Chapitre 17 : Passé & avenir


 

 

La Résistance,

 

Jannah écoutait avec un air concentré Lando lui exposer les différentes ramifications de la Résistance et l’utilité de chacun des points stratégiques où ils étaient déployés.

« Je ne pensais pas que vous étiez aussi bien organisés, observa-t-elle avec une pointe de surprise. Je croyais que les rebelles menés par la générale Organa étaient une bande de têtes brûlées, je n’imaginais pas une telle hiérarchie dans leurs rangs. »

Une pointe de stupeur brilla dans les yeux du contrebandier et il fronça les sourcils.

« Tu parles comme si tu appartenais toujours au Premier Ordre », lui fit-il doucement remarquer. 

La jeune femme s’empourpra légèrement.

« Je suis désolée, Lando. Je, c’est difficile pour moi de réaliser que, que je leur ai enfin échappé. »

Lando se rembrunit.

« Je sais, je suis désolé que tu aies dû affronter cela toute seule… Si j’avais su que tu existais, si ta mère, si Sana… »

Il s’interrompit, submergé par l’émotion. Jannah le fixa brièvement puis :

« Comment était-elle ? Sana ? »

 

Une grimace échappa à Lando puis, il se reprit :

« Je ne suis pas certain d’être le mieux placé pour te parler d’elle.

— Pourquoi ça ? Après tout, vous avez été assez proches pour me concevoir », rétorqua la jeune femme.

Un vent léger souleva la cape kaki de la jeune femme. 

« Cela fait trop longtemps que nous sommes dehors, nous ferions mieux de rentrer nous mettre au chaud, » déclara Lando.

Tout en parlant, il s’approcha de sa fille pour la prendre par le bras mais, elle se déroba.

« Pas tant que vous ne m’aurez pas parlé d’elle. A voir les mines de Leia et d’Holdo lorsque j’évoque son nom, je sens bien qu’elle n’est pas bien vue par la Résistance. Pourquoi ? Qu’a-t-elle fait de si grave ? »

Une fois de plus, Lando tenta de biaiser.

« Ça commence à sérieusement souffler par ici, tu es sûre que tu n’as pas froid ?

— Je ne rentrerai pas tant que vous ne m’aurez pas parlé », s’entêta la jeune femme.

 

Une boule remonta dans la gorge de Lando puis :

« Sana était… Spéciale.

— Dans quel sens ? Que faisait-elle ?

— C’était une contrebandière, lâcha Lando. Elle vendait ses services au plus offrant. 

— Mais elle a travaillé pour l’Alliance Rebelle, non ? »

 

Lando considéra les yeux brillants de sa fille, conscient qu’elle avait besoin d’un modèle féminin. Malheureusement, Sana n’avait rien d’un modèle. 

« Plus ou moins, lâcha-t-il avec réticences. Ta mère, elle, elle faisait ce qu’elle voulait et… disons que ses allégeances variaient au fil des événements. »

Le visage de Jannah se ferma et il regretta sa franchise.

« Vous voulez dire qu’elle était du côté de l’Empire ?

— Non ! protesta Lando. Simplement que Sana n’avait pas réellement de convictions. Elle agissait selon ses propres intérêts. 

— C’est pour cela que la générale se referme à chaque fois que j’essaie de lui parler d’elle ? Parce qu’elle la méprise ? »

Gêné, Lando secoua la tête.

« Non… La princesse et ta mère ont eu un différent plus personnel. En fait… soupira-t-il. Oh et puis, autant te le dire… Si la princesse n’apprécie pas Sana c’est parce que celle-ci lui a raconté qu’elle était mariée avec Han Solo. »

Jannah se troubla.

« Quoi ? Mais…

— Sana voulait obtenir des crédits en échange de son silence. Elle pensait qu’en tant qu’ancienne princesse d’Alderaan, Leia possédait assez de liquidités pour s’offrir Han. »

 

Lando sentit son cœur se serrer à la vue du dégout qui se répandit sur le visage de Jannah. 

