Chapitre 35 : Pouparlers


Jack poussa un soupir de soulagement en découvrant les lumières de Port Royal qui s'étendaient devant lui. Il jeta un œil vers Fort Charles et grimaça à l'idée du dernier souvenir qu'il avait de l'endroit. Il avait failli perdre la vie en ce lieu, pendu par un Commodore qui n'était plus à présent mais qui avait été remplacé par un homme beaucoup plus dangereux que lui.

 

Ce soir, le fort était calme et un vent léger faisait se balancer les palmiers. A la barre du Black Pearl, Jack sentit son cœur battre un peu plus vite tandis qu'il redécouvrait la ville prise par les derniers rayons du soleil et cherchait instinctivement à apercevoir une silhouette familière et espérée. Gibbs s'approcha de lui, une lueur inquiète dans le regard.

« Nous sommes arrivés Jack.

- Pas encore. Je vais mettre le Pearl à l'abri, il y a une crique plus loin. Vous m'y attendrez.

- Jack qu'est-ce que tu comptes faire au juste ? L'enlever ? »

 

Le pirate eut un sourire triste, il savait bien qu'Elizabeth ne viendrait pas avec lui après l'avoir quitté pour Beckett, la manière dont c'était passée leur dernière entrevue le renseignait assez à ce sujet. Il devrait donc négocier avec Beckett pour s'assurer la liberté d'Elizabeth et lui offrir un lourd tribut pour réussir à la protéger de l'homme qu'elle avait eu la bêtise d'épouser.

« Non. Je ne prévois rien d'inquiétant Gibbs. Répondit-il finalement. Contente-toi d'appliquer le code.

- Jack !

- Si je ne suis pas rentré à l'aube, prend le Pearl et quitte cet endroit maudit. Ordonna Jack qui fixait d'un air sombre les corps pendus qui se balançaient sinistrement devant eux, songeant qu'à quelques mois près c'aurait pu être le sien.

- Bien Jack. Soupira Gibbs. Tu es sur de ce que tu fais ?

- Je suis le Capitaine Jack Sparrow. » Répondit ce dernier comme si ça expliquait tout avant de se diriger vers la chaloupe.

Tandis que Jack s'éloignait dans les rayons du couchant, Gibbs se signa rapidement et songea que décidément, les femmes à bord portaient bien malheur. Car, il en était sûr, sans Elizabeth, Jack ne se serait jamais exposé ainsi au danger.

 

()()

 

Cutler Beckett était confortablement installé à son bureau et Mercer lui faisait face. Les deux hommes étaient sombres, perdus dans leurs pensées respectives. Finalement Beckett brisa le silence et posa les questions qui l'obsédaient depuis des mois.

« Des nouvelles du compas de Sparrow ?

- Non. Mes hommes le cherchent mais personne ne semble savoir où il est parti après avoir quitté Tortuga. »

Beckett eut un claquement de langue impatient.

« Et Audrey ? »

De nouveau, Mercer eut un geste d'ignorance résignée.

« Elle finira bien par sortir de son trou. » Marmonna Beckett d'un ton cruel.

Mercer, le dévisagea, cherchant à évaluer dans quelle mesure son maître était bien disposé envers lui. Finalement il se décida et sortit son couteau qu'il aiguisa négligemment.

« Et pour Elizabeth ? Il me tarde d'exercer sur elle…

- Vous l'aurez bientôt. Je compte lui révéler prochainement l'identité de celui qui lui donne tant de plaisir depuis plusieurs nuits. Mais avant j'aimerais lui apprendre le plaisir de la souffrance, ensuite elle sera à vous. Ainsi elle apprendra le vrai sens du mot douleur. »

 

Les deux hommes se souriaient avec complicité, quand un fracas retentissant les interrompit et la fenêtre explosa sous l'impact d'un homme. Mercer et Beckett se levèrent d'un même mouvement tandis que sous leurs regards surpris, Jack se relevait et époussetait son veston nonchalamment avant de les regarder avec impertinence.

 

« Lieutenant Mercer… Toujours fidèle au poste hein, sacré lèche botte ! »

L'homme se crispa et fit un pas vers Jack, l'arme à la main et bien décidé à en finir avec le pirate. Mais Beckett l'arrêta d'un geste et fit signe à Jack d'approcher. Le pirate sourit gracieusement à Mercer.

