Chapitre 53 : Explications et jalousie


 

Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,

Hapès,

 

 

Las, Luke pénétra dans les appartements luxueux que Kylo Ren lui avait attribués et se massa les tempes tandis qu’une douce lumière se diffusait dans la pièce.

« Comment va ton fils ? » l’interrogea Kaydel depuis le sofa où elle l’attendait. 

La jeune femme s’était changée. Elle portait une tenue d’intérieur aussi seyante que confortable et le soulagement que Luke éprouvât en la trouvant ainsi installée fut si intense qu’il en ressentit de la surprise. Jusqu’à ce moment, où il avait craint inconsciemment de l’avoir perdue, il n’avait pas réalisé la place qu’elle avait prise dans sa vie. 

« Tu es venue, souffla-t-il avec une pointe de reconnaissance.

— Oui, pourquoi ? Je n’aurais pas dû ? » se troubla Kaydel.

Pour toute réponse, Luke la serra contre lui.

« Si. C’est juste qu’après tout ce qui s’est passé et ce que tu as appris, j’ai du mal à croire que tu sois encore là. »

Le visage de Kaydel s’adoucit et elle le regarda dans les yeux.

« Je reconnais que toute cette histoire… ça a été un choc pour moi d’apprendre que, enfin tout ça. Mais, ça n’a pas d’importance à mes yeux. Je t’aime, Luke, peu importe ce que tu as fait par le passé ou ce que tu feras demain. 

— Je t’aime aussi, Kaydel », répondit instinctivement le Jedi.

 

Il se pencha pour l’embrasser et inspira le parfum de sa peau. Il n’avait pas menti sur ses sentiments. Il était vraiment tombé amoureux de la jeune femme. Pas parce qu’elle ressemblait à Leia mais parce qu’elle était différente d’elle.

« Tu n’as pas répondu à ma question au sujet de ton fils, remarqua Kaydel afin de chasser l’émotion que lui avait procurée la réponse de Luke.

— Ben va bien, enfin, je suppose. C’est tellement difficile de parler avec lui. J’en viens à me résigner à ce qu’il soit trop tard pour nous. Même si la vérité a enfin éclaté, il continue à me tenir à l’écart. Je ne sais pas comment me comporter avec lui. Quelquefois, j’ai le sentiment que notre relation s’arrange et d’avoir compris ce qu’il attendait de moi, puis l’instant d’après, il dit quelque chose qui me prouve que je me suis trompé une fois de plus. »

 

Kaydel se pelotonna contre lui et soupira.

« J’avoue qu’il est assez déroutant. Longtemps je ne l’ai vu que comme un monstre sanguinaire, mais je réalise qu’il y a encore de la Lumière en lui. Même si ça me peine d’avoir à le reconnaitre, il n’est pas irrémédiablement corrompu. C’est pour cela, et pour les mots qu’il a gravés dans son Temple, que je suis prête à lui laisser une chance de prouver qu’il a changé. Et puis, c’est ton fils. Ainsi que celui de Leia, » ajouta-t-elle avec une grimace.

Luke se raidit légèrement à ces mots et baissa les yeux sur elle.

« Je n’ai pas été totalement franc avec toi ce matin. Au sujet de mes sentiments pour Leia. »

Cette fois, ce fut au tour de la jeune femme de prendre une inspiration et elle s’arracha à ses bras pour le regarder en face. Luke se força à soutenir son regard et avoua :

« Tu avais raison. Le fait d’apprendre que Leia était ma sœur n’a pas changé les sentiments que j’avais pour elle. Elle a été mon premier amour et le restera toujours. Je sais que je devrais en avoir honte, mais ce n’est pas le cas. Pendant longtemps, trop longtemps, j’ai vécu dans le souvenir de notre histoire, de cette nuit que nous avions partagée, de cet enfant qui était le nôtre mais qui ne serait jamais mien. Je crois que, si elle avait tout simplement choisi Han, j’aurais tourné la page plus vite. Au lieu de ça, j’ai passé des années à remâcher mon amertume de les avoir perdus, Ben et elle. Je pensais que la seule raison qui nous empêchait d’être ensemble c’était notre lien familial. A présent, grâce à toi et à ce que nous vivons, je réalise que je me suis voilé la face : même si elle n’avait pas été ma sœur, Leia n’était pas faite pour moi. Je l’aimais, certes, et je l’admirais, mais ça n’aurait jamais pu fonctionner entre nous. Leia était trop passionnée, trop impliquée, trop politique… Alors que moi, au fond je suis toujours resté un simple fermier de Tatooine. Tout ce que je voulais c’était mener une petite vie tranquille et heureuse, loin des intrigues, loin du pouvoir… C’est pour cela que j’ai créé mon propre Temple Jedi à l’époque, bien sûr c’était avant tout pour avoir une chance de me rapprocher de Ben un jour, mais c’était aussi en raison de l’existence paisible que cela me promettait. »

 

Kaydel ne l’avait pas lâché du regard durant sa confession et Luke déglutit nerveusement, attendant sa réaction. Elle le sonda encore quelques instants avant de soupirer.

« Moi non plus, je n’ai pas été entièrement franche avec toi. C’est vrai que, si je me suis portée volontaire pour la mission sur Naboo, c’est pour pouvoir prendre un peu de recul. J’avais besoin de m’éloigner de toi, de faire le point sur mes sentiments », avoua-t-elle.

