Chapitre 50 : Ben Skywalker


 

Jardin Sud de la Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,

Hapès,

 

L’hommage rendu à Leia battait son plein lorsque la voix de Rey Palpatine s’éleva sur toute la base, relayée en boucle par l’HoloNet, piraté par les officiers de propagande du Dernier Empire.

 

« Ben Skywalker. Cet homme, ce, cette aberration qui vous réclame votre foi et votre confiance est le fils incestueux du Dernier Jedi, Luke Skywalker et de sa sœur jumelle Leia Organa. »

 

Les paroles de la jeune femme s’insinuèrent peu à peu dans les esprits tandis que Luke, statufié, levait les yeux vers la haute tour où Ben se trouvait. 

 

Le restant du discours de Rey se perdit dans les murmures qui enflaient rapidement, jusqu’à devenir une réelle interrogation. Tous les yeux se tournèrent vers le Jedi.

« Luke, gémit Kaydel d’un ton désespéré, oubliant la discrétion dont ils devaient faire preuve, dis-moi qu’elle ment. Ce… ce n’est pas possible, dis-moi que tu n’as pas », balbutia-t-elle.

Le Jedi posa un regard abattu sur elle et la jeune femme comprit… Portant la main à son cœur, Kaydel laissa échapper une longue plainte, les mots de Leia résonnant dans sa tête : 

 

Oui Kaydel, il y a eu une femme. Une seule. Et je crois que Luke ne l’a jamais totalement oubliée.

 

C’était impossible. Elle a fini par en épouser un autre…

 

Tu lui ressembles… On dirait le portrait craché de Leia Organa, lui rappelèrent les voix du passé.

 

Folle de douleur, Kaydel battit en retraite. Bouleversée, la jeune femme s’élança vers la Citadelle sans réfléchir tandis que Poe, aux côtés d’Holdo, se contractait. L’Amirale ferma brièvement les yeux. Elle ne pouvait pas nier que l’idée que Luke et Leia aient flirté ensemble avant de savoir qu’ils étaient frère et sœur l’avait effleurée de temps à autres : Leia se montrait toujours si protectrice, si tendre lorsqu’il était question de Luke…. Mais ça ? Non, c’était impossible… Elle se tourna vers son amant, perdue, afin qu’il la rassure :

« Dis-moi que c’est un cauchemar, que j’ai mal entendu…

— Kaydel… souffla Poe, les yeux rivés sur l’endroit où la jeune femme venait de disparaitre avant de se reprendre et de se tourner vers sa compagne. Ce n’est pas possible, Rey ment, la Générale ne peut pas avoir… avec son frère ! Elle cherche à ruiner la réputation de Ren et à salir la Générale. A blesser ceux qui peuvent la contrer, à commencer par Kaydel. »

Ainsi, dans un tel moment, la première pensée de Poe était une fois de plus pour la jolie blonde. Une boule remonta dans la gorge de l’Amirale tandis qu’elle se forçait à dire :

« Tu devrais aller rejoindre ton amie. Je pense qu’elle a besoin de toi. 

— Je, balbutia Poe, qui amorça un mouvement dans la direction qu’avait prise la jeune padawan avant de s’immobiliser. Et toi ? »

Amilyn détourna les yeux.

« Je n’ai pas le cœur brisé, moi. Et, on dirait que je vais devoir gérer une crise ici. Alors, fais ce que tu as à faire, Poe. »

Le pilote se troubla légèrement et pendant une fraction de seconde, Amilyn crut que, pour une fois, il resterait à ses côtés au lieu de courir rejoindre Kaydel mais il n’en fit rien. Après lui avoir légèrement pressé la main en signe de soutien et soufflé un merci, Poe Dameron partit. Le regard de l’Amirale le suivit quelques instants avec tristesse puis, elle s’obligea à redresser les épaules. Quoi qu’il se passe actuellement dans son cœur, elle devait faire face et sauver ce qu’elle pouvait de l’honneur de sa plus vieille amie. Elle croisa le regard horrifié de Larma et son ancienne condisciple s’approcha d’elle.

« Amilyn, est-ce que c’est vrai ? Est-ce que Leia a réellement fait ça ? Coucher avec son propre frère ? Porter son enfant ? » chuchota-t-elle.

Le dégout de Larma était visible et le cœur de l’Amirale se serra : si une vieille amie de Leia réagissait ainsi, qu’en serait-il des autres qui la connaissaient moins bien ? Ignorant D’Acy, elle se dirigea vers Luke.

 

Se tenant toujours à côté de la stèle que Ben avait fait ériger pour honorer la mémoire de Leia, le Jedi était incapable de réagir. Il avait senti le bouleversement de Kaydel et il savait qu’il devait absolument la retrouver mais il ne parvenait pas à faire un mouvement. La Force lui portait les interrogations des Résistants, leurs doutes, leur dégout naissant pour lui, pour Leia. Pour Ben… Il songea à son fils, se représentant la détresse qui devait être la sienne et son cœur se serra de chagrin. En l’espace de quelques minutes, Rey avait sans doute réduit à néant tous les progrès que Ben avait faits vers la Lumière et venait de le repousser dans l’Obscurité.

