Chapitre 18 : Reconnaissance


 

 

La Résistance,

 

La destruction de la base du Major Brance et la mort de tous ceux qui y résidaient avait fait tomber une chappe de plomb sur les membres de la Résistance. La générale Organa elle-même semblait avoir perdu sa combattivité, sous le choc de la fin imprévisible de Brance qu’elle connaissait depuis plus de vingt ans.

 

La situation était tellement catastrophique que le Haut-Conseil décida de se réunir en urgence sur Ajan Kloss. Le visage pâle mais toujours droite en dépit de sa petite taille, Leia observa d’un œil sombre les délégations atterrir sur la planète verdoyante où elle avait trouvé refuge. A ses côtés, la vice amirale Holdo peinait à maitriser son impatience tandis que Poe et Lando échangeaient des regards inquiets. 

 

« Toutes les huiles de la Résistance sont là, souffla Paige, un peu surprise, à Finn. C’est la première fois depuis des années qu’ils se réunissent tous au même endroit. »

L’ex-trooper lui adressa un regard en coin.

« Tu ne sembles pas très enchantée par la nouvelle », remarqua-t-il.

A force de fréquenter Poe et, donc par extension, Paige, il commençait à bien la connaitre. Sous ses dehors indifférents et légers, la jeune femme était beaucoup plus sujette à l’anxiété que son compagnon. 

« En même temps, je comprends que Paige soit inquiète, intervint Jannah, cela n’est pas très prudent de tous se réunir au même endroit. Si cette rencontre venait à être éventée et à parvenir aux oreilles du Premier Ordre… »

Paige frissonna longuement et Finn se tourna vers leur amie.

« Poe dit que tout a été parfaitement sécurisé. Seule une poignée d’initiés est au courant de ce sommet.

— Il ne suffit que d’un traitre, » rétorqua Jannah avec un petit sourire.

 

Rose, qui venait de les rejoindre, fixa Jannah sans chercher à dissimuler son antipathie.

« Il n’y en a pas dans nos rangs », affirma-t-elle.

Jannah haussa les épaules puis se tourna vers Finn.

« Je vais chercher du bois, les réserves sont basses et, avec tous ces nouveaux venus… Tu m’accompagnes ? »

Le jeune homme ne se fit pas prier et Paige jeta un regard en coin à Rose.

« Je la déteste, déclara la plus jeune sur le ton de la conversation. Et, ça n’a rien à voir avec Finn, s’empressa-t-elle d’ajouter. C’est sa façon d’être… Je la trouve… – elle chercha quelques instants le terme puis — fausse. Je suis sûre qu’elle nous cache quelque chose. »

Paige soupira lourdement.

« C’est la fille de Lando, lui rappela-t-elle. Et c’est un homme bien.

— Et alors ? La générale aussi est une femme bien, pourtant son fils est Kylo Ren, rétorqua Rose. Moi, je ne lui fais pas confiance, ajouta-t-elle en désignant la silhouette de Jannah. Après tout, on ne sait quasiment rien d’elle. »

Sa sœur roula des yeux, agacée par la fixation que Rose faisait sur la jeune femme.

« Elle a été enlevée très jeune par le Premier Ordre et emmenée dans l’un de leur camp de conditionnement. Toi et moi, nous sommes bien placées pour savoir que c’est ainsi qu’ils procèdent. »

Le regard de Rose s’embua. Elle était très jeune lorsque les troopers avaient envahi leur planète natale et se souvenait à peine du visage de leurs parents. Refoulant son émotion, elle rétorqua :

« Ce n’est pas son enlèvement qui me perturbe ; c’est la manière dont elle leur a échappé. 

— Eh bien, Jannah a, commença Paige avant de se rendre compte qu’elle ignorait comment la jeune femme s’était enfuie.

— Tu vois ! triompha Rose. On sait comment elle a rejoint le Premier Ordre mais pas comment elle est arrivée sur Kef-Bir, en même temps que Ren !», souligna-t-elle avec emphase.

