Chapitre 2 : La mort du cygne


Jones se tenait devant Elizabeth, jouissant de la terreur qu’il semblait lui inspirer. La jeune femme lui lança un regard paniqué, tandis que Jones levait un tentacule pour le poser sur la joue de la jeune fille y laissant une trace visqueuse. Elizabeth ferma les yeux pour ne pas hurler et sa poitrine se souleva plus vite au rythme des battements affolés de son cœur. Jones laissa son regard bleu glacier errer sur elle avant de rompre leur contact au grand dépit de Jimmy Leg. Il sourit cruellement à la jeune femme, imaginant sans peine quelles pensées étaient les siennes à cet instant. Il se délecta du soulagement qu’elle ne cacha pas lorsqu’il recula.  

« Je vais réfléchir à l’utilité d’une esclave telle que toi maudite femelle… Retourne sur le pont, je te ferais bientôt savoir quelle sera ta tâche. »

 

Elizabeth osa à peine le regarder en partant…. Elle ne parvenait même pas à imaginer ce que Jones pouvait décider de lui faire et l’horreur du contrat que sa peur de la mort l’avait poussée à accepter était de plus en plus claire dans son esprit. Sans mot dire elle se dirigea vers un coin sombre pour y verser des larmes amères sur les erreurs que sa stupide confiance en Jack Sparrow puis sa peur de la mort lui avait faites commettre.  

« Oh Will … comment ai-je pu croire que je pourrais continuer sans toi ? » Murmura-t-elle.

 

Dans la cabine de Jones, Jimmy Leg se tourna vers son maître, cherchant à deviner ses intentions. La clémence dont il venait de faire preuve envers la jeune femme n’était guère dans ses habitudes. Surprenant son regard, Jones bourra tranquillement sa pipe et se dirigea vers une cage de verre étroitement close dans laquelle un oiseau se débattait, les soubresauts de son cœur montrant son affolement.

« C’est tellement jouissif de faire croire au bel oiseau qu’il peut encore s’échapper de sa prison de verre, de le voir se débattre, privé d’oxygène et puis une fois qu’il est suffisamment faible de lui couper les ailes avant de le regarder mourir. » Expliqua-t-il en illustrant ses propos par des gestes.

 

Les deux monstres regardèrent en souriant l’agonie de l’oiseau qui avait commis l’erreur de tomber entre les pinces de Jones, puis Leg sortit, rassuré sur son maître et son état d’esprit.

 

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James Norrington n’en avait tout d’abord pas cru ses yeux en reconnaissant Jack Sparrow, assis sur le sable clair de l’île des Quatre Vents et observant sa main comme si une créature fascinante y était apparue. Le Commodore avait rapidement retrouvé ses esprits et comprit qu’avec la présence de Sparrow il tenait une occasion supplémentaire de retrouver sa place et le rang dont la générosité dont il avait preuve à l’égard du même Sparrow l’avait privé. Aussi James s’était donc empressé de s’assurer que sa présence sur l’île resterait invisible à Jack Sparrow. Il ne se montrerait qu’au moment de prendre enfin sa revanche sur celui qui lui avait coûté tout ce qu’il possédait de plus cher.

 

Il passa ainsi plusieurs jours à se dissimuler aux yeux du pirate dont une étrange mélancolie semblait avoir pris possession. Son abattement surprit James, ainsi donc le pirate avait un cœur. La perte de son navire semblait l’avoir anéanti et il ne faisait rien de plus que de rester sur cette plage à contempler fixement sa main gauche. En son fort intérieur, James était de plus en plus persuadé que Jack était devenu fou, enfin encore plus qu’avant. Un pavillon flottant à l’horizon le détourna de la surveillance discrète qu’il avait entreprise et James sentit l’espoir renaître en lui en reconnaissant le pavillon de la Compagnie des Indes.

