Chapitre 17 : Noeuds


POV Elizabeth Swann Turner

 

 

La main de Will repose doucement sur ma hanche, son regard est confiant, aimant. Le mien est rempli de mensonge et de duplicité. Il fait une plaisanterie et je réponds par un rire machinal. Quand ai-je appris à mentir ainsi ? Depuis quand suis-je devenue experte en dissimulation, passant allègrement des bras de Jack à ceux de Will sans ressentir les remords qui m'étouffaient tellement au début ? Si les gens que je fréquente à Port Royal apprenaient ce que je fais, ils m'appelleraient « catin » et une part de moi ne peut pas leur donner tort tandis qu'une autre hurle que c'est injuste.

 

Est-ce possible que deux personnes aussi différentes existent en quelqu'un ? Pour dire vrai, je ne sais plus vraiment qui je suis… Lorsque je suis avec Will, je me jure de refouler le désir indigne que je ressens en présence de Jack. Je me coule dans le rôle de Miss Swann, pardon Madame Turner, respectable épouse de forgeron et fille d'un non moins respectable Gouverneur. Je partage (ou du moins je fais semblant de partager) les rêves de Will. Je prends l'air ravi à l'idée de fonder un jour « la famille dont nous rêvons tellement » parce que bien sûr, c'est ce que doit être ma vie. C'est à ce rôle d'épouse et de mère que je devrais consacrer mon existence. Ne serait-ce qu'en juste expiation de la trahison dont je me suis rendue coupable à l'égard de Will. Parfois, lorsque nous sommes seuls tous les deux, je me sens tellement coupable que des nœuds se forment dans ma gorge, mon ventre, ma tête partout. Pauvre Will, il ne mérite pas un traitement pareil alors que son seul tort est de ne pas m'aimer comme j'aimerais qu'il le fasse.

 

Ses mains se referment autour de ma taille tandis qu'il laisse retomber la voile qui nous sépare du reste du monde. Parfois j'aimerais que nous puissions rester ici pour l'éternité. A l'abri du monde et des tentations. Loin de Jack. Sa bouche épouse la mienne que je sens encore chaude des baisers de Jack. Cette fois pas de brutalité dans le baiser que je reçois. Pas non plus de passion. Juste de la tendresse. Mais la tendresse est-elle suffisante entre époux ? J'aurais tendance à dire que non.

 

Will se recule légèrement. Il faut que je dise quelque chose.

«  Crois-tu que tu arriveras à me trouver quelque chose d'autre à porter … Je me sens sale. »

Et à plus d'un titre.

 

Will caresse ma joue.

« Je vais essayer en tout cas. Je sais que c'est difficile, que tu n'as pas l'habitude de vivre comme ça. Mais Jack m'a assuré que nous y serions bientôt. »

 

Non. Non ne parle pas de Jack. Ne prononce pas son nom, pas ici, pas alors que nous sommes tous les deux… Et tant qu'on y est cesse donc de me traiter comme si j'étais une poupée de salon. Je ne le suis pas. Pourquoi n'arrives donc tu pas à le voir ? As-tu oublié la jeune fille qui portait des pantalons et escaladait les murs entourant son manoir pour venir te parler ? As-tu oublié les heures passées à te raconter à quel point je haïssais les leçons de maintien et les autres bêtises protocolaires qu'on avait décidé de m'apprendre ? Toutes ces pensées grondent en moi, pourtant je n'en souffle mot. De nous deux je ne suis pas la mieux placée pour faire des reproches à l'autre.

 

Will prend ma main dans la sienne et nous nous asseyons sur le lit comme lorsque, fiancés, nous nous asseyions sous la tonnelle du jardin de mon père.

« Est-ce que tes malaises ont recommencé ? » S'inquiète Will.

Mes malaises… je les avais presque oubliés. Si seulement je pouvais ainsi les faire disparaître eux et surtout ce qui en est la cause que je redoute de plus en plus.

« Pas depuis plusieurs jours non. »

Je mens. En vérité ça a même empiré.

 

Le visage de Will se remplit brièvement de déception à cette nouvelle. J'ai envie de le frapper.