Luke tressaillit.

« Je vois. Je comprends. Mais tu n’as pas besoin de te mettre en danger pour ça. Je suis doué pour patienter et je suis prêt à le faire. Prends tout le temps que tu veux.

— J’ai dit « j’avais », le reprit Kaydel avec tendresse. Ce que tu viens de m’avouer, la façon dont tu t’es ouvert à moi… C’est tout ce que j’attendais de toi : la vérité. Et elle ne change rien à mes sentiments.

— Alors tu vas rester, en déduisit Luke, soulagé.

— Non, le contredit Kaydel. Je dois y aller. Luke, je le sens… C’est comme si la Force me poussait à le faire. Je suis certaine que quelque chose m’attend là-bas. »

 

Le Jedi ne répondit pas. Kaydel n’était pas la seule à avoir une intuition à ce sujet. Il avait, quant à lui, un affreux pressentiment. Il cherchait comment la dissuader sans la blesser lorsqu’elle expliqua.

« J’ai besoin de participer à cette mission. Je sais que ce sera dangereux. Ce n’est pas ma première bataille, tu sais. Mais, si je suis incapable d’affronter cela, alors tout ce que tu m’as enseigné n’aura servi à rien. Je suis heureuse d’être avec toi, mais je ne veux pas n’être perçue que comme ta compagne ou une fille que tu as prétendu sensible à la Force afin de la séduire. C’est important à mes yeux de faire mes preuves et montrer à tous que je peux devenir un vrai Jedi.  S’il te plait, Luke, j’ai besoin que tu croies en moi et que tu me soutiennes. »

Les mots qu’il s’apprêtait à prononcer restèrent coincés dans sa gorge et il hocha la tête.

« Soit, si c’est ce que tu ressens, alors vas-y, abdiqua-t-il. Tu es prête et tu en es capable. Je n’ai aucun doute à ce sujet. La seule raison pour laquelle j’ai cherché à t’en empêcher est mon égoïsme. Je n’ai pas envie que tu sois loin de moi, mais te demander de rester ne serait pas juste pour toi, ni très glorieux pour moi, même si je ne suis plus à ça près, ajouta-t-il avec une pointe d’ironie avant de se reprendre. Si tu penses que tu dois le faire, alors fais-le. Je suis certain qu’une fois sur place, tu feras les bons choix. »

Un sourire lumineux le récompensa et Luke la serra contre lui, s’efforçant de faire taire les craintes qui grandissaient en lui.

 

()()

 

Alors qu’elle pénétrait pour la première fois dans les appartements privés du Grand Commandeur Ren, Lanzora Garan ne put s’empêcher de poser un regard curieux sur ce qui l’entourait. Un léger glapissement surpris lui échappa en découvrant le chaos qui régnait dans la pièce.

« Mais… 

— Je n’ai pas eu le temps de ranger, la coupa Ren avec froideur. Et, je ne vous ai pas fait venir pour que vous me dispensiez des conseils d’aménagement intérieur. Asseyez-vous », ordonna-t-il en lui désignant l’un des rares sièges encore intacts.

Même sans être sensible à la Force, la tension du Commandeur était évidente et Garan obtempéra sans un mot.

 

Tandis que son supérieur cherchait un fauteuil valide pour lui-même, Lanzora l’observa avec attention. En dépit de son allégeance de longue date aux idéaux de Kylo Ren, elle avait rarement eu l’occasion de côtoyer l’homme d’aussi près. Toute rencontre répétée aurait paru suspecte du temps du Premier Ordre et, de plus, il portait encore son masque à l’époque.

« Alors, que pensez-vous de nos nouvelles recrues ? » entama Kylo Ren qui avait enfin réussi à s’asseoir face à elle.

Reprenant immédiatement les automatismes de sa déjà longue carrière militaire, Lanzora se redressa imperceptiblement et débita d’une voix claire et dépourvue d’émotion.

« L’Amirale Holdo est une femme de convictions et je la crois profondément intègre. Elle a une grande influence auprès des Résistants et n’engage pas sa parole ou sa confiance à la légère. C’était judicieux de votre part de lui confier la mission sur Naboo. Cela a envoyé un signal fort aux anciens résistants et a rassuré bon nombre d’entre eux sur vos intentions à leur égard. Cependant, il y a certaines contestations. Notamment depuis le, la révélation sur… »

Elle s’interrompit, un peu embarrassée.

« Ma naissance incestueuse, compléta Kylo Ren d’une voix tendue. Oui, je m’en doutais. »

 

Lanzora le regarda quelques instants, hésitante, puis :

« Pour ce que ça vaut, ça ne change rien à mes yeux, Grand Commandeur. Et c’est le cas pour tous ceux qui, comme moi, croient en l’Equilibre. »

Kylo Ren ferma brièvement les yeux.

« Je vous remercie pour ces paroles, Générale Garan. Il n’était pas utile que vous les prononciez, mais j’admets qu’elles me procurent un peu de soulagement. »

Il marqua une pause avant de poursuivre.

