Chapitre 3 : Retrouvailles


Auberge de La Fiancée Fidèle, Tortuga

Quelques semaines après l’abolition de l’habeas corpus

 

 

Une choppe de rhum dans une main, la taille de Giselle dans l’autre, Gibbs parlait d’une voix avinée. Celui qui avait été le second de Jack Sparrow régalait son petit auditoire du récit des exploits de son ancien capitaine, à commencer par la manière dont Jack et les autres avaient mis en déroute l’armada toute entière de la Compagnie des Indes.

 

A son bras, Giselle minauda, le regard posé sur la bourse de Gibbs dont le contenu s’amenuisait jour après jour. La fille de joie comptait bien du reste le délester un peu de son or tant qu’il en restait encore. Aussi fronça-t-elle les sourcils lorsqu’elle vit sa meilleure rivale s’installer de l’autre côté de Gibbs qui fit un grand sourire à Scarlett.

 

Pour dire vrai le second de Jack était au paradis. Du rhum. Un auditoire pour ses histoires. Et deux filles dont les mains flattaient agréablement sa vigueur qui était loin d’être aussi vieillissante qu’on aurait pu le croire. Alors que Gibbs se demandait laquelle de deux catins finirait dans son lit, un homme entra en courant dans la taverne

«  Le chant !! Le chant a retenti !!! »

 

Des cris guerriers s’élevèrent à ces mots et le sang de Gibbs ne fit qu’un tour dans ses veines. Sans plus se préoccuper de son auditoire ou des deux catins il se leva d’une démarche chancelante et ramassa sa bouteille de rhum

«  Joshuamee où vas-tu mon chou ? Couina Scarlett.

- Laisse le tranquille c’est moi qui va avec lui d’abord. » Se plaignit Giselle.

Gibbs leur accorda à peine un coup d’œil et lança.

« Désolé mesdemoiselles mais les affaires reprennent. Annonça-t-il avec un grand sourire aux lèvres. Et si vous voulez mon avis c’est pas trop tôt. » Commenta-t-il.

 

Scarlett et Giselle n’eurent pas le temps de le retenir que déjà Gibbs se ruait vers le port à la recherche d’un navire qui lui permettrait de rejoindre l’île aux épaves. Et là-bas le Capitaine Jack Sparrow.

 

 

Le Black Pearl, Mer des Caraïbes

 

 

« Faites demi-tour !! Poussez la voilure au maximum !!! Hurla Barbossa, exaspéré par la lenteur de son équipage tandis que derrière eux, le navire de la Navy qui les avait pris en chasse gagnait du terrain.

- Suuuuuuuuuuuurrrrrrr la plannnnnnnncheeeeeeeeee Barbossaaaaaaaaaaaa. Déclara le perroquet du vieux Cotton en s’envolant.

- Que dit donc ce maudit volatile !!! Hurla Barbossa

- Il a dit sur la planche. Répondit obligeamment Ragetti.

- Tais-toi ! » Lui intima Pintel en accompagnant sa mise en garde d’un grand coup de coude.

 

Trop tard… Barbossa se retourna vers les deux tires au flanc et rugit.

« Qu’avez-vous dit ?

- Rien capitaine ! » Répondirent à l’unisson les deux hypocrites.

Barbossa remit à plus tard le châtiment des deux mutins en puissance et se retourna vers leurs poursuivants.

« Le vent joue contre nous ! Nous ne les sèmerons pas… Armez les canons !! »

Pintel et Ragetti échangèrent un regard consterné.

« Dites, vous vous rappelez qu’on est plus immortels au moins ? » Demanda Ragetti avec inquiétude.

Sa question ne fit que raviver la hargne de Barbossa à la pensée de la carte découpée qui gisait dans sa cabine, inutilisable.

«  A VOS POSTES !!! » Hurla-t-il.

Cette fois les deux compères ne se le firent pas dire deux fois et se précipitèrent vers les canons tandis que Barbossa tirait son sabre d’abordage.

