Chapitre 13 : Mises au point


 

Le Premier Ordre,

 

Le chuintement, pourtant discret, de la porte réveilla Rey et la jeune femme se redressa, les yeux rougis et les paupières gonflées par le chagrin de Padmé et son manque de sommeil.

« Ton trouble inonde la Force, lâcha Ren d’un ton froid. Cesse de douter et accepte ton destin. 

— Je ne serais jamais comme Vador, ni comme toi », répliqua Rey, encore secouée par les songes qu’elle avait faits un peu plus tôt.

 

Les yeux du jeune homme glissèrent jusqu’à la chemise de Rey que son sommeil agité avait légèrement entrouverte. Il prit une imperceptible inspiration, puis :

« Devons-nous sans cesse avoir cette conversation ? 

— Jusqu’à ce que tu comprennes. De toute évidence, tu n’es pas très vif d’esprit, » lui rétorqua Rey avec insolence, sa combattivité revenue.

Le jeune homme se crispa.

« Et toi, tu te mens à toi-même en refusant d’accepter ce que tu désires. 

— Je ne veux certainement pas régner sur la Galaxie, cesse de faire semblant de me connaitre ou de me comprendre. »

 

Il s’approcha d’elle et elle se leva pour lui tenir tête.

« Non… Ce n’est pas ce genre de pouvoir qui t’intéresse, susurra-t-il. Tes ambitions sont plus physiques… charnelles », souffla-t-il.

Une boule remonta dans la gorge de Rey et elle recula vers le mur.

« Ne t’approche pas de moi… Et ne t’avise surtout pas de me toucher à nouveau, » ajouta-t-elle avec un léger temps de retard.

Un léger sourire sardonique se forma sur les lèvres pleines du jeune homme.

« Pourquoi ? Tu as aimé ça, la dernière fois. »

Les joues de Rey s’enflammèrent et elle rétorqua, d’une voix mal assurée :

« Non pas du tout. 

— Tu mens… lâcha-t-il tout en s’approchant d’elle, les yeux dans les siens. Personne ne t’avait jamais touchée comme ça, aussi franchement. Ni tes amants de Jakku, ni ton stupide stormtrooper… 

— Cesse d’entrer dans mon esprit ! » cracha Rey, aussi furieuse que gênée.

Il se tenait désormais tout proche d’elle, leurs corps se frôlaient presque et, à sa grande honte, Rey sentit une douce chaleur se répandre dans son bas-ventre. Les yeux de Ren brillaient, pareils à deux billes d’obsidienne, leur noirceur lui rappelant les ténèbres de son gouffre intérieur. Sans la quitter du regard, il posa nonchalamment sa main gantée sur son épaule, faisant glisser sa chemise pour dévoiler la peau de la jeune femme. 

 

« Va-t’en, souffla Rey dans un soupir.

— C’est vraiment ce que tu veux ? » murmura-t-il tout en la débarrassant de sa tunique.

Tandis qu’elle se mordait les lèvres pour étouffer un soupir de désir, Kylo Ren sentit son propre cœur s’affoler. Il voulait cette maudite fille. Jamais il n’avait éprouvé un tel appétit charnel, même lorsque des années plus tôt, encore padawan, il avait découvert les plaisirs du corps. Elle lui résistait depuis trop longtemps. Sa paume se referma sur le sein rond et ferme de la jeune femme et il le soupesa brièvement avant d’en effleurer la pointe du bout de son gant. Un soupir rauque lui répondit et Rey ferma à demi les yeux sous la caresse, son corps s’arquant instinctivement en direction de celui de son ravisseur. L’humidité se répandit entre les cuisses de la jeune femme et elle gémit de nouveau.

« S’il te plait, » murmura-t-elle ne sachant elle-même si elle le suppliait de partir ou de continuer.

