Chapitre 6 : De la compagnie


Jack Sparrow s'étira lentement, la bouche pâteuse sans même avoir bu la moindre petite gorgée de rhum. L'air toujours aussi morne, il regarda autour de lui. Bien sûr rien n'avait changé. Il était toujours là, terré comme un rat sur ce navire maudit.

« Accepte la proposition du poulpe alors! Règle ta dette, au moins tu sortiras d'ici et tu auras du rhum l'ami. Commença son premier avatar, le Jack lâche qui rêvait d'une vie facile.

- On en a déjà parlé. Soupira Jack à voix haute, lassé de toujours reprendre la même discussion.

- Tu ne dois pas accepter ! Tu ne dois pas te rendre ! Un Sparrow n'abandonne pas ! Si tu fais ça tu perdras tout ! Argumenta le Jack fier et épris de liberté.

- Je sais, je sais, je ne dois pas céder si un jour je veux pouvoir sentir à nouveau sur moi la brise délicate des alizés, si je veux pouvoir faire ce que je veux quand je veux…

- Mais le rhum ! Tu auras du rhum !

- Et à quoi ça lui servira une fois esclave de ce navire espèce d'idiot !

- Si je veux un jour pouvoir à nouveau caresser une femme. Continua Jack qui s'efforçait de ne pas se laisser déconcentrer par les chamailleries de ses autres soi.

- Quelle femme ? Quelle femme veux-tu caresser Jackie ? Intervint celui qu'il se refusait obstinément à écouter.

- Oh la ferme ! C'est à cause de tes bêtises si on en est là !

- Oui ! Renchérirent les deux autres, tombant d'accord pour une fois. Si on avait pas plongé pour sauver cette fille, on aurait jamais été en position d'être pendus et donc on naviguerait encore et on serait libre et on aurait du rhum aussi !

- Ce que vous dites n'a aucun sens. Déclara le troisième. Si on ne l'avait pas sauvée on n'aurait jamais retrouvé le Pearl et on ne se serait pas non plus vengés de Barbossa.

- Le fait est… Déclara lentement Jack. Que le Pearl est ailleurs pendant que nous, euh, je pourris ici. Alors excuse-moi de ne pas trouver la situation si parfaite que tu le prétends !

- De plus en plus fou Sparrow, vraiment … Commença Jones qui l'observait en train de gesticuler et de parler tout seul depuis un moment.

- Ouais mon ami ! C'est pour ça tu n'as pas besoin de t'encombrer de moi hein … » Dit Jack, plein d'espoir, en collant son nez aux barreaux.

 

Jones éclata de rire.

« Bien tenté Sparrow mais je te l'ai dit pour sortir d'ici tu dois accepter d'honorer ta dette. Alors ?

- Le Hollandais Volant a déjà un capitaine. Se borna à répondre Jack.

- Alors tu croupiras ici ! » Commença Jones avant de s'interrompre, les tentacules en éveil.

Quelqu'un venait de pénétrer sur son navire et l'appelait ! Sans rien ajouter de plus il se détourna de Jack et entreprit d'aller voir qui était l'opportun.

 

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Sur le pont au milieu de ses hommes, enfin si on pouvait appeler ainsi les créatures mi humaines, mi marines qui composaient son équipage, se tenait une femme toute de noir vêtue. Jones eut un claquement de lèvre agacé. Qu'est-ce que c'était que ça encore ? Prenant l'air le plus féroce possible, il s'approcha de la femme.

« On a perdu son chemin ma petite dame ? Demanda-t-il ce qui déclencha des rires pervers chez son équipage.

- Non. Je suis là où je voulais me trouver. Répondit posément Audrey. Je dois vous parler Davy Jones.

- Ooooooooooooh vous devez me parler ? Voyez-vous ça … Et qui vous dit que moi j'ai envie de tailler la bavette avec vous ? » Continua Jones.