«  Tant mieux si tu te sens mieux. Soupire-t-il. C'est juste que tu comprends j'espérais que…

- Je sais ce que tu espérais Will. »

 

Ma voix est plus tranchante que je ne l'aurais voulu mais je sens une boule remonter dans ma gorge à l'idée de continuer cette discussion. Je n'ai pas envie de parler. Mon corps est affamé de caresses et j'ai besoin d'assouvir le feu que Jack a allumé dans mes reins. Je me tourne vers lui.

« Essayons encore… »

Le sourire de Will me répond et je n'ai même plus honte de le manipuler de la sorte. Après tout, il ne saura jamais ce qu'il s'est passé, ce qu'il se passe enfin ce que…

 

Ses lèvres sont sur les miennes à nouveau et ses mains écartent ma chemise. Plus vite. Je n'en peux plus d'attendre. Je défais sa chemise, déchirant à demi ses boutons.

« Doucement. » S’amuse-t-il.

Je ne l'écoute plus. Je n'ai pas envie de l'écouter. Sans lui laisser le choix je le pousse à s'appuyer contre le mur alors que je m'assois sur lui. Mes hanches frôlent son sexe durci et je lis l'incompréhension dans son regard. Tant pis. Je ne suis pas d'humeur à subir un nouveau va et vient d'une lenteur exaspérante.

 

« Elizabeth… » Commence Will alors que je m'empale sur lui.

Je le fais taire d'un baiser et mes hanches vont et viennent. Oui… Comme ça… Je sens ses mains sur ma taille tandis qu'il s'écarte en gémissant.

« Je… Elizabeth… Doucement… » Halète-t-il.

Non… j'en ai assez d'y aller doucement, assez de …

« Je… Elizabeth… je .. T'aime… » Souffle t'il alors que je sens jouir en moi.

 

…………………………………

 

Je m'efforce de lui cacher ma déception tandis que mon corps hurle sa frustration. Ses mains me serrent contre lui et je repose ma tête contre son épaule afin qu'il ne voie pas mon visage. Et……. Je sens la honte me submerger alors que je croise le regard furieux de Jack qui a soulevé le coin de notre intimité. Je devrais être en colère de le voir nous espionner ainsi mais je n'y arrive pas. Après tout, c'est moi qui l'ai laissé et … La voile retombe. La bouche de Will cherche la mienne.

 

Un baiser léger.

 

« Je crois qu'il vaut mieux que j'y aille, je n'ai pas envie que Jack soit contrarié, surtout que je compte bien lui demander de quoi te changer. »

Je réponds machinalement.

«  Bien sûr… »

 

Quelques heures plus tard

 

Je n'ai revu ni Will ni Jack de la journée. Le premier s'est vu assigné un tas de corvées, le second m'évite certainement. Pour ce dernier je devrais m'en réjouir mais celle en moi qui n'est pas respectable et que je surnomme pour moi-même « Lizzie » n'est manifestement pas du même avis. En vérité si je l'écoutais je me précipiterais dans les bras de Jack et je le laisserais me prendre jusqu'à en mourir de plaisir. Mais Madame Turner ne peut raisonnablement faire une chose pareille.

 

Une fois de plus je me force au calme et je me jure d'éviter Jack et ses mines tentatrices. Mon bonheur et celui de Will sont à ce prix. Seulement aurais-je la force cette fois de tenir cet engagement envers moi-même ? Je n'ai plus assez d'illusions sur moi pour ignorer ce qui se passe quand je me retrouve face à la tentation. Lorsque je suis avec Jack… C'est comme si … Comme si … j'étais dans une cage dont la porte vient de s'ouvrir.

 

Avec Jack, je n'ai pas besoin de faire semblant d'être respectable ou bien élevée. Je n'ai pas à maîtriser mes impulsions. Et je n'ai pas besoin de feindre l'espoir d'être mère et de m'enfermer ainsi un peu plus dans une vie sûre mais ennuyeuse. Jack, c'est la liberté, l'aventure… Les combats, le sang, la violence… la passion. Tout ce dont je rêvais lorsque j'étais enfant. Tout ce dont je rêve encore sans oser le dire à voix haute.

