Chapitre 12 : Retrouvailles


Ithaque, plage

 

 

Jack avait ramé des heures pour parvenir jusqu’à la plage de l’île sur laquelle il avait laissée Elizabeth et où il était mort. Il avait soigneusement évité de se demander les raisons pour lesquelles il était revenu du monde des morts tout comme il évitait de penser à Will et ce que le jeune forgeron devait penser à présent. Jack, exténué, finit par poser le pied à terre, sans oser tout à fait se croire sauvé. Le pirate frissonna à la vue des corps à demi rongés par les vers qui jonchaient le sol et, le cœur battant la chamade, il chercha des yeux une frêle silhouette vêtue de noir. Il poussa un soupir de soulagement en ne la trouvant pas parmi les corps déchiquetés par les crabes qui jonchaient la plage. Les mains tremblant légèrement, Jack tenta de retrouver le sang froid qui lui faisait défaut pour la première fois depuis des années. Une voix inconnue le fit tressaillir.

« Ainsi c’est toi… »

 

Jack se retourna et regarda avec méfiance l’apparition, cherchant à découvrir d’où la femme était arrivée.

« De nulle part. Déclara-t-elle, lisant dans ses pensées.

- Oh … Répondit Jack. Ça me convient. Ajouta-t-il, bien décidé à s’éloigner de la femme

- Ça ne t’intéresse pas de savoir où elle se trouve ? » Demanda-t-elle avec un éclat de colère dans la voix.

Jack s’immobilisa et se retourna brutalement, décidé à lui faire face.

« Et puis je savoir pour qui vous me prenez au juste ?

- Pour l’homme qu’Elizabeth a souhaité plus que tout ramener dans ce monde, même si pour cela elle devait le quitter. »

Le cœur de Jack s’alourdit brusquement à ces mots. Elizabeth ne pouvait pas quitter ce monde sinon quel intérêt aurait-il alors ? L’inconnue le dévisagea longuement, cherchant à deviner ses pensées. Finalement Jack murmura.

« Où l’a-t-il emmenée ?

- Il l’a prise sur son bateau, je l’ai vue mais elle est faible si faible et elle croit toujours qu’elle est maudite, et je ne suis pas sure qu’elle veuille encore vivre. Répondit-elle d’un ton angoissé.

- Si seulement, si seulement j’avais encore mon compas. Murmura Jack. Lui, il me conduirait à Elizabeth, mais maintenant Beckett peut l’avoir emmenée n’importe où ! »

 

A ces mots, la femme sourit et agita doucement le compas magique devant les yeux de Jack avant de lui tendre.

« Alors que désires tu le plus au monde Jack Sparrow ?

- Pourquoi l’aidez-vous ? » Se défendit Jack.

Le regard de la femme se voila brièvement.

« Parce qu’elle me rappelle ma fille. »

Jack fouilla le visage de l’inconnue.

« Qui est votre fille ?

- La reine de cette île, victime comme votre Elizabeth de la fureur et de la démence de Calypso. »

Jack réfléchit un instant. Il cherchait à deviner ce que Calypso avait à voir dans cette histoire lorsque la femme s’affola brutalement.

«  Je ne peux pas rester. Montrez-vous digne de la confiance qu’elle a mise en vous. » Murmura-t-elle avant de disparaître progressivement.

Jack plissa les yeux en la regardant et se demanda s’il n’avait pas abusé du rhum sur le Hollandais Volant.

 

Jack se retrouva seul sur l’île, le compas dans les mains, lorsque un bruit de pas crissant derrière lui l’alerta. Sortant son arme il se retourna et visa sans pitié celui qui osait le surprendre. Tai Huang leva les bras en tremblant légèrement.

« Vous. Pas tirer. Moi Tai . Second du Capitaine Turner. »

Jack soupira et baissa son arme

« Et dis-moi Tai, sais tu où est ton capitaine ? »

Tai secoua vigoureusement la tête.