 

Les mains de Ren glissèrent sur le ventre plat de la jeune femme, écartant sans la moindre hésitation l’élastique de son fut puis de sa culotte afin de le faire glisser sur le sol. Elle était nue devant lui, sa peau d’albâtre paraissant plus blanche encore dans le décor sombre du château de Vador. Les yeux voilés par le désir de Rey rencontrèrent ceux de Ren et son envie d’elle le submergea, lui faisant oublier ses plans initiaux et sa résolution de la frustrer pour mieux la pousser du Côté Obscur. Son sexe était tendu jusqu’à en être douloureux. C’était trop. Il n’en pouvait plus de se retenir. Il colla son corps contre celui de la jeune femme et défit son pantalon d’une main un peu tremblante. Un halètement échappa à Rey alors qu’il la soulevait sans effort, l’empalant sur sa virilité dressée.

 

Dos au mur, plaquée contre le torse encore gansé de noir de Ren, Rey frissonna longuement, les pointes érigées de ses seins frottant rythmiquement contre le cuir de la tunique du jeune homme. Ses mains s’étaient instinctivement posées sur les épaules de son partenaire afin de s’accrocher, le corps secoué par ses va et vient puissants. Un halètement lui échappa alors qu’il s’empalait au plus profond d’elle, l’emplissant entièrement avant de ressortir sans la moindre douceur pour mieux se planter en elle de nouveau. Il ne lui faisait pas l’amour. 

 

Non. Il la baisait. Fort. Brutalement.

 

Cette pensée redoubla l’excitation de Rey et elle poussa un cri rauque. Un torrent de feu se répandit dans son corps, menaçant de lui faire perdre pied. Eperdue par la sensation, elle crispa ses doigts sur les épaules de Ren et il la fixa.

« Lâche prise, » ordonna-t-il dans un souffle.

Il était perdu dans leur lien, incapable de discerner ses propres émotions de celles de la jeune femme.

Le son de sa voix, plus rauque et vibrante que jamais, eut raison des ultimes barrières de Rey. Les yeux clos, elle sentit son corps et son esprit exploser dans une vague de plaisir inédite tandis qu’il jouissait en elle, incapable lui aussi de se retenir. La sensation incroyable de l’orgasme terrassa Rey dont le corps, à présent alangui par le plaisir reçu, s’affaissa. Elle sentit les mains gantées de Ren la retenir tandis qu’il tombait lui-même à genoux sur le sol, les jambes coupées par l’intensité de ce qu’ils venaient d’expérimenter. Des larmes roulèrent sur les joues de Rey et il serra fermement contre lui.

« Tout va bien », haleta-t-il d’une voix tremblante.

Le souffle court, Rey ne répondit pas. Il lui semblait être dans une sorte de gangue cotonneuse et douce, son esprit peinant à se reconnecter avec la réalité. Au fond d’elle, Rey sentait le gouffre palpiter mais, pour la première fois, cela ne lui faisait pas peur. Elle n’avait pas envie de fuir, pas après une telle jouissance. La tête sombre de Kylo Ren reposait contre son cou, l’odeur musquée du jeune homme lui emplissait les narines tandis qu’il la serrait contre lui à la briser et Rey s’abandonna à son étreinte, repue de plaisir. 

 

Ils restèrent ainsi un long moment, bras et jambes emmêlés, tremblants, à même le sol. Finalement, les battements de leurs cœurs retrouvèrent un rythme normal alors qu’ils reprenaient leurs esprits.

 

Horrifiée par ce qu’elle venait de le laisser lui faire, Rey s’écarta sans douceur, bondissant en arrière.

« Comment… Tu as osé… » siffla-t-elle, dégoutée d’elle-même.

Une brève lueur déçue s’alluma dans les yeux de Kylo Ren puis, il se redressa et remonta son fut d’un air détaché.

« Je t’ai donné ce que tu attendais de moi, lâcha-t-il d’une voix glaciale. Cesse d’être hypocrite et de prétendre que tu ne le désirais pas. Tu ne peux pas me mentir et tu le sais. Tu as beau n’avoir que des insultes et du rejet à la bouche, ton corps ne dissimule pas, lui. Ce que tu partages avec moi grâce à la Force non plus. »

Les poings serrés, Rey ne le regarda pas. Elle en était incapable. Pas après ce qui venait de se produire. 

« Je veux que tu sortes de cette pièce. Immédiatement, » exigea-t-elle, la tête basse. 