 

Discrètement, il rejoignit la partie de la plage où Jack avait abandonné sa chaloupe et se mit en devoir de rejoindre le navire, prêt à saisir toutes les chances qui se présenteraient à lui. Les dieux devaient être devaient être de son côté car l’équipage l’aperçut et rapidement, James se retrouva hissé à bord du navire. Il eut alors la surprise d’y retrouver l’âme damnée de Beckett, Mercer, qui le considéra froidement.

« Tient donc… quelle drôle de surprise…Commodore Norrington; enfin je veux dire ex Commodore. Savez-vous que nous vous avons cherché partout ? Enfin je parle surtout du bourreau. »

 

James tapota les lettres de marques qu’il avait volées à Sparrow en même temps que le cœur de Jones et qu’il avait prudemment établies à son nom tout en rendant à Mercer son sourire froid.

« On dirait bien que ces documents indiquent le contraire. »

Mercer prit les lettres et les étudia brièvement avant de les rejeter avec un air méprisant.

«  Et qu’avez-vous à offrir en échange de la grâce de Lord Beckett ? »

Le sourire de James s’accentua… Il savait que le contrôle de la négociation était sien…

« Plusieurs choses… A commencer par la tête de Jack Sparrow. Le reste viendra en son temps, lorsque je serais reçu par Lord Beckett et non par son sous fifre. » Rétorqua Norrington de son ton le plus méprisant.

 

Mercer ouvrit la bouche pour une réponse cinglante mais la voix sèche de Beckett retentit, l’empêchant de le faire.

« Et bien … je vous écoute Norrington. Qu’avez-vous à offrir en échange de votre grâce … hormis Sparrow ? »

Une pointe de défi dans le regard, James sortit le cœur de Jones qu’il conservait dans un sac de toile. Beckett et Mercer, surpris, regardèrent le tissu ondoyer tandis qu’un battement sourd et régulier se faisait entendre.

«  Je crois que nous allons finir par parvenir à un accord. Finit par dire Beckett

- Je n’en doutais pas. Lui rétorqua Norrington. Sparrow est sur l’île dont je viens. Seul.

- Dans ce cas prenez des hommes et ramenez le moi… Amiral Norrington. » Ordonna Beckett, un mince sourire aux lèvres.

 

Pour toute réponse, James s’inclina avant de sortir d’un pas rapide… il avait retrouvé sa place et même plus. Déjà l’ivresse du pouvoir l’emplissait à nouveau, il se tenait plus droit, plus fier tandis qu’il rassemblait des hommes pour aller capturer celui qui l’avait tant défié et qui avait causé sa déchéance passée. Plus jamais il ne laisserait une telle chose se produire, se promit il en prenant place à l’avant de la chaloupe, laissant les hommes ramer.

 

()()

 

Les derniers jours qu’elle avait passés sur le Hollandais Volant avaient permis à Elizabeth de constater que la cruauté de Jones n’était pas qu’une légende. De plus, malgré ses recherches discrètes, elle n’avait toujours pas réussi à trouver le père de Will parmi la cohorte de monstres peuplant le navire. Lorsqu’elle déambulait sur le navire, le cœur d’Elizabeth battait toujours à tout rompre et la jeune femme frissonna plus d’une fois en surprenant le regard concupiscent d’une créature posé sur elle. Elle savait que Jones avait interdit à ses hommes de la toucher mais cela ne suffisait pas à la rassurer tout à fait et elle vivait sur la défensive. En ce qui la concernait, elle n’avait pas revu Jones, le poulpe l’ignorait royalement depuis l’annonce du trépas du Kraken. Parfois Elizabeth caressait l’espoir que Jones l’oublie définitivement, mais alors le sourire que Jimmy Leg avait pour elle lui revenait en mémoire et lui rappelait que Jones avait sûrement des projets pour elle.

