Chapitre 19 : Emerveillement


Deux mois plus tard,

 

Rassemblant les jupons impressionnants de sa robe qui dissimulaient en partie l'avancement de sa grossesse, Elizabeth se hissa dans le carrosse qui l'attendait. Déjà installé, Beckett lui adressa un sourire satisfait.

« Vous êtes éblouissante ma chère Lady Beckett. »

La jeune femme lui renvoya un regard maussade.

« Il est indécent de paraître en public lorsqu'on est si avancée dans sa grossesse. Ragea-t-elle.

- L'envoyé du Roi a insisté pour voir ma femme, lui rétorqua Beckett avec nonchalance. Quant à la pudeur et la décence, il semble que vous êtes fort mal placée pour reprocher à quiconque leur absence. »

 

Elizabeth grimaça.

« Je croyais que c'était vous l'envoyé du Roi.

- Hélas, j'ai encore des supérieurs, mais j'espère m'en débarrasser rapidement.

- Tout comme je prie chaque jour pour être débarrassée de vous. »

Beckett inspira longuement et sourit froidement.

« Allons ma chère, c'est l'affaire de quelques mois si toutefois vous portez un mâle.

- Vous êtes grossier, ragea Elizabeth.

- Votre désagréable influence ma chère, répondit calmement Beckett.

- Dans ce cas, il est regrettable que vous ne soyez pas plus influencé par la charité et la décence, cracha Elizabeth.

- Seigneur parlez-vous de vous ? fit mine de s'étonner Beckett. Je ne doute pas de votre charité, après tout n'êtes-vous pas prête à offrir votre corps à Turner, Sparrow et je ne sais combien d'autres pirates… Mais cela est incompatible avec la décence dont vous targuez. »

Elizabeth serra les poings, furieuse.

« Allons Elizabeth, soyez sage ce soir. » sourit Beckett en glissant sa main sur sa cuisse.

 

La jeune femme grimaça. Des mois que cela durait. Depuis la libération des hommes du Pearl, Beckett visitait sans relâche sa chambre. Chaque nuit était le prétexte à de nouvelles étreintes qu'ils se jetaient au visage le jour. Elle le haïssait de plus en plus.

« A quoi pensez-vous ?

- Que je vous hais.

- Vous ne sembliez pas si froide la nuit dernière… »

Elizabeth lui lança un regard noir à ce rappel de la trahison de son corps et Beckett sourit.

« Vous allez faire des merveilles ce soir, même si la plupart des imbéciles que nous allons rencontrer le sont hélas trop pour apprécier votre esprit.

- Oh dans ce cas, si vous les jugez stupides, j'imagine que sont des personnes bonnes et honnêtes, tout le contraire de vous.

- Et de vous.» répondit calmement Beckett.

Elizabeth ouvrit la bouche pour rétorquer mais la portière s'ouvrit sur un laquais. Ils étaient arrivés.

 

()()

 

La main sur le bras de Beckett, Elizabeth adressa un sourire à l'envoyé du Roi. Ce dernier se tourna vers Beckett.

« Diantre Cutler, lorsque j'ai appris votre mariage avec une indigène, j'ai cru que vous vous étiez fourvoyé, mais celle-ci semble de la plus belle race.»

Suffoquée, Elizabeth écarquilla les yeux mais Beckett lui coupa l'herbe sous le pied.

« Elizabeth est la fille d'un des plus loyaux sujets du Roi. Quant au fait qu'elle ait grandi dans notre belle ville de Port Royal, je n'y vois que des avantages. Au moins n'est-elle pas le fruit d'un adultère ou de je ne sais quel inceste comme la plupart de nos roses anglaises. A ce propos, nous n'avons pas encore eu la chance de saluer votre charmante épouse. »

 

Elizabeth ne put retenir un sourire devant l'insulte à peine déguisée. L'envoyé du Roi se crispa.

« Charlotte est indisposée. Elle n'a pu faire le voyage.

- Vous m'en voyez navré », répondit mielleusement Beckett.

A cet instant, une jeune femme saisit l'envoyé par le bras.