« Vous devez vous bouger, Luke !  siffla Amilyn en le rejoignant. Rey a inventé tout cela pour discréditer Kylo Ren, n’est-ce pas ? Par pitié, dites-moi que c’est ça ! »

Le Jedi, les yeux toujours rivés à la tour qu’occupait Ben, ne lui adressa pas un regard.

 

Chewbacca, suivit de près par Lando, les rejoignit. Le wookie paraissait abattu et Amilyn frémit devant son expression résignée. 

« Ce n’est pas possible, souffla-t-elle avant de se tourner de nouveau vers le Jedi. Luke ! Dites quelque chose, n’importe quoi ! »

Cette fois, il se tourna vers elle.

« Que voulez-vous que je dise, Amilyn ? Un mensonge de plus ? »

Choquée, la femme porta la main à sa gorge en comprenant que tout était vrai : Leia avait réellement couché avec son frère.

« Quand ? interrogea Lando d’un air lugubre.

— Est-ce que cela a vraiment une importance ? lui renvoya Luke d’un ton rempli de lassitude.

— Cela en aurait eu pour Han ! explosa le vieux briscard. C’était sa femme ! Il l’adorait et il tenait aussi à toi, il vous faisait confiance, il…

— Han était au courant, le coupa Luke avec détachement. Nous ne pouvions pas lui mentir, pas alors que Leia était enceinte, cela aurait été déloyal.

— Déloyal, répéta Lando avec incrédulité. C’est tout ce que tu trouves à dire ? Que mentir à Han aurait été déloyal ? Et le reste alors ? Coucher avec sa femme ? Ta propre sœur ! »

Luke se tourna de nouveau vers lui.

« Ils n’étaient pas encore ensemble lorsque c’est arrivé. Les circonstances étaient difficiles, pour Leia comme pour moi, et nous avons trouvé dans l’autre un moyen de chasser notre chagrin. Sache que Han a compris et qu’il a pardonné. De toute manière, je n’ai jamais été un rival sérieux pour lui, ironisa Luke avec amertume. Une fois que j’ai découvert que j’avais une jumelle et que c’était Leia, il était impossible de continuer ce que nous avions commencé et, puis, même sans cela, elle l’aurait choisi. Elle ne me l’a jamais avoué et je ne lui ai jamais demandé mais au fond, je l’ai toujours su. Elle m’a aimé je pense, du moins, durant le temps où nous avons comblé nos détresses et nos solitudes ensemble, mais Han a été le grand amour de sa vie. »

Amilyn avala brutalement sa salive. 

« Et elle était le vôtre, » comprit-elle.

 

Luke se contenta de fermer brièvement les yeux et se détourna tandis que Lando s’adoucissait. 

« Que comptez-vous faire à présent, Luke ? interrogea l’Amirale à voix basse tandis que les murmures enflaient au sein des anciens Résistants qui leur jetaient des coups d’œil de plus en plus appuyés. Ils se posent tous des questions, vous ne pouvez pas les ignorer plus longtemps.

— Je n’ai pas l’intention de me dérober, répondit le Jedi. De toute manière, à présent, grâce à Rey, la Galaxie entière est au courant… 

— Comment l’a-t-elle appris, d’ailleurs ? demanda Lando.

— C’est moi qui le lui ai dit, avoua Luke. Lorsqu’elle est venue sur Ajan Kloss pour me tuer. »

 

Une fois de plus, il leva les yeux vers la tour où Ben se trouvait et Lando frissonna.

« Et lui ? Il le sait ?

— Qu’est-ce qui l’a poussé du Côté Obscur à ton avis ? » répondit simplement Luke avant de se tourner vers les Résistants.

 

Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,

Hapès,

 

« Ben Skywalker. Cet homme, ce, cette aberration qui vous réclame votre foi et votre confiance est le fils incestueux du Dernier Jedi, Luke Skywalker et de sa sœur jumelle Leia Organa. »

 

Le message de Rey passait en boucle dans sa tête depuis ce qui semblait être des heures à Kylo Ren. Prostré devant sa fenêtre, le jeune homme ne bougeait pas d’un muscle. 

 

Ils savaient. Ils savaient tous.

 

La Galaxie entière connaissait désormais la honte qui entachait son existence. En deux petites phrases, Rey, sa Rey, avait détruit sa vie et remporté le combat. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il perde tout et se retrouve sans rien. Sans alliés, sans rêves, sans famille… 

 

Kylo Ren était détruit. Ben Solo aussi. Il ne restait plus de lui que Ben Skywalker. Ce foutu Skywalker ! 

 

Un hurlement de colère et de désarroi lui échappa et il fracassa son verre contre le mur avant de s’en prendre au mobilier, démolissant tout sur son passage. 

 

Kylo Ren sentit soudain un mouvement dans la Force et se retourna, fou de rage.

 

 

Rey se tenait devant lui, livide. Des larmes de sang s’écoulaient de ses grands yeux à l’éclat doré et roulaient sur ses joues.

« Toi… souffla-t-il avec haine. Comment oses-tu te présenter devant moi après une telle trahison ? »

Rey se décomposa un peu plus mais Ren n’y prit pas garde. 

