Chapitre 29 : Pourparlers


Palais au fond des Océans

 

Un coup de nageoire vif propulsa Syréna au milieu de la salle encombrée de trésors engloutis, d’or, de pierres et de colliers. Devant elle, Naia se retourna un bref instant pour lui lancer un nouveau regard d’avertissement et la sirène releva fièrement le menton, ses yeux rougissant un instant en apercevant Calypso, qui telle une reine indolente trônait sur son siège de corail.

 

Naia s’approcha et prit la parole en premier

« Calypso. Je t’amène ma sœur Syréna ainsi que tu l’as exigé. »

Calypso l’ignora et se pencha sur la sirène dont le beau visage conservait quelques traces de l’épreuve traversée durant les dernières semaines.

« Alors c’est toi que le destin a choisi… » Murmura-t-elle.

Syréna la toisa avec hostilité, ses écailles la hérissant à la pensée que c’était là tout ce que leur protectrice trouvait à dire

« Choisie ? Vous croyez que j’ai choisi d’être enfermée pour servir d’appât ! »

 

Le regard de Calypso s’obscurcit et Naia s’approcha de sa protégée

«  Syréna a été loyale. Elle ne vous a pas trahie

- Pas plus que vous n’êtes venue à mon aide Calypso. » Gronda Syréna.

Cette fois la nymphe se redressa de toute sa taille et sa voix déformée par la colère tonna dans le palais délicat

« Je ne suis pas à ton service Syréna. Pas plus au tien qu’à celui de ta… reine. Ajouta-t-elle en lançant un regard méprisant en direction de Naia. Et puis tu t’en sortie non ?

- Pas grâce à vous ! » Rétorqua Syréna qui, après son séjour dans les geôles du Queen Anne, avait tendance à ne plus rien redouter.

 

Le visage de Calypso reprit son masque imperturbable mais Naia frémit en apercevant la lueur cruelle qui illumina un instant son regard.

« Raconte-moi Syréna. Et surtout n’oublie rien. »

Syréna se força au calme et commença son histoire, le visage déformé par la haine

« Un nommé Blackbeard m’a attirée sur son navire avec l’aide d’un sorcier. Là il m’a ôté ma voix et m’a enfermée, jusqu’à ce que quelqu’un tue son sorcier et me libère.  Vous voyez il n’y a pas grand-chose à oublier.

- Pourquoi ne t’a-t-il pas tuée ? » Susurra Calypso

 

Là Syréna se troubla légèrement. En effet si Blackbeard ne l’avait pas tuée, c’était principalement parce qu’elle avait juré de l’aider à enfermer Calypso. Chose qu’il serait imprudent de dévoiler en présence de la nymphe

« Parce qu’il voulait que j’écarte mes écailles pour lui. » Mentit elle

Après tout, la chose était vraisemblable… Quel homme ne se damnerait pas pour connaître l’étreinte d’une sirène ?

Naia frissonna et fixa Calypso dont le regard se fit lointain

« Tu mens Syréna…. Je connais ce pirate, ou du moins je l’ai connu. Ce ne sont pas tes écailles qui l’intéressent…

- Alors pourquoi n’avoir rien fait si vous saviez ! S’emporta Syréna à qui les longues heures d’enfermement revenaient avec amertume

- Parce que le destin doit s’accomplir pour que l’ordre du monde retrouve sa place… La magie des loa doit disparaître… Tout comme la Fontaine de Jouvence devait être soustraite à l’appétit des hommes….

- Quoi ?? » Bredouilla Syréna

 

Calypso l’ignora et reprit

« Personne ne peut échapper à son destin… Pas plus toi que le Capitaine du Vaisseaux des Ames… »

Naia fronça les sourcils

« Que vient faire Le Hollandais Volant là dedans ?

- Tout et rien. Son capitaine doit se libérer de ses attaches pour mener à bien ses missions…

- Comme Davy Jones ? » Releva effrontément Naia

Calypso la fixa

« Jones était une erreur. Il a bousculé le destin et l’ordre du monde. Turner va le rétablir. Mais pour ça il a besoin d’admettre que son destin n’est pas dans le monde des hommes. »

 

Naia et Syréna échangèrent un regard. Toutes deux pensaient la même chose : que Calypso avait une manière sélective de voir le destin…. Surtout quand ses augures n’étaient pas en sa faveur. Pourtant aucune d’elles n’eut le courage de souligner que si Calypso avait passé tant d’années prisonnière d’une enveloppe charnelle cela était peut-être parce c’était son destin.