 

Dans sa cabine, Davy Jones reproduisait rageusement sur son orgue les accords de la boite à musique que Calypso l’infidèle lui avait jadis offert. Il avait connu la déesse alors qu’il n’était qu’un simple pécheur et dès le premier regard, l’homme qu’il avait été l’avait aimée. Calypso était la mer et sa personnification. Elle était farouche, indomptable, audacieuse, changeante mais aussi perverse et trompeuse. Davy lui avait donné dix ans de sa vie et avait renoncé au monde terrestre pour guider les malheureux morts en mer jusqu’à leur dernière demeure. En échange il devenait un immortel et pouvait passer un jour tous les dix ans dans le monde des vivants. Mais surtout il pouvait passer cette journée avec son unique amour, Calypso. Ainsi, le marin devenu immortel et la déesse pourraient s’unir une fois tous les dix ans jusqu’à la fin des temps, leur amour serait immortel comme eux, pensait il lorsqu’il accepta sa charge. Un autre aurait peut-être renoncé et trouvé la récompense trop faible par rapport au prix exigé mais pas Jones… Parce que tout dépendait de cette fameuse journée, une fois tous les dix ans.

 

Et lorsque pour la première fois cette journée tant attendue était arrivée, c’était un homme rempli d’amour et d’espoir qui s’était présenté au rendez-vous, impatient de serrer contre lui son véritable amour, de faire l’amour avec la mer elle-même et de recevoir ainsi la juste récompense de son dévouement et de son dur labeur. Mais Calypso n’était pas là, elle ne l’avait pas attendu contrairement à tous les serments qu’ils avaient échangés… La perfide s’en était allée, et Davy Jones avait passé son unique journée seul, à attendre une femme pour qui il avait tout sacrifié. Lorsque le soleil avait disparu à l’horizon, Jones avait su que tout était fini. Fou de douleur et de colère envers celle dont la légèreté et l’inconstance l’avaient condamné à errer en mer pour l’éternité et à guider des âmes sans pouvoir procurer le repos à la sienne, il s’était arraché le cœur, refusant d’éprouver encore la douleur de la perte, plus forte que les petites joies du quotidien qui n’avaient à présent plus aucune valeur à ses yeux. Jones avait également rejeté sa mission et préféré  écumer les mers pour détruire les âmes comme Calypso avait détruit la sienne… Il avait enterré son cœur, le maintenant loin de lui, pour ne plus ressentir la souffrance causée par la trahison et l’abandon, qu’il avait remplacés par la rage. Il ne ressentait plus non plus de compassion et tirait son plaisir de la souffrance et de la peur… Mais même encore à présent, son cœur restait sa faiblesse…

 

Et voilà que ce dernier ne se trouvait plus dans sa cachette, Jones ignorait jusqu’à l’identité de celui qui le possédait mais qui sans nul doute l’utiliserait bientôt contre lui, le réduisant à son tour en esclavage contre la promesse de ne pas le tuer…Le même marché que celui que Jones proposait à ses victimes depuis des siècles. Parce que même Jones se souvenait que tous les hommes avaient peur de la mort, lui y comprit… L’idée de sa dépendance imminente au bon vouloir d’autrui le rendait fou, tout comme son impuissance devant ce qui ne manquerait pas d’arriver. Tout ça à cause de Sparrow et de ses amis… Et le comble de tout c’était qu’il était maintenant sur que le pirate lui avait échappé et cette idée décuplait sa rage. Il plaqua les derniers accords avec un sourire pervers et appela Jimmy Leg.

« Va me chercher la fille, maintenant … »

Jones referma la boite à musique qui émit un grincement sinistre… Il était temps de chanter la mort du cygne et faire en sorte qu'il ne puisse plus jamais voler.

 

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Cela faisait des jours que c’était arrivé et Jack ne parvenait toujours pas à le croire. La marque noire, celle de sa lâcheté et la dette qu’il avait envers Davy Jones avait réellement disparue. Il ne parvenait toujours pas à comprendre comment cela avait pu se produire. Un moment il avait pensé que le sang versé par sa faute avait apaisé Jones avant de changer d’idée devant le ridicule de cette idée, Jones ne pouvait pas faire preuve d’une telle mansuétude.