 

Un frôlement derrière moi. Pas la peine de me retourner, je reconnaîtrais la cadence de sa démarche entre mille. Dans ma tête, la raison me hurle de m'éloigner. Je la fais taire sans pitié tandis que je me retourne vers lui.

« Tout va comme vous voulez Madame Turner ? »

Pas la peine d'être devin pour comprendre qu'il m'en veut de l'avoir laissé.

« Pas exactement. »

Ma réponse est une excuse que je ne peux dire à voix haute. Will est à quelques pas de nous. Jack le désigne d'un mouvement de bras.

«  Oui, votre époux m'a confié que vous aviez quelques petits soucis d'ordre domestique. »

Cette fois je rougis. A-t-il assisté à toute la scène ? Ou bien juste à la fin ? En même temps c'est pour ainsi dire pareil.

« Oui en effet … Je ... N'ai plus rien à me mettre…

- Regrettable… » Ironise Jack.

J'imagine tout à fait à quoi il fait allusion et je rougis de plus belle.

 

Le regard de Jack épouse le mien et c'est comme si ses mains étaient déjà sur moi.

«  Je pense néanmoins pouvoir faire quelque chose pour vous trésor. Voyez-vous j'ai cette robe dans ma cabine…

- Je croyais que vous n'aviez pas de robe dans votre cabine. Ne puis je m'empêcher de relever.

- Vraiment ? Une prise récente… Mais au combien précieuse à mes yeux. »

Mon cœur s'accélère brutalement… pourquoi faut-il donc que ça me fasse ça !

 

Jack poursuit.

«  Même si je dois admettre que mes séjours récents dans ma cabine m'ont laissé quelque peu frustré. »

Ma bouche s'assèche…

« Vous m'en voyez désolée Capitaine Sparrow.

- Pas autant que moi trésor. »

 

Des mains entourent ma taille et j'ai envie de hurler.

«  Alors Jack tu as trouvé de quoi satisfaire Elizabeth ? Demande Will.

- Oh je pense que oui. Répond Jack avec une pointe d'ironie que je suis la seule à comprendre.

- Merci Jack. Quoique vous ayez à me proposer ça m'ira parfaitement. »

Conversation banale dont l'odieux double sens échappe à Will. Quelquefois, j'en viens à me dire que s'il était moins stupide tout cela ne serait pas arrivé.

« Ne me remerciez pas trésor. Il est tout naturel que je vous soulage de vos vieux oripeaux qui ne vous conviennent de toute évidence vraiment plus… »

Je me crispe… Cette fois il va trop loin même s'il a vu et que… il n'a pas le droit.

« Je ne compte pas pour autant m'en débarrasser. »

 

C'est au tour de Jack de se crisper.

«  Toujours garder une poire pour la soif hein …

- Elizabeth adore les poires. » S'amuse Will.

Le regard de Jack est éloquent….

« Je vois ça… » Marmonne-t-il en commençant à s'éloigner.

Non … pas ... Et il faut .. Je dois lui parler …

«  Et pour la robe ?

- Vous la trouverez dans votre cabine. » Répond Jack avant de se tourner vers Gibbs.

 

Will se lance dans une nouvelle conversation stérile sur les pommes, les poires et autres fruits. Je l'écoute d'une oreille distraite alors qu'il évoque le jour où nous sommes entré dans un verger de poirier et où nous avons mangé à nous donner mal au ventre. Pas la peine de me le raconter. J'y étais, j'ai même déchiré ma robe dans l'aventure.

 

()()

 

La robe est là.

 

Étendue sur notre lit qui en paraît plus misérable encore. Une splendeur. Derrière moi j'entends Will soupirer lourdement en la voyant. Il déteste la couleur je le sais. Un ocre si orangé qu'il en est presque rouge. Une couleur qu'il n'apprécie guère, me préférant dans de sages bleus ou verts pâles. Moi j'adore.

