Chapitre 39 : Les âmes perdues


Leur voyage avait pris plus longtemps que prévu, comme si les éléments et la mer s'étaient ligués contre eux, les retardant sur la route qui menait à Calypso. Entre Audrey et James, la situation n'avait cessé de se détériorer depuis leur dernière altercation, l'ex Commodore évitait soigneusement la jeune femme et la déception et la tristesse ne quittaient plus son visage. Les mots d'Audrey l'avaient frappé au cœur et brisé une fois pour toutes les illusions que quelque part au fond de lui, il entretenait encore au sujet d'Elizabeth.

 

Appuyé au bastingage du Green Bottle, James regardait d'un air impavide le fleuve menant au bayou se rapprocher tout en débouchant la bouteille de rhum frelaté qu'il avait trouvée à la cale. Elizabeth ne l'aimait pas et Audrey lui était devenue aussi difficile à comprendre et aussi étrangère que sa fiancée. Il avait cru que la première Lady Beckett était son alliée, son amie, sa confidente et une fois de plus il se retrouvait seul, dépouillé de tout ce qui faisait sa nouvelle vie. Comme toutes les femmes qu'il avait connues, elle se servait de lui et ne lui accordait pas plus de considération qu'à un chien. Ruminant ces tristes pensées, il porta la bouteille à ses lèvres et but le liquide ambré à longs traits avec une aisance née de l'habitude.

 

La voix indécise d'un matelot le fit sursauter.

«  Monsieur nous sommes arrivés. »

James reprit une gorgée de rhum et se mit en marche d'une démarche chancelante.

« C'est parti… Soupira-t-il. Faites appeler Madame. Déclara-t-il avec froideur.

- Elle a demandé à ne pas être dérangée, elle se sent mal

- Vraiment ? Et bien elle se forcera. Allez la chercher. Immédiatement. » Ordonna-t-il

Le matelot secoua la tête, un peu perdu, il avait reconnu depuis longtemps l'homme de commandement qu'était James Norrington mais il savait aussi que les seuls ordres que prenait leur capitaine émanait de la mystérieuse femme qui avait fait affrété le navire à Londres. Son hésitation poussa l'énervement de James à son comble et il saisit rudement le marin par le col et le secoua, lui soufflant son haleine chargée au visage.

« Je t'ai demandé d'aller la chercher ! Alors obéis. »

 

La voix d'Audrey, calme mais cependant légèrement tremblante, les fit sursauter.

«  Je suis là. Mais comme je l'ai dit à cet homme je me sens un peu malade, je préférerais rester ici. »

James fit une grimace amère.

« Je crains ma chère Audrey que vos désirs ne soient plus une priorité pour moi. Vous m'avez par trop montré votre duplicité pour que je vous fasse confiance à présent. Suivez-moi. » Ordonna-t-il.

Blême en réalisant qu'il avait une fois de plus bu plus que de raison, Audrey prit place dans la chaloupe, inquiète de sa réaction lorsqu'il découvrirait la disparition de Tia Dalma.

 

Le trajet fut silencieux, chacun restant plongé dans ses pensées. Une fois qu'ils furent sous l'arbre dans lequel Tia Dalma avait sa demeure, James se leva avec difficultés et manqua de passer par-dessus bord. Sa bouteille à la main il s'inclina moqueusement devant sa compagne.

« Passez devant Audrey. Et rassurez-vous malgré le dégoût que vous m'inspirez j'ai encore suffisamment d'honneur pour nous deux. Je ne la laisserais pas vous toucher. » Cracha-t-il.

Le cœur d'Audrey se serra à ces mots et, les yeux voilés de larmes elle entreprit l'ascension jusqu'à la cabane perchée, James sur ses talons. Sans se donner la peine de frapper, ce dernier ouvrit la porte avec fracas et découvrit la mansarde aussi déserte qu'Audrey s'y attendait. James poussa un cri de rage en découvrant son absence.

« Où est-elle ! »

Audrey soupira et se retira en tremblant dans un coin de la pièce, le laissant fouiller. Au bout d'un moment, James se tourna vers elle, l'œil brillant de rage à peine contenue.

«  Tu n'as pas l'air surprise. Susurra-t-il. Que caches-tu encore ? »

Audrey devint livide en le voyant approcher d'un air prédateur.