 

Pour toute réponse, Audrey lui sourit largement et commença à fredonner un petit air de musique, sa voix claire s'élevant au milieu du silence qui s'était brutalement établi. Au bout d'un moment, elle s'interrompit et fixa Jones droit dans ses yeux bleu glacier.

« Votre cabine me parait plus indiquée pour ce dont je dois vous entretenir. »

Jones posa la pince de crabe qui lui tenait de main sur l'épaule d'Audrey qui le regarda sans ciller ce qui le surprit à nouveau.

« Très bien Madame… ?

- Mon nom importe peu Jones ! » Répondit Audrey avant de se diriger vers la cabine du capitaine d'un pas sûr comme si elle était chez elle.

 

Jimmy, le maître d'équipage s'approcha de Jones, le fouet dont il ne se séparait jamais en main.

« Voulez-vous que je rectifie la discipline capitaine ? »

Jones lui sourit.

« Non. Je vais écouter ce que cette femme a à me dire. Tu la châtieras après. » Finit-il dans un éclat de rire avant de pénétrer dans sa cabine.

 

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Audrey, se força au calme et se retourna en l'entendant entrer.

«  Vous ne me toucherez pas. Énonça-t-elle.

- Vraiment ? Et pourquoi m'en priverais-je ? Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu de femme à bord. » Commença Jones d'un air vicieux tout en dévoilant sa poitrine.

Il promena ses tentacules sur celle-ci.

 

Audrey ne broncha pas et resta totalement impassible, tandis que son esprit hurlait en sentant la viscosité du poulpe sur sa peau. Jones la fixa, il se rapprocha de plus en plus et fit glisser adroitement la robe de la femme à ses pieds. Il promenait ses tentacules sur son dos lorsqu'il sentit une légère boursouflure qui lui glaça l'encre dans les veines. Il retourna la femme sans ménagement et horrifié aperçut la marque dans le bas de ses reins. Audrey se retourna lentement et ramassa sa robe qu'elle entreprit de revêtir.

« Bien ceci étant désormais clair pouvons-nous parler ?

- Qui êtes-vous donc ? Comment connaissez-vous l'air ? Et qui vous envoie ? Répondez ! Ordonna Jones, perturbé par la marque que portait son hôte.

- Celle que je suis n'a aucun intérêt pour vous. Je suis ici de mon propre chef, quand à la manière dont je connais l'air et bien la marque que je porte devrait répondre à votre question, non ?

- Certes. Admit Jones. Alors dites-moi ce qui justifie votre visite.

- Je suis venue vous mettre en garde Davy Jones. Le coffre qui contient votre si précieux organe n'est plus en sécurité.

- Quoi ! Comment savez-vous ça ?

- Peu importe ! Un homme actuellement à Port Royal met tout en œuvre pour trouver le coffre qui contient votre cœur.

- Mais il ne parviendra pas à l'ouvrir sans la clef. Il n'y a donc aucun danger.

- Ne le sous estimez pas. Il a l'intention de libérer Calypso. » Déclara Audrey.

 

Elle ouvrit la boite à musique en forme de cœur que Jones avait toujours à portée de tentacules et en accompagna brièvement l'air. Jones, emplit de fureur, la regarda faire, il était hors de question que Calypso soit libérée alors que lui était si durement maudit !

«  Je suppose que vous avez une solution à me proposer…

- Je ne suis que la messagère pas l'ordinatrice. La seule chose que je peux vous dire c'est que si cet homme réussit les conséquences seront lourdes pour chacun d'entre nous. A vous de trouver son point faible s'il en a un.

- Son nom ?

- C'est l'envoyé de la Compagnie des Indes à Port Royal.

- Vous ne pouvez être plus précise ? Demanda Jones, exaspéré de ne pouvoir avoir de réponse claire et simple.

- Non je ne le peux pas, il faudra vous contenter de cela. Rétorqua Audrey avec morgue. A présent je vous laisse. »

Jones médusé la regarda disparaître sous yeux sans avoir le temps de répondre quoique ce soit.

 

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En colère il sortit de sa cabine et harangua ses hommes.