« Qu’allez vous faire ? Demanda Naia

- Laisser les hommes régler leurs différends entre eux. » Déclara Calypso.

Syréna se tortilla, soulagée à l’idée d’en avoir bientôt fini mais un sourire suave éclaira les lèvres de Calypso

« Quand à toi »

 

Naia se plaça instinctivement entre la nymphe et sa protégée et Calypso la toisa

« Écarte toi, Naia. Obéis. »

Naia se hérissa mais n’eut pas d’autre choix que d’obéir. Calypso s’approcha de Syréna, la dominant de toute sa taille

« Je pourrais te chasser et obliger Naia à te rendre ton humanité… »

Syréna commença à trembler, terrifiée à l’idée de retrouver son existence mortelle dans un monde qui avait tellement changé

« L’âme de Syréna m’appartient ! Glapit Naia. Tu n’as pas le droit d’intervenir dans les marchés que nous faisons. »

 

Calypso l’ignora et fixa Syréna

« Si je t’autorise à rester ce n’est pas à cause de ta fausse reine. Mais parce que tu as conclu un accord lorsque tu étais à la surface…

- Comment le savez-vous ? Demanda Syréna,abasourdie

- La main du destin est sur toi Syréna… Mais tu mérites un châtiment exemplaire… »

Syréna se mit à trembler, son regard bleu s’emplissant de larmes de rage

« Il y a ce petit missionnaire… Philip Sand… Continua Calypso. Jeune, bien fait… Il est amoureux de toi. »

 

Syréna et Naia échangèrent un nouveau regard

« Je ne pensais pas qu’il était votre genre… » Murmura Naia

Calypso se retourna vers elle

« Il ne l’est pas ! Je n’ai aucun goût pour l’amour des hommes… »

Plus aucun… Corrigèrent mentalement les deux sirènes.

« Voila ta punition. Annonça Calypso. Tu devras répondre à chaque appel de Philip Sand, lui offrir tes écailles quand il le désirera et aussi souvent qu’il le voudra jusqu’à ce qu’il disparaisse des océans ou se soit lassé de toi. »

 

Un rugissement de haine échappa à Syréna en comprenant que l’autre venait de la condamner à devenir esclave d’un homme. Naia blêmit et s’inclina profondément devant Calypso

« Syréna ne vous a pas trahie, je vous en prie

- Vous pouvez partir. Ordonna Calypso en les congédiant

- Je le tuerais. Annonça froidement Syréna en tremblant de rage

- Alors c’est que c’était son destin. » Répondit Calypso, un léger sourire aux lèvres.

Inquiète, Naia tira Syréna en arrière et les deux sirènes s’éloignèrent sous le regard satisfait de la nymphe.

 

Black Pearl

Pont

 

« Il devrait déjà être revenu. Intervint Angelica en lançant un regard inquiet en direction de la rive. Ça fait cinq jours maintenant qu’ils sont partis. »

Barbossa se contenta de sourire et tapota d’une main calme la barre du Pearl qu’il ne se lassait pas de tenir

« Il en faut six pour faire l’aller-retour. Nous attendons. » Lui lança-t-il d’un ton qui ne souffrait aucune discussion.

 

Angelica le regarda avec colère

« Vous le détestez autant que moi ! Pourquoi l’attendre ?

- Parce que s’il revient il pourra nous guider jusqu’à la Fontaine de Jouvence ou nous l’offrir… en quelque sorte. Je pensais que vous aviez compris cela Madame Sparrow.

- Ce que je comprends c’est que vous ne faites qu’obéir aux ordres de ce moins que rien. Se moqua Angelica. Voilà donc le grand Capitaine Barb. ».

Le reste de sa phrase mourut dans sa gorge alors que le capitaine serrait sa main autour de cette dernière. Les yeux exorbités, Angelica se débattit et Barbossa la fixa

« Je ne suis au service de personne Madame Sparrow. Et personne ne me dicte ma conduite pas plus Sparrow que vous. » Déclara-t-il en la relâchant.