 

A coté du lit, un petit baquet d'eau chauffée. C'est peu mais c'est un vrai luxe à bord d'un navire. Je me retourne vers Will.

«  Je vais me changer.

- Jack nous a invités à manger dans sa cabine ce soir.

- Parfait … »

Un baiser et me voilà seule avec mon eau chaude et ma robe.

 

Quelquefois j'ai honte d'être aussi futile. Mais cela fait tellement longtemps que je n'ai pas porté quelque chose d'aussi joli que je ne peux pas m'empêcher d'être heureuse. Je me débarrasse de mes vieux vêtements et je plonge un linge dans l'eau chaude. Pour la première fois depuis longtemps je me sens propre. L'eau est même encore assez claire pour me permettre de me laver les cheveux, du moins si on est pas trop regardant.

 

Ce que j'aimerais avoir un miroir. Sur ma peau la robe glisse comme une caresse pendant que mes vieux vêtements sèchent dans un coin, l'eau du baquet définitivement sale. Je démêle mes cheveux à l'aveugle et je range soigneusement mon petit Pearl. J'aimerais pouvoir le porter mais au vu du décolleté plus que profond de ma robe ce ne serait pas prudent.

 

Me voilà prête pour le dîner.

 

()()

 

Je retrouve Jack et Will assis à table et j'observe leurs réactions alors que je rentre dans la pièce. Celle de Will est éloquente

« Tu es superbe mais n'est-ce pas un peu trop décolleté ? Avec la couleur j'ai peur que ça fasse…

- Un effet magnifique. Le coupe Jack. Splendide ! Madame … » Mime t'il en se levant pour un baise main.

Je frissonne en sentant la pointe de sa langue effleurer ma peau.

 

Will me sourit et déglutit en suivant le col de la robe.

« C'est vraiment audacieux… » Murmure t'il.

Je croirais entendre mon père.

 

Jack me désigne le miroir et je m'y précipite avec reconnaissance. En observant mon reflet, je comprends les réticences de Will. La robe est véritablement audacieuse. Il n'y a pas d'autres mots.

« Nous sommes des pirates non ? Le provoque Jack.

- Toi sûrement. Répond Will. Mais ce n'est pas mon cas ni celui d'Elizabeth. »

Quand je pense que j'ai cru durant des années que Will était un pirate.

 

Le dîner se passe. Je ne parle pas beaucoup. Les histoires rocambolesques de Jack suffisent à meubler la conversation. De temps à autres je sens peser sur moi son regard appuyé tandis que sous la table la main de Will étreint la mienne.

 

J'ai trop mangé. Une nouvelle nausée me surprend alors que je finis mon verre de vin. Maudites nausées !!! Je n'arrive plus à me mentir à leur sujet. J'ai près de deux semaines de retard sur mon terme. L'ironie étant que je me rappelle bien de la date de mes derniers maux de femmes : c'était le jour où Jack m'a prise comme certains hommes le font entre eux. Cela fait un moment que je soupçonne le fait mais jusqu'à présent je me refusais à l'admettre.

 

Le pire est que je ne suis pas sûre de l'identité du père de l'enfant que je porte. Mon côté raisonnable souhaite que ce soit Will pourtant au fond de moi j'espère, je sens qu'il est de Jack. Peut être est-ce parce qu’il me semble qu'il me serait plus facile de porter l'enfant de Jack. Parce que contrairement à Will il ne passe pas son temps à me dire à quel point ce serait merveilleux de fonder une famille. Mais quel genre de femme suis-je donc pour souhaiter porter l'enfant d'un autre que son mari ???

 

Je les laisse continuer à parler. Je crois qu'à présent ils parlent du père de Will justement. A la dérobée, j'observe Jack. Ses pommettes hautes, ses yeux si sombres, profonds. Ce que j'aimerais que mon bébé, puisque bébé il y a, ait ses yeux. Puisqu'il est écrit que je dois être mère et que je n'ai pas le choix autant que ce soit l'enfant de Jack.

