Chapitre 7 : Attaques


Queen Anne’S Revenge,

Cabine

 

 

Philip pénétra dans la cabine, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Après tellement de jours passés à attendre, il avait enfin reçu le seul ordre qui n’en était pas un à ses yeux: porter son repas à Syréna. La gorge serrée par l’émotion à l’idée de la revoir enfin, le jeune homme tendit le plat fumant qu’il tenait.

 

Dans un coin de la pièce, Syréna s’approcha doucement de lui, ses écailles bleutées chatoyaient de milles nuances improbables à la lueur de la bougie que portait le jeune homme.

«  Philip … Chantonna-t-elle d’une voix de gorge.

- Vous vous souvenez de mon nom. Répondit le jeune homme d’une voix émerveillée.

- Oui. Comment pourrais-je oublier mon gentil Philip… » Souffla la sirène.

A son grand plaisir, Philip se troubla un peu plus et lui tendit le plat.

« Je vous ai apporté de quoi manger. »

 

Syréna hésita. Elle avait faim mais elle avait aussi envie de s’amuser. Et le jeune Philip était le partenaire parfait pour tester son charme. Finalement la faim l’emporta comme toujours sur l’amusement et la sirène entreprit de déchiqueter son plat de chair avec gourmandise. Fasciné, Philip suivit les mouvements de sa mâchoire jusqu’à ce que Syréna ne crache un morceau avec dégoût.

« Une FEMELLE !!! » Rugit-elle.

Ses écailles passèrent du bleu de l’océan à un rouge sang qui aurait suffi à affoler n’importe quel homme. Philip, lui, ne s’en formalisa pas trop amoureux de sa chanteuse pour comprendre à quel point elle était dangereuse.

«  C’est toi qui a mis ça dans mon plat ! » Rugit Syréna, le visage déformé par la haine.

 

Philip retint son souffle, brusquement excité par sa virulence qui aurait terrifié tout autre que lui.

« Non c’est le cuisinier. Moi je ne fais que vous l’amener.

- Le cuisinier. Ragea Syréna. Va lui dire que je ne veux pas de femelles dans mes plats !! »

Dépité d’être ainsi congédié, Philip baissa la tête.

« Oui. »

Alors qu’il avançait vers la porte, la sirène s’avisa brutalement qu’en plus d’un repas gâché, elle risquait de perdre la seule chose sur laquelle elle pouvait exercer sa séduction. Séduction dont dépendait sa liberté future attendu qu’elle comptait sur le jeune imbécile pour lui transmettre des informations.

« Attend Philip… » Roucoula-t-elle, en offrant à nouveau un visage charmeur ce qui n’était pas évident quand on avait aussi faim qu’elle.

 

Philip s’immobilisa et se retourna lentement.

« Approche… » Susurra Syréna.

Totalement sous le charme de ses grands yeux bleus, le jeune homme obéit et Syréna se glissa contre lui.

«  Tu ne m’as pas dit ce que tu as appris.

- Rien pour l’instant. Répondit piteusement Philip. Mais je vous ai fait une promesse que je compte bien tenir. »

Syréna se força à contenir sa rage, elle glissa sa main dans l’échancrure de la chemise de Philip et savoura les battements de son cœur.

« Raconte… »

 

D’une voix tendue par le désir, Philip lui résuma brièvement ce qu’il avait appris tandis qu’elle griffait légèrement son torse de ses ongles puis léchait ses doigts sur lesquels avaient perlé des gouttes de sang.

« Les hommes de la Confrérie sont des porcs. Lui déclara-t-elle avec vigueur. Ils cherchent à prendre le contrôle des océans.

- Teach veut les détruire … Soupira Philip en sentant la main de la sirène descendre jusqu’à son bas ventre.

- Il est pire qu’eux. Murmura Syréna. Continue à observer Philip. »

 

Philip la fixa, il dévorait des yeux sa bouche aux lèvres roses surmontant des dents d’une blancheur parfaite.

