Chapitre 14 : Désirs d'indépendance


 

La Résistance,

 

Jannah était encore sous le choc de ce qu’elle venait de découvrir. Elle avait un père. Elle, qui avait cru toute son existence que ses parents l’avaient vendue sans sourciller au Premier Ordre ou qu’ils étaient morts, se retrouvait soudain munie d’un père. Et pas n’importe lequel. Un héros de la Résistance, un Baron administrateur à la fortune conséquente et un homme prêt à se battre pour ses idéaux. La jeune femme ignorait ce qu’elle ressentait ou était censée éprouver face à Lando. En vérité, il n’était qu’un inconnu à ses yeux mais elle ne pouvait nier être un peu déstabilisée par leur rencontre et la place qu’il ne cachait pas vouloir prendre dans sa vie. 

 

« Jannah Calrissian, hein ? »

La voix taquine de Finn sortit la jeune femme de ses réflexions et elle lui répondit d’un sourire automatique, un peu forcé.

« On dirait bien… 

— Ça n’a pas l’air de te faire plaisir, se troubla Finn. Pourtant, une telle chance… Retrouver sa famille après tant d’années, c’est inespéré ! »

Jannah se contracta brièvement avant de se détendre.

« Oui, je le sais. C’est simplement… J’ai du mal à réaliser que ce soit vrai. »

Finn lui pressa l’épaule d’un air compréhensif et la jeune femme se reprit.

« Et toi ? Comment vas-tu ? Des nouvelles de ta petite amie ? »

 

Un profond soupir désemparé échappa à Finn et il secoua négativement la tête. 

« Personne n’a entendu parler d’elle ou de Ren.

— Je suis désolée, je sais qu’elle est importante à tes yeux.

— C’est plus que ça, murmura Finn. Je suis amoureux d’elle. Ne pas savoir où elle est, si elle va bien… Et penser que ce monstre est avec elle et la torture sans que je ne puisse l’aider. Ça me rend fou. »

Lando se matérialisa à cet instant et Jannah lui adressa un sourire timide. 

« Mais, je ne veux pas t’embêter avec mes histoires, déclara Finn. Profite de ta chance, Jannah… »

 

Le Premier Ordre, 

 

Kaydel était presque rétablie. Passées les premières heures confuses de sa reprise de conscience, la jeune femme parvenait maintenant à se lever seule et à faire quelques pas dans l’appartement luxueux où elle avait été conduite. Elle avait douloureusement conscience de sa chance insolente et de l’ironie de la situation. Le tir du blaster de Finn n’était pas passé loin. Si elle avait reçu une telle blessure lorsqu’elle se trouvait au sein de la Résistance, sans les moyens médicaux colossaux du Premier Ordre, elle ne s’en serait sans doute pas sortie. 

 

La porte s’ouvrit discrètement et elle se retourna vers le nouvel arrivant.

« Kaetix ! C’est un plaisir de vous voir debout. Mais, n’est-ce pas un peu trop tôt ? s’inquiéta Hux. Qu’en disent les médecins ? »

Tout en lui répondant, la jeune femme scruta le visage du redoutable général. Depuis son alitement, le roux était venu lui rendre visite chaque jour, restant des heures à son chevet. Ils avaient beaucoup parlé. Beaucoup plus que la jeune femme n’avait prévu de le faire. Elle détestait devoir l’admettre mais elle le trouvait de plus en plus sympathique, voire attachant… Certes, il était bouffi d’orgueil et d’idées suprémacistes mais elle décelait une blessure encore vive en lui et un secret manque d’assurance qui la touchaient. 

« Le Suprême Leader Snoke réclame ma présence sur le Supremacy, il estime que j’ai déjà passé suffisamment de temps sur Coruscant et que la situation est désormais sous contrôle, » lui annonça-t-il. 

 

A cette nouvelle, Kaydel ne put s’empêcher de ressentir une bouffée de déception.

« Je croyais qu’avant cela, vous souhaitiez examiner tous les candidats potentiels à l’administration du Palais et de la planète, se troubla-t-elle.

— C’était mon intention, confirma Hux. Mais, le Suprême Leader m’a ordonné de prendre une décision rapide afin d’être de nouveau à ses côtés sur le terrain des opérations. J’ai peine à croire que je vais dire cela, mais l’absence prolongée de Ren tombe vraiment mal. »

Kaydel lui adressa un sourire empreint de sympathie. Grâce à leurs longues conversations, elle avait pris la mesure de la haine, quasi viscérale, que le général avait pour Kylo Ren. Un sentiment qu’elle partageait secrètement avec lui, même si ses raisons étaient beaucoup plus intimes.