«  Rien. Balbutia-t-elle à la fois apeurée et troublée par sa soudaine proximité.

- Tu mens. » Répondit James qui la força à reculer contre le mur et lui souffla son haleine chargée de rhum au visage.

 

Perdue, Audrey baissa un bref instant les yeux, attisant par ce geste la fureur de James qui se plaqua contre elle.

« Tu savais qu'elle ne serait pas là. C'est pour ça que tu ne voulais pas venir. C'est ton mari n'est-ce pas ? C'est lui qui l'a ! A qui es-tu fidèle Audrey ? A quelle cause te voues-tu ? »

Audrey déglutit légèrement, les larmes aux yeux.

« A la cause des pirates James. Toujours…

- Alors pourquoi n'as-tu rien fait pour empêcher qu'il la prenne? Souffla-t-il, retenant avec peine sa rage.

- Je ne pouvais rien faire. Je le jure. Certaines choses sont écrites et personne ne peut les changer. »

James, le sang échauffé par l'alcool et la rage, saisit la poitrine d'Audrey à pleines mains.

« Je ne te crois pas. Tu es aussi menteuse, vicieuse et perverse que toutes les autres et que ton mari. »

 

Audrey gémit en sentant à nouveau ces mains qu'elle avait tant espérées sur son corps et se laissa aller malgré la violence qu'elle sentait couver en James Norrington. Le Commodore posa ses lèvres dans son cou, il la débarrassa rapidement de sa robe avant de la retourner, ses doigts caressant presque tendrement les cicatrices qu'elle portait.

«  Nous allons faire voile vers Port Royal. Murmura-t-il en posant ses lèvres sur la marque que Tia avait laissée sur elle. Et tu m'aideras. Maintenant c'est moi qui commande et tu vas me dire tout ce que tu sais nous attendre sur place. »

Le cœur d'Audrey s'arrêta tandis que la pression des lèvres de James se faisait plus douce. Elle savait que c'était le seul moment de lui dévoiler son augure, mais aussi que dès qu'elle l'aurait fait, il se détournerait d'elle pour toujours.

« Tu réussiras. » Murmura-t-elle, consciente qu'en se taisant elle se condamnait elle-même à mourir.

 

James la fixa depuis son brouillard alcoolique avant de remonter sa bouche vers son cou, il plaqua son corps contre le sien tandis qu'il libérait son sexe.

«  Si seulement je pouvais te rendre au centuple le mal que tu me fais. » Murmura-t-il en s'enfonçant en elle.

Il commença à aller et venir sans douceur tout en caressant son corps et la força à tourner son visage vers lui. Alors qu'il l'embrassait avec sauvagerie, Audrey, le cœur serré, songea qu'il avait fait plus que ça. James l'avait faite tomber amoureuse d'un homme qui la mènerait à la mort pour sauver celle qu'il aimait.

 

()()

 

Fendant la foule des pirates assemblés, Jack entraîna Elizabeth vers la musique, rendant à peine leur salut aux quelques pirates qui inclinaient la tête dans sa direction tandis qu'Elizabeth baissait les yeux, gênée par les regards concupiscents dont beaucoup la gratifiait. Finalement Jack s'arrêta devant un homme sans âge, assis à l'écart des autres et qui grattait sa guitare, une expression concentrée sur le visage.

«  Bonjour Teague. » Déclara simplement Jack.

Le vieil homme manqua un accord et grimaça au son discordant de sa guitare.

«  Que veux-tu ? »

Jack se raidit et Elizabeth le regarda avec étonnement, surprise de la soudaine tension qui l'habitait.

«  Te parler. »

 

Teague soupira et posa sa guitare puis leur fit signe de s'asseoir. Ses yeux charbonneux détaillèrent Elizabeth avec attention, son regard s'attarda sur ses hanches puis il se tourna vers Jack.

« Elle parait fragile, peu résistante. Lâcha-t-il avec mépris. Que fait-elle avec toi ? »

Elizabeth rougit et ouvrit la bouche pour se défendre mais Jack la devança.

« Ce qu'elle fait avec moi ne te regarde pas. Quant à sa fragilité sache qu'elle vaut à elle seule au moins dix des catins que tu fréquentes. »

Teague plissa les yeux, étonné par sa brusquerie.