« Oui… » Bredouilla-t-il alors que son esprit élaborait des images d’une volupté quasi insoutenable.

Syréna s’en douta et un sourire carnassier creusa ses fossettes.

« Pourquoi tu ne m’embrasses pas Philip ? »

Le jeune homme ne se le fit pas dire deux fois et plaqua sa bouche sur la sienne, la dévorant. Dans ses bras, Syréna frétilla de bonheur avant de le repousser.

« Tu as envie de moi ? Lui demanda-t-elle, curieuse de voir jusqu’où elle pouvait le pousser.

- Oui. » Répondit Philip, le souffle court.

 

Syréna sourit de plus belle. Décidément elle prendrait son temps pour tuer celui-ci. Son admiration manifeste était sa seule consolation dans cette prison. Désireuse de jouer elle glissa sa main dans le pantalon de Philip et rit de sentir son érection brûlante contre sa paume.

« Oh... » Gémit le jeune homme en tremblant.

Syréna sourit et commença un lent va et vient sur lui.

«  Je ne peux pas te donner plus. Expliqua-t-elle d’un ton joueur. Mais si tu me libères je chanterais pour toi et je te donnerais tout ce que tu désires.

- Je… Ferais… » Souffla Philip avant de se crisper alors qu’il jaillissait dans sa main.

Syréna ressortit sa main et l’observa, surprise de l’humidité qui la couvrait avant la porter à sa bouche. Sa langue goûta sa semence.

« C’est délicieux… » S’étonna-t-elle à demi.

Philip haleta, rouge.

«  Je suis désolé… » Souffla-t-il.

Syréna passa la langue sur ses lèvres et se colla contre lui.

« C’est donc ça que font ceux de ta race dans le corps des femmes ?

- Oui… » Murmura Philip sans même penser à s’étonner qu’elle l’ignore.

 

Syréna sourit de plus belle et songea que l’aventure lui avait au moins appris qu’il valait mieux leur donner leur plaisir avant de les tuer. Ça relevait de toute évidence le plat. Syréna lécha une nouvelle fois ses doigts et le fixa.

« Tu m’en apporteras à chaque fois n’est-ce pas ? »

Philip déglutit, encore tremblant du plaisir qu’il avait pris et n’osant croire à sa chance d’avoir été distingué entre tous.

«  Oui…

- Bien. Répondit Syréna avec coquetterie. Va dire à ce cuisinier que je n’aime pas les femelles maintenant. Et ramène-moi des informations. Je te récompenserais en attendant de chanter pour toi...

- Oui. » Répondit Philip, complètement subjugué par la sirène.

 

 

L’ile des Epaves,

Salle du Conseil

 

 

« Ils sont là. » Souffla le loa à Teague.

Le vieux pirate stoppa net l’accord qu’il était en train de jouer et fixa l’extérieur, un sourire rusé sur les lèvres.

«  Je vois. Déclara-t-il en observant les âmes tourmentées qui se pressaient

- Je ne pourrais pas les contenir indéfiniment. » Souffla le loa.

 

Teague reposa sa guitare et sourit à la tête réduite de sa seconde femme (la première était maintenant en possession de Jack… Après tout c’était sa mère !)

« Et bien on dirait que le temps est venu de commencer à lever notre armée nous aussi … » Commenta-t-il simplement avant de se remettre à jouer.

Le loa sursauta avant de s’incliner. Personne ne s’opposait au Capitaine Teague. Même pas lui.

 

 

Queen Anne ‘ S Revenge,

Pont

 

 

Davies regarda Philip tandis que le jeune homme sortait de la cabine de la sirène, une expression émerveillée à la cause évidente sur le visage. N’y tenant plus le second franchit les quelques mètres qui le séparaient de lui.

« Phil ! Le secoua-t-il. Bon sang tu es aveugle ou quoi ! »

Philip posa un regard rêveur sur lui.