Angelica hoqueta et lui lança un regard lourd de rancœur. Le pirate la saisit par le bras et l’attira contre lui

« Tu auras ta vengeance Angelica. Murmura-t-il. Une fois que nous aurons tiré le plus de profit possible de Sparrow… Sois patiente. »

 

Angelica leva les yeux vers lui et leurs regards se croisèrent. Lentement, la jeune femme sourit. Aussi incroyable que cela paraisse, Barbossa était sincère. A eux deux ils débarrasseraient le monde de Jack Sparrow… Et ensuite, leurs routes se sépareraient certainement. Peut-être même se trahiraient ils mutuellement (c’était même sûr) mais pour l’instant leurs désirs se rejoignaient. Excitée par cette idée, Angelica glissa une main hardie jusqu’à l’entrejambe de l’autre et glissa ses lèvres sur les siennes.

« Laisse la barre à un autre… Souffla-t-elle

- Voilà enfin une requête qu’il me plait de satisfaire. Répondit Barbossa. Gibbs à la barre. » Ordonna-t-il en entraînant Angelica à sa suite.

 

Forêt des Âmes Errantes

 

Le teint cireux, Elizabeth s’immobilisa brusquement et Jack poussa un couinement désespéré.

« Que se passe-t-il ? Lizzie, qu’avez-vous vu ? » Lui demanda-t-il d’un ton sec à la hauteur de sa lassitude.

Cela faisait des jours qu’ils marchaient et des jours aussi que la jeune femme oscillait entre des hurlements de terreur, des hallucinations et de brèves périodes conscientes où elle le contemplait alors avec un mélange de haine et de dégoût

 

Elizabeth le regarda et baissa les yeux sur son poignet qu’elle tenait fermement. Jack suivit son regard et pesta entre ses dents en voyant le sang goutter le long de sa main pour former une tâche sombre au sol.

« Depuis quand avez-vous ça ?

- Je ne sais plus… » Lui répondit Elizabeth d’une voix fragile

Jack la regarda avec inquiétude et nota son regard fiévreux. Il pesta entre ses dents et s’agenouilla pour déchirer un large morceau de la robe qu’elle portait.

« Votre main. » Ordonna-t-il

 

Elizabeth le regarda avec hésitation et Jack la lui prit d’autorité pour la bander.

« Vous auriez du me dire que la blessure s’était plus ouverte. » Lui lança-t-il durement

Elizabeth ramena sa main contre elle et le regarda

« Pourquoi… Pour que vous … que vous me négociez ? »

Jack soupira hésitant entre le soulagement que lui procurait sa réaction méfiante qui ressemblait fort à celle qu’il avait connue et le dépit face à sa haine.

« Lizzie pas maintenant … On doit avancer.

- Pourquoi vous suivrais-je ? » Rétorqua la jeune femme qui tenait à peine debout.

 

Jack jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et la prit dans ses bras, la soulevant sans mal

« Que vous le vouliez ou non vous venez. Nous parlerons plus tard »

Elizabeth gémit de douleur et ne résista pas, trop faible pour ça

«  Jamais je ne vous pardonnerais… Murmura-t-elle

- Je sais. » Répondit Jack d’un ton dur en continuant à avancer.

 

Marais des Regrets Éternels

 

Davies poussa un gémissement fiévreux en voyant se matérialiser la silhouette désormais redevenue familière de Annie.

 

Ils avaient un peu plus de dix ans… Annie venait de tomber. Elle s’était écorché le genou et pleurait à chaudes larmes. Du haut de ses neuf ans, Gontran la toisait avec mépris

« T’es vraiment bête et pleurnicheuse… »

Davies fronça les sourcils et s’approcha de sa sœur.

«  Montre voir. » Lui ordonna-t-il gentiment

Les yeux humides, Annie souleva avec réticences ses mains, dévoilant un genou gonflé. Davies sentit son estomac se tordre devant l’angle étrange de sa jambe

« Tu peux te lever ?

- Non… Pleurnicha Annie. J’ai trop mal

- Mauviette ». Chantonna Gontran

 

Davies lui décocha une claque

«  Va prévenir Mère. Ordonna-t-il avant de se pencher sur Annie. Mets tes bras autour de mon cou, je vais te ramener à la maison

- T’y arriveras pas… Sanglota Annie.

- Mais si. La rassura Davies en la soulevant avec effort. Tu vois ? »

Annie sourit légèrement et il commença à marcher

«  Merci… »Murmura-t-elle avec reconnaissance

Davies baissa les yeux sur elle

«  Je te protégerais toujours Annie ». Promit-il.