« J’aurais fait n’importe quoi pour toi, n’importe quoi ! hurla-t-il. J’aurais pu renoncer à tout pour être avec toi. Mais, tu t’es servie de moi comme tout Palpatine qui se respecte. Avant de me connaitre, tu n’étais rien, Rey. Tu entends ? Rien d’autre qu’une minable petite pilleuse d’épaves ! Je t’ai sortie de ta fange, je t’ai enseigné comment utiliser la Force, je t’ai protégée, je t’ai ai… »

Il s’interrompit, tremblant de rage et d’émotion. Même à cet instant, les mots se refusaient à lui. 

 

« Ce n’est que de la politique », souffla la voix de Rey sur le ton d’une évidence.

 

Les yeux toujours écarquillés, elle ne faisait pas un mouvement et cela calma étrangement la colère du jeune homme. Il la fixa, cherchant la femme qu’il avait connue, avant de reculer. Sur le visage livide de Rey, il ne voyait plus désormais que l’ombre du Sith qui l’avait utilisé durant des années pour servir ses desseins.

 « Je serais mort pour toi, lâcha-t-il d’une voix brusquement détachée. Mais, tout cela est terminé, Rey Palpatine. A partir de cette nuit, tu ne représentes plus rien à mes yeux. Si je ne te tue pas dès maintenant, c’est uniquement à cause des enfants que tu portes. Mais, ils ne te protégeront pas éternellement… » 

 

Sur ces mots, il se détourna d’elle, la rejetant de toute sa puissance afin de rompre leur lien. A présent, il connaissait son véritable combat. Le sien et non celui de Vador. Il savait quel était l’ennemi à abattre. Et, cette fois, il en serait capable : après tout, il n’avait plus rien à perdre. Le jeune homme sortit sur le balcon qui entourait ses appartements et posa les yeux sur le jardin sud. 

Il n’avait pas besoin de la Force pour savoir ce qu’ils pensaient tous. Les Résistants, ses hommes, la Galaxie entière… Ils le voyaient désormais ainsi qu’il s’était toujours perçu : indigne d’exister. Mais, pourtant, il était là et, si la Force avait permis qu’il soit, cela devait être pour une bonne raison, du moins il l’espérait. Il prit une inspiration et appela :

« BC-9, approche, j’ai besoin que tu m’aides à transmettre un message. »

Le petit droïde releva ses oreilles, frétillant de joie de se trouver ainsi requis et le rejoignit.

 

Destroyer Supremacy, 

 

Rey prit une brutale inspiration et se redressa, sa tête heurtant le haut de la cuve de bacta dans laquelle elle était entièrement immergée.

 

A partir de cette nuit, tu ne représentes plus rien à mes yeux…

 

Les mots résonnaient dans son esprit, se mêlant au murmure des vagues et une souffrance intolérable monta en elle. Plus que jamais, la jeune femme eut l’impression d’être incomplète, comme amputée d’une partie d’elle-même.

« …bien ? » 

A demi-folle de douleur, elle se tourna vers l’homme qui venait de parler.

« Il me hait… » gémit-elle avant de fondre en larmes.

 

Hux, le visage défait, regarda brièvement Phasma. En dépit de l’attitude bravache qu’elle affichait, dissimulant ses sentiments derrière son armure rutilante, la Capitaine n’en menait pas plus large que le Général. Agacé par son silence, Hux s’approcha de Rey et referma ses bras autour du corps frêle et osseux de la jeune femme, la berçant doucement.

« Vous pourrez raconter ça aussi au Général Pryde et au reste de la clique, » jeta-t-il à la Capitaine.

Cette dernière ne bougea pas tandis que Rey, à bout de forces, laissait sa tête reposer contre le torse du roux.

« Je suis tellement fatiguée, je n’en peux plus de tout ça… Je me sens… écartelée, » déclara-t-elle, les yeux dans le vague, avant de sombrer de nouveau dans l’inconscience.

 

 

Jardin Sud de la Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,

Hapès,

 

Luke prit une profonde inspiration, conscient que tous les regards étaient désormais braqués sur lui. Il ouvrait la bouche pour prendre la parole lorsque BC-9, dont la fierté naïve était visible, annonça que Ben Skywalker avait un message à adresser à tous. Stupéfait, Luke leva les yeux vers la Citadelle, imité par le reste de l’assemblée. 

Droit comme un i, le jeune Commandeur baissa les yeux vers eux et commença à parler d’une voix forte :

 

« Je ne vous infligerai pas à mon tour un discours interminable, pas plus que je ne chercherai à nier les allégations de Rey Palpatine. Elle a dit vrai : je suis le fils du Dernier Jedi, Luke Skywalker et de Leia Organa, Princesse d’Alderaan. Il ne m’appartient pas d’expliquer ce fait, cette tâche revient à mes ainés. En revanche, je considère comme de mon devoir de continuer à œuvrer pour l’avènement d’une nouvelle ère dans notre Galaxie. Un monde plus juste, plus en accord avec la Force, où la place de chacun ne sera pas déterminée par sa richesse, sa race ou sa naissance mais par son seul mérite. Ce sont ces valeurs, celles défendues par l’Ordre de l’Equilibre, qui doivent dicter votre décision de m’accorder ou pas votre confiance et non la peur ou le dégout. Jugez-moi sur mes actes de Commandeur mais ne me condamnez pas pour les erreurs commises par d’autres que moi. 