« Syréna n’aime pas les femelles, elle a dit de le dire au cuisinier. »

Davies, pourtant aguerri, retint une nausée.

« Pour l’amour du ciel Philip ! Arrête avec ta Syréna !! C’est une dévoreuse de chair humaine !! Une sirène… Elle attire des hommes grâce à son chant puis elle les mange !! C’est un monstre !! »

 

Philip serra les poings.

« C’est vous les monstres !! A cause de vous, à cause de votre sorcellerie, elle est incapable de chanter. »

Davies soupira.

« Phil mon gars, si elle était capable de chanter ça ferait longtemps qu’elle t’aurait dévoré.

- Elle m’aime ! S’insurgea Philip en le bousculant rudement. Jamais elle ne me ferait de mal.

- Mais arrête !!! » Lui cria Davies que sa gâchette commençait à sérieusement démanger.

 

La voix caverneuse de Blackbeard mit un terme à l’affrontement qui commençait.

« Que se passe-t-il ?

- Libérez Syréna ! » Exigea Philip à qui la jouissance procurée par la sirène avait fait perdre tout contrôle.

Blackbeard sourit. Le reste de l’équipage s’immobilisa, tremblant à l’idée du sort qui attendait l’impudent.

«  LIBEREZ SYRENA !!! » Hurla Philip, trop furieux pour avoir peur.

 

Blackbeard prit son temps pour répondre et finit par poser une main ferme sur son épaule.

«  Je libérerais ta bestiole et toi avec si tu obéis sans sourciller à mes ordres. »

Décontenancé, Philip le fixa.

«  Parole de pirate. Ricana Blackbeard. Maintenant va récurer le pont avant que je ne change d’avis. »

Philip hésita avant de se souvenir qu’il n’aurait rien à gagner en s’opposant à Teach hormis une balle entre les deux yeux. Il baissa donc la tête d’un air soumis et s’écarta.

 

Le voyant faire, Teach eut un sourire cruel.

« Avec la langue petit comédien. »

Philip ne broncha pas, il s’agenouilla sur le pont et lécha le bois. Pour Syréna il ferait n’importe quoi. Et après tout le Christ lui-même avait subi le chemin de croix non ?

 

 

Le Black Pearl

 

 

Lorsque l’assaut commença Elizabeth, ivre morte était allongée sur son lit et rêvait de délices qui l’auraient fait rougir si la soudaineté de l’attaque l’avait autorisée à s’en souvenir. Au lieu de ça, elle fut tirée de son voluptueux sommeil par une main vigoureuse qui la secouait sans pitié.

« C’est pas encore l’heure… » Maugréa-t-elle en se retournant.

 

Angelica la toisa avec mépris.

« Bordel elle est plus saoule que tout l’équipage réuni. En comptant Jack !! » Déclara-t-elle à Barbossa.

Le vieux pirate se rengorgea.

« Dans ce cas je prends le commandement… Après tout c’est moi le capitaine !

- Toujours à l’affût d’une mutinerie hein vieux débris. Ironisa Jack en s’approchant du lit.

- Tu ne devrais pas être en train de te battre ? » Souligna Angelica.

Jack haussa les épaules et ramassa la bouteille qui gisait sur le sol.

« Ah ! S’exclama-t-il. C’est donc là qu’elle était ! »

Tout en parlant Jack inclina la bouteille vers sa gorge avant de la regarder d’un air effaré.

«  Mais elle est vide !!! »

 

Angelica et Barbossa échangèrent un regard blasé et Angelica désigna Elizabeth qui dormait toujours en dépit du vacarme.

« Je crois que ce que tu cherches est dans Miss Blondinette bourrée. »

Le visage de Jack se remplit de consternation et il se pencha sur Elizabeth.

« Mais non !! Elle a pas fait ça.

- Nul doute que tu sois prêt à aller chercher le rhum dans sa bouche… Se moqua Angelica

- Les âmes sont à nos trousses !!! » Hurla Gibbs depuis l’embrasure.