« Il vaut mieux que nous…

— Est-ce que c’était vrai ? le coupa la jeune femme. Elle était vraiment la femme de votre meilleur ami ?

— Non, admit Lando du bout des lèvres. 

— Alors ma mère était une menteuse… soupira Jannah. Je comprends maintenant pourquoi la générale se raidit dès que j’essaie de lui parler d’elle. »

La jeune femme semblait tellement dépitée que Lando ne put retenir un élan paternel. Il posa ses mains de chaque côté du visage de la jeune femme et l’obligea à le regarder. 

« Oui, Sana a menti en cette occasion. Et en d’autres aussi. Mais, les temps étaient durs alors et ta mère faisait son possible pour survivre.

— En mentant pour extorquer des crédits à l’Alliance ?

— Jannah, nous avons tous fait des choses pas très reluisantes. A commencer par moi. Han aussi a fait des trucs pas clairs, ce qui n’empêche pas qu’il était un héros.

— Et Leia Organa ? Qu’a-t-elle fait ? »

 

Lando évita le regard de sa fille.

« Rien. La princesse a toujours été la plus droite et intègre d’entre nous… 

— Vous êtes amoureux d’elle, n’est-ce pas ? observa Jannah. 

— C’était la femme de mon meilleur ami.

— Ce n’est pas une réponse, le tança-t-elle. 

— Je…

— Et ma mère ? L’avez-vous aimée ? »

Lando hésita et la jeune femme comprit ce qu’il n’osait pas reconnaitre.

« Pas comme votre princesse Leia. Et ma mère le savait. Est-ce que c’est à cause de ça qu’elle ne vous a pas dit pour moi ? »

 

De plus en plus mal à l’aise, Lando baissa la tête puis :

« Peut-être, je ne sais pas. Ta mère était difficile à comprendre, Jannah. Elle agissait souvent de manière étrange. Elle était capable du meilleur comme du pire. Et elle était farouchement indépendante. Mais, elle t’aimait, cela j’en suis certain. Si ça n’avait pas été le cas, jamais elle ne se serait abaissée à venir me demander mon aide pour te retrouver. Cela lui a couté beaucoup de le faire, surtout sachant qu’elle m’avait délibérément dissimulé ton existence.

— On ne peut pas lui en vouloir, persifla Jannah. Qui aurait envie d’être avec un homme qui passe son temps à rêver d’une autre ? »

 

Le visage de Lando accusa sa peine et son choc et Jannah soupira.

« Je suis désolée, je ne voulais pas me montrer rude ou suggérer que vous…Tout cela est nouveau pour moi, le fait d’avoir un père, une mère, une histoire… j’ai besoin d’un peu de temps pour digérer. »

Le vieil homme la considéra avec bienveillance.

« Je comprends, ne t’inquiète pas. Prends tout le temps que tu voudras. Je ne te demande qu’une chose : de me laisser une chance d’avoir une place dans ta vie. »

Jannah sourit à son tour.

« Accordé, » accepta-t-elle.

Une bourrasque les fit vaciller et Lando se tourna vers le bâtiment dans lequel ils avaient établi leur base.

« Maintenant que j’ai répondu à tes questions sur ta mère, que dirais-tu de rentrer nous mettre au chaud ? »

Sa fille secoua négativement la tête.

« Allez-y vous, je vous rejoins. J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir à tout cela. »

Lando leva les yeux vers le ciel couvert avec inquiétude.

« Tu ferais mieux de venir avec moi. Les tempêtes sont rares sur Ajan Kloss mais quand elles se produisent, elles sont très violentes.

— J’ai survécu sur Kef Bir, lui rappela la jeune femme avec sécheresse avant de reprendre avec plus de douceur. J’ai juste besoin d’être un peu seule. Je ne m’éloignerai pas et je rentre vite, promis. »

Sur ces paroles, Lando s’inclina, conscient qu’il ne gagnerait rien en essayant de s’imposer à la jeune femme, et reprit seul le chemin de la base.