« Explique-moi ce qui t'a poussé à faire retentir le chant. Enchaîna Jack.

- Jeune imbécile. Ce n'est pas moi qui l'ai fait retentir mais notre amie commune. Cette sorcière a décidé que le moment était venu de se faire libérer. Apparemment elle compte sur le nouvel envoyé de la Compagnie des Indes pour y parvenir. Il est ambitieux. Enfin il ne sert à rien que je te parle de lui, tu le connais mieux que moi, c'est l'un de tes vieux amis, Cutler Beckett, celui que tu servais lorsque tu cherchais à devenir un homme respectable. » Ricana Teague.

 

Jack, mal à l'aise se raidit, tandis qu'Elizabeth se tournait vivement vers lui.

« Comment as-tu eu toutes ces informations ? Demanda Jack d'un ton qui se voulait nonchalant, évitant le regard d'Elizabeth

- C'est une connaissance à toi qui me les a données. Enfin plusieurs connaissances. La femme de ce Beckett au sujet de laquelle tu m'as une fois de plus menti. Et cet idiot de Commodore Norrington qui a échoué lamentablement à nous débarrasser de toi. »

A ces mentions, Elizabeth étouffa un cri de surprise et Jack lui-même ne put dissimuler son étonnement.

« James Norrington ? Mais je le croyais mort ! »

Teague sourit avec supériorité devant sa stupeur.

« Il faut croire que les morts sont maintenant capables de parler et bouger comme les vivants. En réalité le plus étonnant est qu'il se soit rallié à notre cause. »

Jack fronça les sourcils et réfléchit à toute allure devant ces nouvelles données qui l'obligeaient à revoir son plan.

« Comment est-il revenu ? Et pourquoi est-il de notre côté ?

- Pour son retour, il apparaît que cette Audrey Beckett que tu prétendais être ta maîtresse l'y a aidé. Quant aux motivations de Norrington ce sont les mêmes que pour tous les imbéciles de ce monde. Une fille que Beckett lui a soufflée. La fille du défunt Gouverneur Swann, une peste si j'en crois ce que la première Madame Beckett a raconté sur elle. »

 

Elizabeth n'écouta pas la fin de la phrase du pirate, livide, elle s'approcha du Teague, son cœur s'affola brutalement à l'idée d'avoir trop bien compris.

« Défunt Gouverneur ? » Demanda-t-elle sous le regard empli de pitié de Jack.

Teague la dévisagea, l'œil rond.

« Oui. On ne parle plus que de ce à Port Royal et ses alentours. Le Gouverneur Swann s'est tranché les veines la nuit de la disparition de sa fille, il devait être au courant de sa fuite car il a légué tous ses biens à son gendre. »

Elizabeth n'en écouta pas plus, anéantie, elle prit son visage dans ses mains et ses sanglots déchirants brisèrent le silence qui s'était fait entre les deux hommes. Jack lança un bref regard mauvais à son père avant de la serrer contre lui de toutes ses forces, la berçant doucement.

« Chut Lizzie, calme-toi. » Murmura-t-il tendrement, se moquant du regard ahuri que lui lança son père.

 

Elizabeth s'accrocha désespérément à lui et commença à parler d'une voix entrecoupée par les sanglots.

« Je le détestais pour ce qu'il m'a fait mais je ne voulais pas ça. Non … Il ne peut pas être mort ! »

Jack caressa doucement ses cheveux, cherchant à l'apaiser.

«  Je sais Lizzie, tu n'y es pour rien. C'est lui qui l'a choisi. Pas toi. Murmura-t-il en la serrant farouchement dans ses bras, maudissant son père d'avoir parlé avec tant de légèreté de la mort du gouverneur.

- Mais s'il a fait ça, c'est à cause de moi, de ce que nous avons fait !

- De ce qu'il t'a fait. C'est lui le responsable Lizzie, lui et Beckett. Tu n'as rien à te reprocher. Affirma calmement Jack.

- Oh Bugger ! S'exclama Teague. Ne me dis pas que cette femme est Elizabeth Beckett ! Mais à quoi penses-tu Jack ! Tu crois que c'est le moment de la prendre avec nous alors qu'il nous faut lutter contre son fou de mari ? Il n'a pas besoin d'une raison supplémentaire pour vouloir nous anéantir ! »

 

Jack regarda son père, les yeux plus sombres que jamais.