« Cependant, si j’en crois votre mine défaite, cela a visiblement fait ressurgir le doute dans l’esprit de nos recrues les plus récentes. J’imagine que ce Finn fait partie des fauteurs de troubles, s’il n’est leur meneur. »

Lanzora déglutit légèrement.

« Il vous hait, c’est évident. Mais, Finn n’a pas eu une existence facile. Il a grandi dans un des camps de conditionnement de Snoke et cela lui a laissé de graves séquelles affectives.

— Un traumatisme que vous pouvez comprendre, releva Kylo Ren, attentif à ce que la jeune femme laissait s’exprimer dans la Force.

— Oui. Cependant, j’ai le sentiment qu’il y a autre chose. Il a une raison plus personnelle de vous en vouloir. Je pense qu’il est conscient qu’il ne peut vous tenir responsable de son enfance gâchée mais il se refuse à l’admettre car cela lui donne un motif supplémentaire, ainsi qu’une justification, à sa haine.

— Il était intéressé par Rey, soupira Kylo Ren. Mais, elle m’a rejoint au lieu de rester avec lui. J’imagine que sa frustration provient de là. »

 

Lanzora se raidit inconsciemment à cette information. Elle ignorait que Finn avait convoité la fameuse Rey Dejakku et cette idée lui déplaisait fortement. Chassant cette pensée déstabilisante, la jeune femme reprit :

« En dépit de tout cela, ce n’est pas Finn qui a pris la parole contre vous. C’est une femme, une certaine Larma quelque chose… L’Amirale Holdo l’a d’ailleurs remise à sa place avec beaucoup d’efficacité. »

Kylo Ren pesta entre ses dents.

« D’Acy… Evidemment, l’ombre de Leia et d’Holdo. Elles ont fait leurs classes ensemble mais Larma a toujours été moins brillante, moins charismatique, qu’elles. Il était à prévoir qu’elle profite de la mort de la Générale et de la révélation de… pour tenter de se hisser jusqu’à ce pouvoir qu’elle convoite et qu’elle imagine lui être dû en raison de sa naissance. »

Le mépris du jeune homme était visible et Lanzora le partageait sans réserve.

« Je veillerais à confier à Larma une mission à sa mesure, déclara Kylo Ren d’un ton glacial. Continuez à surveiller Finn. Je n’ai pas envie qu’il mette en péril l’opération de Naboo.

— Oui, Grand Commandeur Ren, » répondit sobrement Garan en se levant, comprenant qu’il lui signifiait son congé.

 

Kylo suivit la jeune brune des yeux tandis qu’elle s’apprêtait à sortir.

« Son histoire n’est pas la copie de la vôtre vous savez », lâcha-t-il.

La main de Garan s’immobilisa et il poursuivit d’une voix non dénuée de compassion.

« Vous avez été arrachée à vos parents. Ceux de FN-2187 l’ont vendu. En fait, ils l’ont engendré dans ce but. »

La jeune femme se retourna lentement.

« Qu’est-ce que cela signifie ?

— Je l’ignore encore, j’avais prévu de me pencher sur les recherches menées par Palpatine et ses fidèles après avoir appris, il s’interrompit avant de reprendre, des informations laissant à penser que Sidious s’intéressait à la génétique, mais le temps m’a manqué pour approfondir la question. Cependant, le fait que Finn soit plus sensible à la Force que la moyenne me souffle de me tenir sur mes gardes. »

 

BC-9, tout pimpant, intervint à cet instant pour prévenir le Commandeur qu’on l’attendait en salle des opérations et Ren grimaça.

« Désolé, j’aurais aimé pouvoir poursuivre cette conversation mais…

— Pourquoi me dites-vous cela maintenant ? souffla Lanzora.

— Afin que vous soyez prudente. En dépit de vos efforts de dissimulation, je perçois votre attirance pour lui. 

— Commandeur Ren, je…

— Je ne compte pas m’immiscer dans votre vie privée, tant que cela n’influence pas votre mission. Et, vous connaissant, je sais que ce ne sera pas le cas. Je souhaite simplement vous rappeler de faire attention. Même si, parfois, c’est difficile de ne pas se laisser déborder par ce qu’on ressent », grimaça-t-il.

 

Lanzora retint la réflexion ironique qu’elle avait sur le bout de la langue. A l’instar de bon nombre d’officiers supérieurs de l’Ordre de l’Equilibre, elle avait reconnu le sabre dont Rey Dejakku s’était servi pour prendre Coruscant. Et, comme la plupart d’entre eux, elle doutait qu’il en existe deux affichant une forme aussi caractéristique. Cependant, elle savait que la remarque de Kylo Ren ne visait pas à la blesser mais trahissait sa préoccupation pour ceux se trouvant sous ses ordres.

« Je veillerai à m’en souvenir, » déclara-t-elle sobrement avant de sortir.

 

 

Palais Impérial,

Coruscant,

 

Rey posa un regard satisfait sur les rapports que lui présentaient Pryde, Sloane et Obdur. Sa conquête du siège historique du pouvoir galactique par les armes et sa récente installation au Palais Impérial avaient fait une grande impression sur les anciens membres de la Nouvelle République et de nombreuses voix se prononçaient désormais en sa faveur. 