 

Paige secoua la tête et la regarda avec une pointe de compassion.

« Ecoute Rose, je sais que tu n’aimes pas Jannah et que tu as également beaucoup d’imagination mais, tu ne devrais pas essayer de monter les gens contre elle comme tu le fais. 

— Je ne, s’insurgea Rose.

— Jannah est une fille sympathique, elle nous a aidé sur Kef Bir où elle se cachait depuis un bon moment, la coupa Paige avec sévérité. Ses amis ont été massacrés par les Chevaliers de Ren et elle-même a été blessée. Alors, s’il te plait, mets de côté ta possessivité maladive envers Finn et grandis un peu. »

Bouche bée, Rose la fixa et Paige compléta avec une pointe d’acidité :

« Tu voulais que je te traite comme une adulte, non ? C’est ce que je fais. A présent, à toi de te comporter comme telle. » 

Blessée par ce qu’elle interprétait comme un rejet — Paige ne l’ayant même pas écoutée jusqu’au bout — Rose tourna les talons.

« Ok, merci. Rappelle-moi à l’avenir de ne surtout pas essayer de me confier à toi », lança-t-elle par-dessus son épaule.

 

Le Premier Ordre,

 

Après leur étreinte, aussi brutale que passionnée, Kylo Ren était parti sans un mot, laissant Rey seule avec ses doutes et ses angoisses. Que se passait-il exactement entre eux ? Comment pouvait-il se souvenir de sa présence la nuit où il avait basculé alors qu’elle n’était encore qu’une enfant ? 

 

Il prétendait qu’ils étaient liés l’un à l’autre… Par la Force. Par leurs ancêtres. 

 

Un frisson, où la peur et l’excitation se mêlaient, agita les épaules de Rey. Elle ne savait plus quoi penser du jeune homme. Certes, elle comprenait désormais que Kylo Ren était beaucoup plus complexe que ce qu’elle croyait de prime abord. Il y avait encore du bon, de la Lumière, en lui. Pendant quelques instants, un peu plus tôt, elle avait pu percevoir le désir de redevenir Ben Solo, d’être un grand Jedi, palpiter en lui. Mais l’Obscurité avait rapidement repris ses droits, l’enlaçant de sa noirceur comme une amante exigeante. La même que celle qu’elle sentait en elle. Se pouvait-il que Kylo Ren dise vrai ? Qu’elle soit une descendante de Palpatine ?

 

Les mots du jeune homme lorsqu’elle l’avait accusé de la manipuler résonnèrent en elle :

Comment l’as-tu appris ?

Était-ce à cause de cela qu’elle était attirée par l’Obscurité ? Parce qu’elle avait un lien avec Palpatine ? Ou alors, était-ce ce que Ren voulait lui faire croire ?

 

« Générale Organa, murmura Rey, perdue. J’ai tellement besoin de vos conseils… »

 

Elle ne peut rien pour toi. Personne ne le peut. Embrasse ton destin et rejoins-moi dans le gouffre, souffla la voix séductrice de son alter égo obscur. Au fond de toi, tu connais la vérité. Cesse de la repousser et accepte la place qui te revient de droit.

 

Effarée, Rey se recroquevilla dans son lit, espérant de toutes ses forces pouvoir échapper à ce qui bouillonnait de plus en plus puissamment en elle.

 

La Résistance,

 

« Rey… » murmura Leia avec une pointe de stupeur.

Amilyn lui adressa un regard inquiet tandis qu’Ackbar s’interrompait au beau milieu de sa phrase. Dameron se leva à demi de sa chaise, visiblement prêt à questionner la générale au mépris de tout respect de la hiérarchie. 