« Pas de quartiers ! Tuez-les tous !!! »

 

La bataille fut sanglante et plus d’un soldat vit en Barbossa le démon sorti de l’enfer dont on leur avait parlé. Finalement les hommes du Pearl eurent le dessus sur leurs poursuivants et Barbossa referma sa main sur le col du capitaine vaincu. Ce dernier poussa un cri de détresse et une flaque s’élargit sur son pantalon, faisant naître un sourire sur les lèvres d’Hector.

«  Je vous en supplie tuez-moi… »

Barbossa sourit méchamment.

« Tu as raison. C’est une belle journée pour mourir. Je vais donc exaucer ta prière. » Ricana-t-il alors que son sabre traversait le corps de l’homme de part en part.

 

L’excitation de la bataille passée, Barbossa posa un regard soucieux sur le navire de la Navy que les flots engloutissaient peu à peu. Depuis quelques semaines, la pression de la Compagnie s’était accentuée et nombre de pirates avait péri. En vérité la situation était même pire que lorsque Beckett était aux commandes de la Compagnie. Le chant avait retenti de nouveau, il le savait mais l’avait ignoré jusqu’à présent. Mais après ça….

 

Et puis si le chant retentissait c’était pour appeler tous les seigneurs. Y compris Sparrow et la moitié de carte manquante. Barbossa fit son choix en un clin d’œil. Il irait à l’île des épaves. Puis une fois la carte récupérée il laisserait les autres se débrouiller. Après tout, une fois qu’il serait immortel, la Navy ne pourrait plus rien contre lui.

 

Le Hollandais Volant, Autre Monde

 

 

Accoudé au bastingage de son navire, Will Turner frissonna en voyant approcher la cohorte grandissante des âmes qui attendaient leur ultime passage. A chacun de leur retour il y en avait plus. Tout comme de silhouettes blanches. Ces dernières le remplissaient d’horreur. Elles irradiaient la souffrance et malgré tous ses efforts et ceux de ses quelques hommes d’équipage, il ne parvenait pas à les faire embarquer. Il avait du reste arrêté ses efforts pour les faire venir à bord, frappé par la souffrance que ce simple fait semblait leur causer. En désespoir de cause, il s’était donc résolu à les ignorer, attendu que Calypso refusait de répondre à ses appels.

 

Bill vint s’accouder à ses côtés et suivit la direction du regard de son fils.

« Il y en a de plus en plus…

- Je sais… Murmura Will d’un ton douloureux.

- Il y a sûrement une bonne raison à cela tu sais. Pour que le repos leur soit refusé. Tenta Bill.

- La cruauté n’a aucune bonne raison. Rétorqua Will. Fait embarquer les autres. »

 

Bill renonça à argumenter et commença à aider leurs sinistres passagers à monter sur le pont. Parmi eux, il reconnut un homme qu’il avait connu des années plus tôt, un pirate comme lui. Ce dernier était tremblant, visiblement traumatisé.

«  Larry ? » Demanda Bill.

L’autre claqua des dents et Will s’approcha, inquiet.

« Un problème ? »

Bill haussa les épaules.

« Non je le connaissais… C’est tout.

- Le… le chant… la Navy et la magie noire… Bafouilla Larry visiblement terrifié. Les âmes condamnées… Les soldats… Cherchent les pirates, les tuent … »

 

Will sursauta brutalement, inquiet.

« Que dis-tu ? »

Larry posa un regard fou sur lui.

«  Le chant… Les hommes de la Compagnie sont sur nous. Ils nous traquent… Pas de choix… Mourir ou finir comme eux … » Grelotta-t-il en désignant les âmes blanches.

Will s’approcha de lui.

«  Tu sais ce qui leur arrive ? Lui demanda-t-il d’un ton pressant.

- Magie. Vaudou. Le loa. Blackbeard.

- Blackbeard ? Demanda Will.

- Un pirate. Expliqua Bill. Je l’ai rencontré une fois. Un type inquiétant. On disait qu’il pratiquait le vaudou. Mais je le pensais retiré des affaires… »

 

Will frémit.

« Est-ce que c’est lui le responsable de ça ? Demanda-t-il à Larry en désignant les âmes. Est-ce que c’est Blackbeard ?