« Il nous faudrait un navire. »

Jack ne répondit pas. Il scrutait l’horizon et enrageait de ne pouvoir partir dès à présent …

« Oui il nous faudrait un navire. »

 

Pacific Princess, en mer

 

 

Elizabeth sortit brutalement de l’inconscience et son corps douloureux lui rappela sans pitié la torture que Beckett lui avait infligé. Elle ne savait pas quelle partie de son corps la faisait souffrir le plus. De nouvelles larmes roulèrent sur ses joues lorsqu’elle reconnut le décor cauchemardesque dans lequel Beckett l’avait laissée. Un cri de douleur lui échappa lorsque les larmes au goût de sel glissèrent sur sa joue mutilée, excitant la douleur de sa blessure à vif. Les mains tremblantes, elle porta la main à son visage, n’osant croire ce que Beckett avait fait … Il l’avait marquée comme il avait marqué Jack et en l’absence de soins adéquats sa brûlure la torturait. Elizabeth se leva avec difficultés, son genou gonflé lui arracha un nouveau cri de douleur et elle progressa lentement vers un reste de l’eau dont Beckett s’était servi pour la réveiller. Elle prit un linge, le moins sale qu’elle put trouver et l’humidifia légèrement puis le passa sur sa blessure en s’efforçant de ne pas hurler alors qu’elle nettoya.t la plaie maladroitement.

 

A la porte, Beckett ricana en la voyant faire.

« Besoin d’aide Madame Turner ? »

Elizabeth sursauta brutalement, son corps tremblait encore des sévices que cet homme lui avait fait subir plus tôt. Du regard, elle fouilla la pièce et chercha de quoi se défendre.

« Vous ne trouverez rien. » Énonça calmement Beckett.

Il avança vers elle et la saisit par ses longs cheveux pour la forcer à le regarder.

Le cœur d’Elizabeth accélérera brutalement, terrifiée à l’idée qu’il puisse recommencer à la torturer.

 

L’homme sourit désagréablement et effleurera la joue marquée d’Elizabeth du doigt, la faisant hurler de douleur.

« Nous sommes pareils à présent ma chère Madame Turner. Je me demande si votre époux vous aimerait encore en vous voyant aussi abîmée. Où est-il ? »

Elizabeth gémit lorsque la main de l’homme remonta le long de sa cuisse.

- Vous pourrez me torturer autant que vous voudrez. Jamais je ne trahirais Will.

- Non verrons cela… » Annonça calmement Beckett en la forçant à se lever.

 

Elizabeth les yeux brouillés par les larmes de douleur se rendit à peine compte de ce qui se passait. Elle se retrouva à nouveau debout, entravée aux poignets et aux chevilles, face au mur.

« Je pourrais abréger vos souffrances… Où est le cœur ?

- Jamais. »

Un sourire cruel aux lèvres, Beckett lui décocha un coup de fouet dans le creux du dos ce qui la fit frissonner.

« Vous vous battez pour quelque chose qui n’existe plus. Ce n’est qu’une question de temps pour que les pirates dont vous êtes la reine ne soient éradiqués à l’image de ce Sparrow. Je vous laisse une dernière chance. Elizabeth. Dites-moi où il est et vous serez en paix jusqu’à ce que je vous tue.

- Aucune cause n’est perdue tant qu’il existe encore un pauvre fou pour la défendre. »

Beckett ricana et la frappa à nouveau, laissant la lanière de son fouet lécher l’intérieur des cuisses de sa victime.

« De bien nobles sentiments, sans doute encore une idée romanesque de votre défunt mari. »

 

Elizabeth hurla, folle de douleur tandis que Beckett se contentait de frapper et ajustait ses coups pour les rendre les plus douloureux possibles. Enfin, le Lord stoppa net.

« Le cœur Elizabeth ? »

Incapable de répondre, la jeune femme gémit longuement et secoua la tête en signe de dénégation.

« Je pensais bien que vous répondriez ça. Murmura Beckett en défaisant son pantalon. Puisque c’est ainsi, vous n’aurez aucune clémence de ma part, je vais prendre tout ce que je peux de vous Elizabeth. Puis une fois à Londres vous serez pendue. Loin, très loin de la mer vous pouvez me croire. Je m’occupe personnellement de votre corps. » Ironisa Beckett.

Seul un hurlement lui répondit tandis qu’il la violait de nouveau.

 

 

Le Hollandais Volant, mer des défunts

 

 

Le capitaine Turner vivait une torture quasi insoutenable depuis le départ de Jack. Il avait beau essayer, il ne parvenait pas à expliquer le choix d’Elizabeth. Les larmes aux yeux il songea qu’elle avait préféré sauver le pirate plutôt que lui, préféré le voir rester capitaine du Hollandais Volant, séparé d’elle pendant dix ans plutôt que de voir Jack tenir ce rôle. Les larmes aux yeux et la rancœur au ventre il repensa à cette conversation qu’ils avaient eue ici, dans les eaux mêmes des défunts.

« - J‘ai cru.…

- Tu as cru que je l’aimais.

- Si tu fais tes choix seule. Comment puis-je te croire ?

- Tu ne le peux pas. 