« Tes objections ne m'intéressent pas, pas plus que ton Code ou tes autres manies. Tu ne sais rien de moi, tu n'as même jamais essayé mais tu maintenant tu sauras au moins ça. Elizabeth reste avec ou sans ton accord. »

Contre toute attente, Teague lui sourit brièvement, un éclat de fierté dans le regard.

« Ainsi tu te décides enfin à devenir un homme. Dans ce cas, je crois que je devrais vous montrer quelque chose. Audrey l'a laissé à ma garde avant de partir chercher Calypso avec Norrington. Je crois que vous devriez en prendre connaissance. » Commença Teague en leur faisant signe de le suivre.

 

Un peu mal à l'aise, Jack reprit d'une petite voix.

« Audrey est allée chercher Calypso ?

- Pour la ramener avant que Beckett ne la trouve. Elle était furieuse car Calypso a profité de sa faiblesse lorsque tu l'as ramenée pour la marquer de son empreinte afin de pouvoir l'utiliser. Expliqua Teague en fouillant ses affaires. Ah le voilà ! »

Jack regarda d'un air dégoûté le livre qu'il sortait.

« Encore un Code ? Décidément tu excelles dans la fonction de gardien de vieux livres poussiéreux. » Se moqua-t-il.

Teague le regarda avec hostilité avant de souffler sur la couverture du livre.

«  Non c'est autre chose, Audrey Beckett possède apparemment certains pouvoirs, de ce que je sais elle les tire de ce livre. »

Jack plissa les yeux.

« C'est le grimoire qu'elle a dérobé à Beckett lorsqu'on s'est enfuis.

- Oui. Et je crois qu'elle savait que tu ramènerais cette femme. Regarde ça et cherches y une solution pour nous débarrasser de Beckett. Nous t'attendrons dans la salle du Conseil. Du reste nous ne pouvons faire que ça. Attendre qu’Audrey et son imbécile de Norrington nous ramènent Calypso. »

 

Jack, qui connaissait l'issue de la mission sur laquelle comptait tellement son père, détourna brièvement le regard.

« Tu devrais lui dire !

- Lui dire quoi ? Que je suis un traître et que j'ai vendu Calypso pour posséder Lizzie ? Tu crois que cet homme sera capable de comprendre ? Tu rêves! »

Jack balaya d'un geste les voix et laissa Teague sortir sans rien ajouter, il attendit que de l'autre côté, la musique reprenne pour s'adresser à Elizabeth.

 

()()

 

Jack s'approcha d'elle et la serra à nouveau dans ses bras.

« Je suis désolé mon ange. Murmura-t-il alors qu'elle se laissait aller contre lui.

- Pourquoi Jack ! Pourquoi a-t-il fait ça ? Comment peut-on épouser quelqu'un dans le seul but de le détruire ?

- Il ne t'a pas détruite. Tu es forte, n'écoute pas ce vieil imbécile de Teague. Je sais que tu l'es, je t'ai vue tenir tête à des pirates. Et tu m'as même résisté, un peu. » Plaisanta Jack.

Elizabeth sourit faiblement et se serra contre lui.

«  Merci Jack, merci de veiller sur moi.

- Je sauve ta vie, tu sauves la mienne. Le crapaud et la blanche colombe. Sourit Jack. C'est toi et moi Lizzie. Toujours. Va t'allonger pendant que je regarde ce foutu livre. Teague ne t'en voudra pas si tu lui empruntes son lit. Murmura-t-il tendrement.

- Il n'a pas l'air de beaucoup m'apprécier.

- Ce n'est pas toi. Il n'aime personne, surtout pas moi. Répondit Jack avec amertume en l'aidant à s'allonger. Dort, tu dois reprendre des forces. Une bataille nous attend. » Murmura-t-il avant de l'embrasser doucement.

 

Épuisée par les épreuves encore récentes et le chagrin, Elizabeth ferma les yeux et se laissa glisser dans l'oubli du sommeil. Une fois qu'il fut sûr qu'elle dormait, Jack s'assit à la table de travail et commença la lecture du grimoire.