 

Une fois certaine que Lando ne pouvait plus la voir, Jannah s’engouffra dans la forêt d’un pas pressé. 

 

 

Le Premier Ordre, 

 

Un vent chaud et chargé de souffre soufflait sur Mustafar et l’air était quasi irrespirable. Le visage nu, Kylo Ren ôta son gant et enfoui sa main dans la cendre chaude qui servait de berge à la rivière de lave en fusion. La brûlure sur sa peau lui arracha une grimace, pourtant, il ne renonça pas. Les yeux à demi clos, il murmura.

« Grand-père, je vous ai vu en songe… Vous m’avez enfin reconnu. Pourquoi vous obstinez-vous à me fuir alors que j’ai tellement besoin de votre aide ? Pourquoi ne voulez-vous pas que Rey nous rejoigne ? Quelle est cette Dyade que l’Empereur voulait créer avec vous ? »

Le cœur rempli d’espoir, Kylo Ren attendit, s’ouvrant totalement à la Force. Mais, une fois de plus, son ancêtre se déroba à lui. 

 

Frustré, le jeune homme sortit de sa méditation et poussa un hurlement de colère.

« Pourquoi refusez-vous de me parler ? J’ai fait tout ce qui m’a été demandé ! J’ai rejeté Skywalker, j’ai tué Han Solo et, en dépit de tout cela, vous vous obstinez à garder le silence ! »

Fou de rage, il reprit le chemin de la forteresse, sa cape sombre agitée par le vent volcanique. Il était presque parvenu à sa destination lorsqu’un chuintement s’éleva derrière lui.

 

Demande-toi qui a complété la généalogie de Sidious après ma mort.

 

Ren s’immobilisa net et se retourna, le cœur battant. 

 

Il n’y avait personne. Pourtant, il pouvait sentir une puissance couver dans la Force. Il n’avait pas rêvé. Vador s’était bien adressé à lui. 

 

Une vague de triomphe se répandit dans les veines du jeune homme à la pensée que son illustre ancêtre le considère enfin comme son égal avant qu’il ne se rappelle du message de Vador. L’enthousiasme de Ren fut douché net. Rey était née des années après la mort de Vador. Il était donc impossible que son grand-père soit l’auteur des documents qu’il avait trouvés un peu plus tôt. 

 

Quelqu’un savait que Rey n’était pas aussi insignifiante que tous le pensaient. Restait à découvrir qui et pourquoi il avait sciemment dissimulé cette information…

 

( ) ( ) 

 

Kaydel considéra le corps inerte de Jored. Des larmes inondèrent ses yeux noisette et elle murmura :

« Je suis désolée, tu parlais trop… »

Une exclamation retentit derrière elle et le cœur de la jeune femme manqua un battement. Dans un cliquetis de métal, Phasma s’approcha d’elle.

« Capitaine Cottbick ! Vous avez abattu ce machiniste ? Pourquoi ? »

 

Kaydel réfléchit à la hâte avant d’opter pour la vérité. Ne jamais trop s’en éloigner, se rappela-t-elle tout en répondant à la capitaine des troopers.

« C’était un agent infiltré. Je l’ai surpris en train de contacter la Résistance. »

Le corps gansé de métal de Phasma accusa brièvement sa surprise et Kaydel s’obligea à garder la tête haute tout en priant intérieurement pour que, comme c’était le cas pour elle-même, Jored ait sur lui un comlink discret lui permettant de communiquer avec ses supérieurs. La main de Kaydel se crispa sur son blaster tandis que Phasma se penchait sur le corps pour l’examiner.

 

De longues minutes s’écoulèrent en silence. Pendant que Phasma fouillait le mort avec application, Kaydel cherchait une excuse valable si rien n’était découvert sur Jored. Finalement, Phasma arracha un minuscule bracelet de la cheville gauche du défunt.