 

Le bien le plus précieux de ta famille… Contre l’aventure, le respect… Lui souffla brusquement la voix de Teach

Annie dans les bras, Davies s’immobilisa et …

 

Il cligna des yeux et se trouva face au visage dur de Teach

« Capitaine…Bredouilla-t-il avec hésitation. Je .. J’ai du .. Perdre connaissance… Je suis désolé. »

Blackbeard lui lança un regard indéfinissable et lui désigna les rames

« Continue Davies. C’est presque fini. » Lui annonça-t-il.

 

Bayou des Remords

 

Philip, aveuglé par les larmes, se laissa tomber à genoux sur le sol en sentant la brise marine lui chatouiller les narines. Le cœur gonflé d’espoir, le jeune homme se força à avancer droit vers la trouée de lumière qui lui brûlait les yeux après tant de jours passés dans l’obscurité de la végétation putride.

 

Ses pieds saignaient, ses mains étaient écorchées à force de lutter contre les plantes et autres créatures étranges qui avaient tentées de l’attirer dans leurs pièges. Mais le jeune homme ne sentait plus la douleur. Parce qu’à quelques mètres il y avait l’océan. Et dans l’océan, Syréna.

 

Philip cligna des yeux et avança lentement sur le sable. Son pied blessé s’affaissa et il tomba à genoux. Le jeune homme soupira douloureusement. Il serait tellement bon de rester comme ça, allongé avec le soleil qui le réchaufferait… Dormir un peu. Mais le bruit des vagues le ramena à son désir. Sans se relever, Philip se traîna sur le sol, un seul mot aux lèvres

« Syréna… » Appela-t-il alors que les vagues léchaient son visage.

 

Le Victory

Localisation inconnue par son équipage 

 

 

La longue vue en main, Groves sentit son cœur s’arrêter net. Les mains tremblantes il baissa la longue vue avant de la relever. L’émotion faisant cogner le sang à ses tempes il héla Greitzer qui, dans sa cabine, semblait avoir définitivement sombré dans l’alcool et le désespoir depuis leur dernière rencontre avec les sirènes sans qu’il ne s’explique pourquoi

« Amiral. Venez voir ça. » Cria-t-il d’une voix vibrante d’excitation.

 

Greitzer ouvrit un œil vague et se leva. Puis il avança en tanguant plus que de raison vers Groves, ses yeux s’attardant sur la cambrure parfaite du dos du Commodore et sur les fesses rebondies et pleines de promesses. Un sourire tremblant aux lèvres surmontant sa barbe de trois jours, Groves lui tendit la longue vue

« Regardez ça… » Lui demanda-t-il

 

Toujours perdu dans ses rêveries érotiques, Greitzer prit nonchalamment la longue vue et regarda dans la direction indiquée

« C’est un navire, et alors ? »

Groves poussa un soupir de soulagement au moment où l’autre comprenait le sens de ce qu’il voyait

« C’est… Commença Greitzer

- Un bateau… Un bateau ! S’exclama Groves en lui donnant une franche accolade. Amiral nous avons réussi. »

 

Greitzer s’arracha brutalement à l’étreinte de Groves qui ne remarqua rien, trop heureux d’avoir enfin trouvé quelqu’un après tellement de semaines d’errance

« Vos ordres… Bafouilla Groves

- Je .. Hésita Greitzer, conscient que les soldats s’étaient rapprochés.

- On approche bien sur ! Triompha Groves, galvanisé par l’espoir.

- Hissez le pavillon ! » Ordonna Greitzer, gagné par l’enthousiasme de l’autre

 

Groves s’immobilisa net et lui arracha la longue vue.

« Amiral… » Souffla-t-il en la lui tendant

Greitzer la prit et rougit jusqu’à la perruque en voyant le skull and crossbone flotter avec insolence

« On oublie le pavillon ! Approchez-vous ! »

 

Black Pearl

Pont

 

 

Pintel cogna Ragetti

« T’as vu, un bateau…

- Oui un bateau…

- C’est pas… Blackbeard au moins… » Murmura Ragetti d’une voix terrifiée

Les deux hommes échangèrent un regard avant de promener leurs yeux sur le pont à la recherche d’une cachette.

«  Bon sang mais prévenez le capitaine ! » Leur enjoignit Gibbs qui avait lui aussi remarqué le navire.