Sachez que je n’abandonnerai jamais la cause de l’Equilibre. En acceptant de rejoindre cet Ordre, ce n’est pas à moi que vous avez accordé votre foi, mais à un idéal. C’est ce dernier qui doit dicter vos actes et vos décisions et je sais que, si vous êtes ici, c’est parce que vous partagez mon désir de changer durablement les choses dans notre Galaxie. Quoi que prétende Rey Palpatine, l’Ordre de l’Equilibre n’a rien d’un mensonge : il existe. Nous existons. Et, contrairement à l’Ordre Jedi, nous ne laisserons pas Palpatine instaurer un Nouvel Empire Obscur sans nous battre. 

Ceci est une déclaration de guerre contre le Premier Ordre et tous ceux qui soutiennent son régime oppresseur. Il est temps de réclamer notre liberté. Le règne des Palpatine a assez duré. J’appelle chacun d’entre vous à cesser de courber l’échine et à vous révolter contre cette prétendue Impératrice et ses sous-fifres.

 Que la Force soit avec vous. »

 

Un silence de mort salua la déclaration du jeune homme.

« C’est ce qu’on appelle en avoir dans le pantalon, » siffla Lando entre ses dents avant d’applaudir avec force.

Luke, ébahi, regarda les anciens Résistants se lever un par un et l’imiter, d’abord timidement, puis avec plus d’aplomb à mesure que leur nombre grossissait. A l’horizon, il aperçut les hommes de l’Ordre de l’Equilibre qui venaient à leur rencontre, les rejoignant dans leur soutien à leur Commandeur.

« Il est extrêmement doué pour diriger, murmura Amilyn. Vous avez de quoi être fier.

— Je le suis, souffla le Jedi, les larmes aux yeux tant il était soulagé par la réaction de son fils. Il n’aurait pas pu trouver de meilleure façon de rendre hommage à sa mère. »

 

()()

 

Lorsque Poe retrouva Kaydel dans un recoin peu fréquenté de la Citadelle, elle se tenait face à un miroir, de longues mèches blondes parsemant le sol. Le pilote marqua un temps d’arrêt en la découvrant, saisi par le reflet de l’expression du visage de la jeune femme. Le discours de Kylo Ren venait de se terminer sans qu’il n’en ait écouté un mot tant il était inquiet pour son amie et son angoisse redoubla en la voyant ainsi.

« Ainsi s’éteint la paix : sous une pluie d’applaudissements », déclara Kaydel d’un ton morne.

Poe se raidit un peu plus, un instant frappé par sa déclaration, mais son inquiétude pour elle reprit le dessus sur toute autre considération :

« Qu’est-ce que tu fais, Kaydel ? Pourquoi tu restes seule ici au lieu de te tourner vers ceux qui tiennent à toi ? »

La padawan tourna un visage ravagé par les larmes vers son ami.

« Ceux qui tiennent à moi ? Je ne sais même pas si Luke m’aime réellement. Peut-être que s’il est avec moi, c’est parce que je lui ressemble un peu. C’est ce que tout le monde a toujours dit… Que j’étais le portrait vivant de Leia. Jusqu’à ce soir, je me sentais flattée par la comparaison, mais maintenant… »

Poe avala sa salive, muet devant la souffrance pure qu’elle ne cherchait pas à dissimuler. La jeune femme ne lui laissa pas le temps d’ordonner ses pensées. Un sourire satisfait sur le visage, elle se tourna vers lui et désigna les mèches de cheveux qui parsemaient le sol.

« A présent, ce n’est plus le cas. Plus de macarons ou de chignons compliqués. Je ne serais plus jamais sa Leia de substitution. Je suis moi, pas le double de Leia et s’il m’aime, il s’en contentera. »

Poe prit une profonde inspiration et scruta le visage de Kaydel qu’encadraient désormais des cheveux aux longueurs irrégulières. La coiffure était affreuse mais, pourtant, il la trouvait plus belle que jamais avec ses mèches folles qui retombaient en corolle autour de l’ovale délicat de son visage.

« C’est ce que je vois… Tu aurais peut-être pu demander à quelqu’un de t’aider », murmura-t-il, gardant pour lui qu’en mettant ainsi ses traits en valeur, elle avait obtenu l’exact opposé de l’effet qu’elle recherchait. Jamais elle n’avait autant ressemblé à la Générale qu’en cet instant. 

 

Kaydel s’efforça de chasser ses larmes d’un geste et se détourna.

« J’aimerais rester seule maintenant, si tu veux bien.

— Je ne suis pas certain que ce soit une bo

— S’il te plait, Poe. J’ai besoin de réfléchir à tout cela… Au moins, désormais, je comprends mieux pourquoi Luke se montre aussi indulgent à l’égard de Ren, ricana-t-elle. Je t’en prie, je ne veux pas avoir à en parler, pas tout de suite…

— D’accord. Mais, quand tu en auras besoin, ou juste envie, n’oublie pas que je suis là », céda Poe avant de s’éloigner.

 

()()

 

Finn regarda avec incrédulité ses compagnons d’armes applaudir au discours de Kylo Ren et secoua la tête. L’œil sombre, il se plaça en retrait tandis que les troupes de l’Ordre de l’Equilibre se mêlaient aux anciens Résistants et il porta machinalement les doigts au pendentif de Rose qui ne quittait plus son cou. 