- Sais pas. Répondit Larry en tremblant. Faut pas parler de lui. Il sait tout… Il a des pouvoirs. »

Will se tourna vers son père.

« Tu en as entendu parler ?

- C’est-ce qui se disait oui. Mais j’en ai jamais eu la preuve. Et puis Teach a disparu.

- Teach ?

- Blackbeard si tu préfères…

- Donc ce Teach/Blackbeard serait le responsable selon toi ? Demanda Will.

- Qui sait ? » Répondit Bill en haussant les épaules.

 

Will s’apprêtait à faire demi-tour, lorsque Larry reprit son monologue.

« Pendu au-dessus des flots. Tous les pirates. La Navy veut la Confrérie. »

Will eut l’impression qu’une main glacée venait de se refermer sur sa nuque et le jeune homme se retourna lentement.

«  Que dis-tu ? »

Larry continua son monologue.

« Magie noire, le loa… La corde ou le vaudou. »

Cette fois Will perdit patience et empoigna le col de Larry.

«  Qu’as-tu dit sur la Navy ? Que comptent-ils faire à la Confrérie ?

- Les tuer… Gémit Larry. Les pirates, les Seigneurs, le Roi … Tous pendus… un par un… Ça ou le loa…La mort au bout. »

 

Will blêmit et Bill se retourna vers lui.

«  William ? Ça va mon gars ?

- Elizabeth… Elle est en danger. Je dois la prévenir. » Répondit Will d’une voix blanche.

Bill s’affola en comprenant ce que son fils avait l’intention de faire.

«  Non ! Non William tu ne peux pas ! Si tu abandonnes ta mission tu deviendras… comme lui, Jones. »

Un léger frisson agita le corps de Will à cette idée et il se tourna vers son père

« Je n’abandonne pas ma mission. Mais le responsable de ceux-là. Commença-t-il en désignant les âmes en souffrance. Est dans l’autre monde. Je dois prévenir les pirates pour qu’ils l’empêchent de continuer à emprisonner ceux que je devrais guider.

- William… Soupira Bill. Tu ne sais même pas où elle est. C’est un risque trop grand.

- Le chant a retenti !!! S’écria Larry. »

 

Will posa sur le mort un regard triste.

« Maintenant je sais où elle est… Et ni toi ni Calypso ne m’empêcherez de la prévenir. Fait monter les âmes à bord. Une fois qu’ils auront tous embarqué. Nous irons à l’île des épaves. »

Bill secoua la tête d’un air las.

« C’est toi le capitaine… Mais je persiste à dire que les conséquences possibles ne valent pas un tel acte.

- Aucune conséquence ne vaut plus qu’Elizabeth. » Répondit Will avant de s’éloigner à grands pas, empêchant son père de lui répondre.

 

 

L’Empress, Mer de Chine

 

 

Ignorant totalement la folie que son mari s’apprêtait à faire pour l’avertir d’un danger dont elle avait déjà extrêmement conscience, Elizabeth Turner se tourna vers Tai Huang.

«  Où en sommes-nous dans nos réserves de poudre ?

- Pratiquement plus rien… » Répondit le second d’un air dégoûté en regrettant pour la centième fois au moins la décision de Feng d’avoir fait de cette femme le capitaine de sa jonque.

 

Elizabeth accueillit la nouvelle d’un hochement de tête résigné et posa son regard sombre et triste sur les trois navires de la Compagnie qui les encerclaient peu à peu.

« Utilisez jusqu’à la dernière cartouche, jusqu’à la dernière miette de poudre. Nous ne nous rendrons pas. Déclara Elizabeth d’une voix blanche.

- Bien. » Répondit Tai à regret.

Sentant ce dernier dans la voix de son second, Elizabeth se tourna vers lui.

« Pourquoi continuez-vous à m’obéir puisque vous désapprouvez autant mes décisions ? »

Tai haussa les épaules.

« Vous Roi. Tout le monde devoir obéir. Même si folle.

- Au moins c’est franc. » Grinça Elizabeth en serrant contre elle le coffre contenant le cœur de Will.