 

Les trois autres se retournèrent d’un même mouvement vers lui.

« Bah venez !!! Explosa Gibbs en ne les voyant pas bouger.

- Allez y. Les chassa Jack. Je reste avec Elizabeth. »

Angelica lui lança un regard méprisant tandis que Barbossa levait les yeux au ciel.

« Ce que tu peux être lâche ! S’exclama la jeune femme.

- Hmmm si tu veux. Répondit Jack qui s’allongea à côté d’Elizabeth tout en croisant les bras derrière la tête.

- Sparrow … » Maugréa Barbossa tandis qu’Elizabeth gémissait et posait un bras possessif sur le ventre de Jack.

 

Gibbs passa à nouveau la tête dans l’embrasure.

« Ça urge là !!! Capitaine que fait-on ???? »

Jack se releva brutalement à l’appellation de capitaine.

« On fuit !

- On se bat. Ordonna au même moment Barbossa.

- On dort… Soupira Elizabeth que le brusque mouvement de Jack avait à demi réveillée.

- Complètement ivre…. Marmonna Angelica en la toisant.

- C’est marrant hein … S’amusa Jack avant de se précipiter sur le pont. Les voiles tout on fait demi-tour !

- Les canons !! On les canarde !! Ordonna Barbossa au même moment.

- Non on s’en va !!!

- On les canarde !!!

- On s’en va !! »

 

Angelica soupira lourdement tandis que les âmes de Blackbeard s’en donnaient à cœur joie. La rage au ventre, la jeune femme s’empara du seau d’eau que Pintel et Ragetti faisaient semblant d’utiliser pour laver le pont avant l’attaque.

«  Hé c’est not’ seau ! Geignit Ragetti.

- La ferme. » Rétorqua Angelica en emportant le seau.

Elle passa devant les deux pirates qui continuaient à se disputer tandis que les âmes s’attaquaient aux marins. La jeune femme retint un sourire en constatant qu’elle était mystérieusement épargnée par l’attaque et poussa la porte de la cabine d’Elizabeth.

 

Sans la moindre hésitation elle lui jeta le contenu du seau au visage. Elizabeth, cette fois ci bien réveillée, lui lança un regard furieux.

« Mais vous êtes folle !!! »

Angelica détourna le visage, écœurée, alors que l’autre lui soufflait son haleine chargée de rhum au visage.

« Désolée blondinette mais on est attaqués là … »

Elizabeth bondit sur ses pieds avant de s’appuyer contre le mur.

«  J’ai la tête qui tourne.

- Et le bateau tangue c’est normal. Surtout vu tout ce que vous avez bu. »

Elizabeth chancela légèrement et se reprit.

« Pas bu. Déclara-t-elle en tirant maladroitement son sabre. On y va…

- C’est pas vrai… » Ragea Angelica en la suivant.

 

Une fois sur le pont, Elizabeth regarda les âmes médusée.

« C’est quoi ?

- Bon sang. Ragea Angelica. Mais vous n’êtes vraiment bonne à rien !!! Ce sont des âmes qui nous attaquent.

- Oh….

- Oui oh, que fait-on ?

- Mais j’en sais rien !

- Et ça se dit Roi des pirates... Soupira Angelica. Hissez les voiles on s’arrache !!! »

 

A cet instant, une âme se rua sur Elizabeth qui poussa un cri tandis qu’Angelica ne bougeait pas. Voyant ça, Jack se précipita, il embrocha proprement l’âme qui recula avec un couinement et attira Elizabeth contre lui

« Crétin… » Marmonna Angelica.

Jack haussa les épaules tandis qu’Elizabeth le repoussait.

« J’ai pas besoin de vous !!!

- Lizzie … » Soupira Jack.

 

Elizabeth le fixa, furieuse.

« Nan pas de Lizzie, d’Angie ou de je ne sais quelle Annie !! Sale pirate !! Explosa-t-elle en le giflant.