« Votre proclamation de l’instauration du Dernier Empire a été en grande partie un succès. Les images de votre prise de pouvoir, à pied, enceinte et armée d’un seul sabre laser, ont marqué les esprits de tous, commenta Obdur. Cependant, cela n’a pas eu que des effets positifs. Certains voient en vous un nouveau Dark Vador. »

 

Vador… Le nom amena un sourire sur les lèvres de Rey. La comparaison était flatteuse : le Sith avait inspiré la terreur pendant près de vingt ans. Elle songea qu’il était ironique que ce soit finalement elle qui soit perçue comme son héritière alors que Ben… Une fois de plus, la suite de sa pensée lui échappa brusquement et elle s’obligea à se concentrer de nouveau sur le rapport du chef de la propagande.

 

« Si votre démonstration de puissance en a conduit certains à se détourner de Ren, elle a également provoqué une flambée des actes terroristes à l’égard de nos troupes. »

La jeune femme fronça les sourcils, mécontente, et passa machinalement la main sur son ventre rebondi.

« Dans quels systèmes ?

— Quasiment tous, souffla Obdur, la tête basse. Seul le Noyau nous semble acquis, exception faite de Aargau qui s’entête à refuser les crédits que nous leur réclamons. »

Rey ouvrit la bouche mais Obdur devança ses paroles.

« Toute action de répression à l’encontre de la Banque d’Aargau serait extrêmement mal perçue par nos ennemis mais également nos alliés. Nombreux sont ceux qui y détiennent des intérêts financiers. A commencer par nous, Impératrice. »

 

Rey inspira profondément.

« Et Ralltiir ?

— Pacifié et soumis à votre autorité, intervint Pryde. Pour l’instant, leurs ressources financières nous permettent de nous passer du soutien d’Aargau. Je ne saurais que vous conseiller de concentrer nos efforts sur les autres systèmes. Aargau finira par céder. »

Rey en doutait mais après tout, que connaissait-elle de la politique ? Obdur poursuivit.

« Votre discours sur la nécessité de remettre de l’ordre dans une Galaxie fragilisée par les manœuvres de l’Usurpateur et le rappel de son implication dans la destruction d’Hosnian Prime a également fait bon effet sur les classes dirigeantes des divers Mondes. Mais, pas sur les gens du peuple, soupira Obdur. Vos paroles ont rappelé aux plus anciens celles de l’Empereur à l’occasion de son ascension à la tête de l’Alliance Galactique.

— En même temps, les situations sont comparables, intervint Hux. L’Empereur Palpatine a été désigné en raison de l’état d’urgence causé par les agissements de la Confédération des Systèmes Indépendants. Désormais, c’est l’Ordre de l’Equilibre qui représente la menace. »

 

Rey se massa les tempes, se sentant gagnée par la migraine tandis que Pryde rétorquait au roux avec sécheresse :

« Exception faite que ni la CSI, ni la Fédération du Commerce, n’était une véritable opposition pour l’Empereur Palpatine attendu qu’ils étaient sous son contrôle. Si vous l’avez oublié, je vous conseille de consulter nos manuels d’histoire ou nos bases de données. Nous ne pouvons pas en dire autant de Ren. Il est aussi incontrôlable qu’introuvable et ses moyens sont loin d’être autant limités que ceux de l’Alliance Rebelle en son temps. Il dispose d’une solide réserve financière et a profité de sa position passée à la tête du Premier Ordre pour forger un grand nombre d’alliances avec les représentants de différentes ethnies à travers la Galaxie. Il a fait en sorte de s’attirer la sympathie des classes populaires ce qui nous cause un sérieux obstacle. Les dirigeants des différents systèmes se méfient du peuple et cherchent à éviter une insurrection à tout prix. Cela explique les réticences que nous rencontrons aujourd’hui, y compris chez ceux qui sont acquis à notre cause depuis toujours.

— Ce n’est pas faute de vous avoir alerté à de nombreuses reprises à ce sujet, répliqua Hux. Je vous avais mis en garde contre les agissements de Ren mais, vous m’avez affirmé que j’avais tort de m’inquiéter et qu’il était sous contrôle.

— Nous l’avons peut-être un peu sous-estimé », reconnut Sloane avec un dépit perceptible.

Le Général Hux se fendit d’un sourire satisfait devant cet aveu de la Grande Amirale.

 

Le Grand Moff Randd prit la parole pour la première fois depuis le début de leur holoconférence.

« Nous avons les moyens de balayer les noyaux d’opposition dans la plupart des systèmes. Starkiller II fonctionne parfaitement et s’avère nettement plus performant que ces prédécesseurs. Je préconise que nous accentuions nos efforts pour découvrir la localisation de la base de l’Usurpateur et concentrions nos objectifs sur sa destruction. Une fois Ren coupé de cette ressource, il ne faudra pas longtemps pour qu’il perde son influence sur les masses.

— Excellente idée, Grand Moff, railla Obdur. Seulement, arrêtez-moi si je me trompe, mais nous n’avons pas l’ombre d’une piste.

— Général Pryde ? » releva Rey, le visage durci par la colère. 

 

A la grande satisfaction de Hux, son rival blêmit légèrement.

« Je m’y attèle, mes espions sont déployés dans tout l’espace Impérial mais, il semblerait qu’il ne soit nulle part.