 

Jack se demandait donc une fois de plus ce qui avait fait disparaître la marque de sa main…Un sourire vaniteux aux lèvres, il se rappela le prix exorbitant que Jones avait demandé en échange de sa dette… Cents âmes contre la sienne seule… Et Jack avait beau compter et recompter même avec l’équipage entier du Pearl on était loin du compte…

 

Non décidément, si la marque avait disparu ça ne pouvait signifier que deux choses tout aussi improbables l’une que l’autre. Soit le Kraken avait inexplicablement péri au cours de l’attaque du Black Pearl grâce à un plan ingénieux de Turner ce qui était impossible. Soit Jones avait trouvé sur le Black Pearl une âme qui valait la sienne et l’avait prise à sa place. Jack frissonna à cette idée il n’y avait qu’un seul être qui possédait une âme semblable à la sienne sur le Black Pearl et c’était la dernière personne qu’il désirait voir tomber dans les tentacules de Jones. Affolé par la possibilité qu’il entrevoyait, Jack sortit son compas et espéra que pour une fois celui-ci saurait lui indiquer un cap lorsqu’une main glaciale se posa sur son épaule.

« Bugger ! S’exclama Jack en reconnaissant Norrington encadré par un régiment de soldats

- Venez Sparrow… Et souvenez-vous de ce jour où le Capitaine Jack Sparrow a finalement été capturé par la Compagnie des Indes. »

 

Remis de sa surprise et jugeant qu’il serait stupide de résister pour l’instant Jack se leva en écartant la main que Norrington avait posée sur son épaule. Il regarda l’homme d’un air désabusé, sachant maintenant où était le cœur de Jones

« Le côté obscur de l’ambition hein, Commodore Norrington

- C’est Amiral désormais

- Vous m’en direz tant… Amiral. » Se contenta de répondre cyniquement Jack, en suivant les gardes, l’esprit déjà occupé à élaborer un plan pour s‘échapper…

 

()()

 

Jimmy Leg trouva Elizabeth à la place qu’elle avait l’habitude d’occuper, dissimulée dans un coin sombre du Hollandais Volant, pleurant son bien aimé quand elle ne cherchait pas le père de ce dernier. Jimmy l’agrippa par le bras et la força rudement à se lever sans tenir compte de ses protestations.

« Le capitaine veut te voir… Je crois qu’il t’a trouvé un usage. » Grimaça-t-il d’un air sadique.

 

Un long frisson glissa le long de l’échine d’Elizabeth… Ainsi, le moment qu’elle avait tant redouté était arrivé. La paix des derniers jours tirait à sa fin tandis que l’espoir que Jones l’ait oubliée volait en éclats… Le cœur serré par l’angoisse, Elizabeth se laissa entraîner vers la cabine de Jones, consciente que toute résistance était inutile.

 

A son entrée le poulpe se leva et prit le temps de la regarder tandis qu’elle luttait contre le besoin pressant de replier ses bras sur sa poitrine en un geste dérisoire de protection qui trahirait sa faiblesse. Jones bourra sa pipe et congédia son maître d’équipage d’un geste.

« J’ai réfléchi à ton sujet Elizabeth.»

La jeune femme ne bougea pas un muscle et retint son souffle devant la lueur mauvaise qui luisait dans les yeux bleu glacier du capitaine du Hollandais Volant. Il s’approcha d’elle, son pas pesant résonnant dans toute la pièce tandis qu’Elizabeth s’efforçait de soutenir crânement son regard. Elle puisait sa force dans le souvenir de Will, imaginant son regard posé sur elle, comme s’il veillait sur elle au-delà de la mort. Une fois devant elle, Jones écarta les mèches qui lui recouvraient le visage, ne voulant rien perdre du spectacle qui allait suivre.