« Je ne comprends pas, » murmura-t-il les yeux fixés sur une jeune femme aux cheveux sombres qui tournait un visage extatique vers la Citadelle depuis laquelle Kylo Ren venait de s’exprimer.

La fille avait des cheveux noirs et lisses qui lui rappelèrent ceux de Rose et une silhouette aussi fine que Rey. Sentant qu’un regard s’attardait sur elle, elle tourna la tête vers Finn et lui sourit. 

« Beau discours, n’est-ce pas ? » 

La rebuffade sèche que Finn s’apprêtait à lui administrer mourut sur ses lèvres en découvrant les grands yeux marrons et chaleureux de la fille. 

« Si on aime le style », grommela-t-il à la place.

 

Le sourire de l’inconnue se fana légèrement.

« Tu ne t’es tout même pas laissé convaincre par cette Impératrice Palpatine ?  Nul ne peut être tenu pour responsable de sa naissance. Cette femme est ignoble d’essayer d’utiliser ainsi les circonstances de la conception de notre Grand Commandeur pour retourner les opinions contre lui ! » 

Finn serra les dents.

« Rey n’est pas un monstre, elle ne l’a jamais été. C’est lui qui l’a rendue ainsi. 

— Lui ? » releva la jeune femme en s’approchant.

 

L’ancien- trooper s’abstint de répondre, conscient qu’il était plus judicieux de faire profil bas.

« Ça ne te fait vraiment rien qu’il ait menti pendant des années sur son identité ? » demanda-t-il à la place.

L’inconnue haussa les épaules.

« Non. Peu importe le nom qu’il porte ou celui de ses parents, il est toujours le même homme. 

— Toujours le même homme, répéta Finn avec sarcasme. Et qui est-il au juste ? Qu’a-t-il fait de si exceptionnel qui fasse qu’il mérite une telle ferveur ? »

La jeune femme fronça les sourcils.

« Il prend la défense des plus faibles et leur donne une chance de s’exprimer. Il permet à ceux qui ne sont pas nés du bon côté du pouvoir de s’affranchir et leur apporte l’espoir de changer leur condition. C’est déjà beaucoup. 

— Au prix de combien de vies sacrifiées ? rétorqua Finn. Ren fait de beaux discours mais laisse les autres se battre à sa place. 

— Tout changement a un cout. Au moins, il ne fait pas semblant. Il agit réellement et pousse les gouvernements à faire évoluer leurs lois au lieu de continuer à maintenir tel quel l’ordre des choses comme l’ont fait ses prédécesseurs. »

 

Lando les remarqua à cet instant et les rejoignit d’un pas alerte.

« Tu es là, gamin. Je te cherchais, Luke aimerait nous… ohhh qui est cette charmante jeune femme ?

— Lanzora Garan, se présenta-t-elle.

— Charmé de vous rencontrer, je suis le Général Lando Calrissian, mais vous pouvez m’appeler Lando parce que je ne suis plus certain d’être encore Général et que je n’ai jamais aimé toutes ces histoires de protocole, surtout avec des jolies filles. Quant à ce rustre qui ne s’est sans doute pas donné la peine de se présenter, c’est Finn. »

Lanzora adressa un sourire qui se voulait timide à Finn et le trooper y répondit sans pouvoir s’empêcher. Elle se tourna ensuite vers Lando, l’air embarrassée.

« Je crois que je suis de trop, après ça, vous voulez certainement rester entre vous… Je veux dire : entre personnes qui ont connu et apprécié la Générale Organa. J’ai été ravie de pouvoir discuter avec toi, Finn, lança-t-elle au jeune homme. J’espère que nous aurons l’occasion de nous recroiser… »

 

Sur ces mots, elle s’éloigna, un sourire satisfait aux lèvres : sa première prise de contact avec les Résistants s’était déroulée à merveille.

« Jolie, bien proportionnée, des hanches fines, une belle croupe et un visage plus qu’agréable, apprécia Lando. 

— Et aussi très endoctrinée, riposta Finn. Que veut le Jedi ? Enfin, si on peut appeler ça un Jedi, aux vues des derniers rebondissements. »

Le visage de Lando perdit son expression de bonhommie grivoise et il considéra son compagnon avec gravité.

« Tu devrais apprendre à arrêter de juger sans savoir. Tu n’as pas la moindre idée de ce que nous vivions à l’époque, des tragédies auxquelles nous avions à faire face. Lorsque ça s’est passé, Luke venait de découvrir qu’il était le fils de Vador et Leia pensait avoir perdu Han pour toujours. Ils ignoraient qu’ils étaient frère et sœur. Je n’aurais pas l’audace de parler pour Leia, mais Luke était amoureux, comme ça peut arriver à chacun d’entre nous. Comme cela a pu être ton cas à toi aussi, si je me rappelle bien. »

Finn marmonna quelques mots mais Lando les balaya d’un geste.

  « Tout n’est pas toujours blanc ou noir, Finn. Les gens font des erreurs, apprennent d’elles et changent, à commencer par Ben. Je sais que tu n’es pas convaincu mais essaie au moins de garder l’esprit ouvert. »

L’ancien trooper serra les poings devant cette admonestation mais ne protesta pas.

 

()()

 

Luke déglutit et fixa les anciens Résistants. Son cœur s’alourdit en constatant que Kaydel n’était pas du nombre. En dépit de ses appels dans la Force, la jeune femme restait silencieuse et le Jedi craignait de l’avoir perdue pour de bon. 