 

Les deux compères échangèrent un regard

« Bah c’est qu’il est dans sa cabine avec Madame Sparrow… Répondit Pintel en lui faisant un clin d’œil

- Vous croyez que c’est le moment de s’en soucier ! » S’étouffa presque Gibbs

Voyant que les deux hommes ne bougeaient pas, Gibbs soupira lourdement et se précipita vers la cabine qu’il ouvrit à la volée

 

« Capitaine Barbossa… » Commença-t-il avant de s’interrompre en découvrant la scène qui s’offrait à lui.

A quatre pattes sur le sol, face au seul miroir de la pièce et Barbossa à demi nu derrière elle, Angelica poussa un cri de rage en voyant le reflet du second dans la glace. Barbossa tiqua et se releva avec une moue mécontente, ne prenant même pas le temps de remettre son fut

« Je vais t’écorcher vif. » Gronda-t-il.

Gibbs toussota nerveusement et répondit

« C’est qu’il y a un navire de la compagnie qui arrive droit sur nous… »

 

Deux cris de rage lui répondirent et Barbossa remit à la hâte sa ceinture tandis qu’Angelica rassemblait ses vêtements, se munissant d’un sabre.

 

Quelques minutes plus tard, accoudés l’un à côté de l’autre, Angelica et Barbossa observaient le navire

« Il parait peu armé. Commenta Angelica. Même avec l’équipage que nous avons-nous pourrions avoir le dessus. »

Barbossa ne répondit pas, songeur

« Qu’en penses-tu ? » Glissa la jeune femme

Le pirate sourit méchamment et répondit

« J’en pense qu’au lieu de les couler nous devrions … les aider.

- Quoi ???? » Fulmina la pirate.

 

Barbossa l’ignora et se tourna vers Gibbs

 « Drapeau blanc…

- Bah y en a pas… Lui renvoya le pirate

- Alors déchire une chemise ! S’emporta Hector en louchant sur le corsage jadis blanc d’Angelica

- Hector à quoi tu joues… » Murmura cette dernière en repliant toutefois ses bras autour d’elle

Barbossa sourit, ignorant le tutoiement qui échappait de plus en plus souvent à sa partenaire.

«  Je me dis que nos amis de la Compagnie cherchent ton père.

- Ne l’appelle pas comme ça !

- Et que nous pourrions les mettre sur la voie… »

 

Angelica sourit largement

« Ainsi ils l’occuperont… Et nous aurons le champ libre.

- Si ils sont dégourdis ils le couleront. Compléta Barbossa. Si ça n’est pas le cas, ils nous mâcheront le travail. »

Rassurée sur ses intentions, Angelica s’approcha de lui tandis que Barbossa hélait le navire, plongeant dans un salut moqueur

 

Le Victory

Pas loin du Pearl

 

Groves et Greitzer considérèrent avec étonnement l’équipage bigarré qui leur faisait face tandis que l’élevait laborieusement la chemise la plus blanche qu’on ait pu trouver en guise de pavillon

« A quoi ils jouent ? » Murmura Greitzer

Groves ne lui répondit pas, les yeux braqués sur la beauté brune qui se tenait à côté de l’homme au chapeau ridicule qui leur faisait face.

« Sacredieu. Marmonna-t-il. Elle a beau être une pirate, je paierais pour la foutre dans mon pieu. Et la foutre tout court. »

 

Choqué à plus d’un titre Greitzer suivit son regard et grimaça légèrement en se forçant à prendre le ton de camaraderie forcé qui lui était devenu une seconde nature

« C’est vrai qu’elle est belle…

-  Plus que ça ... Oh ces seins... » Soupira Groves qui rêvait à voix haute.

 

Au grand soulagement de Greitzer, Barbossa abrégea son supplice en prenant la parole d’une voix suave

« Bien le bonjour Messieurs…

- Amiral ? Demanda une jeune recrue dont la main était crispée sur le mousquet et qui rêvait apparemment d’en découdre.

- Une seconde…Le coupa Groves. Voyons ce qu’ils veulent

- Mon amie et moi nous souhaiterions vous parler. Poursuivit Barbossa

- Parler ?

- Négocier si vous préférez. » Corrigea Barbossa avec une grimace.

 

Groves répondit sans pouvoir se retenir

« Permission de venir à bord. »

Barbossa se retourna vers le vieil homme qui se tenait à ses côtés et lui murmura quelque chose puis il fit signe à Angelica de passer devant.

 

Quelques instants plus tard, ils étaient tous deux à bord, le pistolet à la ceinture

«  Posez vos armes. Ordonna Greitzer

- Précautions. Répondit Barbossa. Pourparlers. Annonça-t-il en fixant Groves, sentant que c’était lui le vrai chef de l’expédition

- Dans la cabine. » Répondit le commodore sans quitter Angelica des yeux.