- En effet William Turner, tu ne le peux pas. »

 

Le jeune capitaine sursauta brutalement avant de se reprendre et de se tourner vers la nouvelle venue.

«  Je ne crois pas vous avoir invitée sur mon navire Calypso.

- Je n’ai pas besoin de ta permission William. Je suis l’océan, je vais où il me plait.

- Je croyais que c’était Davy Jones l’océan. »

Calypso lui sourit avec gourmandise.

« C’est-ce qu’il croyait aussi… »

Will se tourna vers elle, brusquement plein de rage vers cette femme inconstante et infidèle qui était responsable de sa malédiction.

« Vous n’aimez personne que vous-même ! Vous ne comprenez rien à ce sentiment ! »

 

Calypso lui sourit avec ironie.

« Parce que toi tu le comprends ? Alors dis-moi. Pourquoi n’es-tu pas de retour parmi les vivants ? »

Will baissa les yeux brièvement.

« Elizabeth. Elle a dû, elle n’a sûrement pas eu le choix.

- Tu aimerais bien t’en convaincre mais tu sais que c’est faux Will. Regarde…. » Souffla Calypso en dévoilant devant Will la scène qui hantait ce dernier depuis le premier jour, Jack et Elizabeth s’embrassant sur le pont du Pearl comme s’ils étaient seuls au monde…

 

Sans répondre, plus malheureux que jamais, Will sortit presque en courant de sa cabine et respira à pleins poumons l’air vicié du monde des morts avec dans la tête la voix de Jack qui protestait à une objection imaginaire… Elle m’a embrassé…

Le jeune capitaine frappa le bastingage du poing. Ses larmes se mirent à couler alors qu’il regardait se lever à l’horizon une nouvelle journée loin de celle qu’il aimait et qu’il avait si peur de perdre.

 

Derrière lui, dans la cabine, Calypso sourit…

« Bientôt William Turner, très bientôt… On n’échappe pas à son destin. »

 

 

Le Black Pearl… Au large d’une île

 

 

Hector Barbossa replia sa longue vue avec un soupir de soulagement en apercevant le petit bout de terre émergé. Ça faisait maintenant des semaines qu’il naviguait hors des eaux caraïbes et son équipage était toujours aussi nerveux. Le vieux pirate serra nerveusement la carte antique qu’il avait dénichée au fin fond de la cabine occupée par Jack et s’adressa à ses hommes.

«  Nous sommes arrivés bandes de chiens !! Mettez les chaloupes à la mer et nous allons chercher ce fabuleux trésor !!! »

Pintel déglutit légèrement et prit pourtant la parole.

« Cap’tain.. On s’demandait … Quel trésor ?

- Celui d’Ulysse bougre d’imbécile !!! » S’exclama Barbossa qui ne supportait plus les regards méfiants dont le gratifiaient son équipage.

 

Ragetti le regarda.

« Ulysse, comme le Ulysse du livre ? Celui qui a fait la guerre de Troie et tout et tout ? » Demanda-t-il avec animation.

Tous les marins le regardèrent comme s’il était fou et Ragetti se sentit obligé de se défendre

« Quoi, parait que c’est un vrai livre … L’ Illiade, même qu’y s’appelle. »

Barbossa maîtrisa son agacement mais se servit des bêtises de Ragetti.

« Certes, donc tu sais qu’Ulysse possédait un fabuleux trésor.

- C’était pas marqué dans le livre. Objecta Ragetti

- Bref !! On débarque et trouve le trésor. » Ordonna Barbossa brusquement impatient.

 

L’air sombre et mécontent, ses hommes obéirent pourtant. Ils mirent une chaloupe à la mer et commencèrent à ramer sans enthousiasme, certains allant jusqu’à regretter à mi-voix, le temps où Jack Sparrow commandait le Pearl…

 

 

Ithaque, plage

 

 

Tai Huang donna un coup de coude à Jack à la vue des chaloupes. Plongé dans l’étude de son compas, Jack releva la tête et un sourire joyeux naquit sur ses lèvres en reconnaissant le navire. 

 « Le le..le .. Black Pearl. » Bredouilla Tai

Jack se leva et essuya le sable sur ses vêtements avant d’aller à la rencontre des marins qui débarquaient, suivi par Tai.

«  J’ai failli vous attendre ! » S’exclama-t-il d’un ton cabochard.

 

Barbossa, qui lui tournait le dos à ce moment-là, faillit s’étouffer avec le morceau de pomme qu’il était en train de croquer. Un air résigné sur le visage il se retourna lentement tandis que ses hommes éclataient en exclamations joyeuses…


Chapitre 11                                                                                                       Chapitre 13


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