 

Poe se fraya un chemin jusqu’à Holdo et se pencha à son oreille.

« Qu’est-ce que j’ai loupé ?

— Où est ton amie ? murmura Amilyn. Luke est très inquiet pour elle.

— Elle ne viendra pas, elle a besoin qu’on lui foute la paix, répondit Poe sur le même ton. Skywalker ferait mieux de garder ses distances. »

Encore ce ton protecteur, songea Amilyn avec un pincement au cœur tandis que Poe effleura sa main.

« Excuse-moi, c’est juste que ça fait beaucoup… Alors c’est vrai hein ? Ren est le fils du Jedi… »

 

Luke prit la parole à cet instant.

« Je sais que beaucoup d’entre vous sont choqués par les révélations de ce soir. Je n’ai pas de justifications à vous apporter si ce n’est que ni Leia, ni moi, ne soupçonnions notre lien de parenté lorsque cela s’est produit. Si Han, Leia et moi avons décidé de garder le secret sur ce qui est arrivé, c’est par amour pour Ben. Nous ne voulions pas qu’il porte un tel poids sur les épaules. Han, le voyait comme son fils et, sur de nombreux aspects, il est beaucoup plus son père que je ne le suis. Ce n’est pas pour autant que je renie Ben. Je… Ne le punissez pas pour une faute dont il n’est pas responsable », souffla-t-il en désespoir de cause devant les regards hésitants, voire hostiles, des Résistants.

Amilyn, le sentant en difficulté, s’avança et prit la parole.

« Luke a raison. Tout ceci appartient à un passé depuis longtemps révolu. Leia était mon amie et, comme chacun d’entre nous, elle avait ses failles et ses secrets. Lorsque tout cela est arrivé, elle n’était qu’une toute jeune fille qui connaissait ses premiers émois. Elle a vu un garçon séduisant et a été attirée par lui, comme nous l’étions toutes à cette époque. Elle ignorait qu’il était son frère… Dans ces conditions, comment la blâmer d’avoir succombé ? sourit-elle, faussement légère. Alors, certes, elle a transgressé sans le savoir l’une des règles de la nature… Mais cela ne change rien à celle qu’elle était : une femme bonne, une combattante, et par-dessus tout une défenderesse de la liberté. »

Certains hochèrent la tête en signe de sympathie, et, encouragée, Amilyn poursuivit :

« Durant toute son existence, Leia Organa s’est battue de toutes ses forces pour les causes auxquelles elle croyait, même lorsque le prix qu’elle avait à payer était élevé. Je refuse d’accepter qu’une erreur causée par son innocence devienne la seule chose dont on se souvienne à son sujet. Oui, elle a commis une faute mais celle-ci ne la définit pas, pas plus qu’elle ne la résume. Cela n’a pas d’importance au regard de ce qu’elle a accompli et du but qu’elle poursuivait : Rétablir la paix dans la Galaxie. Cet objectif, c’est celui de l’Ordre de l’Equilibre, et comme l’a justement dit Kylo Ren, nous sommes ici parce que nous avons choisi de rejoindre non pas un homme, quel que soit son nom, mais un idéal. Et, pour ma part, je suis bien décidée à continuer à me battre pour ce dernier. »

 

Cette fois, des murmures d’assentiments saluèrent l’intervention d’Holdo et Luke laissa échapper un soupir soulagé.

« Merci…

— Je ne l’ai pas fait pour vous mais pour Leia, rétorqua avec sécheresse l’Amirale. Je la connaissais depuis toujours ou presque… C’était une femme de principes. Ce qui n’interdit pas d’avoir des moments de faiblesse. Je suppose que vous avez saisi l’un d’entre eux.

— J’ignorai ce qu’elle était pour moi, siffla Luke, sur la défensive. 

— Je ne cherchais pas à vous accuser, le coupa Holdo. Vous ne vous en rappelez sans doute pas mais, j’étais là lorsque Leia vous a remis votre médaille après la destruction de l’Etoile de la Mort. J’ai vu la façon dont vous la regardiez. Je sais que vous l’aimiez. Luke, cessez de vous réfugiez derrière votre parenté et admettez-le, au moins une fois. »

Il avala brutalement sa salive et murmura, honteux. 

« Oui. Elle était le centre de mon monde. Quand j’ai découvert qu’elle était ma sœur, je… »

Holdo posa une main consolatrice sur son bras puis poursuivit, son regard se faisant de glace :

« Puisqu’il semble que nous parvenions enfin à nous parler franchement, encore une petite chose. Luke : n’utilisez plus jamais vos trucs de Jedi sur moi. Seuls les esprits faibles sont sensibles à la Persuasion de Force et, contrairement à ce que vous semblez penser, je n’en suis pas un. »

Le Jedi se raidit en comprenant que l’Amirale n’avait jamais été dupe de ce qui avait couté la vie à Leia.

« Vous savez depuis le début mais pourtant, vous n’avez rien dit, pourquoi ?

—Parce que Leia croyait en lui. Et qu’elle croyait en vous aussi. Ne la décevez plus. »

 

Exegol, 

 

Pryde s’agenouilla devant l’hôte putréfié de l’Empereur, insensible à sa puanteur.