 

Le général la contempla longuement avant de reprendre. 

« En vérité, plus j’y réfléchis, plus je me dis qu’Opan est le candidat idéal. Il est loyal, fidèle envers les intérêts du Premier Ordre et cela mérite d’être récompensé. Qu’en pensez-vous ? »

La jeune femme ne parvint pas tout à fait à dissimuler sa surprise. Après tout, le capitaine était le sous-fifre de Hux, l’une des rares personnes qui avait sa confiance. Il était étonnant qu’il envisage de se séparer de lui. Toutefois, cette perspective réjouissait Kaydel : Opan ne dissimulait pas son aversion et sa méfiance pour elle.

« Je ne sais quoi vous dire, répondit-elle avec prudence. Je ne connais pas assez le capitaine ou l’ampleur des enjeux pour me permettre d’émettre un avis. Cependant, Opan est votre second et il est louable de votre part de vouloir le récompenser…

— Mais ? l’interrogea Hux avec une pointe de sécheresse. Allez-y Kaetix, poursuivez…

— N’est-ce pas un peu imprudent de vous priver de son appui ? » lâcha la jeune femme qui espérait au contraire que le général persiste dans sa décision.

 

Les yeux verts de son compagnon s’assombrirent quelques secondes.

« J’apprécie votre souci pour mes intérêts, cela prouve votre loyauté. Mais, malheureusement, je ne peux plus en dire autant d’Opan. Il m’est certes fidèle, mais il prend de plus en plus de libertés et se permet de remettre en question certaines de mes décisions. Il est plus que temps que je me sépare de lui. »

 

La froideur avec laquelle il avait exposé la chose fit frissonner Kaydel. Elle avait souhaité la disgrâce d’Opan qu’elle trouvait cruel et mauvais en plus d’être méfiant mais ne s’attendait pas à ce que le général agisse de la sorte. Sous couvert d’une promotion, c’était bien d’un désaveu dont il était question.

« Je comprends. Je veillerai donc à faire en sorte de ne pas vous déplaire », plaisanta-t-elle en forçant son sourire.

Les yeux de Hux se posèrent sur son visage, s’arrêtant sur l’ourlet de la bouche de la jeune femme.

« Je doute que cela se produise un jour, murmura-t-il avant de se reprendre. Bien, je vais donc le lui annoncer. A présent que ma décision est prise, inutile d’attendre plus longtemps. »

 

( ) ( ) 

 

La salle d’entrainement était pareille au souvenir de Rey : d’une propreté méticuleuse. Cette fois, elle observa plus attentivement les lieux et nota que le capitonnage n’avait souffert d’aucun dégât. Il n’y avait pas même une éraflure ou une trace de brulure de sabre laser. 

« Je l’ai faite entièrement aménager pour nous », déclara Kylo Ren dans son dos.

La profondeur de sa voix arracha un frisson à Rey et elle se retourna vers lui, tirant son sabre laser d’entrainement.

« Il n’y a pas de nous. Ni maintenant, ni jamais. 

— Pourtant, tu ne peux nier cette connexion que nous avons, » insista-t-il. 

 

Des souvenirs de leur étreinte bestiale explosèrent dans la tête de Rey et elle laissa échapper un grognement de colère. Sans réfléchir, elle se jeta sur lui et leurs sabres s’entrechoquèrent.

« Je n’ai rien en commun avec un monstre tel que toi, cracha-t-elle. Si nous sommes ainsi connectés c’est parce que tu me manipules afin de me le faire croire. Tu espères que ça me poussera à te rejoindre !

— Aussi flatté que je sois par le pouvoir que tu m’attribues, je ne suis pour rien dans ce qui nous arrive », rétorqua-t-il tout en la repoussant avec rudesse.

Les narines et les yeux dilatés de colère, Rey se remit en position d’attaque. En elle, le gouffre grondait de plus belle mais elle ne fit rien pour s’en détourner. Elle voulait en finir avec Ren et ce petit jeu qu’il lui imposait. 