-« Bugger. Mais qu'est-ce que c'est que ce livre ! » Siffla-t-il entre ses dents en surprenant les mots incube, enfer ou sort qui ne lui évoquaient rien de connu.

Il commença à tourner nerveusement les pages, découvrant des gravures d'une précision atroce dans les tortures qu'elles décrivaient, et finit par tomber sur une enveloppe glissée entre les pages. Intrigué, il l'ouvrit et commença sa lecture.

 

A celui ou celle qui lira ces mots…

Je tiens à prévenir ceux qui viendront après moi de la véritable nature de l'homme qui est mon mari et à qui j’ai dérobé ce livre.

 

J'ai passé les dernières années de ma vie à tenter de briser ce qui me lie à cet homme. J'ai tenté tous les charmes, les sorts et formules que m'offrait ce livre. J'ai échoué. Les mots gravés dans l'anneau de nos noces sont gravés dans ma chair mais aussi dans mon âme.

 

Je Lui appartiens.

 

Je ne dois ma survie qu'au fait d'avoir pu, des années durant, me dissimuler à ces regards. Mais je sais qu'aussitôt que je sortirais de ma cachette, Il le saura et alors Il me retrouvera, et lorsque ce sera fait, ma volonté s'effacera devant la Sienne.

Rien ne pourra me protéger de Lui.

Il me tuera, je le sais.

Je ne crains pas la mort, je l'accueillerais même comme une amie si j'ignorais ce qui se passera ensuite. Ce pouvoir qu'Il a sur moi perdurera jusque dans mon repos, au-delà de mon enveloppe charnelle et cela me terrifie.

 

Il a perverti mon âme, fait de moi Sa créature, l'objet de Ses vices et de Ses perversions et mon esclavage continuera au-delà de la mort.

 

Je sais maintenant que je ne suis plus la seule à être vouée à Sa damnation. J'ai vu les ténèbres qui entouraient l'âme de sa nouvelle épouse, plus sombres, plus profonds que les miens mais ça n'a aucune importance car nos démons sont les mêmes. Je ne sais par quel miracle sa lumière brille encore, si ce n'est qu'en raison de son amour pour un autre. C'est le cas aussi pour moi, mais cela ne pourra être notre salut.

Car Il viendra à bout de tout ce qui est beau et pur dans notre vie.

 

Nous sommes prisonnières à jamais du sort qu'Il nous a jeté. Je Lui appartiens, tout comme elle et personne ne pourra délivrer nos âmes du Coffre de Souffrance que, comme je le sais maintenant, Il nous réserve.

J'ai tenté de Le tuer, mais c'est impossible. Malgré tout mon savoir, Il semble être doté d'une prescience qui lui permet de déjouer toutes les attaques. Pourtant Il n'est, à ma connaissance, pas immortel. Il tue simplement avant qu'on Le tue.

 

La seule chose que je puisse faire à présent, c'est tenter de contrecarrer Ses projets, pour être sure que Son pouvoir ne s'agrandira pas encore. S'Il parvenait à libérer Calypso et à s'allier à elle, alors il n'y aurait plus d'espoir pour ceux qu'Il voudrait traquer.

Voilà l'histoire de ma vie. Il me reste à présent à vous livrer Son nom qui est aussi le mien. Ce nom que je ne prononce jamais et que même à présent je peine à écrire.

Celui de mon époux.

 

Lord Cutler Beckett.

 

Sa femme et Sa possession dans la vie comme dans la mort.

 

Audrey.

 

 

Jack replia la lettre en tremblant et regarda Elizabeth, qui, épuisée par les épreuves et le chagrin s'était endormie, une expression tourmentée jusque dans son sommeil. Le regard de Jack se posa sur l'anneau qui brillait à son doigt et le pirate lutta de toutes ses forces contre le besoin de l'arracher et le jeter le plus loin possible d'eux. Ses doigts serrèrent convulsivement la lettre d'Audrey et il s'approcha doucement d'Elizabeth, n'osant la toucher de peur de la réveiller.

« Je ne laisserais pas ça t'arriver. Je trouverais un moyen Lizzie, quoiqu'il m'en coûte. Je te le promets. » Murmura-t-il, plus sincère qu'il ne l'avait jamais été.


Chapitre 38                                                                                                   Chapitre 40


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