 

Leia se redressa immédiatement et s’excusa auprès d’Ackbar, l’invitant à reprendre. La sensation fugace de la présence de Rey était passée, pourtant, elle savait que ce n’était pas un effet de son imagination. La jeune femme l’avait appelée à son aide. Tandis que son compagnon d’armes poursuivait son discours, Leia serra les poings, frustrée de sa propre impuissance.

 

« Nous pensons que l’espion envoyé par Brance a été pris et a craqué sous la torture, déclara le général Cypress.

— Douteux, objecta le major Ematt. Brance avait donné des instructions claires à Jored : s’il était pris, il devait se sacrifier en absorbant un poison qu’il portait toujours sur lui. »

Amilyn tressaillit et échangea un regard inquiet avec Leia :

« Comment connaissez vous le nom de l’agent de Brance ? Je croyais que nous étions d’accord pour que chaque section garde cette information pour elle. »

Ematt se retourna dans sa direction avec hostilité.

« C’est en effet ce que la générale Organa avait unilatéralement décidé. Brance et moi nous n’étions pas du même avis, raison pour laquelle je puis affirmer avec certitude que Jored n’est pas celui qui a trahi la localisation de la base de notre défunt ami. 

— Je ne vois pas ce qui vous permet de l’affirmer », rétorqua Amilyn d’un ton sec.

Poe s’avança :

« Son espion est toujours en vie… Et Jored connaissait son identité… Donc, cela ne peut pas être lui le coupable.

— Ravi de constater que vous vous êtes enfin décidé à vous servir de votre cerveau, commandant Dameron, approuva Ematt avant d’ajouter : Il était temps. »

 

Le pilote se renfrogna et Leia, sentant que la situation était sur le point de déraper, reprit le contrôle de la réunion.

« Si j’ai exigé que l’identité de nos agents soit tenue secrète, c’était pour leur assurer un maximum de protection. Mais, je reconnais que vos informations sont plus qu’intéressantes, major. Savez-vous où Jored était posté ?

— Oui. Sur le destroyer de Snoke. Le Supremacy. Il avait réussi à s’y faire recruter comme machiniste. Une véritable chance pour nous. Malheureusement, à présent que Brance est mort, nous n’avons plus le moindre moyen de le contacter. »

 

Leia s’efforça de ne pas réagir à cette nouvelle, son esprit la ramenant presque malgré elle à la sensation étrange qu’elle avait éprouvée quelques nuits plus tôt. Kaydel était elle aussi sur le Supremacy…

 

« A-t-il découvert la localisation de Ren ?  intervint Poe avec impatience.

— Non. Nul ne sait où il se cache, répondit Statura. Cependant ses Chevaliers ont été aperçus dans le Noyau et nous savons avec certitude qu’ils communiquent directement avec Snoke. »

Lando serra les poings à la mention de ceux qui avaient massacré les compagnons de sa fille et bien failli la tuer elle aussi. 

« Pourquoi n’en profitons-nous pas pour en finir avec eux ? lâcha-t-il.

— Les Chevaliers sont puissants… Seuls un Jedi pourrait en venir à bout, lui rétorqua Ematt.

— Et, comme nous le savons, nous n’avons toujours aucune trace de Luke Skywalker, soupira Ackbar. 

— C’est pour cela qu’il est primordial de retrouver Rey ! s’enflamma Poe. 

— Je doute que votre petit prodige soit assez puissante pour les affronter, ironisa Ematt. Pour autant que nous en savons, elle est probablement morte. Kylo Ren n’est pas du genre à faire des prisonniers. Il suffit de voir ce qu’il a fait à son propre pè… » commença-t-il avant de s’interrompre.

 

Contrit, il adressa un regard d’excuse à Leia.

« Pardonnez-moi, générale. J’oubliais que ce drame vous touchait personnellement. »

Leia le fixa.

« Ne vous excusez pas. Vous avez raison. Mon fils, Ben, est mort et celui qu’il est devenu est un monstre. Cependant, vous vous trompez sur Rey. Il ne l’a pas tuée et je doute qu’il le fasse. Il convoite sa puissance, tout comme Snoke. Il faut que nous la retrouvions avant qu’il parvienne à ses fins.