« Une micro puce de communication… »

S’efforçant de masquer son soulagement, Kaydel hocha la tête. Toutefois, Phasma se retourna vers elle.

« Vous avez dit que vous l’aviez surpris et abattu. Comment se fait-il qu’il ait eu le temps de la dissimuler ? » l’interrogea-t-elle en agitant le bracelet.

 

Kaydel retint son souffle. 

« Je l’ai, commença-t-elle.

— Que se passe-t-il ici ? Kaetix, que faites vous dans cette zone et pourquoi ce machiniste est-il mort ? » 

Soulagée du répit bienvenu que l’arrivée de Hux lui procurait, Kaydel se retourna vers ce dernier. Elle fronça les sourcils en le découvrant accompagné d’un homme plus âgé aux traits secs et aux yeux cruels.

« La capitaine Cottbick a surpris cet homme en train de communiquer avec la Résistance, elle l’a donc abattu », résuma Phasma.

Une lueur s’alluma dans les yeux de Hux et il sourit brièvement à Kaydel avant de se tourner vers Phasma.

« Eh bien, c’est une bonne chose qu’elle soit plus vigilante que nos agents recruteurs. Nous ne pouvons laisser cette vermine résistante s’introduire dans nos rangs. Il faudra renforcer notre protocole d’enrôlement. Peut-être même envoyer nos nouvelles recrues dans nos camps de reprogrammation avant de les intégrer à bord de nos Destroyers. »

 

Le compagnon de Hux ne broncha pas, les yeux rivés sur Kaydel. Mal à l’aise sous le feu de ce regard perçant, la jeune femme se tourna vers le général tandis que Phasma, têtue, reprenait.

« Certes, général, cependant, l’espion portait cette puce à sa cheville donc je m’interrogeais sur la façon dont… » commença-t-elle.

Kaydel se tourna vers elle avec vivacité et lui coupa la parole d’un ton hautain.

« Je n’avais pas prévu de l’abattre. J’avais pour projet de le suivre afin de m’assurer qu’il n’avait pas de complices à bord. Voilà pourquoi il a eu le temps de le dissimuler. »

L’homme qui accompagnait Hux prit la parole pour la première fois.

« Dans ce cas, pourquoi ne pas vous en êtes tenue à votre plan ? »

Sa voix était aussi sèche et dure que son apparence et Kaydel ne put retenir un frisson de répulsion.

« Il m’avait repérée. J’ai eu peur qu’il ne nous file entre les doigts. J’ai tiré pour l’immobiliser. »

L’autre s’approcha du corps.

« En plein cœur ? Vous auriez voulu le réduire au silence que vous ne vous y seriez pas prise autrement. »

Une sueur froide monta en Kaydel, cependant Hux intervint.

« Cela suffit Pryde, je ne tolèrerai pas que vous questionniez Kaetix de la sorte alors qu’elle n’a fait que son devoir en abattant cette racaille. » 

Le regard de Pryde pesa quelques secondes sur Kaydel puis, il se détourna et s’inclina moqueusement devant Hux.

« Soit, Armitage, considérons tout cela comme une regrettable erreur de tir causée par l’inexpérience de votre protégée… Cottbick, je ne saurais que trop vous conseiller de participer aux entrainements de nos troopers. On leur apprend comment garder un ennemi en vie afin de pouvoir ensuite l’interroger.

— Vous m’en direz tant », ne put s’empêcher de répondre Kaydel, songeant avec amusement que les troopers rataient plus souvent leur cible qu’ils ne la touchaient.

 

La Résistance,

 

Le vent soufflait de plus en plus fort et Rose frissonna. Elle avait eu une mauvaise idée de partir chercher de la nourriture alors que le ciel se couvrait. Paige avait bien tenté de la dissuader mais, la vérité, c’était que Rose n’en pouvait plus de sa sœur et de ses conseils. Ce qui l’avait conduite à se retrouver seule au beau milieu de la forêt alors qu’une tempête menaçait. Une bourrasque la déstabilisa et la jeune femme resserra nerveusement sa veste autour de son torse fluet avant de reprendre sa progression. 