 

La jeune femme poussa un cri d’effroi alors que le premier boulet de canon ennemi frappait l’Empress de plein fouet. Ils n’avaient aucune chance. Elle le savait. Elle connaissait cette manœuvre. C’était celle dont ils avaient usé face à Beckett. Dans une heure tout au plus tout serait fini. La petite jonque n’avait ni le tonnage, ni les armes nécessaires pour lutter contre trois navires. Sa seule consolation était qu’en mourant en mer elle rejoindrait Will…

 

Les yeux embués, Elizabeth regarda ses propres canons frapper les navires ennemis. Le combat était trop déséquilibré. Quand elle touchait un navire, le sien était touché à deux endroits. Elle n’arriverait jamais à l’île des Épaves.

«  Battez-vous jusqu’au bout ! Hurla-t-elle. Si nous devons mourir ce ne sera pas sans combattre. Jamais. »

Tai hocha la tête et répercuta ses ordres.

 

Alors que tout semblait perdu, Tai se précipita brutalement vers Elizabeth.

« Capitaine ! Là-bas !! Déclara-t-il en montrant un navire au loin. Mistress Ching !! »

Elizabeth sentit l’espoir renaître brutalement …. Ching était trop loin pour leur venir en aide, en revanche, l’endroit où elle se trouvait était le seul à ne pas être barré par la Navy. Elle prit sa décision en un clin d’œil.

« Fait descendre les chaloupes de ce côté. Discrètement. De l’autre, continuez à combattre. »

Tai s’immobilisa n’osant croire ce qu’il venait d’entendre.

«  Quoi ??? »

 

Elizabeth serra les dents.

« Soit on abandonne le navire. Soit on reste et on coule avec lui. Ching ne sera jamais là à temps pour nous sauver en admettant qu’elle décide de le faire. »

Le visage de Tai se remplit de mépris.

«  Vous voulez fuir ?

- Parfois c’est la seule façon de gagner. Répondit Elizabeth. Des pirates morts ne pourront pas répondre à l’appel de la Confrérie. Des vivants si. Maintenant obéis tant que nous avons encore une chance de repli. »

Tai ne répondit pas. C’était inutile. Elizabeth avait déjà compris à son regard à quel point il la trouvait lâche.

« Tant qu’il y a une chance il faut la saisir. » Souffla Elizabeth plus pour elle-même que pour lui.

 

Contrairement aux inquiétudes d’Elizabeth tout se passa à merveille, les chaloupes pleines à craquer s’éloignèrent aussi vite que possible de l’Empress à présent déserté tandis que les navires de la Navy continuaient à canonner sans paraître se rendre compte que leurs adversaires s’étaient tus.

 

Assise dans sa chaloupe, le coffre serré contre elle, Elizabeth se mordit les lèvres alors que l’Empress s’affaissait lentement dans les eaux sombres.

« Ils me le paieront.. Murmura-t-elle alors qu’une voix s’élevait au-dessus d’eux.

- Vous ???? »

Elizabeth retint un ricanement cynique et leva les yeux vers Mistress Ching.

« Permission de monter à bord ?

- Accordée… Répondit la pirate tandis qu’Elizabeth grimpait déjà l’échelle de cordes qui leur avait été jetée.

- Je vous suggère de changer de cap pour vous rendre à l’île des épaves. Ironisa Elizabeth avec tristesse. Du moins si vous ne voulez pas que votre jonque rejoigne la mienne. »

 

L’île des Épaves

 

 

Assis dans un coin de la pièce, silencieux, le Capitaine Teague grattait nonchalamment sa guitare tout en observant les pirates qui un par un se déversaient dans la forteresse. Chevalle avait été le premier à répondre à l’appel et à planter son sabre dans le globe. Puis ça avait été le tour de Jocquart, Ammand, Sumbhajee et Villanueva ramenant avec lui le second de Jack, Gibbs qui avait brièvement expliqué aux seigneurs déjà présents ce qui était arrivé après la dernière bataille et qui en vérité tenait en peu de choses: Cet imbécile de Jack s’était fait débarquer à Tortuga et Barbossa avait filé avec le Pearl. Quand à Elizabeth Swann nul ne savait ce qu’elle était devenue.

 

Ammand se leva brutalement.