 

A présent je me félicite de ne pas en avoir soufflé mot. Will s'en apercevra bien assez tôt et je souhaite profiter du peu de liberté qu'il me reste encore. Quand à Jack, et bien je remercie à présent l'intervention de Will il y a quelques jours qui m'a interrompue alors que je me préparais à lui révéler mon secret. Car je ne suis pas assez naïve pour ignorer qu'une fois ma grossesse connue il… En fait je ne sais pas comment il réagira. Sans doute avec ironie. Après tout j'ai un mari. Un mari qui n'attend que ça qui plus est.

 

« Tu es bien silencieuse ce soir … Remarque Will. Notre conversation t'ennuie ? »

Seigneur à croire que c'est lui et non moi qui a été élevé dans un salon.

« Pas du tout. J'ai juste trop mangé…

- Votre appétit m'étonnera toujours. » Plaisante Jack.

Je souris et je repousse loin de moi la pensée de cette chose qui se nourrit de ma vie et qui dévorera bientôt tous mes rêves. Une fois qu'il sera là, peu importe son père, il me faudra suivre le chemin tracé pour moi. Je cherche une réponse appropriée mais un coup sec m'en dispense.

 

Du coin de l'œil je vois Jack sourire imperceptiblement et je me retourne vers Gibbs, intriguée. Qu'a-t-il donc encore fait ?

«  Jack nous sommes au large des côtes ainsi que tu le voulais … Précise Gibbs.

- Ah parfait … Commente Jack avant de prendre l'air embarrassé et de se tourner vers mon mari. Will mon ami, tu sais que je le plus grand respect et la plus grande admiration pour tes talents de forgeron, que dis je d'orfèvre et… »

Ah bon ????

« Que veux-tu que je fasse… » Soupire Will d'un ton las, le coupant dans son élan.

Je ne peux pas lui en vouloir.

 

Jack se recule d'un air outré.

« Moi mais non voyons !! Enfin… Tu vois, sur cette île il y a des armes dont j'aimerais prendre possession…

- Voler. Abrège Will.

- Emprunter pour une longue période. Contre-attaque Jack. Seulement j'aimerais être certain de leur qualité. Alors si tu voulais rendre ce service à un ami qui n'a pas hésité à se départir d'une de ses plus belles pièces pour orner Madame Turner. »

Il se tourne vers moi.

« N'y voyez aucune offense trésor. C'est juste qu'en voyant cette robe sur vous j'imagine mal une autre femme la porter aussi bien. »

Retour à Will.

«  Mais il me semble que nous pourrions procéder à un échange de services. »

 

Mon cœur accélère en me représentant ce qui va suivre et je baisse rapidement la tête pour dissimuler mon sourire. Au diable la respectabilité et la maternité et tout le reste !

« Et je suppose que tu veux que nous aillions cette nuit. Soupire Will.

- Il est plus facile d'emprunter quand il fait noir. » Souligne Jack avec sérieux.

Et plus facile de séduire une femme quand son mari est absent.

 

Will me jette un petit regard navré et je m'empresse de le rassurer en baillant à m'en décrocher la mâchoire.

« Je suis épuisée de toute manière… »

Soupir de Will. Le remord me titille. J'ouvre la bouche pour lui dire de ne pas y aller mais il me devance.

« Quand partons-nous ? »

Moue embarrassée de Jack.

«  Et bien en fait. Les côtes ne sont pas très sûres et mon visage est assez connu sur cette île. Tu vois mon gars, il y a cette fille a qui j'ai du, dans un moment d'égarement cela va sans dire, faire certaine promesse et …

- Pour résumer tu veux que j'aille te chercher tes armes pendant que tu resteras tranquillement ici à dormir. » Le coupe Will.

Le visage de Jack se fend d'un large sourire.

« C'est tout à fait ça … Sauf que je ne compte pas dormir mais avoir l'œil à tout ce qui pourrait se produire. Tu ne voudrais pas que Madame Turner se retrouve en position d'être menacée n'est-ce pas ? Et il me semble avoir t'avoir prouvé que j'étais prêt à la défendre… »

Je me sens rosir à ce souvenir et surtout à la nuit qui lui a succédé. La première.

 

Will soupire.