- Mais … mais je l’ai pas méritée celle-ci !!! S’outragea Jack.

- Bien sûr que si. » Se moqua Angelica.

Barbossa, complètement échevelé et le chapeau de travers, arriva à ce moment-là.

« Si vous pouviez m’aider … » Râla-t-il.

Angelica tira son épée, un sourire mauvais sur les lèvres tandis que Jack soulevait Elizabeth et la posait sur son épaule.

« Oui allez-y, moi je la recouche. »

 

Elizabeth poussa un hurlement alors qu’il la portait vers sa cabine tandis que Barbossa regardait Angelica.

«  On dirait qu’il n’y a plus que nous….

- On dirait … » Soupira t ‘elle avant de se lancer à l’attaque.

 

De son côté Jack avait fort à faire avec Elizabeth qui se débattait comme un beau diable.

« Reposez-moi espèce de sale pirate dégénéré. »

Jack soupira et la bascula sur son lit.

« Du si bon rhum… » Se désola-t-il.

Elizabeth, furibonde, l’attrapa par le col.

« Vous n’aviez pas .. Pas le … le ..

- Droit ? Suggéra Jack

- C’est ça ! » Triompha Elizabeth avant de blêmir.

 

Jack soupira et lui fit un sourire séducteur.

« On dirait que cette fois je ne suis pas celui qui a abusé. »

Elizabeth tangua quelques instants, elle tenta de rester assise avant de renoncer et de se laisser retomber sur le lit.

« Il m’en faudrait plus pour coucher avec vous. Beaucoup, beaucoup plus… Déclara-t-elle brutalement.

- A peine … Souffla Jack en se penchant sur elle. Vous en crevez d’envie. »

Troublée, Elizabeth ne répondit pas et noua instinctivement ses bras autour de son cou. Jack sourit et pavoisa.

« Je vous promets de ne pas vous faire mal… »

Elizabeth secoua la tête.

« Nan… J’ai pas envie de vous. Jamais… »

 

Jack glissa une main dans ses cheveux et sourit, sûr de lui.

«  Bien sûr que si… Souffla-t-il.

- Jack … Intervint Angelica depuis le seuil. Les âmes sont parties. »

Son intervention sortit Elizabeth du trouble dans lequel elle était et elle repoussa le pirate.

«  Votre femme vous appelle.

- Oh je m’en voudrais de vous priver de vous rappeler quel goût un homme a. » Se moqua Angelica.

Elizabeth la fixa d’un regard trouble.

« M’en fiche de Jack Sparrow… C’est qu’un idiot.

- Je suis toujours là et non je ne suis pas devenu sourd ! » Ragea Jack.

 

Barbossa soupira et entra dans la cabine.

« Ils sont partis et pas grâce à vous …

- Ohhhhh Hector ! S’exclama Elizabeth d’un ton charmeur.

- Quoi ??? Glapit Jack.

- Madame Turner … » Sourit Barbossa en se rengorgeant.

Le pirate n’eut pas le temps de pavoiser plus que déjà la jeune femme replongeait dans un sommeil lourd, peuplé de rêves étranges. Angelica souleva la bouteille de rhum et l’observa avec écœurement.

«  Complètement saoule la Blondinette. Vraiment une riche idée de l’avoir élue comme Roi.

- Elle ne buvait pas quand j’ai voté pour elle ! » Souligna Jack.

 

Angelica reposa la bouteille, un mince sourire aux lèvres.

« On ferait mieux de la laisser cuver son rhum. A moins bien sûr que l’un d’entre vous ne soit tenté par la seule chose passable qu’elle possède : Son corps. »

Contre toute attente, Barbossa se racla la gorge.

« Je vais la veiller.

- Quoi ?? Sûrement pas ! S’exclama Jack. Pense à Turner !

- Et c’est toi qui me dit ça … Ironisa Barbossa.

- C’était différent ! Elle m’a pris par surprise… » S’exclama Jack.