«  Nous ne pouvons pas les attendre plus longtemps ! Nous devons réunir le conseil. Avec ou sans eux.

- Il manque le Roi. Commenta l’interprète de Sumbhajee

- Peu importe le Roi ! Si ça se trouve cette fille est morte comme les trois autres ! Rétorqua Jocquart. Je suis d’accord avec Ammand on commence. »

La guitare de Teague émit un accord discordant tandis que le pirate relevait brutalement la tête.

« Personne ne commence tant que tous ne sont pas là ou que nous n’avons pas la preuve de leur mort. » Déclara-t-il d’une voix calme.

 

Un silence lourd tomba brusquement sur l’assemblée tandis que Barbossa faisait son entrée et plantait son épée dans le globe.

« Belle journée n’est-ce pas ? » Déclara-t-il en mordant dans une pomme.

Villanueva détourna son regard de lui pendant que Gibbs se précipitait vers Pintel et Ragetti.

« Où sont les autres ?

- On sait pas… Parait que le capitaine Jack est mort…. Répondit Ragetti.

- En tout cas c’est-ce que dit le Capitaine. » Précisa Pintel à la consternation de Gibbs.

 

Jocquart se tourna vers Barbossa, accusateur.

«  C’est de sa faute si on en est là, de sa faute et de celle de Sparrow.

- Moi ???? Demanda Hector, vexé de se voir mis au même niveau que Jack.

- Oui vous deux !! Si vous vous en étiez tenus à nos accords, la Compagnie ne nous traquerait pas comme ça. »

Barbossa réfléchit brièvement, surpris. Il n’avait pas l’impression d’avoir transgressé leurs accords. Enfin il y avait bien eu ce navire aux cales remplies d’épices et de ces délicieuses pommes bien juteuses…Mais que diable ils étaient des pirates après tout !!! C’était leur raison d’être d’ignorer les règles !

« Les survivants vous ont formellement identifiés à ce qu’on dit ! » S’exclama Sumbhajee d’une voix de fausset.

Cette fois Hector manqua d’en laisser tomber sa pomme… Des survivants ???? Mais c’était impossible … Il n’en laissait jamais !!!

« Mais que nous reproche t’on !! Ragea-t-il.

- D’avoir cousu des bouches et coupé des oreilles. Répondit Chevalle du tac au tac.

- Charmante idée mais je n’ai rien fait de tel. » Rétorqua Barbossa.

Teague se pencha brusquement en avant, attentif. Le fait que Barbossa se défende était assez inhabituel pour être noté.

« Où sont les autres ? Demanda Barbossa.

- Sumbhajee dit l’Empress coulé avec tous ceux à bord. Dit l’avoir vu. » Déclara l’interprète.

Barbossa haussa les épaules et s’apprêtait à répondre lorsque Ching fit son entrée suivie de près par Elizabeth.

«  Oui l’Empress a coulé. » Déclara Elizabeth en plantant rageusement son épée dans le globe.

 

En la voyant les autres Seigneurs se levèrent instantanément.

«  Oh… Murmura Elizabeth. Je ne pensais pas être aussi attendue…

- Seigneur Swann … S’inclina galamment Chevalle.

- Madame Turner. » Salua au même moment Barbossa.

Elizabeth grinça des dents.

«  C’est Capitaine Turner. Ni Swann ni madame. » Déclara-t-elle d’un ton glacial

Teague se leva brutalement.

« C’est Capitaine Swann. Seigneur de la mer de Chine et Roi du Tribunal de la Confrérie. Ainsi qu’il l’est écrit dans le Code. » Trancha-t-il.

Elizabeth rougit brutalement mais n’osa pas protester, intimidée par le Gardien. Elle ne savait pas trop quelle était exactement la hiérarchie chez les pirates mais elle n’avait à vrai dire pas trop envie de le découvrir. Passant sur les termes, elle se tourna vers Gibbs.

« Où est Jack ? »

 

En l’entendant, Barbossa leva les yeux au ciel.

« Ma... Capitaine Swann… Nous connaissons tous votre attachement pour ce minable de Sparrow mais comme vous pouvez le voir, il n’a pas daigné nous rejoindre. Ce qui n’est guère étonnant de la part d’un lâche de son espèce. Déclara-t-il faisant fuser des rires çà et là.