 

Rose s’immobilisa brusquement en entendant une voix familière sur sa gauche. Intriguée, elle se dirigea vers elle et se heurta à Jannah. Les deux jeunes femmes poussèrent un cri et Jannah fut la première à reprendre ses esprits.

« Rose ? Mais qu’est-ce que tu fais dehors par un temps pareil ! la houspilla-t-elle.

— J’étais partie chercher de quoi remplir nos réserves de nourriture, se justifia l’intéressée avant de répliquer. Et toi ?

— J’ai eu une conversation difficile avec Lando, j’avais besoin d’être un peu seule.

— Seule ? s’étonna Rose. Pourtant, je suis sûre de t’avoir entendue parler à quelqu’un… »

Les yeux de Jannah s’étrécirent.

« Oui, je me parlais à moi-même. Ça m’arrive souvent. Tu m’espionnes ou quoi ? »

Rose recula imperceptiblement devant l’agressivité à peine dissimulée de Jannah. 

« Non… bredouilla-t-elle.

— Je n’étais pas avec Finn, si c’est ce qui t’inquiète », lui renvoya Jannah. 

En dépit du froid de plus en plus mordant, Rose se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Sa compagne la considéra avec une pointe d’hostilité et ajouta : 

« Mais, même si c’était le cas, je ne vois pas en quoi ça te regarderait. Après tout, vous n’êtes rien de plus que des amis, non ? »

Quelque chose dans le ton de Jannah réveilla la combattivité de Rose et elle rétorqua :

« Finn est avec Rey. »

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Jannah et elle lâcha.

« Rey ? Je ne la vois nulle part… Et, tu sais ce qu’on dit : loin des yeux, loin du cœur… Allez viens, on rentre avant que ta grande sœur ne dépêche une équipe de recherche pour te retrouver. »

Sans attendre la réaction de Rose, Jannah se détourna.

« C’est par là… »

 

( ) ( )

 

Lorsque les deux jeunes femmes parvinrent à la base, des vents violents et des trombes d’eau agitaient la surface de la petite planète. Transies, elles eurent à peine le temps de franchir la porte avant que Paige ne se précipite vers elles.

« Rose ! Tu es trempée ! Je t’avais pourtant dit que ce n’était pas prudent de sortir avec cette tempête qui menaçait ! la gourmanda-t-elle avant de se tourner vers Jannah. Merci de l’avoir ramenée.

— Pas de quoi, répondit Jannah tout en ôtant ses vêtements mouillés avec décontraction. Elle avait l’air complètement paumée quand je l’ai croisée. Une chance pour elle que je me promenais aussi dans la forêt. »

 

Rose, lasse de passer pour une gamine aux yeux de ses deux aînées, s’apprêtait à répondre vertement qu’elle n’était pas perdue lorsque la porte s’ouvrit avec fracas sur Finn.

« La vache, c’est quoi cette tempête ? bafouilla le jeune homme en grelottant. Sérieux, j’étais en train de faire ma ronde dans le hangar quand le vent s’est mis à souffler d’un coup ! Et cette pluie glaciale… »

Rose plissa les yeux lorsque Jannah s’approcha de Finn.

« Tu devrais enlever ton blouson, il est trempé, » conseilla la jeune femme tout en l’aidant à s’en débarrasser.

 

Paige leva la main pour la poser sur l’épaule de Rose en signe de soutien mais la jeune femme se déroba. Finn se tourna vers elles.

« Rose, tu es trempée ! Et toi aussi, Jannah, s’étonna-t-il. Vous étiez dehors ? 

— Oui, on s’est fait surprendre par la tempête. Comme toi », répondit Rose en le fixant droit dans les yeux. 