Angelica poussa un soupir agacé et les attrapa par le bras.

« Non mais c’est pas possible qu’est-ce que cette garce vous a donc fait !! » Ragea-t-elle en les poussant à l’extérieur.

 

Ce fut Pintel qui lui répondit.

« Bah elle est belle.

- Et c’est la fille d’un gouverneur. Renchérit Ragetti.

- Et elle est complètement saoule. »

Angelica soupira.

« Je commence à comprendre d’où vient le fait qu’on pense que les femmes portent malheur à bord d‘un navire. »

 

 

Comptoir de la Compagnie des Indes, Nassau

 

 

Le Commodore Groves baissa la tête avec résignation. Il subissait depuis déjà plus d’une heure les invectives de Lord Hawks qui semblait ne pas avoir assez de mots pour qualifier son incompétence. Le jeune Commodore ne bronchait pas et se contentait de subir, conscient que l’autre n’avait pas tout à fait tort. Il avait bel et bien manqué l’opération qui visait à capturer les Seigneurs de la Piraterie.

« Nous avons été plus qu’indulgents avec vous Groves ! Martela Hawks. Nous vous avons laissé le bénéfice du doute et nous avons attribué votre précédent échec à l’incompétence de Beckett. Mais je commence à penser que vous étiez bien assortis tous les deux. »

 

Groves baissa un peu plus la tête et dissimula sa rougeur tandis que l’autre continuait à l’agonir d’insultes.

« Un lâche !! Voilà ce que vous êtes ! Par deux fois nous vous avons laissé le commandement de notre flotte et par deux fois vous avez ordonné un repli ! Un repli !!! C’est le Royaume tout entier que vous déshonorez avec de tels ordres !

- Oui Lord Hawks. Soupira Groves qui voyait s’éloigner ses rêves de triomphe, en vérité après ça un renvoi était sûrement le moindre des maux qui l’attendaient.

- En fait je commence à me demander si vous n’êtes pas un traître Groves. Continua Hawks, exprimant tout haut la conclusion à laquelle le jeune officier redoutait qu’il parvienne.

- On en a coulé un… Argua faiblement Groves.

- Un … Il en a coulé un alors que vous étiez une armée !! Le fleuron de la Navy !!

- Ils nous ont pris par surprise My Lord… Sûrement y ‘a-t-il un espion qui…

- Vous et moi étions les seuls à connaître la nature exacte de cette opération Groves. J’en déduis donc que si traître il y a ça ne peut être que vous. »

 

Groves cherchait désespérément comment se défendre lorsque Greitzer se rua dans la pièce complètement paniqué.

« Commodore !! On nous attaque !

- De quel droit osez-vous nous interrompre ! Rugit Hawks, furieux d’avoir été coupé dans son élan.

- Du droit qu’on nous attaque … Répéta Greitzer visiblement terrifié.

- Oh seigneur une bande de couards… Voilà ce que vous êtes ! Ragea Hawks en tirant le minuscule pistolet qu’il portait toujours sur lui. Je vais vous montrer comment se bat un homme moi !!! »

 

 

Port de Nassau

 

 

Lord Hawks s’immobilisa net en découvrant devant lui une forme spectrale et grimaçante.

« Qu’est-ce que cette diablerie ? » Demanda-t-il d’une voix blanche avant de décharger son arme dans le nouveau venu.

Greitzer et Groves échangèrent un regard empli de terreur et Hawks poussa un hurlement lorsque la main blême du mort vivant se referma sur lui.

« Enlevez-moi ça !!! » Hurla-t-il.

Groves sortit son épée et l’abattit sur le bras de l’assaillant, sa lame rencontra une faible résistance qu’elle traversa avec un bruit spongieux qui leur glaça le sang.

 

Hawks retomba sur le sol, sa perruque de travers tandis que la chose se tournait vers Groves tout en redressant son bras.