 

Elle bouillonnait désormais de colère et de honte. Kylo Ren vit des étincelles électriques se former au bout des doigts de la jeune femme mais, au lieu de profiter de l’instant pour la pousser vers le Côté Obscur, il obéit sans un mot. 

 

( ) ( )

 

Une fois à l’extérieur, Kylo Ren crispa les mâchoires et donna un violent coup de poing dans le mur qui lui faisait face. Il sentait le dégout et le rejet de Rey avec une douloureuse acuité. Il ne supportait pas qu’elle le repousse ainsi. L’idée qu’elle le haïsse, qu’elle le méprise, lui était intolérable. Submergé par la frustration, il frappa le mur sans discontinuer jusqu’à que ce que la souffrance de ses poings remplace toute autre émotion.

 

( ) ( ) 

 

La souffrance. Encore. Dans sa poitrine, son épaule, ses reins… Elle n’en pouvait plus d’une telle douleur. 

 

Venue de très loin, elle entendit la voix de sa mère, douce, apaisante.

 

« Ne renonce pas, Kaydel. Accroche-toi de toutes tes forces, mon enfant. Je ne supporterai pas de te perdre toi aussi. »

 

La voix de Leia était suppliante à présent et elle s’était brisée sur les derniers mots. Elle ne pouvait pas l’abandonner. Pas après tout ce qui lui avait déjà été arraché. Son frère. Son père. S’arquant pour se préparer à ce qui allait suivre, Kaydel fit face à la douleur.

 

Des larmes s’échappèrent de ses yeux clos et Hux, qui n’avait pratiquement pas quitté son chevet depuis qu’elle avait été blessée, se redressa d’un bond sous l’œil agacé d’Opan. 

« Elle se réveille », souffla-t-il sans chercher à dissimuler son soulagement.

Sa main étreignit la paume froide de la jeune femme et il murmura.

« Ne renoncez pas Kaetix. Accrochez-vous de toutes vos forces. Je ne supporterai pas de vous perdre. Pas alors que je viens juste de vous trouver. »

 

Dans l’esprit de Kaydel, la voix de Leia se mêla à celle d’un homme dont le nom lui échappait. Elle sentait la vigueur d’une poigne sur la sienne, cherchant à la retenir, à la ramener. Peu à peu, le timbre maternel s’estompa et celui de l’homme s’imposa à sa conscience. Les yeux de la jeune femme s’entrouvrirent et elle battit faiblement des cils avant de se réveiller totalement. Ses iris plongèrent dans ceux, d’un vert limpide, du roux qui la fixait avec une expression tendue et elle se troubla. Où était sa mère ? Où était Leia ?

« Mère ? » appela-t-elle d’une voix ténue.

Hux se décomposa légèrement et pressa un peu plus la main de la jeune femme.

« Elle n’est pas ici, Kaetix. Je suis désolé. »

 

Kaetix ? Pourquoi l’appelait-il ainsi ? Ce n’était pas son nom ! Elle était Kaydel Solo Organa, héritière du trône d’Alderaan ! Elle ouvrit la bouche pour le corriger mais deux médecins s’interposèrent, faisant sortir le général. Tandis qu’ils s’affairaient autour d’elle, l’esprit de Kaydel s’éclaircit peu à peu et les souvenirs des semaines écoulées refirent surface. Sa mission d’infiltration, sa nouvelle identité. Hux. Le verre et le dîner qu’ils avaient partagés, les confidences du général. Coruscant. Ses efforts pour aider Poe. Le blaster de l’ancien trooper, l’ami de Rey, pointé sur elle. Puis… Un glapissement d’effroi lui échappa à ce souvenir et son cœur s’affola. 

« Du calme, lui enjoignit froidement l’un des hommes en blouse blanche qui s’affairaient autour d’elle. On a déjà eu assez de mal à vous ramener alors ne nous claquez pas dans les mains. »

 

( ) ( ) 

 

Une fois à l’extérieur de la pièce, le général Hux laissa retomber toute la tension qu’il avait accumulée au fil des heures passées à veiller sur Kaetix. 

« A présent que cette fille est réveillée, peut-être allez-vous enfin vous décider à rejoindre le Supremacy. Le Suprême Leader Snoke commence à s’impatienter, » lui rappela Opan avec une pointe d’agressivité.