« Attention ça coupe. » Ironisa-t-il avant de se laisser tomber sur un fauteuil.

Là, il examina brièvement les papiers qui se trouvaient à sa portée avant de s'en servir comme éventail.

« Alors capitaine Beckett quoi de neuf ?

- C'est Lord désormais Sparrow.

- Oh pardon milord. » Répondit Jack qui se leva pour esquisser une caricature de révérence tandis que Mercer se glissait derrière lui, prêt à agir au moindre geste de Beckett.

 

Ce dernier leva les yeux et jaugea l'adversaire que le passé lui avait appris à ne pas sous-estimer.

« Rasseyez-vous et dites-moi ce qui vous amène en ce lieu Sparrow.

- Capitaine Sparrow. Précisa-t-il en se penchant sur Beckett. Vous êtes curieux de savoir ce que je fais ici hein ? » Fanfaronna-t-il.

Beckett plongea son regard glacial dans celui de Jack.

« Pas tant que ça. Je me demande juste la raison pour laquelle vous avez choisi de vous balancer au bout d'une corde demain matin. Et soyez certain que contrairement à cet incapable de Norrington je ne vous laisserais pas fuir. »

Jack reprit son sérieux, jusqu'à présent les choses se déroulaient comme il l'avait prévu. Affectant toujours un air nonchalant il se servit un verre.

« Je suis venu négocier.

- Vous paraissez bien sûr de vous. Pourtant il me semble que notre dernière entrevue vous a laissé un souvenir cuisant. Ricana Cutler

- Autant que la perte incommensurable qui fut la vôtre. »

Beckett se crispa à ce souvenir et reprit froidement.

«  Vous dites vouloir négocier. C'est donc que vous avez quelque chose à m'offrir. Qu'est-ce donc qui serait si précieux que je vous laisserais la vie sauve ?

- Une chose que vous convoitez ardemment. Celle que vous désirez le plus au monde… Susurra Jack en buvant son verre d'un trait. Fameux ce rhum !

- C'est du cognac Sparrow. Précisa laconiquement Beckett. Mais ça ne m'étonne guère que vous ne sachiez pas faire la différence au vu de la fange dont vous êtes issu.

- Oh moi qui pensais que vous aviez fait des progrès en diplomatie. » Rétorqua Jack d'un ton amusé.

 

Beckett soupira avec impatience.

« Les faits Sparrow. Faites court car j'entends déjà le bourreau s'impatienter en attendant sa paire de bottes. »

Jack grimaça, il se sentit brusquement étranglé et se pencha vers le carafon pour se resservir un verre.

« Permettez ? »

Beckett se contenta d'un geste vague empreint de lassitude et Jack continua.

« Je vous propose un échange.

- Quel genre d'échange ? Vous me proposez votre compas ? » L'interrogea Beckett en détaillant sa silhouette à la recherche du précieux objet.

Jack le regarda ironiquement.

«  Je ne l'ai pas sur moi. Non ce que je vous propose est mieux. Bien plus mieux. En réalité je vous offre ce que vous convoitez à travers le compas. »

Beckett tressaillit et tentait de deviner ce que l'autre savait tandis que Mercer se munissait d'un pistolet. Jack sourit en entendant le déclic de l'arme de Mercer et se pencha vers Beckett.

« Que diriez-vous de Calypso ? » Souffla-t-il.

Beckett prit à son tour un verre et le but à petits traits, cherchant à évaluer le marché que l'autre lui mettait en main, cachant son intérêt.

«  Qui vous dit qu'elle peut m'intéresser ? »

Jack le fixa et sourit avec amusement.

« Parce que vous voulez le compas. Et si vous voulez le compas c'est pour être en prédisposition de trouver un coffre contenant le cœur palpitant de Davy Jones ce qui une fois trouvé vous mettra en prédisposition d'ordonner à ce bon vieux poulpe de vous révéler la cachette de son ancienne amante. Calypso. Ce qui vous mettra en prédisposition de devenir son amant et ainsi d'obtenir son aide pour devenir le maître du monde. » Déclara Jack d'une traite d'une voix avinée.

 

Beckett blêmit en entendant ses desseins aussi clairement exposés et connus.

« Le maître du monde … Rien que ça ? Etes vous sur de vous Sparrow ? »

Jack se pencha et frôla presque l'autre, conscient de l'arme de Mercer braquée sur sa nuque.