— Et nous avons besoin d’elle pour actionner la Balise que nous avons récupéré sur Coruscant, afin d’avoir l’aide d’un vrai Jedi, ajouta Amilyn sans pouvoir se retenir. Retrouver Luke est plus urgent que jamais. »

Lando lui adressa un regard empreint de compassion et elle releva le visage, arborant une expression fière. Elle refusait de voir sa faiblesse exposée. Poe, surprenant l’échange muet, fronça les sourcils, perplexe.

 

Le Premier Ordre,

 

Kaydel poussa un soupir de soulagement alors qu’elle refermait la porte de ses appartements luxueux sur elle. Elle était enfin seule après le tourbillon des dernières heures. D’abord la mort de Jored ; non, l’assassinat du Résistant dont elle s’était rendue coupable. Puis, la destruction de la base de Brance et de tous ceux qui y vivaient. Elle repensa aux mots de Hux.

 

Nous n’y serions pas arrivés sans vous…

 

Une violente nausée la secoua et elle se rua vers la salle de propreté afin d’expulser la bile contenue dans son estomac. Était-ce sa faute si Brance et les autres étaient morts ? En permettant au Premier Ordre de mettre la main sur le système de communication de Jored, avait-elle permis que leur base soit localisée et ainsi causé leur fin ? Un nouveau spasme la secoua à cette perspective et elle se laissa retomber sur le sol froid de la salle d’eau. Comment avait-elle pu en arriver là ? Et surtout, comment pourrait-elle vivre avec un tel poids sur la conscience.

 

« Mère, j’ai tellement besoin de vous, » sanglota-t-elle en effleurant le bracelet qui ne la quittait jamais. 

 

( ) ( )

 

La bouche pincée, Hux se servit un verre de whisky corellien, dédaignant d’en proposer à Pryde, puis se retourna.

« J’ose croire que vous êtes désormais totalement rassuré sur mes capacités à garder les choses sous contrôle. Tout comme de la valeur ajoutée que représente Kaetix pour notre cause. »

Pryde ne répondit pas, se contentant de darder ses prunelles sans chaleur sur le jeune général. 

« Il va de soi que je comprendrais, tout comme le Suprême Leader, que vous choisissiez de rejoindre notre base arrière dès ce soir. Après tout, il me semble que c’est l’endroit où votre expérience est la plus bénéfique et utile, » ajouta-t-il avec un sourire sardonique.

 

Pryde s’approcha lentement de lui, ses bottes résonnant doucement sur le sol marbré de noir de la pièce où ils se tenaient. Sans quitter le roux des yeux, il lui prit son verre des mains.

« Je vous remercie pour le verre et le conseil, Armitage. Mais, je suis navré de vous devoir vous contredire : ce que j’ai observé depuis mon arrivée n’a fait que renforcer mes inquiétudes et celles du Suprême Leader à votre sujet. »

Les joues de Hux s’empourprèrent et il s’étrangla à demi.

« Comment osez-vous remettre mes compétences en cause ! Je viens de remporter une victoire sans commune mesure en détruisant l’une de nos bases ennemies. »

 

Un rire bref agita les épaules de Pryde et il porta le verre à ses lèvres, prenant le temps de le vider avant de répondre.

« Vous êtes réellement persuadé que c’est grâce à vous que ce repère de rebelles a été découvert ? »

Hux se troubla.