« Venez donc mon cher, Lord Alwrit souhaite vous parler », minauda-t-elle.

Elizabeth inclina la tête tandis que l'homme les abandonnait.

« Sa fille est fort jolie.»

Beckett ricana.

« Sa fille ? Allons Elizabeth ne soyez pas si naïve, elle en a l'âge mais ne l'est pas. Elle est sa maîtresse depuis qu'elle a seize ans. »

Choquée, Elizabeth se tourna vers lui et Beckett sourit.

« Enfin ma chère vous n'imaginiez tout de même pas être la seule catin d'Angleterre ? »

 

()()

 

Assise au milieu d'un groupe de femmes pour la plupart venues d'Angleterre, Elizabeth s'éventait nerveusement tout en buvant son vin. Même si elle ne l'admettrait jamais devant lui, elle devait avouer que Beckett avait raison. Ces femmes étaient des sottes. Elizabeth réprima un bâillement et se pencha vers sa voisine de droite.

« Lord Cummings est ridicule… Je plains cette pauvre Charlotte.

- On raconte qu'il ne réussit pas à la satisfaire », souffla une autre des pérores.

Elizabeth leva les yeux au ciel et se forçait à prendre l'air intéressé lorsqu'une voix jeune retentit.

« Pas comme ce Lord Beckett, mon amie Athénais qui l'a bien connu prétend qu'il n'y a pas meilleur étalon dans toute l'Angleterre. »

Elizabeth se sentit rougir tandis que les femmes se penchaient.

« J'ai peine à croire qu'un homme si petit puisse avoir assez de vigueur. Ricana la voisine d'Elizabeth.

- Oh détrompez-vous, on raconte qu'aucune de ses maitresses n'a pu le voir partir sans le regretter !

- Quoi ? Cet homme si froid, seigneur, je préférerai mourir plutôt que de le subir !

- N'empêche, on le dit fort vigoureux et appliqué.

- Fi donc, j'ai entendu moi qu'il préférait les hommes aux femmes. » Intervint une troisième femme.

 

Les femmes rirent d'un même mouvement et Elizabeth les fixa, outrée. A cet instant, Violine Jovit, la maîtresse de maison, se tourna vers elle.

« Et bien mesdames, nous avons la chance d'avoir ce soir parmi nous Lady Beckett, sans doute pourra t'elle nous éclairer sur la nature de son époux. »

Elizabeth rougit en sentant les regards la détailler. Celle qui avait vanté les qualités d'amant de Beckett désigna son ventre.

« On dirait qu'il aime les femmes.

- Ou que cette charmante dame est pourvue d'un amant. »Ricana l'autre.

Outrée, Elizabeth la toisa.

« Je suis navrée mesdames mais je n'ai pas la moindre intention de répondre à vos questions déplacées. »

Une vague d'hostilité déferla sur elle et Elizabeth serra les poings. Violine rit futilement.

« Qu'à cela ne tienne Elizabeth. »

 

Elizabeth fronça les sourcils et Violine lui jeta un regard hostile tout en faisant signe à une bonne d'approcher.

« Vous connaissez ma nouvelle domestique je crois ? »

Elizabeth se retourna et blêmit en reconnaissant la jeune bonne qui avait partagé le lit de Beckett.

« Madame. » la salua cette dernière avec effronterie.

Le regard luisant de joie mauvaise, Violine se tourna vers la société suspendue à ses lèvres, flairant le ragot.

« Annie ma fille, il semble que vous connaissiez Lord Beckett.

- Oh oui m'dame.

- Et bien éclairez nous ma fille ! Est-il si …. Gourmand qu'on le raconte ? »

Ulcérée, Elizabeth se leva avec fracas sans se soucier des remous que provoquaient sa sortie et se jeta dans la première pièce inoccupée qu'elle trouva.

 

Elle y était depuis plusieurs minutes, remâchant sa colère, lorsque la porte s'ouvrit.

« Il me semblait que nous avions un accord. Vous deviez vous comporter normalement. » Lui lança Beckett.

Bouleversée, Elizabeth sentit des larmes déborder de ses yeux.