— Et dans d’autres zones ? intervint Phasma. Nous avons construit notre base arrière dans les Régions Inconnues, peut-être Ren a-t-il fait la même chose ? »

Pryde lui adressa un léger coup d’œil de biais.

« J’y ai déjà songé, Capitaine. Mais la chose est impossible, si Ren se trouvait dans ce secteur, l’Empereur aurait senti sa présence. D’autant plus que, selon toute vraisemblance, le Dernier Jedi se trouve à ses côtés. Un tel bouleversement dans la Force ne passe pas inaperçu. 

— Et dans un des systèmes indépendants ? intervint Rey. Ben a toujours eu l’intention de les intégrer au sein de l’Alliance. »

Hux tiqua à la mention du véritable prénom du jeune homme mais les autres ne remarquèrent rien. Pryde, adressant un regard paternaliste à Rey, répondit :

« Cela est hautement improbable, Impératrice. Les systèmes dont vous parlez fonctionnent en marge du Dernier Empire depuis des millénaires et aucune organisation nous ayant précédé dans l’histoire n’est parvenue à les inciter à la rejoindre. Je doute fort que l’Usurpateur ait été capable d’accomplir le prodige de rallier l’un d’entre eux à sa cause. »

Rey serra les poings devant la condescendance avec laquelle Pryde s’était exprimé. 

 

« L’Impératrice n’a cependant pas tort de s’interroger, déclara immédiatement Hux. Après tout, Ren doit bien se trouver quelque part.

— Certes, mais pas en dehors de notre espace, rétorqua Pryde. Prenez par exemple le Consortium d’Hapès, ils vivent refermés sur eux-mêmes et se jugent hautement supérieurs à nous. De plus, ils ont pour règle de n’accorder le pouvoir qu’aux femmes, ce qui…

—Epargnez-nous la leçon d’histoire, le coupa Hux. Aucun d’entre nous n’envisage sérieusement que Ren puisse avoir pénétré la barrière du Consortium. C’est une véritable place-forte ! Cependant, il existe d’autres systèmes indépendants et certains d’entre eux se sont peu à peu ouvert durant la Nouvelle République. »

 

Rey ne les écoutait plus. Les yeux dans le vague, elle entendait la voix de son Maitre résonner en elle, surpassant celles des présents.

 

Cherche dans ton esprit… souffla-t-elle.

 

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Rey était de retour sur le Supremacy, elle portait la chemise sombre de Ben pour seul vêtement et ils venaient de faire l’amour. 

 

Un pli concentré sur le front, le jeune homme était penché sur son datapad. Elle le contempla quelques instants, suivant des yeux le mouvement de ses doigts sur l’écran, une boule de chaleur dans le bas ventre en songeant aux occupations de ces mêmes doigts quelques heures plus tôt. Un sourire aux lèvres, elle s’approcha et découvrit la projection d’un ensemble de bâtiments, aux lignes pures et majestueuses, bordé par une immense étendue d’eau douce. Emerveillée par la beauté du site, elle souffla :

« Quel est cet endroit ?

— Notre avenir, enfin si… tu aimes ? lui demanda-t-il avec une pointe d’inquiétude.

— Il faudrait être difficile, le rassura-t-elle en effleurant des doigts les courbes stylisées de l’ensemble. Où est-ce ? 

— Quelque part où nul ne pensera à chercher, souffla-t-il. Dans un endroit hors de portée du Conseil Obscur et de l’Empereur. C’est là que je compte m’installer lorsque le moment de sortir de l’ombre sera venu. Un grand nombre de mes partisans s’y trouve déjà et, grâce à leur aide, la construction de la Citadelle sera bientôt terminée. »

 

Sans quitter l’ensemble des yeux, Rey souffla :

« Elle est magnifique… Cela semble si calme, si beau… Je n’arrive pas à croire qu’il existe un tel havre de paix. »

Les doigts de Ben désertèrent le datapad pour venir se perdre dans les cheveux dénoués de la jeune femme.

« Je t’y emmènerai, je te le jure. Un jour, cet endroit sera le nôtre. »

 

L’océan gronda brusquement et Rey se sentit attirée par les vagues. L’eau se referma autour d’elle, cherchant à l’entrainer dans les abysses, et la voix de son Maitre se fit de nouveau entendre.

« Une fois de plus, Ren cherche à te corrompre… Montre-lui que ses efforts sont vains, ma jeune héritière. Arrache-toi à l’étreinte de l’océan, ne le laisse pas te conduire dans le gouffre. Fais la preuve de ta puissance. »

Aiguillonnée par Palpatine, Rey repoussa de toutes ses forces l’océan au fond de son esprit.

 

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« L’Usurpateur se trouve là où il ne nous viendrait pas à l’idée de le chercher, déclara Rey d’une voix altérée par la douleur qui lui vrillait les tempes. Dans une forteresse faite de courbes et de métal doré sur lequel se reflète le soleil. Une étendue d’eau borde le côté gauche de son repaire. La végétation entoure le reste. Sa base est immense et bien protégée. »

 

Les conversations s’étaient tues lorsqu’elle avait pris la parole et la jeune femme sentit ses oreilles bourdonner tandis que sa vision était troublée. Venue de très loin, elle entendit la voix pressante de Pryde.

« Où se trouve cette base ?