« Mais… 

— Ce sont les Chevaliers de Ren qui nous ont révélé la localisation de la base, lui asséna Pryde. En vérité, en dépit de son éloignement temporaire du cœur des opérations, il semble que Kylo Ren réussisse à être beaucoup plus performant que vous. »

 

Cette fois, Hux sentit ses mains trembler de rage. Ren, encore et toujours Ren ! L’absence prolongée du jeune apprenti de Snoke l’avait conduit à baisser sa garde. Une erreur qu’il ne commettrait plus. Son dépit n’échappa pas à Pryde et il lâcha :

« Oh, vous vous étiez imaginé que nous avions localisé les rebelles grâce à la puce que nous avons découvert sur le machiniste que votre protégée a abattu ? »

Le plus âgé n’avait même pas fait l’effort de dissimuler la moquerie dans sa voix et Hux se surprit à s’imaginer le faire taire d’un tir de blaster bien ajusté. 

« Evidemment, que c’est que vous pensiez, se répondit Pryde à lui-même avec mépris. Vous êtes tellement imbu de vous-même que vous êtes incapable de réfléchir correctement. Toutefois, je vous accorde une chose : la fille est effectivement très intéressante. »

Hux tressaillit et le fixa d’un air mauvais.

« Lorsque je l’ai vue, j’ai cru à une vision du passé, enchaîna Pryde tout en se resservant. La ressemblance est remarquable. »

 

Conscient que l’autre n’attendait que cela mais incapable de résister à l’inquiétude que les propos de Pryde venaient de faire naitre en lui, Hux demanda à contre-cœur :

« Que voulez-vous dire ?

— Allons, Armitage, ne me dites pas que vous êtes passé à côté ! »

Agacé, le roux garda le silence tandis que Pryde se penchait sur son holopad. Au bout de quelques instants, l’avis de recherche impérial de la princesse Leia Organa emplit la pièce. 

 

Stupéfait, Hux ne put retenir un hoquet de surprise. Il comprenait à présent pourquoi les traits de Kaetix lui avaient paru étrangement familiers…

« Etonnant, n’est-ce pas ? susurra Pryde. Si je ne savais pas que Ren est le seul rejeton de cette femme, je jurerai que votre protégée lui est apparentée… »

Incapable de détourner les yeux du visage de Leia, Hux ne répondit pas.

« A moins, bien entendu qu’une information ne nous ait échappé… Il me semble me souvenir qu’Organa avait disparu pendant plusieurs mois, il y a un peu plus d’une vingtaine d’années. Quel âge à votre protégée, déjà ? »

Un frisson remonta le long de l’échine de Hux et il s’avança vers Pryde.

« Ce que vous suggérez est ridicule. J’ai personnellement fouillé le passé de Kaetix et je n’ai absolument rien trouvé qui fasse penser qu’elle mente sur quoi que ce soit. Quant à sa ressemblance avec Organa, c’est sans doute un trait commun aux natifs d’Alderaan. Kaetix m’a elle-même confié que sa mère était originaire de cette planète. »

 

Pryde ricana.

« Voilà une excellente explication. La seule faille dans votre brillant raisonnement, c’est que, comme vous le savez à l’instar du reste de la Galaxie, Leia Organa n’a jamais été une alderaane. »

Hux se décomposa.

« Où voulez-vous en venir, Pryde ?

— Nulle part, général. Je m’amusais simplement de la similitude physique entre votre jeune amie et notre plus ancienne opposante. Est-ce à cause de cela que vous êtes aussi attiré par cette Kaetix ? Une manière de baiser l’ennemi ? » ironisa Pryde.

Son euphorie post victoire coupée, Hux reposa son verre encore plein.

« Tout ceci n’est qu’un hasard. Après tout, les traits de cette femme sont communs, déclara-t-il en désignant la reproduction de Leia. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans toute la Galaxie.

— Si vous le dites… » répondit Pryde en haussant les épaules.

 

Furieux, Hux tourna les talons et sortit de la salle à la hâte. Ce que suggérait Pryde était aussi impossible qu’insultant. Pourtant, il ne pouvait nier être troublé…

 

( ) ( )

 

Le ciel de Coruscant était baigné de la lumière du soleil couchant et la silhouette vêtue de tulle vaporeuse de Padmé s’encadrait devant la baie vitrée.