« Notre accord ne prévoyait pas que je sois insultée !

- Ma chère si ces femmes ont reconnus en vous une catin je ne peux les blâmer. » Rétorqua Beckett.

Furieuse, Elizabeth avança d'un pas.

« Cette fois c'est vous qui êtes naïf ! Depuis que je suis arrivée, il me faut supporter le récit de vos aventures passées et les questions de ces dames sur votre virilité, cracha-t-elle. Et comme je refusais de répondre, Lady Jovit a fait venir cette domestique que j'ai renvoyée ! »

Beckett ne put retenir un rire.

« Allons ma chère vous vous en moquez, vous me l'avez assez répété... »

Elizabeth ne répondit pas, bouleversée. Beckett haussa le sourcil et s'approcha d'elle.

« Elizabeth ?

- Elles ont dit que vous préfériez les hommes !

- Et vous êtes outrée ? Je suis touché que mon honneur vous tienne autant à cœur. » Ironisa Beckett.

 

Elizabeth secoua la tête. La jeune femme le fixa, désemparée de sentir des larmes affleurer ses cils.

« Elizabeth… » Murmura Beckett.

Les mains du Lord emprisonnèrent la taille de la jeune femme et elle détourna le visage.

« Laissez-moi.

- Dans votre état ? Sûrement pas. » Souffla Beckett avant de l'embrasser dans le cou.

Elizabeth ferma les yeux. Elle avait trop bu. Il n'y avait pas d'autre explication pour justifier sa peine. Les lèvres de Beckett glissèrent jusqu'à son épaule et elle sentit ses doigts défaire sa robe.

« Que faites-vous ? »

Beckett ne répondit pas et la poussa vers le bureau. Il l'assit et souleva ses jupons avant de se presser contre elle.

« Je vous soulage. » souffla t'il en s'enfonçant en elle.

Elizabeth gémit et agrippa nerveusement ses épaules.

« C'est indécent, râla-t-elle.

- Raison de plus pour que ça vous plaise… »Répondit-il en caressant sa poitrine gonflée à travers le tissu de sa robe.

Elizabeth le fixa et poussa un cri de plaisir. Beckett sourit froidement et s'enfonça plus avant. Elizabeth gémit, elle ne savait plus où elle était.

« Encore.» s'entendit-elle supplier.

Beckett se mordit les lèvres et la prit plus profondément.

« Dites le… »

A bout de plaisir, Elizabeth le regarda.

« Dites que vous me voulez ! »

 

La jeune femme gémit et alors qu'elle ouvrait la bouche, la porte s'ouvrit sur eux.

« Seigneur ! Voilà qui tranche la question ! » S’exclama Violine en se tournant vers le groupe de femmes qui l'accompagnait.

Elizabeth poussa un gémissement et Beckett se retira avec nonchalance.

« Laquelle madame ? »

Violine blêmit.

« Et bien… Commença-t-elle.

- Lady Beckett est fatiguée, nous allons nous retirer. » Embraya t'il sans lui laisser le temps de répondre.

Morte de honte, Elizabeth le laissa la relever et sa main se posa sur son bras, tremblante.

 

()()

 

Beckett s'alluma une cigarette et regarda Elizabeth alors que le carrosse s'animait.

« Avez-vous perdu votre langue ? »

Révoltée, la jeune femme le toisa.

« Vous vous êtes servi de moi. Vous saviez qu'elles entreraient.

- Bien sûr que je le savais, reconnut Beckett avec flegme.

- Vous m'humiliez !

- Non ma chère. Si cela avait été mon but je me serais fait surprendre avec une domestique. »

Troublée, Elizabeth le fixa.

« Quoi ?

- A cette heure, ces femmes ne doutent plus de ma virilité et de plus elles vous envient de retenir un homme tel que moi, même grosse.

- Ce n'est pas une chance !

- Dois-je en conclure que la domestique vous aurait plus convenu ? »

Elizabeth se mordit les lèvres. Elle ne savait quoi répondre. Sa raison lui dictait de crier oui mais elle n'y arrivait pas.

 

La voiture s'immobilisa et Beckett sourit.