Hux se tourna vers lui et répliqua sèchement :

« Le Suprême Leader est parfaitement conscient de l’importance de ce que j’accomplis ici. 

— Quoi donc ? Veiller sur cette fille ? » marmonna Opan.

Les doigts fins du roux se refermèrent sur son col. 

« Je ne vous autorise pas à me juger, capitaine Opan. Je suis votre supérieur et j’attends de vous que vous montriez respectueux envers ma personne. Ne vous avisez pas de propager de telles rumeurs. Vous savez aussi bien que moi que Coruscant a besoin d’être laissée aux mains d’un chancelier capable et doté d’une main de fer. Nous avons manqué de discernement en choisissant le précédent ce qui nous a couté la possession de la balise que je projetais d’offrir au Suprême Leader. Je ne compte pas refaire cette erreur. »

Opan crispa les mâchoires, hésita, puis :

« Et en ce qui concerne ce que le sang de Cottbick a révélé ? Quand allez-vous en informer le Suprême Leader ? »

Hux se raidit :

« Je ne vois aucune raison de le mettre au courant. »

 

Le capitaine s’étouffa presque en entendant ces mots.

« Mais, elle a des midi-chloriens… Vous savez ce que cela signifie et l’importance que…

— Comme de nombreuses personnes à travers la Galaxie, le coupa Hux. Nul besoin de faire perdre son temps au Suprême Leader avec ce genre de broutille. Vous l’avez entendu comme moi : ces choses en elle sont en sommeil, par conséquent, elle n’a développé aucune sensibilité à cette, cette Force. Il est donc inutile d’en faire état à quiconque. »

En dépit du flegme apparent avec lequel le général avait déclaré ces derniers mots, la mise en garde était évidente et Opan se décida :

« Général Hux… Cela fait bien longtemps que vous m’honorez de votre confiance et j’ose croire que je m’en suis toujours montré digne. Me permettez-vous de vous parler franchement ? »

Hux fronça légèrement les sourcils, mécontent mais cela n’arrêta pas son sous-fifre. Passant outre la permission de son supérieur, il poursuivit :

« Vous devriez vous débarrasser de cette fille, l’envoyer servir dans l’une de nos bases secondaires. Pourquoi pas Kijimi ? La Générale Parnadee serait un supérieur parfait pour Cottbick. Elle est vigilante, attentive aux détails et…

— Que sous-entendez-vous ? le coupa Hux d’une voix très basse.

— Je sais que vous avez confiance en elle mais ne trouvez-vous pas étrange qu’elle ait été présente à chaque fois que la Résistance nous a pris de vitesse ? D’abord avec le gisement d’impervium, et maintenant, cette balise… »

 

Un voile ombrageux passa sur le visage de Hux. 

« Comment osez-vous l’accuser de la sorte après ce qui vient de se produire ? Dois-je vous rappeler qu’elle a failli perdre la vie en tentant d’empêcher ces rebelles de s’enfuir ? Votre antipathie et votre jalousie à son égard vous aveuglent, Opan. Kaetix est parfaitement digne de confiance et je n’ai pas la moindre intention de me séparer d’elle. »

Le capitaine déglutit devant la fougue inhabituelle que le général mettait dans ses propos et baissa la tête, vaincu.

« Soit… Cependant, j’espère que vous vous montrerez prudent. Pour en revenir aux midi-chloriens, il serait peut-être bon de faire analyser plus précisément son génome, histoire de voir s’ils pourraient être réveillés. Imaginez la satisfaction de notre Suprême Leader si vous lui procuriez une nouvelle apprentie, sans oublier la déconvenue de Ren. Ce serait…

—Non. »

Le ton de Hux était aussi tranchant que sans appel et Opan grimaça de plus belle.

« Kaetix n’est pas un sujet d’expérience. Quant à ces midi-chloriens qui semblent tellement vous intéresser, je vous ordonne d’oublier leur existence. Suis-je clair, capitaine ?

— Parfaitement, général, » se soumit Opan à contre-cœur. 

