te le dirais. »

Elizabeth serra les lèvres et hocha la tête, son esprit la ramenant vers la première demande en mariage de Jack. Avant qu’elle le tue. Il l’aimait un peu alors, du moins il ne la haïssait pas. Jack se précipita vers la porte et l’ouvrit d’un coup sec.

« Il faut un témoin et je ne compte pas t’exhiber à l’équipage, j’ai pas envie qu’on sache que j’épouse une catin même si ce n’est que par intérêt. BONNER, fils de chien, ramène tes fesses ! »

 

Bonner entra dans la cabine au pas de course et les regarda avec curiosité. Il détailla enfin cette Elizabeth Swann Turner qui rendait son capitaine encore plus fou qu’il ne l’était. Jack ne lui laissa pas le temps de s’appesantir

« Bonner tu es témoin. »

Bonner le regarda avec ironie.

«  Je vois, tu n’as pas traîné pour te décider Jack.

- Bien en tant que Capitaine de ce navire blabla j’ai le pouvoir de célébrer des mariages blabla. Elizabeth Swann acceptes tu de me prendre comme époux dans la richesse et la pauvreté, la santé et la maladie et tout le reste. » Abrégea Jack avec impatience.

Elizabeth ne bougea pas, elle se mordit les lèvres devant sa froideur tandis que Bonner la dévisageait avec attention. Jack l’agrippa par le bras et serra le plus fort qu’il pouvait. Maudite putain ! Là encore elle le refusait !

« Dépêche de dire oui. Siffla-t-il entre ses dents. C’est pas si dur et c’est pas comme si tu n’avais pas l’habitude de te vendre ! »

Elizabeth soupira tristement, elle songea qu’elle avait souvent rêvé à ce moment, fantasmé que Jack Sparrow, le Capitaine Jack Sparrow lui pardonne assez pour venir vers elle, pour lui faire sentir qu’il la voulait encore. Et une fois de plus ce qu’elle avait rêvé s’écroulait.

« Oui. » Murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

 

 

A ses côtés, Jack siffla entre ses dents. Elle avait dit oui, mais à regrets, à contre cœur, comme toujours quand il s’agissait de lui. Elle avait à peine murmuré son accord lorsqu’elle l’avait crié pour son foutu William. Mais ce n’était pas important. Après tout il ne l’épousait que pour être Roi. Rien d’autre.

« Bien. Alors moi Jack Sparrow capitaine de ce navire, j’accepte de te prendre comme épouse et de faire de toi ma catin personnelle jusqu’à ce que quelqu’un abrège mon supplice. Je dis oui, je suis d’accord blabla … »

Bonner soupira et secoua la tête d’un air désapprobateur vers Jack tandis que les larmes coulaient librement sur les joues d’Elizabeth. Chaque mot lui faisait plus mal que le précédent. Seul à arborer un sourire satisfait, Jack la relâcha et se tourna vers son second.

« Voilà tu es témoin, on est mariés et elle est pas capable d’être Roi… »

 

Bonner soupira.

« Oui, j’ai vu Jack…

- Pas la peine de me féliciter, c’est inutile de le faire pour avoir épousé une catin. » Continua Jack.

Bonner se crispa en voyant la bouche d’Elizabeth se tordre tandis que le regard affolé de la jeune femme se posait sur le laudanum.

« Enfin Jack tu oublies quelque chose. » Ne put-il s’empêcher de dire.

Jack, qui s’apprêtait à sortir, se retourna et affecta l’air songeur.

« Non. Elle a dit oui, j’ai dit oui. Elle et moi on est mariés pour le pire. CQFD. Oh mais oui tu as raison ! Il manque la bague. Se moqua Jack en en enlevant une de ses doigts avant de la lancer par terre. Voilà. Prend le comme un paiement trésor. » Grinça-t-il à l’adresse d’Elizabeth.

 

Elizabeth resta sans bouger, son regard se fixa brièvement sur l’anneau à ses pieds. Même à présent il la haïssait. Quoiqu’elle fasse, il la mépriserait. Bonner la regarda une nouvelle fois et son cœur se serra de pitié tandis que Jack traversait la pièce et ramassait la bague.