« Continuons cette conversation dans votre chambre. »Suggéra-t-il en lui tendant la main

Elizabeth la prit en tremblant et il la baisa lentement.

« Je respecte nos accords, faites en de même Elizabeth. »

 

Le lendemain

 

Encore étourdie de la nuit qu'elle venait de vivre, Elizabeth posa la main sur son ventre. Elle se sentait mal. Elle frissonna avant de sentir un mouvement sous ses doigts. Emerveillée, elle retint son souffle et le mouvement repris.

Son enfant bougeait. Il était vivant. Eperdue de bonheur, Elizabeth secoua Beckett.

« Il est un peu tôt, ironisa le lord, même pour vous.

- Il bouge. Votre bébé. » Souffla Elizabeth en plaquant sa main sur son ventre.

Brusquement réveillé, Beckett sourit.

« Notre enfant.

- C'est un garçon, j'en suis sure. » Se réjouit Elizabeth.

La main de Beckett se crispa sur son ventre.

« Je vois. » déclara t'il en retirant sa main.

 

Inconsciente de la colère du lord, Elizabeth poursuivit.

« Il est vigoureux… »

Beckett se tourna vers elle.

« Je vois que vous ne perdez pas de vue vos

- Cutler, c'est si merveilleux. » le coupa Elizabeth.

Beckett sursauta et la toisa. Elizabeth lui renvoya un sourire heureux et il soupira. C'était la première fois qu'elle utilisait son prénom sans qu’il la force à le faire.

« Elizabeth », souffla t'il.

Sa main se posa sur le ventre de la jeune femme. Leurs regards se croisèrent et Elizabeth sourit. Beckett remonta sa main sur la poitrine de la jeune femme et elle se pressa contre lui.

 

Surpris, Beckett la fixa sans rien dire tandis qu'elle glissait sa main jusqu'à son ventre.

« Il bouge. » répéta-t-elle.

Un coup léger les interrompit et Beckett se crispa.

« Pas maintenant, ordonna t'il.

- Lord Beckett, c'est que l'envoyé du Roi est ici et souhaiterait vous voir. »

Elizabeth recula et Beckett pesta entre ses dents.

« Vous devriez y aller. »lui lança la jeune femme d'un ton distant.

Le lord grimaça et se leva.

« Je reviendrais vous voir dès qu'il sera parti ce qui ne devrait pas être long.

- Inutile, répondit Elizabeth. J'ai déjà suffisamment la nausée comme ça. »

Le regard de Beckett se durcit et il se dirigea vers la porte. Assise dans son lit, Elizabeth sursauta en l'entendant claquer.

 

Plus tard,

 

Confortablement installée dans des coussins moelleux, Elizabeth rêvassait, les mains sur son ventre quand Beckett pénétra dans la pièce.

« Vous voilà déjà ? Quel dommage, j'avais espéré que vous seriez absent toute la journée, lui lança Elizabeth.

- Navré de vous décevoir ma chère mais je ne compte pas vous laisser passer votre journée à rêvasser à votre imbécile de Turner. »

Elizabeth leva les yeux et s'apprêtait à répondre vertement lorsqu'elle se souvint du jour qu'il était.

 

Surpris par son silence, Beckett se retourna.

« Qu'avez-vous ? Vous sentez vous mal ? »

Elizabeth ne répondit pas, les yeux fixés sur la pendule. Il était quinze heures. Et elle avait oublié que ce matin elle devait voir Will…

« Elizabeth ! Répondez ! »

La jeune femme cligna des yeux et se leva.

« C'est mon jour de visite, déclara-t-elle.

- Je le sais, répondit froidement Beckett. Je suppose que vous aviez projeté de passer votre journée à ressasser les serments minables que vous avez échangés ce matin. A moins que vous songiez à Sparrow…

- J'ai oublié, le coupa Elizabeth d'une voix blanche.

- Quoi ?

- Je n'y suis pas allée, je me sentais trop mal, je, » tenta de se rattraper Elizabeth.

 

Trop tard, Beckett avait déjà compris et ne put retenir un rire sardonique.