«  Mon dieu… Souffla le jeune Commodore.

- REPLI !!! Hurla Hawks. On se barricade, repli, repli, repli, repli…

- Quoi ??? S’étonna Groves en évitant de justesse une attaque de spectre

- Blackbeard… Souffla le spectre en transperçant l ‘épaule de Groves qui s’effondra dans un cri.

- Commodore ! » S’exclama Greitzer en se précipitant sur lui.

 

Le jeune lieutenant poussa un hurlement de terreur en sentant quelque chose lui frôler la cuisse et baissa les yeux. Il découvrit une silhouette enfantine dans les yeux duquel brillait une lueur mauvaise.

« Blackbeard… Martela ce qui ressemblait de très loin à un enfant.

- Oh Seigneur ayez pitié de nous… Souffla Hawks avant de se signer.

- Dieu n’a rien à voir avec ça ! » Glapit Groves qui se leva avec difficultés, son bras pendant avec un angle bizarre.

D’une main il tira le col de Greitzer et il s’engouffra dans les bureaux de la Compagnie.

« La porte Lord Hawks ! » Hurla-t-il.

Ce dernier ne se le fit pas dire deux fois et la porte se referma avec un bruit sourd qui masqua à peine les hurlements de ceux qui étaient restés dehors.

 

 

Comptoir de la Compagnie des Indes, Nassau

 

Lord Hawks s’épongea le front d’une main tremblante tandis que Groves tentait tant bien que mal d’ériger une barricade.

« Mon dieu mais qu’est-ce que c’est ça ? Souffla le Lord.

- Je ne sais pas … » Marmonna Groves qui tentait de bander son bras.

Greitzer s’empressa de venir l’aider, le visage rempli de reconnaissance.

« Vous m’avez sauvé. Merci, merci. »

 

A cet instant le bruit cessa complètement et un silence de mauvais augure s’installa brutalement.

« Ils sont partis ? » Demanda Hawks d’une voix tremblante.

Groves entrouvrit la porte et frémit à la vue du carnage qui s’étendait à perte de vue.

« On dirait…

- Mais qu’est-ce que c’était !!! J’exige des explications !!! » Tempêta Hawks qui retrouvait toute sa morgue à présent que le danger était passé.

 

Les dents serrées sous l’effet de la douleur, Groves le regarda d’un air furieux.

« Je ne sais pas !!! Je peux vous dire que ce ne sont pas les hommes du Hollandais Volant

- Mais je me moque de ce que ça n’est pas !!! Rugit Hawks. Et Blackbeard, c’est quoi ça ? »

Groves haussa les épaules, enfin une épaule, en signe d’ignorance.

« Moi je sais… » Déclara d’une toute petite voix Greitzer.

 

Hawks se désintéressa totalement de Groves pour se tourner vers le jeune lieutenant.

« Et bien parlez !!

- Bah son vrai nom est Edward Teach, c’est un pirate qui a été euh dégradé à un moment et exclu de la Confrérie parce que…

- Je ne vous demande pas un cours d’histoire de la piraterie Greitzer !! Fulmina Hawks.

- Oui My Lord… Il n’a pas fait parlé de lui depuis très longtemps et …

- Et bien on dirait que ça a changé !!! Ragea Hawks. Trouvez le et prenez le. S’il a quelque chose à voir avec ces … ces choses immondes qui nous ont attaqués il devra en répondre devant un tribunal !!

- On dit qu’il pratique le vaudou… Souffla Greitzer d’une toute petite voix.

- Pfff le vaudou… Des contes d’indigènes attardés. » Se moqua Hawks.

 

Groves serra les dents et s’approcha de lui.

« Peut-être qu’il serait temps que nous commencions à croire aux contes des indigènes attardés Lord Hawks. Parce que sauf votre respect ce qui nous a attaqués ressemblait fort à ce qu’ils appellent zombies. »

Mal à l’aise, Hawks fit mine de ne pas l’avoir entendu et se tourna à nouveau vers Greitzer.