« Cap sur Port Royal !

- Oui Capitaine ! Et pour la fille? Demanda Jimmy, un sourire cruel aux lèvres.

- Quelle fille ? Il n'y a pas de fille à bord du Hollandais Volant ! »

 

 

Quelques temps plus tard…

 

Ignorant les soucis rencontrés par Davy Jones et à vrai dire s'en moquant totalement, Jack rêvassait dans sa geôle. Il rêvait de poser pied à terre un comble pour un homme qui aimait la mer plus que tout au monde, de rhum, des tonnes de rhum et d'un grand feu. Un feu immense ! Et d'une chanson qu'il se mit à fredonner tout bas.

« On rançonne, on chaparde, on pille, on vole,

Trinquons les amis yo ho,

On kidnappe, on dévaste, on s'en fiche pas mal,

Trinquons les amis yo ho ! » 

 

Sur son épaule, le troisième Jack sourit sardoniquement en l'écoutant chanter. Jack s'interrompit et le regarda.

« Quoi ? Lança-t-il d'un ton hargneux.

- Je n'ai rien dit… Pourquoi le ferais-je ? Répondit malicieusement son avatar. Tu vois une raison qui me pousserait à dire quelque chose peut être ?

- Pas la moindre. » Répondit Jack en fermant les yeux.

 

Jack laissa ses pensées vagabonder, celles-ci revenaient sans cesse vers le petit îlot dont Barbossa l'avait ironiquement fait gouverneur il y avait si longtemps et à la seconde fois où il s'y était retrouvé avec la délicieuse Miss Swann.

« Elle t'a pris pour un imbécile. Lança le Jack cynique. Elle a fait semblant de boire puis elle t'a volé tout ton rhum.

- Mais ça a marché. Fit observer d'un ton docte le Jack que personne n'écoutait.

- Ah ouais. Beau résultat vraiment ! Regarde où on est maintenant ! Tout ça parce que le feu de cette idiote a attiré la Navy !

- Tu exagères là ! Tu aurais préféré mourir sur cette île peut être ?

- Mais taisez-vous donc ! Je ne m'entends plus penser ! » Lança Jack sans la moindre logique.

Les trois petits Jack s'entre regardèrent sans comprendre tandis que Jack fermait les yeux et laissait ses pensées errer à nouveau, totalement hermétique à ce qui se passait autour de lui.

 

Il se revit sur l'île à nouveau dansant et chantant et buvant du rhum mais cette fois il ne s'écroulait pas. Le capitaine Jack Sparrow ne tombait pas ivre mort aussi bêtement. Non, Jack sourit et se vit séduire la fille. Son érection grandit à mesure qu'il s'imaginait posséder cette fichue peste et effaçait son petit sourire satisfait de son visage alors qu'elle pensait l'avoir roulé dans la farine. Oh bien sûr, elle ne l'aurait pas laissé la prendre, la demoiselle était trop prude pour cela. Mais il y avait d'autres moyens. Il aurait voulu la voir venir sous ses doigts à lui, l'entendre le supplier de continuer, la goûter aussi. Goûter cette jeune fille pure et soignée que personne n'avait même jamais effleurée, lui faire oublier qu'elle était une blanche colombe et lui un vil pirate. Juste pour le plaisir de l'entendre gémir grâce à lui ou peut être même crier ou voir même répéter son prénom oui… Ça serait le mieux ! La voir, le corps arqué sous ses caresses et l'entendre supplier et répéter son nom Jackjackjackja.

«  JACK ? » Dit une voix incrédule.

 

Jack sortit brutalement de sa rêverie, son plaisir coupé net par ce qu'il venait d'entendre. Il ouvrit les yeux et…

«  Oh bugger ! » Dit il alors que devant lui, vêtue d'une somptueuse robe de mariée, les cheveux pendant lamentablement autour de son visage et encadrée par deux des monstres de Jones, se trouvait …

 

Elizabeth Swann.


Chapitre 5                                                                                                         Chapitre 7


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