« Dans ce cas pourquoi est-ce que j’ai des souvenirs de Padmé ? l’interrogea-t-elle. Depuis que tu m’as emmenée dehors, la dernière fois, je ne cesse d’avoir des flashs de son passé avec Anakin, c’est comme si… comme si une part d’elle avait pris possession de mon esprit ! »

Surpris par cette déclaration, Kylo Ren ne parvint pas à éviter le coup qu’elle lui destinait et se retrouva projeté contre le mur. 

« Tu vois Padmé ? Mais… elle n’avait même pas la Force. »

 

Les yeux de Rey s’étrécirent et elle le fixa, puisant dans la Force. Elle ressentit une brève bouffée d’incompréhension et de désarroi et sourit.

« Pourtant, je la vois… Alors que toi, en dépit de tous tes efforts et tes tentatives pitoyables pour lui ressembler, tu ne parviens pas à établir un lien avec Vador. »

Ren serra les dents de rage.

« Que t’a-t-elle montré ? Dis-le moi ! » exigea-t-il.

 

Rey perçut la puissance qu’il mettait pour pénétrer son esprit et le toisa.

« Non. »

Jamais elle ne lui révélerait les tourments de Padmé, son amour malheureux, sa souffrance… Elle ne voulait pas la trahir. De plus, Ren ne comprendrait pas. Pour lui tout se résumait à la possession. Il ne savait rien de l’amour ou de la passion. Il était trop obscur pour ça.

 

Il avança vers elle, la main tendue dans sa direction pour mieux la contraindre mais elle s’arc-bouta. En elle le gouffre bouillonnait de puissance et elle tenta de le repousser. Le visage tendu par l’effort, Kylo Ren franchit l’espace qui les séparait et referma sa main sur la gorge de la jeune femme.

« Ne me résiste pas, » ordonna-t-il.

A demi étranglée, Rey gémit alors la paume brûlante de son ravisseur lui écrasait la trachée.

« Je refuse que tu pénètres en moi de la sorte, » émit-elle dans un gargouillis.

 Brusquement, la pression se relâcha et elle sentit les doigts de Ren glisser sur sa peau puis sa tunique. Haletante et les lèvres entrouvertes, elle le fixa.

« Ah… tu refuses que je te pénètre… Vraiment ? » siffla-t-il avant de la retourner d’un mouvement rapide.

 

A travers le tissu, Rey pouvait sentir la dureté du sexe de Ren plaqué contre ses fesses. Une vague lascive la secoua tandis qu’il pétrissait ses seins sans la moindre douceur.

« Que tu le veuilles ou non, tu es à moi, » grogna-t-il.

Un gémissement de plaisir échappa à la jeune femme lorsqu’il déchira sa tunique, sa main chaude épousant ses formes. Ses doigts pincèrent l’un des tétons érigés de Rey et, au lieu de la douleur, elle ressentit le désir monter irrépressiblement en elle. Les mains de Ren étaient partout sur son corps désormais, ses doigts en elle, son souffle chaud et erratique contre sa nuque. 

« A moi, » ragea-t-il avant de la pénétrer d’un coup, sa main libre agrippant ses cheveux pour l’obliger à se cambrer. 

 

La sensation d’être prise était intense et Rey enfonça ses ongles dans le capitonnage tandis qu’il la pilonnait sans retenue. Les chairs palpitantes de la jeune femme étaient gorgées de plaisir et elle poussait un cri guttural à chacun des assauts de Ren. Des grognements lui répondirent et l’excitation de Rey redoubla alors qu’elle le sentait grossir en elle, prêt à jouir. 

« Plus fort, » gémit-elle au bord de l’orgasme. 

Il lui obéit d’un coup de rein sauvage, écrasant le corps de la jeune femme et elle sentit le capitonnage absorber ses seins, comme une bouche chaude se refermant autour de ses tétons. Cette pensée eut raison de ses barrières et elle laissa le plaisir déferler en elle tandis qu’il se répandait au fond d’elle. 

 

Jamais elle n’avait connu un plaisir comparable à celui qu’elle prenait avec lui. Tremblante, elle se laissa aller contre le torse de Ren et sentit le cœur du jeune homme battre à tout rompre. 

« Rejoins-moi », murmura-t-il à son oreille.

Cela fit l’effet d’une douche froide à Rey et elle se dégagea de son étreinte pour ramasser ses vêtements éparpillés.