— Je ne sais pas, je ne lui ai jamais demandé », répondit Rey d’une voix de plus en plus ténue.

 

La jeune femme perçut de très loin la voix de Phasma.

« Elle fait une hémorragie ! »

Puis les ténèbres recouvrirent les perceptions et la douleur de Rey.

 

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Hux et Phasma échangèrent un bref regard tandis que les droïdes médicaux s’affairent autour du corps inanimé de leur Impératrice.

« Au moins, elle ne projette plus d’Eclairs de Force avant de sombrer, commenta Pryde d’un ton satisfait. J’ai entendu dire qu’il était plutôt dangereux de se trouver à proximité lorsqu’elle subissait l’un de ces changements d’humeur. 

— Peut-être parce qu’elle est trop faible pour ça ! rétorqua Hux sans parvenir à se retenir. C’est en train de la tuer ! »

Pryde, Sloane et Randd se raidirent en l’entendant tandis qu’Obdur lui adressait un regard d’avertissement. Sloane fut la première à réagir.

« Quelle importance ? Bis et Ter se portent merveilleusement bien et, grâce à eux, SC-142 est devenue obsolète. Certes, sa démonstration de puissance lors de la prise de Coruscant force le respect mais, nous sommes désormais certains que les capacités des prototypes qu’elle porte seront encore plus développées. De plus, ils seront exempts des instabilités de leur génitrice : éduqués dès leur naissance par l’Empereur, ils seront entièrement dévoués à notre cause et ne subirons nullement les effets parasites de souvenirs d’une vie passée ou d’influence Jedi. 

— Mais, il faudra des années avant que leurs corps soient assez résistants pour accueillir l’esprit de l’Empereur, protesta Phasma. Peut-être devrions-nous nous efforcer de préserver autant que possible le réceptacle. Je veux dire, une telle attente avant leur maturation ne risque-t-elle pas de freiner nos projets ? » s’empressa-t-elle d’ajouter.

 

Pryde lança à la Capitaine un regard si dédaigneux et déçu que la grande femme éprouva soudain le désir de disparaitre dans les souterrains du Palais Impérial.

« Soyez certaine que nul, à commencer par notre légitime Empereur, n’ignore le temps qu’il faudra aux nouveaux réceptacles pour développer l’intégralité de leur potentiel. C’est la raison pour laquelle nous avons d’ores et déjà recensé notre stock de vaisseaux temporaires. Leur nombre est largement suffisant pour nous permettre de patienter quelques années de plus sans avoir besoin d’avoir recours à SC-142. 

— Rey, elle s’appelle Rey, » siffla Hux entre ses dents, incapable de se retenir. 

 

Obdur secoua la tête d’un air attristé tandis que ses trois compagnons ricanaient avec mépris.

« Il faut croire qu’il est vrai que la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre », déclara Sloane d’un ton dégouté.

Pryde, quant à lui, fixait Phasma avec une telle intensité que la capitaine se sentit rougir d’avoir osé exprimer quelque chose pouvant être perçu comme de la compassion pour le réceptacle obsolète.

« Me voilà rassurée, dans ce cas, déclara-t-elle à la hâte. Pardonnez mon étourderie, il ne fait aucun doute que notre légitime Empereur a pleine conscience de la situation et a adapté le Plan Contingence en conséquence. »

 

Une lueur satisfaite illumina brièvement les yeux de Pryde et il hocha la tête.

« Votre égarement passager est parfaitement compréhensible, Capitaine Phasma. Nous sommes tous conscients de la difficulté de la tâche qui vous est confiée et des complications que l’instabilité de SC-142 engendre. Sachez que l’Empereur ne l’ignore pas non plus. Il reconnait largement et salue votre investissement dans l’avènement du Dernier Empire. »

Le compliment était d’importance, pourtant le sourire de Phasma était un peu forcé et ses remerciements lui laissèrent un gout de cendres tandis qu’elle répondait à son mentor. Certes, elle appréciait d’être remarquée favorablement par Palpatine et de voir ses mérites reconnus à leur juste valeur. Cependant, elle ne put s’empêcher de se demander ce qui lui arriverait si elle s’aventurait à questionner de nouveau les desseins ou les décisions de l’Empereur… Le cœur lourd, Phasma s’avoua à contre-cœur que, si elle venait à agir ainsi, il était extrêmement improbable que Pryde lui conserve son affection en dépit des encouragements qu’il lui avait toujours prodigués et de la figure paternelle qu’il s’était efforcé d’incarner depuis qu’ils s’étaient rencontrés.

 

Une fois la communication holographique terminée, Hux se tourna vers Phasma.

« Je vais voir comment se sent Rey, » annonça-t-il insistant volontairement sur le prénom de la jeune femme.

La boule dans la gorge de Phasma augmenta encore, à la mesure du malaise qu’elle éprouvait. Pourtant, elle lui répondit d’une voix glaciale qu’elle n’avait pas le loisir de perdre du temps. Un léger rictus méprisant se forma sur les lèvres du roux.