 

Rey ne put retenir un gémissement de frustration à la vue de la jeune femme. Pourquoi ses rêves ne cessaient-ils de la conduire à elle ? 

 

Padmé tressaillit et se retourna. 

« Qui est là ? interrogea-t-elle, les sourcils froncés, tout en posant une main protectrice sur son ventre bombé. Ani ? »

 

Même ainsi, Rey pouvait sentir la puissance des sentiments de Padmé pour son amant. Son cœur se serra à la pensée de la désillusion qui attendait la jeune femme. Cette dernière la mènerait à la mort et donnerait naissance à Vador. Padmé ne méritait pas de souffrir autant. Si seulement, elle pouvait… Rey écarquilla les yeux alors qu’une pensée la traversait et elle sortit de l’ombre.

 

Padmé blêmit.

« Toi… Qui es-tu donc ? Que me veux-tu ? »

Tout en parlant la jeune femme referma la main sur son blaster et Rey s’avança.

« Je ne vous veux aucun mal, je vous le jure. Je crois que, si je suis ici, c’est pour vous sauver. »

La jeune sénatrice affermit sa poigne sur son blaster et la toisa.

« Me sauver ? Et de quoi ?

— De la mort, murmura Rey. Padmé, il faut que vous sachiez que… »

 

Derrière Rey, la porte s’ouvrit et la jeune femme se sentit brusquement attirée ailleurs. Désemparée, elle essaya de parler mais quelque chose l’en empêchait. Alors que Padmé s’effaçait peu à peu, elle aperçut un dignitaire âgé aux côtés de l’ancêtre de Ben.

« Sénatrice Amidala ? Vous vous sentez bien ? » l’interrogea-t-il d’un ton soucieux.

Padmé cligna des yeux et fixa l’endroit où Rey se tenait. Cette dernière tendit la main dans sa direction mais Padmé détourna le regard, visiblement troublée.

« Je… oui, un étourdissement, j’ai cru voir… Ce doit être à cause de la fatigue de ma grossesse. De quoi vouliez-vous m’entretenir, Chancelier Palpatine ? »

 

Réduite au silence et invisible aux yeux de Padmé, Rey écarquilla les yeux. Palpatine… Si Ren et la Rey du gouffre disaient vrai, l’homme qui se tenait aux côtés de Padmé était son grand-père. Oubliant sur le champ son désir de mettre en garde la jeune sénatrice, Rey se pencha vers l’homme qui l’avait rejointe. Pendant une fraction de seconde, leurs yeux se croisèrent et Rey frissonna lorsqu’une lueur de surprise s’alluma dans le regard de Palpatine. Il pouvait la voir. Pourtant, il se détourna pour adresser un sourire affable à Padmé et l’univers de Rey changea de nouveau son axe.

 

( ) ( )

 

Haletante, Rey se redressa d’un bond. Palpatine l’avait vue. Elle en était certaine. L’avait-il reconnue ? Non, elle délirait… Comment aurait-il pu la reconnaitre ? Il était mort avant même qu’elle soit conçue. 

 

Le sang parle au sang, tu ne peux plus fuir, Rey, gronda le gouffre en elle.

 

« Rey ! Tu m’entends ? Où étais-tu ? » 

 

La voix grondante, dans laquelle perçait toutefois une pointe d’inquiétude, de Kylo Ren ramena définitivement Rey au présent. Bouleversée, elle se jeta dans les bras du jeune homme.

« Je ne sais pas… je ne comprends pas ce qui m’arrive… »

Interdit, Kylo Ren la reçut contre lui et, après un instant d’hésitation, referma ses bras autour d’elle. 

« Dis-moi ce qui t’arrive, Rey. »

Elle tressaillit et ébaucha un mouvement pour s’écarter de lui mais, il la retint.