La jeune femme lui fit son plus beau sourire et tout quatre s’enfermèrent dans la cabine tandis que les deux équipages se jaugeaient

 

Le Victory

Cabine

 

Barbossa posa un regard exercé sur ce qui les entourait avant de décider qu’il n’y avait pas grand-chose de valeur.

« Que voulez-vous ? » Demanda Greitzer, les nerfs à vif à mesure que l’insistance du regard de Groves sur Angelica augmentait.

Barbossa jeta un regard à la jeune femme et elle sourit

« Nous sommes venus négocier le passage du Black Pearl en échange d’une information

- Passage ? » Répéta bêtement Greitzer

 

Barbossa siffla entre ses dents

« Vous passez votre chemin et en échange nous vous disons où trouver Blackbeard.

- Blackbeard ! S’exclama Groves en détournant brièvement le regard d’Angelica au grand plaisir de Greitzer

- C’est-ce qu’on a dit. » Confirma la jeune femme

Greitzer grimaça et regarda Barbossa

«  Mais vous êtes bien le capitaine Barbossa ; non ?

- J’ai cette chance… »

Groves fixa Angelica

« Et vous ?

- Pourquoi voulez vous négocier ? Le coupa Greitzer en se tournant vers Hector. Ce n’est pas dans vos habitudes

- Parce que nous voulons la même chose que vous: mettre un terme à la carrière de Teach. Nous battre contre vous nous affaiblirait à coup sur.

- En clair vous voulez qu’on se batte à votre place. » Ironisa Greitzer

 

Angelica fixa Groves

« Tout l’honneur et les lauriers seraient pour vous…

- Pensez à votre prestige… Renchérit Barbossa

- Et bien… Commença Greitzer en regardant Groves

- Où est il ? » Demanda ce dernier

 

Angelica et Barbossa échangèrent un regard et la jeune femme répondit

« De l’autre côté de l’île. Il vous suffit de la contourner et vous y serez.

- Il est ancré dans la baie. Expliqua Barbossa

- Nous pourrions faire d’une pierre deux coups… Suggéra Greitzer

- Les canons du Black Pearl sont braqués sur vous. Si nous tardons trop nos hommes tireront sans sommations. » Répondit aimablement Barbossa.

Groves et Greitzer tiquèrent mais un regard leur suffit pour convenir que l’occasion était trop belle

« Nous pourrions contourner cette île… Déclara Groves d’un ton dégagé.

- Ce serait une excellente idée Commodore… » Souffla Angelica en s’approchant de lui, frôlant ses lèvres.

Barbossa la saisit par le bras et l’attira à lui.

« Nous partons. »

 

Groves et Greitzer leur emboîtèrent le pas et les deux pirates se dirigèrent vers le Pearl

« Lâche moi tu me fais mal. Gronda Angelica entre ses dents

- Avancez Madame Sparrow. Répondit Barbossa sur le même ton

- Jaloux ? S’étonna Angelica, flattée

- Vous rêvez Angelica. Je me méfie juste de vos idées vengeresses. Lui rétorqua Barbossa en la poussant sur le Pearl

- Mufle.

- Vous êtes un pirate pas une dame. Et c’est heureux pour vous. Ricana Barbossa avant de fixer Gibbs. Détache les grappins.

- Oui Capitaine. »

 

Sur le Victory, Groves se tourna vers l’insigne

« Cap vers l’île on va la contourner »

Le jeune homme le regarda, les yeux écarquillés par la surprise

« Mais … Commodore… On les laisse filer ? Ce sont ..enfin c’est le Black Pearl. » Chuchota-t-il

Groves le regarda avec dureté

« C’est un navire marchand. Tu devrais faire examiner ta vue à notre retour. Maintenant, obéis aux ordres. »

 

Le jeune homme jeta un regard incrédule au navire puis s’inclina. Il n’avait pas d’autre choix. Groves le suivit du regard et soupira

« J’espère qu’ils ont dit vrai… On aurait peut-être du garder la fille… En gage de bonne foi

- Bah voyons… » Marmonna Greitzer avec amertume.

Surpris, Groves se retourna vers lui mais l’autre était déjà retourné vers sa cabine et le cognac qu’elle renfermait…

 


Chapitre 28                                                                                                   Chapitre 30


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