« Bien sûr, je n’en attendais pas moins d’une personne aussi consciente de son devoir… En ce qui me concerne, l’Empereur m’a spécifiquement chargé de la surveillance du… réceptacle. Et, en l’absence de nouvelles directives de sa part, vous comprendrez que je me sente tenu de m’assurer de sa santé. »

Phasma ne répondit pas. Elle en était incapable. Hux lui adressa un long regard chargé d’un mélange de mépris, de rancœur et de déception avant de sortir, la laissant seule face à elle-même.

 

()()

 

Rey se sentait faible… Plus que jamais. Dans son ventre, elle pouvait sentir les parasites se gorger de son énergie et de sa Force. Elle n’en pouvait plus… Tout se mélangeait dans son esprit et elle en venait à se demander ce qui était réel et ce qui relevait du cauchemar. Le souvenir de l’instant où elle avait entraperçu le repaire de l’Usurpateur lui revint de nouveau avec une douloureuse acuité et elle sourit rêveusement avant de tressaillir. Pourquoi s’en rappelait-elle ainsi ? Comme succédant à un moment où ils avaient fait l’amour, porteur de tendresse et d’affection ? Il n’y avait jamais rien eu de tel entre eux. Ren l’avait violée, abusée…elle le savait ! Pourtant…

 

L’arrivée de Hux l’empêcha de se concentrer plus avant sur la question qui avait fait naitre un début de migraine dans sa tête déjà durement éprouvée. La jeune femme leva un regard égaré sur le Général et ce dernier étouffa un soupir en interceptant l’expression perdue de sa cheffe. 

« Comment vous sentez-vous, Impératrice ? »

Rey se troubla un peu plus devant la compassion qu’il ne cherchait pas à dissimuler. Elle n’était pas à plaindre, elle n’était pas un objet de pitié : elle était puissante, elle avait le pouvoir et la Galaxie à ses pieds… Pourtant, elle ne pouvait se défendre d’éprouver un sentiment de manque, comme un vide en elle.

« Je ne sais pas, Armitage », murmura-t-elle.

Ce dernier déglutit en l’entendant employer son prénom au lieu du simple Hux dont elle le gratifiait d’ordinaire et il s’assit à ses côtés.

« Vous êtes fatiguée, cela est bien compréhensible aux vues de votre état et des événements de ces dernières semaines.

— Mon état », répéta Rey d’un ton oscillant entre colère et incompréhension. 

Le Général se raidit en prévision d’un énième déferlement de rage mais, à la place, Rey dissimula son visage entre ses mains, les épaules agitées par des sanglots silencieux.

« Pourquoi m’a-t-il fait ça ? Pourquoi je ne cesse de penser à lui ? Je ne sais plus où j’en suis. Je ne réussis plus à discerner le vrai du faux, quelquefois, j’en viens même à douter que mes pensées m’appartiennent… J’ai des milliers de souvenirs de cet endroit, mais pourtant, je sais que je ne suis jamais venue sur Coruscant. »

 

Hux frissonna en l’entendant. Visiblement, la manipulation de l’Empereur sur l’esprit de la jeune femme se détériorait à mesure que le temps passait.

« C’est à cause de l’Usurpateur, expliqua-t-il, conformément aux ordres de Palpatine. Il a exercé un contrôle mental sur vous pendant plusieurs mois afin de vous rendre malléable et de vous obliger à lui obéir aveuglément. Fort heureusement, vous avez su vous arracher à son emprise. Cependant, il semblerait que tout cela ait causé des dommages sur votre esprit. 

— Je me sens si… vide, si seule », murmura Rey.

Une boule remonta dans la gorge de Hux et il s’approcha légèrement d’elle.

« Vous ne l’êtes pas. »

Rey sentit de nouvelles larmes monter et elle secoua la tête.

« Pourtant, c’est ce que j’éprouve. Le pouvoir…. Ce palais… ça ne suffit pas à combler le manque, soupira-t-elle en désignant ce qui les entourait d’un geste las.

— Qu’est-ce qui vous manque donc à ce point ? » pesta Hux, furieux que, même sous contrôle, elle ne parvienne pas à oublier Ren.

 

Rey ne répondit pas, perdue dans les murmures des vagues qui lui soufflaient des caresses audacieuses et des baisers langoureux. Il lui sembla entendre la voix de Kylo Ren, comme un lointain écho lui déclarer qu’elle était sa femme, et, au lieu du dégout que l’évocation du jeune homme provoquait d’ordinaire en elle, elle ressentit l’impression fugace d’un profond chagrin immédiatement suivie par une tension intense. Haletante, Rey porta les mains à ses tempes et gémit.

« Je ne sais pas, je… c’est comme si mon corps avait besoin de lui, de le sentir, de… »

Hux déglutit en voyant la sclère des yeux de la jeune femme se remplir de sang et il la saisit par le bras.

« Vous n’êtes pas seule, » répéta-t-il.

 

Rey ne réagit tout d’abord pas puis, se tourna vers lui, ses traits trahissant son désespoir. Le roux laissa glisser lentement sa main le long du bras de la jeune femme et un frisson d’excitation le secoua en sentant sa peau nue contre sa paume. Elle était aussi douce qu’il l’avait fantasmé. Au lieu de retirer sa main, il la fit remonter en une lente caresse à laquelle Rey ne se déroba pas.  Hux s’approcha encore de l’Impératrice, collant son corps contre le sien.  Le Général était incapable de se contrôler… Il avait tellement rêvé de faire ravaler sa morgue à la jeune femme, de la soumettre à ses désirs de domination, de posséder à son tour celle que ce foutu Kylo Ren voulait tellement. Depuis qu’il l’avait vue, agenouillée face à Ren avant sa mission sur Castilon, l’envie de la prendre ne l’avait pas quittée. Et plus il passait du temps à ses côtés, plus il la désirait. 