« Hux se montre de plus en plus faible, Seigneur Sidious. Mes observateurs ne cessent de me rapporter de nouveaux manquements à la tâche que vous lui avez confiée. »

Palpatine posa un regard à demi-aveugle sur son sous-fifre.

« Que proposez-vous ?

— Je crains qu’il ne faille le remplacer auprès du réceptacle…

— Par vous, je suppose ? » ironisa l’Empereur.

Pryde baissa la tête dans une feinte humilité.

« Ce serait un honneur si vous me jugiez digne de vous …

— Hux restera en place. Qu’en est-il du jeune Skywalker ? Avez-vous réussi à le localiser ?

— Pas encore, Seigneur Sidious. 

— Dans ce cas, que faites-vous encore ici ? Trouvez-le et réduisez-le en cendres… » siffla l’Empereur.

 

Destroyer Supremacy,

 

Rey étreignit le drap à ses côtés, cherchant la forme endormie de son amant. La déception l’envahit en ne touchant que du froid et elle se leva d’un mouvement prudent. Les bébés pesaient de plus en plus lourd dans son ventre et elle s’avança vers le miroir, examinant sa grossesse désormais évidente. Un sourire heureux illumina brièvement son visage avant de disparaitre dans une grimace de souffrance. L’océan reflua en elle et la douleur déferla de nouveau dans sa tête. 

 

Le Plan Contingence, lis-le et tu sauras que je ne t’ai jamais menti, lui souffla la voix de Kylo Ren avant d’être réduite au silence par la main de son Maitre.

 

« Pourquoi n’as-tu toujours pas tué le traitre ? rugit la voix impérieuse de Palpatine dans l’esprit de la jeune femme. N’es-tu finalement pas digne de ma confiance ? Est-ce que je dois te remplacer ?

— J’ai fait ce que vous attendiez de moi, Maitre. J’ai exposé son secret et je l’ai détruit, répondit mécaniquement Rey.

Idiote ! Tu n’as rien accompli de tel ! La seule chose que tu as fait c’est de le rendre plus décidé à nous combattre. Tu dois te montrer plus intelligente que ça… Sers-toi de sa faiblesse pour l’attirer à toi et le tuer. »

 

Restée seule, Rey posa un regard égaré sur son reflet. Une grimace lui échappa à la vue de sa paume posée sur son ventre dans un geste de protection. Les yeux brillants d’une lueur jaunâtre, elle écarta sa main avant de la reposer dans un réflexe. Elle n’avait pas toujours vécu ainsi… Elle n’avait pas toujours été sous la coupe d’un Maitre qu’il lui fallait à tout prix satisfaire. Un jour, il y a longtemps, elle avait été… 

 

Rey Dejakku, ce n’était pas le nom que j’avais imaginé que tu prendrais…

 

La jeune femme se troubla de nouveau. C’était la voix du traitre, de l’Usurpateur… De l’homme qui l’avait violée. Mais pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une sorte de désir lancinant, de manque, à la pensée de Kylo Ren. 

 

« Nous vous attendons en salle de commandement, Impératrice Palpatine. »

Phasma. Le ton était servile mais c’était une illusion, Phasma comme les autres était une…

La pensée fut rapidement étouffée et Rey passa une main sur son front avant de se tourner vers la Capitaine des troopers.

« Je n’ai pas envie de m’y rendre. Je me sens épuisée. Contentez-vous de maintenir le blocus sur Naboo et dites au Général Hux de conduire les opérations. J’aimerais vraiment pouvoir me reposer. »

Les épaules de la Capitaine se raidirent brièvement avant qu’elle ne reprenne sa posture usuelle.

« Comme il vous plaira, Impératrice.

— Phasma ? 

— Oui, madame ? 

— J’aimerais consulter les documents personnels de Ren, lâcha Rey sans réfléchir. L’Usurpateur prétend poursuivre le combat du traitre Vador, peut-être que je pourrais y trouver une indication sur sa localisation actuelle. L’Empereur s’impatiente. »

 

Phasma hésita. Le Général Pryde avait été clair : le réceptacle devait être maintenue à l’écart de tout ce qui concernait Kylo Ren.

« Capitaine Phasma ? » répéta Rey d’une voix ténue, presque suppliante.

En une fraction de seconde, Phasma prit sa décision.

« Je m’en occupe, Impératrice. Un droïde archiviste va venir vous assister. En attendant, reposez-vous. S’il vous plait », ajouta-t-elle après coup.

Rey lui adressa un sourire hésitant avant de se trainer jusqu’à sa chambre et Phasma grimaça. Plus elle passait de temps auprès de la jeune Impératrice, moins elle appréciait ce qu’elle voyait… La fille combattive et généreuse qu’elle avait appris à respecter à son corps défendant avait laissé la place à une loque sanglotant entre deux crises de rage et des périodes d’inconscience de plus en plus longues…  Ce matin, c’était la première fois depuis longtemps qu’elle avait le sentiment de parler enfin à la véritable Rey et elle n’avait pas envie de la voir disparaitre.

 

()()

 

Hux se raidit lorsque Phasma pénétra dans la salle de commandement.

« A-t-elle encore eu une crise ? demanda-t-il à la fois blasé et inquiet.

— Non. Elle se sent fatiguée et demande que vous mainteniez le blocus sur Naboo. Elle souhaite consulter les documents personnels de Ren.