« Tu as vraiment besoin de ces armes ?

- Un besoin urgent et impérieux. Lui répond Jack avec une ferveur qui affole un peu plus mon cœur. Et puis n'oublie pas que nous allons prochainement affronter Davy Jones, des armes supplémentaires ne seront pas de trop. »

Will hésite mais finalement son bon cœur prend le dessus sur le reste. J'ai de la peine pour lui. D'autant plus que je sais ce que Jack a en tête. Je voudrais le retenir mais je n'en ai pas la force. Pas en sentant sur moi le regard que Jack me lance en ce moment même…

«  Alors Jack ? Intervient Gibbs d'un air embarrassé.

- Will va venir avec toi et Pintel et Ragetti. Répond Jack d'un ton assuré. Pour chercher les armes. Tu te souviens ? »

 

Un grommellement mécontent répond à Jack tandis que Will se tourne vers moi.

« Elizabeth… Je … Je suis désolé mais je dois y aller. C'est, c'est la dernière fois. Ajoute-t-il d'un ton décidé en se retournant brièvement vers Jack.

- Je comprends Will… Ne t'en fait pas. Je sais. Il faut mettre toutes les chances de notre côté pour libérer ton père… »

 

Mensonges…Encore et toujours des mensonges. A force de faire des nœuds qui déforment la vérité, je ne sais même plus qui je suis, ni même ce que je veux. Une part de moi veut qu'il reste cette nuit. L'autre souhaite qu'il parte. La seconde est la plus forte.

 

Les lèvres de Will se posent sur les miennes et je noue mes bras autour de son cou. Simple. Naturel. Le geste d'une femme aimante qui dit au revoir à son mari. Pourquoi faut-il qu'il ait une autre signification pour moi ?

 

()()

 

Sur le pont, accoudée au bastingage, je fais signe à Will tandis que la chaloupe l'emmène à terre avec Gibbs, Pintel et Ragetti. Je plisse les yeux pour le voir le plus longtemps possible tandis qu'il s'efface peu à peu dans les ténèbres.

 

Je ne le vois plus à présent.

 

Derrière moi, la voix de Jack.

« Un dernier verre ? »

Sans un mot je le suis. Il est inutile de parler.

 

()()

 

La porte se referme sur nous. Le pont est désert. Jack a veillé à ce que personne ne soit témoin de ma duplicité.

«  Où en étions-nous ? Me demande Jack d'un ton suggestif. Ah oui je disais que tu étais superbe dans cette robe… La plus magnifique de toutes. »

J'ai beau savoir que Jack est un beau parleur, son compliment me fait pourtant plaisir…

 

« Merci. Elle est superbe je l'aime beaucoup.

- Je l'ai choisie en pensant à toi… Murmure Jack en me tournant face au miroir. La couleur pour tes cheveux… » Souffle t-il dans mon cou.

Sa main caresse lentement mes cheveux et je frissonne.

« Un tissu doux pour caresser ta peau… » Continue-t-il.

Ses lèvres embrassent mon cou…..

« Une coupe près du corps… »

Cette fois ses mains parcourent mes hanches.

«  Et de quoi mettre en valeur tes adorables seins. » Finit-il dans un souffle en les empoignant à pleines mains.

 

Mon dieu ce que c'est bon. Peu importe les remords… Rien que ces minutes les valent bien. Du coin de l'œil j'observe notre reflet tandis qu'il m'embrasse dans le cou. A côté de lui, je me sens belle, je me sens femme. Comme si nous étions un de ses couples dont les portraits me faisaient rêver lorsque je n'étais encore qu'une enfant.

« Je n'ai pas arrêté de penser à toi… Murmure Jack. Si tu savais comme je te désire. »

Contre mes fesses je sens son sexe dur.

« J'en ai une petite idée. »

Réponse légère. Pas besoin de se torturer pour trouver la réponse appropriée, les mots sortent tous seuls de ma bouche.