Au lieu d’éviter son regard comme elle le redoutait, Finn lui sourit.

« Eh bien dans ce cas, je crois qu’on n’a pas volé une bonne soupe bien chaude, je meurs de faim ! » 

Sur ces mots, il entoura de son bras les épaules de Rose et la jeune femme ne put s’empêcher de lancer un regard triomphant à Jannah avant de le suivre.

 

Le Premier Ordre, 

 

Rey leva un visage ravagé par l’angoisse sur Kylo Ren lorsqu’il pénétra dans sa chambre. A cette vue, un pli soucieux se forma sur le front du jeune homme et il s’approcha de sa captive, oubliant Vador et sa frustration grandissante.

« Que t’arrive-t-il ? »

Rey secoua la tête et recula.

« Pourquoi tu me fais ça ? » lâcha-t-elle d’une voix brisée. 

Stupéfait, Kylo Ren s’immobilisa.

« Je ne comprends pas… De quoi parles-tu ? »

Les yeux de Rey se réduisirent en une fente et elle serra les poings.

« Utiliser ma soif d’avoir des racines pour me forcer à te rejoindre ! Comment oses-tu essayer de me manipuler afin de me faire croire que je suis une descendante de Palpatine ? »

 

Un frisson agita les épaules de Kylo Ren. Il avait certes prévu d’utiliser cette nouvelle information pour convaincre Rey de basculer du Côté Obscur mais il n’avait pas encore eu le temps de décider la façon dont il allait s’y prendre.

« Comment l’as-tu appris ? » interrogea-t-il Rey d’une voix égale. 

Un ricanement mauvais échappa à la jeune femme.

« Cesse de jouer les innocents… Tu le sais très bien ! Cette, cette Rey obscure que tu as mise dans ma tête ne cesse de me harceler ! Tout cela c’est à cause de toi ! Tu cherches à contrôler mon esprit pour que je te suive. »

La rage de Rey inondait la Force et Ren la considéra avec une stupeur non feinte.

« Je ne t’ai rien fait du tout ! 

— Ah oui ? Alors pourquoi ce gouffre essaie de m’attirer à lui ? »

 

Le jeune homme prit une discrète inspiration, puis : 

« Parce qu’il fait partie de toi. Tu as beau refuser de l’accepter, Lumière et Obscurité font partie de chaque être. Plus tu tenteras de refouler ta part sombre, plus elle cherchera à s’exprimer. Je sais ce que tu ressens, Rey. Tu as l’impression d’être coupée en deux, écartelée entre celle que tu veux être et celle que tu es vraiment. »

Rey le fixa, incertaine.

« Je ne suis pour rien dans ce qui t’arrive, poursuivit Kylo Ren. Mais, je peux t’aider à mettre fin à ta souffrance. Cesse de lui résister et accepte ta véritable nature. »

Au lieu de se soumettre comme il l’espérait, la jeune femme le fixa avec attention.

« Tu l’éprouves toi aussi, murmura-t-elle. Je le perçois à présent… Ce sentiment d’être coupé en deux. Seulement, toi, c’est la Lumière qui t’attire, Ben Solo. »

 

Un long frémissement agita le corps de Ren et il la toisa, les prunelles luisantes d’un reflet doré.

« Ben Solo était un être faible et pathétique. Il est mort, je te l’ai déjà dit ! »

Rey secoua négativement la tête. 

« Non… Il est toujours là. J’arrive à le sentir… souffla-t-elle en tendant la main vers son compagnon. En dépit de tout ce que Snoke t’a fait endurer, il est toujours là…

— Ce n’est pas Snoke le responsable, lâcha Kylo Ren d’un ton rude. Pourquoi ne le comprends-tu pas ? »

La main de Rey se referma sur celle de Kylo Ren et elle se sentit brusquement transportée ailleurs.

 

( ) ( )

 

La silhouette d’un homme vêtu d’une tunique blanche se découpait dans le soleil couchant. Autour d’elle, des dizaines d’enfants de tout âge étaient assis, attendant les paroles du Maitre. 