« Je ne veux plus m’entrainer, ramène-moi à ma cellule, » lâcha-t-elle sans le regarder.

 

 

La Résistance,

 

Cela faisait plusieurs heures que Paige tentait sans succès d’avoir une conversation avec sa sœur. En dépit du masque de placidité que Rose affichait au retour de sa « promenade » avec Finn, l’instinct quasi maternel de Paige lui soufflait que sa cadette n’allait pas bien du tout. Impression renforcée par le fait que Rose évitait ouvertement de se retrouver seule avec son aînée. 

Surveillant Rose du coin de l’œil, Paige la vit se diriger vers la salle d’eau et saisit sa chance : à cette heure, l’endroit était désert. Plantant Poe au plein milieu d’une phrase, la jeune femme emboita le pas à Rose.

« Si je t’ennuie, n’hésite pas à me le faire comprendre, surtout ! » enragea Dameron dans le dos de la jeune femme.

 

Paige grimaça légèrement. Elle détestait se disputer avec Poe ce qui leur arrivait de plus en plus souvent depuis quelques temps. A croire qu’ils ne réussissaient plus à se comprendre. Se promettant de s’excuser et d’arranger les choses un peu plus tard, elle pénétra dans la salle d’eau. Comme elle l’avait escompté, Rose était seule. Occupée à se frictionner, la jeune femme poussa un cri en la découvrant.

« Paige ! Sérieusement, tu ne peux pas attendre que j’aie fini ! »

 

Les yeux de Paige se détournèrent brièvement du corps nu de sa sœur avant de se poser de nouveau sur son visage.

« Non, répliqua-t-elle fermement. Je suis désolée d’en arriver là mais vu que tu m’évites depuis ta conversation avec Finn, tu ne me laisses pas le choix. »

Rose se renfrogna et marmonna qu’elle ne l’évitait pas d’un ton peu convaincant.

« Rose, soupira Paige. Inutile de faire semblant avec moi. Je sais que tu es triste à cause de Finn. »

La mâchoire crispée, la plus jeune lui lança un regard emplit de défi.

« Alors, si tu es au courant, pourquoi tu viens m’en parler ? Et comment tu le sais d’abord ? Ah… Poe, évidemment. »

Décontenancée par l’éclat soudain de sa cadette, Paige fronça les sourcils.

« Depuis quand me parles-tu sur ce ton ?

— Oh Paige, pitié ! explosa Rose. Je n’ai plus six ans ! Comment veux-tu que les garçons me regardent si tu es tout le temps là à me couver ? Pas étonnant que Finn préfère Rey, au moins elle, elle fait ce qu’elle veut et n’a de compte à rendre à personne.

— Génial en effet, répliqua Paige. Regarde où ça l’a menée ! Droit dans les pattes de Ren.

— Non, c’est ton petit ami qui lui a livrée et tu le sais très bien. »

Cette fois, le visage de Paige se marbra de rouge et elle gronda.

« Qu’est-ce que tu sous-entends ?

— Que Poe a passé un certain temps prisonnier de Ren avant d’être libéré par Finn. Qu’est-ce qui nous prouve que Ren n’en a pas profité pour lui détraquer le cerveau ou quelque chose de genre ?

— La Persuasion de Force ne fonctionne que sur les esprits faibles…

— Et qu’est-ce qui te prouve que Poe est si fort que ça ? »

 

Les deux sœurs se dévisagèrent avec colère, Paige dans son uniforme et Rose drapée dans une serviette qui avait vu des jours meilleurs. 

« De quel droit… commença Paige.

— Et toi ? De quel droit te mêles-tu de mes affaires ? Sans ton intervention et celle de Poe, Finn ne m’aurait jamais dit toutes ces horreurs et il ne me tiendrait pas à distance comme il le fait ! A cause de vous, je n’ai plus aucune chance avec lui. »

Cette fois, elle semblait au bord des larmes et la colère de Paige s’évanouit.

« Oh Rose… Tu espérais devenir son amie pour qu’il tombe amoureux de toi ? 

— C’était le plan, oui, renifla la jeune femme. Mais vous avez tout gâché… »

Paige soupira.

« Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe, ce n’est pas parce qu’un homme t’apprécie comme amie qu’il va s’éprendre de toi…

— Ouais, bas désolée, c’est la seule chose que j’ai trouvée ! Tout le monde ne peut pas être grande, fine et belle comme toi ou Rey. »

Choquée, Paige recula. Elle n’avait jamais soupçonné que sa petite sœur puisse la jalouser ou même être complexée par sa petite taille et ses rondeurs.