« Bien sur tu n’en veux pas hein !!! Pourtant c’est plus que ce que ton stupide Will t’a donné !!! » Cria-t-il en lui passant l’anneau beaucoup trop large au doigt.

Bonner soupira. Jack était beaucoup trop en colère pour être aussi indifférent qu’il le prétendait.

« Je ne parlais pas de ça Jack.

- T’es un expert en mariages toi ? Première nouvelle !

- Non mais je dis juste que pour que le mariage soit valide, le marié doit embrasser la mariée. »

 

Jack s’immobilisa net et sentit son cœur battre plus vite tandis qu’Elizabeth baissait la tête.

« Tu dis vrai. Murmura Jack en se penchant sur elle. Allez Madame Sparrow, un effort ce n’est que votre bouche que je réclame. Elle en a vu d’autres. » Ne put-il s’empêcher d’ajouter, fou de rage à la pensée de Marco.

Elizabeth soupira alors que la bouche de Jack s’écrasait sur la sienne et la prenait brutalement. Le bras autour de sa taille se raffermit tandis que Jack l’attirait contre lui, sa langue força le barrage de ses lèvres et son autre main vint se poser sur sa nuque, glissant dans ses longs cheveux cendrés. Avec un gémissement, Elizabeth posa ses mains sur sa taille et répondit à son baiser. Elle savait que c’était un leurre, que ce n’était pas un vrai mariage, du moins pas comme elle l’aurait voulu mais elle s’en moquait. Le temps d’un baiser, le temps d’une étreinte elle pouvait croire qu’il l’aimait. La peine reviendrait bien assez tôt.

 

Bonner s’écarta silencieusement, le cœur serré. Il savait déjà que Jack était fou, du moins en partie mais pas qu’il était aveugle. Cette fille était amoureuse de lui ou alors c’était la meilleure comédienne qu’il ait jamais vu.

 

Jack glissa ses mains le long de la robe rose qu’elle portait et défit en tremblant les lacets qui la retenaient avant de la forcer à reculer vers le lit. Elle était douce. Elle était à lui. Même si elle ne le voulait pas elle n’était plus Elizabeth Turner mais Elizabeth Sparrow. Sa Lizzie. Elizabeth soupira de plaisir en sentant ses mains chaudes le long de son dos nu pendant que Bonner sortait silencieusement. Il en avait assez vu.

 

Jack rompit leur baiser, il croisa le regard dilaté d’Elizabeth et posa ses mains sur son torse.

«  Je veux la spéciale cette nuit. Je ne me contenterai pas de ce que tu donnes habituellement aux autres. Souffla-t-il avec acrimonie. Je suis ton mari à présent… » Ne put-il se retenir d’ajouter, savourant le mot dans sa bouche.

Il adorait cette idée. Celle que, malgré tout, malgré elle-même, elle soit à lui.

Elizabeth se pencha sur lui, elle effleura son torse en tremblant et sa bouche glissa le long de la peau tendue de son ventre. Ses doigts habiles défirent sa ceinture et elle referma sa bouche sur son gland. Elle savait qu’il aimait ça. Et lorsqu’il aimait ce qu’elle faisait, elle arrivait presque à se convaincre que c’était elle qu’il aimait. Jack soupira longuement alors qu’il poussait légèrement dans sa bouche et savourait la caresse de sa langue sur lui.

« Comme ça… » Râla-t-il sans pouvoir se retenir.

 

Il baissa les yeux sur elle et gémit une nouvelle fois sans retenue. Il aimait la voir ainsi, les yeux mi-clos, alors qu’elle lui donnait enfin le plaisir qu’elle lui avait si longtemps refusé. Les mains d’Elizabeth se crispèrent sur ses hanches alors que sa langue continuait sa danse sur son sexe durci. Jack soupira à nouveau et oublia à quel point il la détestait, à quel point elle le faisait souffrir.

« Viens sur moi… » Gémit il à nouveau.

Parce que ce n’était pas suffisant, il en voulait encore, il en voulait plus.