« Cesse de me repousser. Je suis le seul capable de t’aider, tu ne le vois donc pas ? »

 

Rey hésita puis, d’une voix entrecoupée par les sanglots, elle céda. A mesure qu’elle lui racontait sa vision, elle sentit Kylo Ren se tendre lorsqu’elle évoqua sa tentative de mettre Padmé en garde contre Anakin, puis son ébahissement lorsqu’elle lui relata sa « rencontre » avec Palpatine.

« Tu es certaine qu’il t’a vue ? »

Reniflant, Rey hocha la tête et il s’écarta d’elle, visiblement agité.

« Ce que tu prétends est tout bonnement impossible ! Nul être, aussi puissant soit-il dans la Force, n’est capable de traverser le temps et l’espace ! »

Déçue par sa réaction, Rey sentit la colère monter en elle.

« Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’es qu’un apprenti ! » lâcha-t-elle avec mépris.

 

Les yeux de Ren s’illuminèrent d’une lueur jaunâtre et il frappa violemment le mur qui lui faisait face.

« Cesse de me rabaisser de la sorte ! ordonna-t-il. Tu n’as pas la moindre idée de ma puissance ou de ce dont je suis capable ! Crois-tu que j’ignore quoi que ce soit sur tes amis d’Ajan Kloss ou sur la réunion qui s’y déroule actuellement ? Un seul mot de ma part, un seul, et ils sont tous morts ! »

Effarée à la mention d’Ajan Kloss, Rey recula.

« Comment… Tu as fouillé dans ma tête ! »

Un ricanement lui répondit, puis :

« Non. Il y a d’autres moyens d’obtenir des informations. »

 

En dépit de l’assurance dont il faisait preuve, Rey perçut son déchirement intérieur et souffla.

« Cela fait des jours que tu connais la localisation de la Résistance, mais pourtant, tu n’as rien fait. Pas plus que tu n’as révélé cette information. Pourquoi ?

— Je refuse que Hux s’approprie ma victoire », cracha Ren.

Rey le sonda et il se troubla.

« Arrête ! » lui ordonna-t-il.

Loin de l’écouter, la jeune femme se concentra afin de pénétrer son esprit.

« Tu mens… comprit-elle, stupéfaite. Si tu n’as rien dit, c’est parce que ta mère s’y trouve… Tu ne supportes pas l’idée de sa mort.

— Je me moque de cette femme ! hurla Ren, fou de rage. Elle ne représente rien à mes yeux ! 

— Bien sûr que si, Ben. »

 

Un grondement lui répondit et il se précipita hors de la pièce, claquant la porte derrière lui.

« Je te hais, Leia Organa, s’emporta-t-il. Je te hais, je te hais, je te hais », répéta-t-il en martelant le mur de ses poings.

 

La Résistance, 

 

 

Le trouble de Kaydel inondait la Force tout comme celui de Rey et Leia caressa du bout des doigts l’instrument qui permettait à sa fille de la contacter. Elle sentait une menace diffuse planer au-dessus de sa cadette, un mauvais pressentiment qui lui serrait la gorge jusqu’à l’étouffer. 

« Je t’en supplie Kaydel, sois très prudente, le danger est plus proche que tu ne le penses, » murmura la générale avant d’adresser un visage placide aux membres du Haut-Conseil qui attendaient son opinion.

 

Le Premier Ordre,

 

Je t’en supplie Kaydel, sois très prudente, le danger est plus proche que tu ne le penses.

 

Les mots transpercèrent le sommeil agité dans lequel, percluse de fatigue et d’émotion, Kaydel avait fini par sombrer. 

« Mère ? » chuchota-t-elle d’une voix enrouée. 

 

A cet instant, l’holophone de son appartement retentit et le visage de Hux s’encadra dans ce dernier.

« Puis-je entrer ? »  requit-il avec son habituelle courtoisie. 

Un frisson d’appréhension agita Kaydel puis, elle acquiesça, la mise en garde de Leia tonnant dans son esprit.

 


Chapitre 17                                                                                                      Chapitre 19


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