«  Mais vous voyez on peut s'arranger… »

Beckett recula légèrement et le regarda avec ahurissement.

« Et vous savez où elle se trouve ?

- Évidemment. Confirma Jack

- Et qui me dit qu'elle vous suivra ?

- Elle le fera.

- Intéressant. Voilà donc qu'à votre tour vous traitez une vie comme une marchandise de bas étage, auriez-vous changé Jack ?

- Non je me mets juste à votre niveau Beckett.

-Et que voudriez-vous en échange de cette vie ? Une amnistie ? Un navire ? De l'or ? » Demanda Beckett d'un ton moqueur.

 

Jack se resservit un cognac avec nonchalance, tandis que son cœur battait follement dans sa poitrine.

« Non rien de tout cela… Hormis l'assurance de sortir de Port Royal bien vivant et que mon Black Pearl ne sera pas poursuivi par vos navires, le seul bien que je convoite est votre nouvelle femme. »

Cutler le regarda et un sourire se forma lentement sur son visage.

« Et que représente t'elle pour vous ? »

Jack posa son verre et le regarda d'un air provoquant.

«  Peut-être tout simplement que j'apprécie de posséder vos femmes. »

Beckett lui renvoya son regard et maîtrisa sa rage devant l'insolence du pirate.

«  Si c'est une nuit avec elle que vous voulez la chose peut s'arranger, vous ne seriez pas le premier qui profite de cette faveur. » Le provoqua-t-il à son tour.

 

Jack commença à s'éventer lentement avec la liasse de papier et prit l'air fanfaron, refusant de tomber dans le piège grossier que l'autre lui tendait.

« Voyons une nuit ne me suffira pas, vous devriez le savoir, je suis le Capitaine Jack Sparrow. »

Beckett sourit.

« Elle représente sûrement beaucoup pour vous pour que vous veniez ainsi jusqu'ici pour marchander sa possession et trahissiez votre camp, votre père…

- Je suis un pirate. La trahison fait partie de nos prérogatives.

- Que de mots savants Jack. Et comment saurais je qu'il s'agit bien de Calypso ?

- Il vous faudra me faire confiance. »

Beckett émit un rire bref.

« Ne me prenez pas pour un idiot Jack. Calypso possède un bijou. Un objet qu'on dit qu'elle ne quitte jamais. Un médaillon pareil à celui que possède Jones, si la femme que vous m'amènerez ne le porte pas la délicieuse Lady Beckett connaîtra des souffrances indescriptibles avant de mourir. Suis-je clair ? »

 

Jack s'étrangla, songeant à ce dont l'autre était capable et tendit sa main.

« Marché conclu l'ami. Dans trois jours, sur cette île. Déclara-t-il en désignant un banc de sable. J'y serais avec mon second et Calypso. Vous avec Elizabeth et les papiers de notre amnistie.

- Serait-ce des pourparlers ? Se moqua Beckett en dédaignant la main tendue.

- Calypso contre Elizabeth et les canons du Pearl braqués sur vous.

- Comme ceux de ma flotte sur vous. Sourit Beckett en se décidant à serrer la main tendue.

- Je n'en ai jamais douté Lord Beckett. » Se moqua Jack.

Le pirate se leva et enjamba la fenêtre par laquelle il était entré avant de disparaître dans la nuit sans que Beckett n'ai fait un geste pour l'arrêter.

 

()()

 

Une fois qu'il fut sorti, Cutler leva les yeux sur Mercer et sourit.

« Faites renforcer la garde auprès de ma chère épouse.

- Vous n'allez tout de même pas laisser cet homme partir avec elle ! » S'exclama Mercer, dépité de voir s'éloigner les rêves de tortures raffinées qu'il avait faits pour la jeune femme.

Pour toute réponse, Beckett arbora un sourire cruel.

« Bien sûr que si, temporairement. Nous laisserons à ce pirate le temps de s'attacher plus encore à elle, ainsi lorsque vous la tuerez devant lui après avoir exercé la gamme de vos tortures sur elle, il sera enfin brisé. »

Mercer eut un sourire soulagé pendant que Beckett continuait.

«  Il me semble bien avoir découvert l'identité de celui qui emplit les rêves romantiques de ma femme. C'est étonnant de voir ce qu'il est prêt à abandonner pour les beaux yeux d'Elizabeth. Cette fille m'aura décidément apporté beaucoup. Ricana-t-il. Il en sera d'autant plus plaisant de la tuer. »

 

Mercer le dévisagea avec une pointe d'étonnement.