« Comme pour toutes les sorcières de ton espèce, la nature a été généreuse. Une peau blanche parfaite, douce au toucher… Murmura-t-il en effleurant sa joue à l’aide de la pince de crabe qui remplaçait sa main, se réjouissant du dégoût qu’elle ne parvint pas à dissimuler et de la terreur qui venait de s’allumer dans les prunelles sombres de sa nouvelle esclave. J’ai donc décidé d’utiliser la seule chose que tu es en mesure d’offrir au Hollandais Volant., ton corps. Ton si beau corps qui restera parfaitement intact alors que tous les autres occupants de ce navire se transforment en créatures marines !!! » Cracha Jones avec rancœur devant cette nouvelle injustice.

 

Elizabeth ouvrit de grands yeux terrifiés et recula cette fois vers la porte.

« Non … »

Jones eut un sourire presque aimable.

«  Tu as fait ton choix Elizabeth, cent ans de servitude en échange de quoi la date de ta mort était différée… Il est donc trop tard pour reculer, tu n’as aucune échappatoire. Du reste, les femmes dans ton genre qui se prétendent rebelles et indomptables adorent se vautrer dans les bras du premier marin prêt à les prendre. »

Le cœur d’Elizabeth battit avec affolement dans sa poitrine devant la rancœur que Jones mettait dans ses paroles, se doutant confusément qu’elle allait payer les crimes d’une autre.

« Je ne suis pas ainsi. Vous vous trompez ! Je, je n’ai jamais laissé un homme me toucher. Pas même Will. » Souffla-t-elle.

 

Jones lui sourit, jouissant de sa terreur et des battements affolés de son cœur qu’il devinait en voyant sa poitrine se soulever… Sans dire mot, il la tira par le bras, la traîna sur le pont du navire et la jeta brutalement contre le mât.

« Et tu crois qu’à cause de ça je vais t ‘épargner ? Ricana Jones avant de se tourner vers deux de ses hommes. Vous deux ! Attachez moi cette garce au mât. Face vers moi. Je veux voir son visage de sorcière quand je vais lui montrer sa place sur le Hollandais Volant ! » Se réjouit Jones devant l’expression terrifiée d’Elizabeth.

 

La jeune femme se débattit et chercha à se débattre tandis que les deux marins refermaient les fers autour de ses poignets délicats, collant son dos au mât dont elle ne pouvait s’éloigner que de quelques centimètres.

 

Jones regarda autour de lui, les marins intéressés faisaient cercle, certains avec des expressions envieuses et affamées… Il poursuivit son examen et ce qu’il vit le satisfit au plus haut point et se réjouit de prochaines souffrances à inventer. Jones reconnut dans les crispations des mâchoires ou dans des pantalons soudainement trop étroits l’existence de désirs encore bien humains chez ses membres les plus récents… Oui, décidément cette garce était une recrue de choix pour le Hollandais Volant, un instrument de torture pour ses hommes et une récompense pour ceux qu’il choisirait de distinguer, la torturant ainsi en la réduisant à un objet de plaisir. Jusqu’à tuer toute parcelle de beauté et de douceur en elle. Grâce à elle, il se vengerait enfin pleinement de Calypso et de son infidélité.

 

Un instant perdu dans ses souvenirs qu’il pouvait à présent évoquer dénués de toute souffrance, Jones revit ses dix premières années en tant que capitaine du Hollandais Volant. Les nuits d’insomnie où, tenaillé par un désir plus fort que lui, qu’il n’assouvissait que dans la solitude amère de sa cabine, se caressant en ne songeant qu’à sa Calypso. Il lui était resté fidèle durant dix longues années tandis qu’elle se donnait au premier venu…Mais cette souffrance était terminée depuis qu’il s’était débarrassé de son organe le plus gênant et ce soir son abstinence allait à son tour prendre fin….


Chapitre 1                                                                                                          Chapitre 3


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