« Vous êtes réellement pleine de surprises ma chère moi qui pensais que vous passiez votre temps à vous gorger de rêveries ineptes où Turner vous emmène sur son beau cheval blanc. »

Elizabeth lui jeta un regard noir et Beckett poursuivit.

« C'est donc que vous pensez à quelqu'un d'autre… J'imagine que vous devez être lasse de penser à des hommes qui ne peuvent pas vous toucher. Alors quelle fange a touché votre cœur ? Un laquais ? Non, un laquais est trop bien éduqué pour vous plaire. Que dites-vous du palefrenier ? Il sent la crasse des chevaux. Est-ce cela Elizabeth ? Ou dois-je chercher plus sale encore ? Un mendiant ?

- TAISEZ-VOUS ! Hurla Elizabeth.

- Allons Lady Beckett ne vous mettez pas dans un tel état. Pour ma part je me moque de vos émois. Ironisa Beckett. Du moins tant que vous respectez la clause de fidélité de notre contrat.» ajouta t'il durement.

 

Elizabeth le fixa avec dégout.

« Oh rassurez-vous Lord Beckett, aucune femme ne peut encore éprouver de désir après vous avoir subi toute une nuit. »

Beckett sourit.

« Vous m'en voyez flatté ma chère, j'ignorais que je vous comblais si pleinement.

- Oh ! » Explosa Elizabeth, furieuse.

Beckett s'approcha d'elle et se pencha sur sa nuque.

« Allons Elizabeth, ne pleurez pas, je suis d'excellente humeur et je n'ai pas envie que vous gâchiez mon plaisir. Mr Mercer va vous accompagner voir votre petit forgeron. »

Elizabeth le regarda, surprise et Beckett tiqua.

« Inutile de me remercier avec autant de chaleur, ironisa t'il. Je ne fais que respecter notre contrat.

 

()()

 

Will secoua les barreaux et se tourna vers ses trois compagnons.

« Nous devons sortir d'ici. » décida t'il.

Affalé sur sol, une bouteille de rhum à la main, Jack hoqueta.

« Je ne vois pas pourquoi, après tout on a encore du rhum et les filles envoyées par Beckett la nuit dernière étaient particulièrement vicieuses. »

James et Gibbs échangèrent un regard à cette mention et Gibbs s'approcha de l'ancien officier.

« Je m'inquiète pour le capitaine, murmura t'il. Il n'est pas dans son état normal.

- Bien sûr que si, il est ivre, » rétorqua James.

 

Will poussa un cri de rage et commença à fouiller la cellule sous les regards indifférents des trois autres, habitués à ce genre de scène.

« Il a appelé la fille Lizzie, murmura Gibbs. Je l'ai entendu. Et si le capitaine Jack ne va pas bien…. »

James haussa les épaules et Jack reprit d'un ton pâteux.

« J'aurais pu m'enfuir vous savez. Sur le bateau, j'aurais dû le faire mais je suis comporté de manière stupide » lâcha-t-il avant de s'octroyer une nouvelle lampée.

Will saisit l'occasion et se précipita vers lui.

« Justement, enfuyons nous ! Elizabeth n'est pas venue, Beckett lui a surement fait quelque chose ! On doit la sauver ! »

Jack ricana.

« Ca c'est sûr mon gars, Beckett lui a si bien fait quelque chose que la donzelle est trop occupée pour venir. »

Will blêmit.

« Je te défends de dire ça, Elizabeth est, elle est…

- Là, » coupa Jack en se levant avec difficulté pour avancer vers les barreaux.

 

Le visage de Will s'éclaira et il se précipita vers la jeune femme, évitant de regarder son ventre rebondi.

« Je suis désolée Will, murmura Elizabeth, les larmes aux yeux. Ce matin, je, c'est le bébé il

- Peu importe tu es là », la coupa Will en agrippant ses doigts.

Jack s'assombrit un peu plus et son regard croisa celui d'Elizabeth. La jeune femme rougit et baissa les yeux.

« Le médecin dit que ce ne devrait plus être long. Quelques mois.