Plissant les yeux pour mieux voir, elle tenta de s’approcher du Jedi dont elle ne discernait que le dos. Une main la retint et elle se retourna avec colère vers l’importun. 

« Ce n’est pas le bon moment pour déranger Maitre Skywalker, » lui souffla un adolescent aux cheveux sombres.

Le cœur de Rey manqua un battement. Elle aurait reconnu ces yeux n’importe où.

« Ben… » souffla-t-elle, stupéfaite.

L’apprenti Jedi recula en l’entendant.

« Qui es-tu ? Comment connais-tu mon nom ? »

Rey hésita. Elle se tourna en direction du Maitre qu’une femme aux cheveux mauves venait de rejoindre. La vice amirale Holdo, réalisa la jeune femme avec étonnement. Le Jedi lui tournait toujours le dos et Rey éprouva un choc en voyant les doigts d’Holdo caresser ceux de l’homme. C’était intime. Sensuel. Comme la promesse d’un « plus tard » …

 

« Tu es une sith, n’est-ce pas ? Tu es vêtue comme eux. » 

La voix de Ben la fit frissonner et Rey baissa les yeux sur sa tunique. Elle portait les vêtements que Kylo Ren lui avait apportés sur Mustafar. 

« Non, Ben, tu ne dois pas avoir peur de moi, s’empressa-t-elle de répondre. Je ne te ferais aucun mal, au contraire. Je suis là pour t’aider. »

Les yeux de Ben se remplirent de doute et de frayeur. Désemparée, Rey le saisit par les épaules, oubliant Luke et Holdo. Elle ne savait pas trop comment fonctionnaient ces visions du passé mais peut-être qu’elle avait une chance d’empêcher l’adolescent de basculer.

« Ben, je sais que le Côté Obscur t’attire mais tu ne dois pas y succomber… N’écoute pas Snoke, ne suis pas les traces de ton grand-père, Dark Vador. »

Les yeux de l’adolescent s’agrandirent de stupeur et sa bouche commença à trembler.

« Vador ? 

— Je sais que tu lui voues un véritable culte, poursuivit Rey avec précipitation, mais cette voie n’est pas pour toi. N’écoute pas Snoke, refuse de le rejoindre. »

 

L’adolescent s’immobilisa, choqué, puis murmura : 

« Dark Vador est mon grand-père ? Alors, c’est pour ça que je peine autant à résister à l’Obscurité. Elle coule dans mes veines. »

Autour d’eux, la Force se modifia et Rey recula, effrayée. C’était comme si elle pouvait sentir le Côté Obscur se refermer sur le cœur de Ben.

« Ne te tourne pas vers Snoke, » le supplia Rey. 

 

( ) ( ) 

 

La nuit était tombée. Un reflet de lune éclairait la pièce et Rey fronça les sourcils. Elle devait trouver Ben. Elle devait le convaincre de refuser le Côté Obscur. Lentement, elle progressa de chambres en chambres, dédaignant les apprentis endormis. Finalement, elle trouva Ben et s’avança silencieusement vers l’adolescent qui semblait dormir paisiblement. Elle pouvait sentir le conflit gronder en lui mais la Lumière était encore dans son cœur. Attendrie, Rey tendit la main vers lui…

 

Le grésillement caractéristique d’un sabre laser résonna dans son dos. Rey vit Ben sursauter puis….

 

( ) ( )

 

« Tu étais là, souffla Kylo Ren. C’était vraiment toi. »

Perdue, Rey leva un regard larmoyant sur le jeune homme.

« Je, je ne comprends pas… Que s’est-il passé ?

— C’était toi, répéta Kylo Ren. Tu étais là cette nuit-là. A présent, je me souviens… Tu m’as parlé de Vador. »

 

Un grand froid inonda le cœur de Rey et elle gémit.

« Non… C’est impossible.