«  Savez-vous où trouver ce Blackbeard ?

- Bah… On dit qu’il a un repère en pleine mer, une petite île et…

- Parfait. Le coupa Hawks. Oubliez Sparrow et Barbossa, ce Blackbeard devient notre priorité. Trouvez le et ramenez le Amiral Greitzer, le Commodore Groves vous secondera dans cette mission. »

 

Les deux hommes écarquillèrent les yeux.

« Amiral ? Releva le premier Groves tandis que Greitzer évitait son regard.

- Oui c’est-ce que j’ai dit !! Ragea Hawks. Greitzer devient Amiral à partir de maintenant, quant à vous remerciez les « zombies » d’avoir tué autant de nos valeureux soldats sans quoi je vous aurais jeté dehors !! »

Groves ne répondit pas et Greitzer lui jeta un regard désolé. Hawks reprit.

« Maintenant mettez-vous au travail… Je pense qu’il est inutile que je vous explique à quel point la survie de vos deux carrières dépend de cette mission

- Non. » Répondirent les deux hommes, sonnés, avant de sortir.

 

Port de Nassau

 

 

Greitzer posa un regard effaré sur le port en ruines, tremblant à la vue des corps dont certains avaient eu les membres tout bonnement arrachés, ne laissant derrière eux que de la chair rose vif accrochée à des os d’une blancheur écœurante.

« Commodore que fait-on ? Balbutia-t-il.

- Il me semble que c’est à vous de me le dire Amiral. » Répondit froidement Groves.

 

Les épaules du pauvre Greitzer s’affaissèrent.

« Je… je suis désolé Commodore… J’ai pas voulu ... Vous…

- Je sais. Se radoucit Groves. Si vous me permettez un conseil Amiral.

- Oh oui ! S’exclama Greitzer avec reconnaissance.

- Faites rassembler la population, parlez leur et expliquez leur que nous allons partir pour punir celui qui nous a aussi honteusement attaqué. Dites-leur aussi … Continua Groves en posant un regard douloureux sur les navires endommagés. Que pour cela nous avons besoin de tous les hommes valides pour réparer notre flotte et mettre un terme aux agissements de notre ennemi avant qu’il ne revienne.

- Vous croyez qu’ils vont revenir ? Glapit Greitzer.

- Oui, cette attaque n’était qu’un avertissement… » Répondit Groves d’un ton funèbre.

 

 

Mer Méditerranée

 

 

Encerclé par une dizaine de zombies, Chevalle leva haut son sabre et se prépara pour son dernier combat. Autour de lui, les corps de la plupart de ses hommes gisaient, privés de vie.

« Allez venez ! Vous verrez si l’on tue aussi facilement un Seigneur de la Confrérie.

- Pauvre idiot. Articula distinctement le spectre le plus proche de lui. Tu ne peux rien contre moi. Ni toi ni cet imbécile de Teague. Vous allez tous mourir. »

 

Chevalle recula légèrement, saisi par la malveillance contenue dans la voix de l’autre.

«  Qui es-tu ??

- Blackbeard… » Rugit le spectre au moment où ses compagnons se jetaient sur Chevalle et le déchiquetaient aussi sûrement qu’aurait pu le faire le Kraken s’il avait toujours été en vie.

 

Un voile sombre submergea le regard de Chevalle tandis qu’il s’éteignait, son poing serrant toujours son sabre d’abordage..

 

Queen Anne’S Revenge,

Cale

 

Edward Teach ouvrit les yeux et sortit de sa transe, un sourire malveillant aux lèvres, le même que celui que Greitzer avait vu sur les lèvres de l’enfant qui l’avait attaqué. Le même aussi que celui que Chevalle avait vu avant de mourir.

«  Tremblez …Souffla-t-il. L’ère de la Confrérie se termine. Ici commence celle de Blackbeard. »


Chapitre 6                                                                                                        Chapitre 8


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