« Tu me rends fou trésor… »

 

Les mains de Jack parcourent ma robe et je sens la chaleur familière monter en moi. Un regard vers le miroir. Est-ce vraiment moi cette femme aux lèvres entrouvertes prête à défaillir ??? Peu importe après tout. Je me retourne vers Jack et il m'enlace franchement. Fermement. Sa bouche prend possession de la mienne avec violence. Je suis à lui. Et j'aime ça.

 

Mes lèvres glissent sur sa peau, le goûtent, l'explorent.

« Lizzie… Dans ta bouche… » Souffle Jack en pressant son sexe contre mes lèvres.

J'aime son désir. J'aime son sexe. Mes lèvres s'entrouvrent et il se loge dans ma bouche. Ma langue explore, parcourant toutes ses aspérités. Dans mes cheveux ses doigts se crispent.

«  Bugger… Lizzie … Oui… »

 

Je le saisis à pleines mains et je savoure le fait d'être maître de la situation. Je le ressors de ma bouche et laisse ma langue caresser le bout humide qu'il me présente. Mes yeux se lèvent vers lui. Ses yeux à lui sont à demi fermés, ses lèvres entrouvertes. Il gémit.

« Lève-toi … » Souffle t'il finalement.

 

Je le rejoins et il m'embrasse lentement, sa langue caresse mes lèvres. Ses mains sont partout, je sens ma robe retomber sur le sol tandis qu'il niche sa tête dans mon cou avant de laisser sa bouche descendre plus bas… plus bas….

 

Dans mon dos je sens le froid du miroir contre lequel je me suis appuyée, mes jambes tremblent comme si elles n'étaient plus assez fortes pour me porter. Entre mes cuisses c'est l'explosion. Je vais mourir.

 

Sourire ravi de Jack. Ses lèvres reprennent les miennes et je me goûte dans sa bouche. J'ai encore envie de lui. Envie qu'il me possède. Nous retombons sur le sol, inutile d'aller jusqu'au lit. Je ne peux plus attendre.

«  Lizzie… Tourne-toi… » Gémit Jack en me mettant à quatre pattes.

Je frisonne en voyant notre reflet dans le miroir. Derrière moi Jack caresse mes hanches avant de se glisser en moi d'une brusque poussée. Je le sens. Je le vois. Je nous vois…

 

Nos regards se nouent à travers nos reflets et je retiens un gémissement alors qu'il accélère en moi.

« Lizzie… Lizzie… Laisse-toi aller … Ma Lizzie … »

Ses mots se bousculent et j'ai à peine conscience de lui répondre par des râles. Je ne peux plus parler, je ne peux plus penser à autre chose qu'à nos corps qui se prennent, s’aiment, ne relâchent que pour mieux se reprendre à nouveau.

«  Jouis pour moi Lizzie… » Gémit Jack en glissant sa main entre mes cuisses tandis que son sexe s'enfonce en moi.

Je perds pied à nouveau. Cette fois c'est si violent que mes bras refusent de me porter, je retombe sur le sol, Jack s'écrase sur moi et jouit dans un gémissement.

« Bugger Lizzie… Je n'en peux plus … ». Souffle-t-il avant de me serrer contre lui.

 

J'ai chaud. J'ai soif. Je me sens fiévreuse. J'ai encore envie de lui. Encore. Chaque fois comme si c'était la dernière avant que ma vie ne me rattrape. La main de Jack empoigne une bouteille de rhum et il boit à longs traits avant de me la tendre. Le liquide me brûle la gorge, me fouette le sang, les mains de Jack sont à nouveau sur moi. Je sens ses bagues sur mon corps.

« Je te veux. » Souffle Jack en me forçant à m’allonger.

Je m'entends répondre.

« Moi aussi je te veux. »

 

Nos corps s'épousent à nouveau. Plus rien n'a d'importance. Tout le reste est fade et sans saveur. Mes bras se referment autour de lui, sa bouche sur la mienne. Je voudrais mourir dans ses bras et ne plus jamais le quitter.

 

Un soupir m'échappe.

«  Jack… »

La nuit est à nous. Je voudrais qu'elle ne finisse jamais.


Chapitre 16                                                                                                      Chapitre 18


Écrire commentaire

Commentaires: 0