« S’il te plait, Paige, laisse-moi maintenant. Je n’ai pas besoin d’être consolée. »

Blessée, l’ainée se détourna sans un mot tandis que Rose se laissait glisser contre le mur. Elle regrettait déjà les dures paroles adressées à Paige mais, hélas, il était trop tard pour les reprendre.

 

Le Premier Ordre,

 

« Voilà pourquoi vous êtes selon moi l’homme de la situation, Opan, conlut Hux avec froideur. Par ailleurs, il est plus que temps que vous soyez récompensé pour toutes les années que vous avez passées à mes côtés. »

Blême, le capitaine ne répondit tout d’abord pas.

« Allons, reprit Hux, je ne vous savais pas si émotif.

— Je, balbutia Opan. Général, je suis sensible à l’honneur que vous me faites en me proposant un poste aussi prestigieux, mais il me semble toutefois que je vous serais plus utile en restant à vos côtés… Avec le pouvoir grandissant de Ren, il me semble que…

— Ne vous en faites pas pour votre ancien poste, le coupa Hux. J’ai déjà trouvé une personne qui assumera parfaitement les charges qui étaient les vôtres. »

Opan serra imperceptiblement les poings.

« Puis-je savoir de qui il s’agit ? » l’interrogea-t-il avec le maigre espoir de ne pas entendre le nom qu’il redoutait.

 

Le regard de Hux se fit rêveur durant une fraction de seconde avant de reprendre sa dureté.

« Kaetix. Le courage dont elle a fait preuve récemment mérite lui aussi une promotion. »

A ces mots qui confirmaient ses pires inquiétudes, Opan manqua de faire une attaque.

« Vous ne parlez pas sérieusement, j’espère ! Cette fille vient à peine d’intégrer le Premier Ordre, une telle promotion serait un camouflet pour ceux qui vous servent loyalement depuis des années. »

Le sourire affable que Hux s’obligeait à maintenir depuis le début de leur discussion disparut.

« Vous oubliez une fois de plus à qui vous parlez, Opan. A votre place, je ne prendrais pas le risque de me faire regretter ma générosité à votre égard. Acceptez ce poste que je vous offre, gouvernez Coruscant en notre nom et ne remettez plus jamais en cause l’une de mes décisions. Suis-je clair ? »

La menace était sous-entendue et Opan ne s’y trompa pas. L’homme d’expérience qu’il était savait reconnaitre une défaite. Quoi qu’il dise, Hux ne changerait pas d’avis sur Cottbick, s’il persistait, non seulement il perdrait son poste mais aussi sa promotion. Par ailleurs, ce nouveau grade au sein de l’Ordre lui permettrait d’avoir les coudées franches. Sur Coruscant, il serait le maitre et il savait déjà quelle serait sa première décision : envoyer une équipe d’investigateurs chevronnés sur Dulathia…

« Limpide, général. Je vous remercie de l’honneur que vous me faites en me nommant aux commandes de Coruscant. J’espère que j’en serais digne, tout comme ceux que vous déciderez de distinguer. »

Satisfait, Hux le salua d’un signe de tête et sortit.

 

( ) ( )

 

Les paroles moqueuses de Rey résonnant encore dans sa tête, Kylo Ren s’inclina devant le masque calciné de son ancêtre.

« Grand-père… Je ne comprends pas pourquoi vous m’ignorez ainsi, murmura-t-il. N’ai-je pas tout fait pour vous ressembler et honorer votre héritage ? »

Les mots, remplis d’amertume, étaient sortis tout seuls et il baissa la tête en guise de repentir.

« Pardonnez-moi mon impatience, murmura-t-il. C’est juste que je ne comprends pas pourquoi Rey a des visions de Padmé alors qu’elle ne lui est rien… »

 

La Force oscilla et Ren se redressa, conscient que son Maitre tentait de le joindre.

« Suprême Leader, souffla-t-il, un genou à terre.

— La fille ne nous a toujours pas rejoints, siffla Snoke. 

— Ses réticences sont puissantes. La Résistance lui a farci l’esprit d’inepties sur la Force et les Jedis, se défendit l’apprenti. »

 

La silhouette de Snoke grandit, l’écrasant de sa présence.