 

La Résistance,

 

Un peu intriguée par la convocation qu’elle avait reçue, Jannah pénétra dans le salon de la générale Organa. Leia, qui était sortie de son coma quelques heures plus tôt, lui adressa un sourire fatigué. La générale, mise au courant par Holdo des derniers événements, avait absolument tenu à être là pour la rencontre entre Lando et sa fille, heureuse que, pour une fois, une histoire familiale ait une issue joyeuse.

 

Jannah fronça les sourcils à la vue des trois personnes qui l’attendaient visiblement de pied ferme. Leia, Holdo, et un homme vieillissant qu’elle ne connaissait pas encore. Elle lança à ce dernier un regard méfiant. Il était de notoriété publique que la Résistance ne pratiquait pas la torture mais, officiellement, c’était le cas aussi du Premier Ordre, or, elle était bien placée pour savoir que c’était faux…

 

Lando retint son souffle à la vue de la jeune femme qui lui faisait face, à court de mots pour la première fois de sa vie. Même sans les preuves génétiques, il n’aurait eu aucun doute sur son identité. Elle ressemblait beaucoup à Sana et un peu à lui-même, il était impossible qu’elle ne soit pas l’enfant qu’il avait perdue sans même connaitre son existence.

« Jannah », souffla-t-il d’une voix étranglée par l’émotion, incapable de poursuivre.

La jeune femme se troubla et posa un regard confus sur Holdo. Pourtant, ce fut Leia qui prit la parole.

« Je sais que nos questions sur tes origines t’ont agacées. Mais, nous avions de bonnes raisons de te les poser. Vois-tu, notre ami Lando, ici présent a appris, il y a plusieurs années qu’il avait une fille et que cette dernière avait été emmenée par le Premier Ordre. »

Le visage de Jannah se contracta imperceptiblement et elle adressa un long regard à Lando. 

« Sa compagne, Sana, avait prénommé sa fille Jannah… déclara doucement Leia. Alors, lorsque nous avons entendu ton nom, puis ton histoire… Tout concordait avec ce que Lando savait sur son enfant disparue.

— Ce, ce, n’est pas possible, balbutia Jannah. C’est une coïncidence, je 

— Nous avons comparé vos génomes, intervint Holdo, surprise par la réaction de la jeune femme. La filiation ne fait aucun doute. Lando est ton père. »

 

A ces mots, le vieux baroudeur s’anima enfin et il avança vers la jeune femme pour la serrer contre lui. Après un infime instant d’hésitation, Jannah lui rendit son étreinte et Leia se tourna vers Holdo.

« Je crois qu’il est temps pour moi de retourner me reposer… Vous me raccompagnez jusqu’à ma chambre ? »

Pour toute réponse, Holdo posa un regard humide sur le père et la fille avant de prendre le bras de Leia avec affection.

 

Tandis que les deux femmes progressaient dans le couloir, Holdo pressa la main de son amie dont le front était barré par l’inquiétude.

« Vous aussi, vous retrouverez votre fille, Leia. Kaydel est courageuse et coriace. Il faut plus qu’un tir de blaster pour l’abattre. Comme sa mère », ajouta-t-elle avec un sourire.

Un sourire fugace se dessina sur les lèvres de la générale avant de disparaitre. 

« C’est bien cela qui m’angoisse. Poe a dit qu’elle était avec Hux, qu’elle était sa seconde. Elle prend beaucoup trop de risques, Amilyn. Si Kylo Ren venait à soupçonner qui elle est vraiment, elle… »

Leia soupira et Amilyn lui adressa un regard navré.

« Je sais que tout cela vous pèse, mais Kaydel est adulte. Je n’imagine pas qu’elle n’ait pas un plan de sortie.

— Sans doute…Mais je n’aime pas la savoir proche de Hux. Son père était d’une rare cruauté et tout laisse à penser que le fils est de la même trempe. J’ai peur qu’elle n’aille trop loin. »

Cette fois, Amilyn ne trouva rien à répondre pour la rassurer.

 

( ) ( ) 

 

« La fille d’un héros de la Rébellion, rien que ça… » marmonna Rose tandis que Poe leur faisait part de l’issue heureuse de l’histoire de Jannah. 

Finn qui avait passé la majeure partie de la journée silencieux après la semonce dont Holdo l’avait gratifié le matin même se réveilla à cette nouvelle.