- Je suis tellement désolé que tu doives subir ça », souffla Will en tentant de lui caresser la joue.

Elizabeth sourit tristement et Will reprit.

« Et le bébé ? Il va bien ? » Demanda-t-il avec un effort visible.

Le visage d'Elizabeth s'éclaira brusquement et Jack grimaça.

« Oui, ce matin il a bougé pour la première fois !

- Ah oui ? Se força à répondre Will.

- Oui ! Nous étions encore au lit et d'un coup il a commencé à bouger. » Raconta Elizabeth d'une voix émerveillée.

La main de Will se crispa dans la sienne.

« Vous étiez encore au lit… » Répéta t'il.

Elizabeth baissa la tête et se mordit les lèvres.

« Tu sais qu'il ne représente rien pour moi.

- Mais tu étais au lit avec lui », ragea Will d'une voix enrouée.

Elizabeth se redressa.

« Qu'est-ce que tu crois ? Qu'il me laisse le choix ? Au lieu de me faire des reproches tu devrais songer que sans ça nous serions tous morts ! Alors non je n'ai pas honte, ragea t'elle en relevant le menton. Et tant pis si tu ne le comprends pas.

- Trésor, nous savons tous à quel point c'est difficile, » lui lança Jack.

Le visage d'Elizabeth se troubla en percevant l'ironie du pirate.

« Oh Jack…. Pas vous aussi. » Murmura-t-elle.

Jack se crispa et s'approcha. Leurs yeux se croisèrent et il soupira.

« Je suis désolé Lizzie, que vous deviez assumer ça. »

 

La jeune femme déglutit et Will se tourna vers Jack

« A cause de toi ! C'est ta faute si nous en sommes là.

- Et c'est reparti, maugréa Jack.

- C'est vrai ! Si tu n'avais pas été aussi égoïste, Elizabeth n'aurait pas été forcée de s'offrir à ce Beckett qui a tué son père ! »

Elizabeth s'immobilisa net. Le cœur lourd, elle ferma les yeux. Son père. Elle n’y avait guère pensé les derniers mois. Dans son ventre, le bébé bougea et elle posa la main pour le tranquilliser.

« Ce sera bientôt fini. » répéta t'elle d'une voix tremblante.

Will s'adoucit et se tourna vers elle.

« Quand tu auras accouché nous serons libres, Elizabeth…

- Oui, répondit la jeune femme d'une voix absente.

- Nous nous marierons comme il se doit, du moins si tu le veux encore, souffla Will.

- Bien sûr que oui, » lui répondit Elizabeth en serrant ses doigts.

Will sourit, apaisé.

« On s'installera dans un coin tranquille et on oubliera tout ça. Et nous aurons nos propres bébés. » Murmura t'il.

 

Elizabeth baissa les yeux.

« C'est l'heure » intervint Mercer.

La jeune femme se leva.

« Je reviendrai.

- Je t'attendrai, souffla Will. Toujours. »

Cette fois elle ne répondit pas.

 

Une fois Elizabeth partie, Will se tourna vers ses compagnons.

« Alors Turner, soulagé ? Grinça James.

- Je ne sais pas, murmura Will. Il y a ce bébé…

- Moins bête qu'il n'y parait Turner », ironisa James.

Angoissé, Will les fixa.

« Et si elle ne voulait pas le laisser ? »

Un silence gêné s'installa et Jack finit par répondre.

« Elle devra faire un choix.

- Ou alors nous pouvons enlever son bébé ! S'exclama Will.

- Bonne idée Turner, ricana James. J'ai hâte de vous voir pouponner l'enfant qu'elle a eu avec un autre. »

 

Will s'assombrit et Jack jeta un regard dégouté en direction du couloir.

« Si elle le veut, je l'aiderais à le reprendre », annonça le pirate à la grande surprise de ses compagnons.

Gibbs soupira tandis que Jack fouillait la pièce.

« Ahhh du rhum voilà ce qu'il nous faut ! » Se réjouit-il.

Contre toute attente, Will se précipita sur la bouteille.

« Pourquoi pas. »murmura-t-il d'un ton douloureux avant de commencer à boire.


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