 

Elizabeth soupira alors qu’elle s’asseyait sur lui et retrouvait avec plaisir la sensation de le sentir en elle. Lentement, ses hanches commencèrent à onduler tandis que Jack posait ses mains sur ses hanches, la guidant avant de remonter sur sa poitrine pour la caresser. Elizabeth gémit en réponse. Elle était bien ainsi. Elle aurait voulu que ce moment ne finisse jamais. Se mordant les lèvres pour étouffer son cri elle jouît et Jack leva les yeux vers elle, le cœur battant à tout rompre en voyant son visage renversé dans l'extase tandis que sur lui son corps tremblait de plaisir. Elle était encore plus désirable ainsi, plus sensuelle. Il la voulait. Encore. Toujours. Avec un cri de frustration, il se lâcha à son tour tandis qu’elle s’abattait sur lui dans un dernier soupir. Il la serra doucement contre lui et savoura de sentir son souffle contre sa peau, ses cheveux blonds qui lui chatouillaient le visage. Le cœur battant à tout rompre, Elizabeth se serra contre lui, savourant la chaleur de ses bras et son silence qui lui permettait de prolonger un peu l’illusion du bonheur. Jack ferma les yeux et se laissa glisser dans le sommeil. Juste un peu, juste la croire encore sienne quelques instants. Peut-être qu’ainsi il l’oublierait enfin.

 

()()

 

De longues heures plus tard, Jack se leva et glissa son regard sur la forme endormie à ses côtés. Sa femme. Sa Lizzie. Son visage était paisible lorsqu’elle dormait ainsi. Jack sourit et passa une main dans ses cheveux, s’étonnant une fois de plus de la chaleur de son corps. Sûrement un des effets du laudanum songea-t-il, se rappelant du même coup les raisons pour lesquelles elle avait accepté de l’épouser. Crispé il écarta sa main et soupira tristement en voyant l’anneau qu’il lui avait passé sur le drap. Bien sûr elle ne l’avait pas gardé. Elle ne voulait pas de lui. Jamais. Et pour elle, donner son corps ne signifiait rien, elle l’avait tellement marchandé. Ce mariage non plus ne voulait rien dire… Pour elle.

 

Furieux après lui-même, Jack s’écarta d’elle et la maudit d’être aussi désirable alors qu’elle ne le regardait pas. Silencieusement il se rhabilla et sortit de la chambre. Il était temps pour lui de devenir Roi. Après tout c’était la seule raison qui l’avait poussé à l’épouser.

 

()()

 

Bonner regarda Jack approcher et soupira devant l’air mauvais du pirate.

« La nuit a été bonne ? »

Jack sourit d’un air vicieux.

« C’est sans doute la seule qualité qu’on puisse reconnaître à cette catin, elle sait satisfaire un homme. Dommage que j’ai été obligé de l’épouser pour récupérer la place de Roi. Je ne pourrais plus la remettre dans un bordel après ça. Cette pute serait capable de dire qu’elle est ma femme. »

Bonner sourit légèrement.

« Comme si c’était ce que tu prévoyais de faire… »

Jack frémit et le plaqua contre le bastingage.

« Monsieur Bonner, il me semble qu’en tant que second de ce navire vous prenez un peu trop de liberté.

- Vraiment ? Demanda nonchalamment Bonner. Pourtant je ne parlais pas en tant que second.

- Mais moi je suis ton Capitaine. Précisa Jack, agacé. Alors tu vas envoyer un des hommes à la Salle du Conseil pour que le Capitaine Teague se ramène.

- Je présente les choses comme ça ou j’enjolive ? » Demanda Bonner avec un sourire.

 

Avec un soupir rageur, Jack le lâcha, stressé à l’idée de devoir faire appel à Teague. Mais il n’avait pas le choix, seul le Gardien du Code pouvait faire de lui le nouveau Roi. Après tout c’était tout ce qui l’intéressait et qui l’avait poussé à épouser cette foutue meurtrière.

« Fait comme tu veux ! Je serais dans ma cabine.

- Évidemment. » Se moqua Bonner avant de détaler, mieux valait ne pas trop tenter la chance.


Chapitre 17                                                                                                      Chapitre 19


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