« Il ne tient qu’à vous de combler ce besoin, murmura Hux. Je suis tout disposé à vous y aider. »

 

Rey, choquée par le comportement du Général, se tourna vers lui pour protester mais, alors que les mots acerbes s’apprêtaient à franchir ses lèvres, elle sentit la présence de Kylo Ren. Lentement, elle se retourna vers le centre de la pièce et un sourire mauvais étira ses lèvres en découvrant l’Usurpateur.

 

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Tétanisé, Kylo Ren fixait les doigts de Hux alors qu’ils remontaient jusqu’aux épaules de Rey, les effleurant avant de descendre vers la poitrine sensible de la jeune femme.

« Comment peux-tu le laisser te toucher ainsi ? Il n’a pas le droit, tu es à moi, rugit-il, les poings serrés par la rage. Tu es ma femme !

— Le temps où tu pouvais m’imposer tes désirs est révolu, répondit la jeune femme. A présent, tu n’as plus la moindre emprise sur moi, bâtard. Je suis libre de suivre mes envies. »

 

Kylo Ren blêmit sous la violence de ces propos et le sourire de Rey se fit plus large. Le fixant droit dans les yeux, elle tourna ensuite vers Hux et posa ses lèvres sur les siennes. Le roux réagit immédiatement et enlaça la jeune femme dévorant sa bouche sans la moindre hésitation. A cette vision, Kylo haleta, faisant un effort surhumain pour se contenir, avant de déclarer d’une voix hachée :

« Soit. Puisque tu veux que ce soit ainsi, je l’accepte. Tout ce qu’il y avait entre nous a donc désormais définitivement disparu, exception faite des enfants que tu portes. Tu peux être certaine que je viendrais pour eux, Rey, et, une fois que je te les aurais repris, tu ne représenteras rien de plus qu’un mauvais souvenir à mes yeux. »

 

Sur ces paroles, il rompit leur connexion.

 

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Les mains de Hux étaient sur Rey, pétrissant sa poitrine avec avidité tandis que sa langue se forçait un passage entre ses dents. Écœurée, elle le repoussa avec hargne. Maintenant que l’Usurpateur était parti, il n’était plus nécessaire de poursuivre cette mascarade.

« Pour qui vous prenez vous Hux ? l’admonesta-t-elle d’un ton glacial. Comment osez-vous prendre de telles libertés avec votre Impératrice ? »

Echauffé par son désir, Hux ne prit pas garde à la lueur jaunâtre qui conférait un éclat mauvais aux yeux de Rey.

« Et toi, de quel droit me repousses-tu ainsi alors que je fais tout ce que je peux pour te donner ce dont tu as besoin ? Pour qui te prends-tu donc ? Tu n’es pas l’Impératrice, tu n’es qu’un récipient destiné à accueillir celui qui souhaite se déverser en toi, rétorqua-t-il, guidé par sa frustration. Le véritable Empereur c’est Palpatine et non toi, pauvre… »

 

Les mots moururent dans sa gorge, étranglés par la pression que Rey exerçait sur elle grâce à la Force. Incapable de contrôler ses membres, Hux se retrouva à plat ventre devant elle. Implacable, Rey le fixa pendant de longues secondes et le roux gémit sous la souffrance.

« Pardon, Impératrice », gargouilla-t-il, humilié, mais cependant conscient que seule la soumission pourrait lui sauver la vie.

L’étreinte se desserra légèrement sur sa gorge et Hux poursuivit :

« Je me suis égaré, j’ai cru que vous, que vous vouliez… Cela ne se reproduira plus. »

D’un geste désinvolte, Rey le libéra et lui intima de sortir. Sans demander son reste, Hux se dirigea d’un pas chancelant vers la porte. Une fois parvenu devant cette dernière, il s’immobilisa et fixa la jeune femme.

« Vous avez dit que vous vous sentiez seule. Je voulais seulement vous prouver que vous ne l’êtes pas et que certains d’entre nous se soucient réellement de vous. J’étais sincère, Rey. Vous n’êtes pas qu’un pion du Plan Contingence à mes yeux, » lâcha le roux avant de sortir.

 

Une fois seule, Rey haussa les épaules. Hux importait peu, son désir n’avait été qu’un moyen opportun d’atteindre Ren. La jeune femme se remémora l’expression de l’Usurpateur lorsqu’il les avait surpris ensemble. A travers la Force, Rey avait perçu sa colère, sa tristesse, sa souffrance… Un sourire satisfait se matérialisa sur ses lèvres à ce souvenir avant de disparaitre aussi vite. 

 

Si Kylo Ren s’était servi d’elle pour assouvir ses désirs et la pousser à trahir son véritable Maitre… pourquoi éprouvait-il autant de peine en la voyant dans les bras d’un autre ? Et pourquoi Hux venait-il de la qualifier de pion ?

 


Chapitre 52                                                                                                    Chapitre 54


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