« Sparrow … et elle ?

- Voyons Mercer, nous savons tous deux qu'ils se connaissent et la présence de Sparrow à Port Royal ne peut vouloir dire qu'une seule chose. Je vais donc enfin pouvoir me venger de ce rat tandis qu'il m'apportera ce que je convoite et dont je doute qu'il soupçonne la vraie valeur malgré son petit discours convainquant. Nous allons donc respecter notre engagement et le laisser repartir avec cette jolie petite chose que je possède, il sera si doux de lui reprendre ensuite. »

Les deux hommes ricanèrent de concert en se resservant à boire avant d’élaborer un nouveau plan qui se voulait infaillible.

 

()()

 

Étendue sur son lit, Elizabeth ne parvenait pas à trouver le sommeil, les yeux grands ouverts elle écoutait les bruits de la maison, surprise par le cliquetis des armes du garde qui venait de prendre position devant sa porte. Elle hésitait à se lever. En effet, elle avait entendu un peu plus tôt un grand bruit de verre brisé et son cœur avait fait un bond dans sa poitrine alors qu'elle s'imaginait que ce dernier signalait la présence de Jack.

 

Comme s'il m'aimait assez pour venir me chercher ! Se gourmanda-t-elle, rageant de toujours penser au pirate et culpabilisant de ne rêver que de trahir l'homme auprès duquel elle s'était engagée.

 

Le pas familier de Cutler résonna dans le couloir, chassant le pirate de ses pensées et elle allongea le bras pour saisir le masque qu'il lui demandait à présent de porter chaque nuit alors qu’il la plongeait dans des délices sensuels chaque soir un peu plus sauvages. Ça faisait à présent des jours que Cutler ne lui avait plus apporté de gravures et elle ne savait si elle devait le déplorer, chaque nuit écoulée lui semblant augmenter l'ardeur amoureuse de son époux. Pourtant elle sursauta lorsque la porte s'ouvrit et laissa apparaître la livrée rouge du soldat dont elle avait deviné la présence un peu plus tôt.

 

Son époux la regarda avec froideur et une fois de plus, Elizabeth sentit son cœur se serrer devant la vie qu'elle menait.

 

Pas d'inquiétude… dans quelques instants tu oublieras. Souffla une voix dans sa tête qu'elle écouta, résignée.

 

Cutler s'approcha à pas mesurés et lui prit le masque des mains, le repoussant loin d'eux.

« Pas ce soir ma chère. » Déclara-t-il simplement en lui jetant une liasse de gravure sur lesquelles elle se pencha avec curiosité.

Un grand froid envahit Elizabeth en découvrant les scènes illustrées, elle ne put s'empêcher de feuilleter les gravures mais sa nausée progressa de concert avec son horreur pour ce qu'elle voyait. Cutler sourit en voyant les sentiments se peindre sur son visage si expressif et s'approcha d'elle. Il fit glisser sa chemise sur ses épaules nues, avant de l'embrasser doucement dans le cou.

« Le plaisir et la douleur sont deux choses intimement liées ma petite catin, il est plus que temps pour toi de l'apprendre. »

 

Elizabeth frémit et lui lança un regard inquiet tandis qu'il l'embrassait brutalement, utilisant toute sa science amoureuse, il la fit ployer alors que ses lèvres s'ouvraient et que sa langue venait rejoindre la sienne. Elizabeth se sentit mollir dans ses bras, jusqu'à ce qu'un cliquetis et la sensation du métal froid se refermant sur son poignet ne la ramène au présent. Elle s'écarta brutalement de son époux tandis que ce dernier la regardait avec ironie.

« Ce n'est pas drôle Cutler ! S'écria-t-elle, détestant le son de sa voix.

- Mais ce n'est pas un jeu. » Murmura doucereusement sont époux en contemplant le corps nu qui s'offrait à lui.

Elizabeth, hors d'elle, tira avec vigueur que les chaînes qui la retenaient.

« Ce sont des méthodes indignes ! Des méthodes de pirates ! Siffla-t-elle, indignée et apeurée.

- Dans ce cas elles doivent vous plaire. » Répliqua avec ironie Cutler, qui caressait le corps souple.