« C’est fantastique qu’elle ait retrouvé son père après autant d’années. Je suis content pour Jannah, elle en a bavé et mérite d’être heureuse. »

 

Rose se rembrunit de plus belle et Poe adressa un regard éloquent à Finn. Le trooper se raidit alors que leur conversation de la veille lui revenait en mémoire. Il n’avait certes aucune expérience en termes de relations sentimentales, mais il ne pouvait pas ignorer les regards enamourés que Rose lui lançait. Pas plus que la façon dont elle prenait invariablement son parti, même s’il était en tort. Ou encore son hostilité envers Jannah… Poe avait raison, qu’il le veuille ou non, il devait clarifier les choses avec la jeune femme. Le plus tôt serait le mieux.  Décidé, il se leva et se tourna vers Rose :

« On va bientôt manquer de bois, tu m’accompagnes ? »

La jeune femme accepta avec empressement tandis que Paige fronçait les sourcils, inquiète. 

« Tu sais que c’est pour le mieux », lui glissa Poe.

Les yeux flambants d’une rage contenue, Paige se tourna vers son amant.

« Je peux savoir ce que ce que tu veux dire par là ? »

BB-8 émit un trille désolé, résigné à ce qu’ils doivent se trouver un logement pour la nuit et Poe lui adressa un regard noir avant de répondre à sa compagne.

« Que Rose s’attache trop à Finn. C’est encore pire depuis que Rey est partie. Je ne veux pas qu’elle souffre.

— C’est pour ça que tu encourages Finn à la rejeter ? 

— Ce n’est pas ce que je fais, siffla Poe. J’ai juste conseillé à Finn de faire preuve d’honnêteté envers Rose et de lui dire clairement les choses si elle n’a rien à espérer de plus que de l’amitié. »

 

Paige se crispa et le pilote grimaça.

« Plus cette situation dure, plus elle tombe amoureuse. Nous finirons par retrouver Rey, j’en suis certain. Si Rose espère encore être avec Finn à ce moment-là, qu’est-ce que tu crois qu’elle éprouvera lorsqu’elle le verra avec Rey ? S’il te plait, Paige, tu sais au fond de toi que j’ai raison. »

La jeune femme ne répondait toujours pas et il ajouta.

« Quoi que tu penses, je n’avais pas de mauvaises intentions : j’essayais simplement de protéger Rose. Parce que je l’aime bien et surtout parce que je tiens à toi. »

Finalement, Paige se tourna vers lui, les yeux voilés de tristesse.

« Je sais que tu ne pensais pas à mal. Et tu as raison au sujet de Rose : elle s’est trop attachée à Finn. Seulement… Ça me fait de la peine de savoir qu’elle va souffrir. Tu es certain que …

— Finn est fou de Rey, soupira Poe. Tu peux me croire, j’ai beaucoup parlé avec lui et, même s’il apprécie Rose, il ne la voit que comme une amie. Il n’est pas attiré par elle. »

Un lourd soupir échappa à Paige et il l’attira contre son torse, la gratifiant d’un léger baiser sur la tempe.

« Rose est grande maintenant. Tu ne peux et tu ne dois pas la protéger de tout. »

 

( ) ( )

 

Les yeux de Rose brillaient lorsqu’elle se tourna vers Finn et le jeune homme contempla son visage en forme de lune, mal à l’aise.

« Ecoute, Rose, commença-t-il. Je crois qu’il y a un malentendu entre nous. »

Le visage d’ordinaire lisse de la jeune femme se plissa et Finn grimaça.

« Je voudrais pas que tu te fasses des idées, sur euh, ce qui pourrait arriver entre nous. 

— Je sais que tu es avec Rey, le coupa Rose. Même si elle n’est pas là.