— C’est grâce à toi que j’ai échappé au sort que Luke me réservait », murmura Kylo Ren. 

Bouleversée, Rey se détourna du jeune homme. Les doigts de Ren se refermèrent sur les siens et elle tourna le visage vers lui.

« Tu ne comprends donc pas ? déclara-t-il fiévreusement. Tu es la petite fille de Palpatine et je suis la descendance de Vador. Nous sommes destinés l’un à l’autre. La Force nous lie depuis avant même notre naissance. 

— C’est impossible », répéta Rey.

 

Le feu s’alluma dans les prunelles sombres de Ren et il glissa une main jusqu’au fut de Rey.

« C’est pour ça que j’ai été attiré par toi dès que je t’ai vue… »

 Là, il écarta l’élastique de son pantalon et se fraya un chemin entre ses cuisses. Les yeux dans ceux de la jeune femme, il la fouilla sans la moindre gêne.

« Ose me dire que tu ne le sens pas, toi aussi ? Ce lien parfait entre nous deux, » la défia-t-il.

Le désir enfla dans le corps de la jeune femme et elle se mordit les lèvres au sang alors qu’il enfonçait ses doigts en elle, les bougeant rythmiquement.

« C’était toi, balbutia Ren. Depuis le début. C’est toi que je cherchais. Seulement, je ne m’en souvenais pas. »

 

Rey frissonna alors qu’il lui ôtait ses vêtements. Elle avait tant à objecter face au raisonnement de Ren. Mais à cet instant, elle ne pouvait penser qu’à ses caresses et à la façon dont il se glissait en elle. Sauvagement. Avec une pointe de désespoir qu’elle reconnut instinctivement. Elle planta ses ongles dans la chair tendre des épaules de son amant tandis que dans le gouffre, sa version obscure fermait les yeux de contentement.

 

 

La Résistance,

 

Statufiée, Leia Organa visionna l’ultime message du Major Brance.

 

Ils sont sur nous. Nous ne pourrons pas résister bien longtemps à leurs attaques. Notre contact dans leurs rangs ne nous répond plus, il est à craindre qu’il ait été intercepté. Nous ne prévoyons pas de survivre à cette offensive. Que la Force soit avec vous.

 

Leia se tourna vers Holdo.

« Combien de temps avant de les rejoindre ?

— Trop pour être en mesure de les aider. Y aller serait du suicide. »

Leia frappa du poing la console.

« Ils ont besoin de nous !

— Ils sont déjà morts. Dépêcher une escouade ne ferait qu’éclaircir nos rangs, lâcha Holdo avec rudesse avant de se reprendre. Je suis navrée, Leia. Mais, nous ne pouvons pas les sauver. »

 

Les larmes aux yeux, Leia se détourna d’Amilyn.

« Depuis quand êtes-vous devenue aussi insensible ? souffla-t-elle.

— Depuis que vous laissez vos sentiments obscurcir votre jugement », rétorqua la vice-amirale.

 

Le Premier Ordre,

 

 

« Ceci est un premier pas vers notre victoire certaine, pavoisa Hux alors que la base de Brance explosait. Notre triomphe sera bientôt total. »

Tout en parlant, il referma sa main sur celle de Kaydel.

« Nous n’y serions pas arrivés sans vous… » lui souffla-t-il. 

 

Nauséeuse, Kaydel se détourna. Les yeux du général brillaient d’une lueur fanatique. Il voyait dans cette destruction l’aboutissement d’un idéal tant il était dévoué à sa cause. Il était réellement persuadé d’être du bon côté et d’agir pour le bien de la Galaxie. Des années de propagande et d’éducation dans le culte de l’Empire avaient de lui ce qu’il était. Jamais elle ne parviendrait à le convaincre de son erreur. Refoulant les larmes qui menaçaient, elle serra la main de Hux. Le moment inévitable de leur séparation arriverait bien assez vite…

 


Chapitre 16                                                                                                      Chapitre 18


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