Elizabeth rougit avant de détourner le visage, confirmant ainsi les soupçons de Cutler.

 

Avec une ardeur nouvelle, voyant en elle l'instrument de sa vengeance vers celui qui l'avait tellement offensé, Cutler caressa le corps de sa femme. Il savoura la détente du corps facile qui répondait sous ses doigts et prit son temps. Il saisit la poitrine offerte à pleines mains et en agaça les pointes du bout des doigts. Elizabeth soupira lourdement, à la fois de désir et de détresse en sentant son corps s'offrir, son intimité s'humidifia sous les caresses de son époux et ses gémissements résonnèrent comme une capitulation devant le combat qui l'attendait. Cutler remonta lentement sa main le long d'une de ses cuisses et effleura son entrejambe avant de sourire en sentant sa main se couvrir d'une humidité poisseuse. Il se pencha alors sur son cou et la mordit violemment tandis qu'il introduisait un doigt en elle. Elizabeth hurla sa douleur et tira sur ses chaînes avant de gémir sous la caresse, ses cuisses s'écartèrent plus largement pendant que son cœur battait la chamade poussé tout à la fois par la peur et le désir.

 

Cutler s'écarta et sourit devant son expression languide et l'empreinte rougie de sa mâchoire bien visible sur le teint laiteux de la jeune femme. Sans la quitter des yeux, il s'empara de la cravache qu'il avait négligemment posée à son arrivée et à laquelle elle n'avait pas prêté attention. Il la saisit et savoura la peur qui envahissait les yeux de sa femme, appréciant le désir qui brillait encore dans ses prunelles sombres. D'une main ferme, il la repoussa sur le lit et lui donna un premier coup sur le ventre, la faisant gémir. Elizabeth mordit ses lèvres, les larmes aux yeux, tandis que la cravache s'abattait à nouveau, zébrant sa peau fine. Sa peau lui cuisait, le sang laissait de fines rigoles poisseuses sur son corps tandis que la douleur l'emplissait toute entière et lui donnait envie d'hurler. Puis brusquement la douleur cessa, remplacée par la caresse des lèvres de Cutler sur son corps, sa langue fouilla les plaies tandis que sa salive apaisait la morsure du fouet. Elizabeth sentit son bas ventre se tendre tandis que Cutler léchait ses blessures, les suçait et aspirait le sang qui s'écoulait faiblement. Elle gémit alors qu'un plaisir intense se propageait en elle et ses cuisses s'écartèrent instinctivement. Cutler se pencha sur elle et l'embrassa à nouveau sans tendresse, tandis qu'elle sentait la cravache glisser le long de ses cuisses fines. Elizabeth écarta les lèvres et goûta son sang dans la bouche de Cutler, gémissant alors que les coups, plus précis, recommençaient, cette fois sur ses jambes. Il s'écarta d'elle et sourit avec prétention en voyant son corps se tendre vers lui tandis qu'elle le regardait avec haine, le détestant pour les coups et pour le désir qu'ils provoquaient en elle.

 

Il défit sa ceinture rapidement et saisit la longue chevelure blonde.

«  La douleur et le plaisir Elizabeth. Je vous avais promis de vous apprendre. »

Elizabeth sentit son cœur faire un bond et tira une fois de plus sur ses chaînes. Elle ne réussit qu'à se blesser tandis que Cutler s'enfonçait en elle avec un râle de plaisir auquel elle répondit avec désespoir. Il la prit longtemps, alternant caresses et coups, savourant la souffrance mâtinée de plaisir qui se peignait sur son visage. Finalement il la porta jusqu'à l'orgasme et observa avec mépris le long frisson qui la parcourut avant de se déverser en elle.

Il s'écarta d'elle et se coucha à ses côtés pour la première fois depuis des semaines, il préférait habituellement s'éclipser et la laisser seule. D'un ton froid il commença à parler.

« Votre père viendra souper demain. J'ai quelque chose à vous apprendre, qui vous concerne tous deux. »

 

Sans attendre la réaction d'Elizabeth il souffla la bougie qui brûlait dans leur chambre et fit mine de s'endormir. Il sourit en entendant les pleurs étouffés d'Elizabeth, devinant que ses larmes étaient autant dues à l'humiliation qu'à la réalisation naissante de la véritable nature de leur union.


Chapitre 34                                                                                                   Chapitre 36


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