« Pourtant, je l’ai sentie sur le point de s’engager sur le chemin Obscur, lorsque tu te trouvais avec elle. Tu avais presque atteint ton but, pourquoi ne pas avoir continué ? »

Kylo Ren déglutit nerveusement mais son maitre ne lui laissa pas le temps de répondre.

« Je t’ai mis en garde, mon jeune apprenti… Ne commet pas l’erreur de t’attacher à elle…

— Je ne le suis pas ! protesta immédiatement Kylo Ren. C’est juste… je, j’ai perdu le contrôle, avoua-t-il, honteux de devoir admettre qu’il était esclave du désir qu’elle lui inspirait. 

— Alors reprend le rapidement. Si tu persistes à échouer, je serais forcé de la corrompre moi-même. »

 

Sur ces paroles sibyllines et inquiétantes, Snoke disparut. Resté seul, Kylo Ren frappa du poing contre le mur.

« Pourquoi est-il si important qu’elle nous rejoigne ? pesta-t-il entre ses dents. Elle n’est rien, rien du tout, et pourtant Snoke la veut à ses côtés comme il m’a désiré moi ! Qu’est-ce qui m’échappe, Grand-Père ? »

Une fois de plus, seul le silence lui répondit et Kylo Ren sortit de la pièce, furieux de ses échecs.

 

La Résistance,

 

Le visage las, Paige se laissa tomber à côté de Poe.

« Qu’est-ce que Rose a encore fait ? l’interrogea-t-il sans réussir à réprimer un soupir.

— Pourquoi tu imagines qu’il se passe quelque chose avec Rose ? 

— Quand tu fais cette tête là, ça a toujours un rapport avec ta sœur… »

La remarque de Poe agaça Paige pour de bon et elle se leva d’un bond.

« Excuse-moi de m’en faire pour elle ! Tout le monde ne peut pas être nonchalant et égoïste comme toi. »

Poe se leva à son tour.

« Désolé de ne pas faire tourner mon existence autour de ta sœur ! Je ne sais pas si ça fait de moi un égoïste, comme tu dis, mais ouais, je t’avoue que je commence à en avoir vraiment marre qu’on passe notre temps à parler d’elle. Quand je pense que j’étais impatient de venir ici pour qu’on soit ensemble. Je pensais que ce serait chouette d’être enfin peu tous les deux, j’avais pas compris qu’on serait trois, » lâcha-t-il avec dépit.

 

Paige grimaça et tendit la main pour le retenir.

« Excuse-moi… On s’est disputées et ça m’a mise de mauvaise humeur. Je n’aurais pas dû m’en prendre à toi comme ça. »

Poe hésita puis haussa les épaules.

« Tu as de la chance que je sois nonchalant… Bon, pourquoi vous vous êtes disputées ? Je crois que c’est bien la première fois que ça vous arrive. »

La moue de Paige s’accentua.

« Elle me reproche de trop la materner… Elle dit qu’à cause de moi, les hommes ne peuvent pas la prendre au sérieux.

— Enfin une parole sensée ! se réjouit Poe. Ecoute, je sais que ça ne va pas te plaire, mais Rose a raison. Elle a plus de vingt ans maintenant, c’est une adulte. Elle n’a plus besoin que tu la protèges de tout… Et surtout pas de faire ses propres expériences. 

— Mais ce qu’elle a dit sur…

— Elle a raison. Aucun homme ne voudra prendre le risque d’affronter ton air de tigresse en essayant de sortir avec elle », la coupa Poe. 

 

Découragée, Paige baissa la tête et il la serra contre lui.

« Ecoute, je sais que c’est dur pour toi parce que c’est la dernière chose que ton père t’a demandé de faire. Mais, il n’a jamais exigé de toi que tu sacrifies toute ton existence pour veiller sur Rose. Juste d’être là pour elle. Tu as fait du bon boulot Paige. Grâce à toi, ta sœur a des amis et elle a trouvé sa place. Laisse-la construire sa propre vie et consacre-toi à la tienne, la nôtre… Il est temps. »

Des larmes brillaient dans les yeux de la jeune femme mais elle releva fièrement le menton.

« Je vais essayer… 

— C’est tout ce que je te demande », murmura Poe avant de l’embrasser avec tendresse.

 


Chapitre 13                                                                                                      Chapitre 15


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