— Vraiment ? Et que lui avez-vous dit ?

— Qu’un droïde allait la seconder, » avoua Phasma, plus raide que jamais.

Le Général maitrisa un mouvement de surprise.

« Très bien, dans ce cas, qu’attendez-vous pour le lui envoyer ? » déclara-t-il d’un ton faussement décontracté.

 

Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,

Hapès,

 

Fiévreux, Kylo Ren explorait l’HoloNet, cherchant désespérément les retombées de la révélation de son ascendance sur ses alliés. Il se raidit en sentant la présence de Luke.

« Vous pouvez entrer », lâcha-t-il sans relever le visage.

Luke balaya du regard le champ de ruines qui composait désormais l’appartement privé du jeune homme.

« Tu as fait un peu de décoration ? choisit-il d’ironiser. Très réussi dans le genre déstructuré. »

Une ébauche de sourire se forma sur les lèvres de Kylo Ren et il releva la tête.

« J’appelle ça mon style pré exil sur Ahch-To, qu’en pensez-vous ?

— Que tu es encore loin du compte, répondit Luke sur le même ton. Ça manque cruellement de huttes et de créatures marines.

— Très bien, je prends note. Autre chose ?

— Oui. Je suis fier de toi, Ben. Ce soir tu t’es comporté comme…

— Par pitié, ne le dites pas ! 

— Comme un homme, acheva Luke. Au lieu de riposter en exposant à la face de la Galaxie les circonstances de la conception de Rey, tu as fait preuve de discernement et de grandeur d’âme. 

— Je ne l’ai pas fait dans ce but, rétorqua le jeune homme avec froideur. Si j’ai tu le fait que Rey est issue d’un croisement génétique, c’est uniquement pour ne pas faire peser cette honte supplémentaire sur les épaules de nos enfants. Savoir que leur père est un bâtard incestueux sera déjà assez lourd à porter. »

Luke grimaça douloureusement au qualificatif que Ben s’attribuait.

« Peu importe tes raisons, en agissant de la sorte, tu te montres plus digne de commander que Sidious.

— Dommage que vous soyez le seul à le voir ainsi, ironisa Kylo Ren avec une pointe de désespoir. Mes soutiens me lâchent les uns après les autres. J’ai perdu un bon nombre d’alliés et, sans la pression que j’exerce contre certains, les pertes seraient nettement plus conséquentes.

   — Mais tu as toujours la confiance de tes hommes, releva Luke. Je les ai vu ce soir, après ton discours... Ils étaient galvanisés par tes paroles. Ils croient en toi et je suis certain qu’ils ne sont pas les seuls. Quel que soit ton nom. »

 

Les épaules de Kylo Ren se raidirent à nouveau.

« Sommes-nous obligés de parler de ça maintenant ?

— Non, pas si tu ne le souhaites pas. Mais, nous devrons le faire un jour ou l’autre, Ben. »

Le jeune homme évita son regard et Luke retint un soupir. Pendant un instant, il avait espéré pouvoir enfin avoir une vraie conversation à cœur ouvert avec lui.

« Je suis soulagé qu’elle soit morte, lâcha brusquement Kylo Ren. Je me rappelle du jour où la Galaxie a appris qu’elle était la fille de Vador. J’ai cru qu’elle ne s’en remettrait jamais. Elle n’aurait pas supporté cette nouvelle humiliation, cette trahison de la part d’une fille qu’elle a toujours soutenue. Qu’elle a laissé entrer dans sa vie, ragea-t-il.

— Parle-t-on toujours de ta mère ? Ou de ce que tu ressens pour Rey ? »

Pris en flagrant délit de faiblesse, Kylo Ren se referma.

« Il n’y a rien à en dire. Je n’éprouve plus rien pour elle. C’est terminé. »

Le Jedi leva les yeux au ciel.

« Ben… Te couper de tes sentiments n’est pas une solution. Ne rien ressentir, entraine vers le Côté Obscur et 

— Il faudrait savoir ! le coupa le jeune homme. L’attachement conduit au Côté Obscur et ne pas en avoir aussi ! Il y a-t-il quelque chose qui n’y mène pas ? 

— Le calme, la paix, l’acceptation et le contrôle de soi, rétorqua Luke.

— Je suis parfaitement calme et j’ai accepté le fait que la Rey que j’ai connue n’existe plus. 

— Comme en témoigne l’état de cette pièce, ironisa Luke. Quant à Rey, je doute que

— Je lui ai dit adieu ce soir, l’interrompit de nouveau Kylo Ren. Nous avons une de ces foutues connexions après son discours et cela ne m’a rien fait. A présent, elle ne représente rien de plus qu’une ennemie à détruire pour moi. Maintenant, si vous le permettez, j’aimerais pouvoir me reposer, la journée a été rude et je doute que demain soit meilleur.

— Très bien, je te laisse, céda Luke avant d’ajouter : D’habitude, tu mens beaucoup mieux que ça, Ben… Même si tu es furieux après Rey et que tu te sens trahi et blessé, tu es loin d’avoir renoncé à elle. »

Le jeune homme lui opposa un silence buté et le Jedi s’éclipsa, laissant son fils seul au milieu des ruines de son appartement.

 


Chapitre 49                                                                                                    Chapitre 51


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