— Oui, je suis avec Rey, confirma Finn, soulagé. Et je suis amoureux d’elle. »

 

Rose ne répondit pas et il poursuivit :

« Ce que j’essaie de te dire, c’est que… je t’aime bien mais comme une amie, tu vois ? Même s’il n’y avait pas Rey, je, enfin, toi et moi, on …

— Moi aussi je t’aime bien comme ami, le coupa Rose. C’est tout ce que tu voulais me dire ? »

Un peu décontenancé par sa réaction, Finn balbutia :

« Euhh, oui…

— Bon, alors, je suppose qu’on peut aller retrouver les autres. »

 

Le Premier Ordre,

 

Comment avait-elle pu s’offrir ainsi à lui ? A ce monstre, ce pervers, ce…

 

La question tournait en boucle dans la tête de Rey. Elle se mordit les lèvres et songea à son étrange connexion temporelle avec Padmé. Se pouvait-il que ce soit le désir de Padmé qui l’ait poussée dans les bras de Ren ? Elle pouvait sentir l’attirance de la défunte pour Anakin, son besoin d’être avec lui… Peut-être que Ren s’était servi de cela pour brouiller son esprit ? Oui, sûrement. Ça ne pouvait être que cela, il n’y avait pas d’autres explications. Elle avait été influencée par Padmé et par la Force. Rey n’était pas comme ça. Elle était avec Finn. 

 

La jeune femme s’obligea à évoquer le visage de son ami et chercha le souvenir de leurs étreintes. Sans succès. En dépit de ses efforts, elle n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit la manière dont Ren l’avait soulevée avant de la pénétrer sans douceur. La façon dont leurs corps se répondaient et dont leurs pensées se mêlaient. Elle n’avait jamais rien expérimenté de si fort, de si puissant, de si… charnel. 

 

« Moi non plus. »

 

La voix de Ren la fit tressaillir et elle se tourna vers la porte. Perdue dans ses pensées, elle ne l’avait même pas entendu entrer. 

 

Leurs yeux se nouèrent et la jeune femme se sentit rougir. Ramenant son vêtement autour d’elle, elle se redressa.

« Pourquoi es-tu ici ?

— Tu le sais très bien. »

Rey se troubla, incertaine, et il lui lança un sabre d’entrainement. La jeune femme ne fit pas un mouvement pour le rattraper et il serra les poings de rage. Sans hésiter, il traversa l’espace qui les séparait et l’attrapa par les épaules. 

« Cesse de résister ! Lâche prise. »

Ils tressaillirent tous les deux au souvenir de la dernière occasion où il lui avait adressé ces mêmes mots et Rey se dégagea de son étreinte. Lentement, elle ramassa le sabre d’entrainement et l’alluma.

« Tu n’arriveras pas à me corrompre, déclara-t-elle d’un ton sec. Quoi que tu dises ou que tu fasses, je ne serais jamais du côté Obscur.

— Tu l’es déjà, seulement tu refuses de l’admettre, rétorqua-t-il.

— Non, c’est toi qui refuses de voir. Ben, il y a encore de la Lumière en toi. Pourquoi tu…

— Ben Solo est mort, Rey. Pourquoi ne l’acceptes-tu pas ?

— Tu mens… En dépit de tous ses efforts, ton maitre Snoke n’a pas réussi à le tuer.

— Ce n’est pas Snoke le responsable de la mort de Ben, lui renvoya Kylo Ren. C’est Luke Skywalker. »

 

Stupéfaite, Rey le contempla, bouche bée. Elle pouvait sentir à travers la Force qu’il était sincère. 

« Mais… c’est impossible, c’est un Jedi, il…

— Je t’ai mise en garde contre tes perceptions erronées sur les Jedis, la Force et le Côté Obscur… Les choses ne sont pas aussi tranchées que tu te l’imagines. »

La jeune femme garda le silence et il lâcha un soupir.

« Suis-moi, c’est l’heure de ta leçon. »

Comme elle ne bougeait pas, il ironisa :

« Dis-toi que le fait de t’être entrainée avec moi te permettra de m’abattre plus facilement lorsque tu seras devenue un Jedi. »

Un léger sourire se forma au coin des lèvres de Rey et elle s’efforça de le dissimuler, intérieurement soulagée par ce relatif retour à la normale de leur relation. Puisqu’il avait décidé d’ignorer ce qui s’était passé entre eux un peu plus tôt, elle n’allait certainement pas le lui rappeler. Sans un mot, elle lui emboita le pas.

 


Chapitre 12                                                                                                      Chapitre 14


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