- Donc vous l’avez débarqué. Où l’avez-vous abandonné cette fois ? » Demanda Elizabeth à Hector sans se démonter.

Le pirate soupira lourdement.

«  Tortuga… Il y est sans doute encore trop occupé à cuver son rhum pour nous rejoindre. »

 

Gibbs reprit espoir à cette déclaration. Si Barbossa pensait que Jack était à Tortuga c’était qu’il ignorait ce qui lui était arrivé, et s’il l’ignorait, cela voulait dire que Jack n’était sans doute pas mort.

«  La Navy nous poursuit ! S’exclama Ammand en se tournant vers Elizabeth. Que doit-on faire ? »

Mais… je n’en sais rien songea la jeune femme avant de se reprendre. Après tout elle était Roi.

« Rien tant que Jack ne sera pas ici. » Répondit-elle.

A ces mots, Teague se renfonça dans l’ombre, satisfait, et recommença à jouer de la guitare.

 

Ching se tourna vers Elizabeth, forte du voyage qu’elles avaient fait ensemble et qui lui avait permis de se placer auprès de la jeune femme.

« Seigneur Swann. Déclara-t-elle avec un respect un peu exagéré. Nous ne sommes même pas sûrs que le Seigneur Sparrow soit encore en vie et il me semble que ce qui est arrivé à votre navire devrait vous persuader d’agir rapidement. »

Elizabeth se raidit tandis que tous les regards se braquaient sur elle et répondit lentement.

«  Il me semble que le Tribunal de la Confrérie compte neuf Seigneurs et non pas huit. Aussi attendrons-nous Jack pour débattre. »

Jocquart frappa violemment sur la table.

« Qu’importe qu’il manque un Seigneur à partir du moment où le Roi de la Confrérie est ici ! Vous êtes souveraine dans les décisions l’absence de Sparrow ne change rien. »

Elizabeth déglutit.

« Mais il me semble que le Code interdit tout rassemblement du Tribunal en l’absence d’un Seigneur… Je ne peux donc pas… » Expliqua-t-elle d’une voix faible tandis qu’un tollé d’indignation saluait ses propos.

 

Teague sortit nonchalamment son pistolet et tira un coup en l’air pour ramener le silence avant de s’avancer, le Code sous le bras.

« Le Seigneur Swann a raison. Il est écrit ici dans le Code qu’aucun Tribunal ne peut se réunir en l’absence d’un des membres. Confirma-t-il mettant au défi quiconque de vérifier ses dires

- Enfin nous ne pouvons tout de même pas attendre d’être sûrs de la mort de Sparrow pour prendre une décision ! Ragea Barbossa.

- Non. Mais il faut attendre deux jours. Répondit calmement Teague. Si dans deux jours Jack n’est pas ici. Le tribunal se réunira sans lui. »

Elizabeth souffla légèrement à l’annonce du délai accordé mais Barbossa repartit à l’attaque.

«  Comment peut-on considérer comme un Seigneur un Capitaine sans navire ? Se moqua-t-il.

- Je n’ai plus de navire non plus ! Rétorqua Elizabeth avec amertume.

- Oui c’est exactement ce que je viens de dire. Répondit calmement Barbossa.

- Oh vous… » Ragea Elizabeth en comprenant la manœuvre du vieux filou.

 

Barbossa se contenta de répondre d’un sourire rusé et Elizabeth s’apprêtait à reprendre la parole lorsque Ragetti s’écria d’une voix terrifiée.

« Le Hollandais Volant !! »

Elizabeth sentit son cœur s’arrêter avant de repartir tandis qu’elle courait à l’extérieur de la salle.

« Will…

- Manquait plus que lui. » Grommela Barbossa avant de faire un sourire aimable à Elizabeth.

 

Le Hollandais Volant,

Île des Épaves

 

 

A la barre, Will retint son souffle en voyant apparaître la silhouette d’Elizabeth, ses cheveux blonds formant une tâche claire au milieu des autres pirates. Frémissant d’impatience il se tourna vers son père.

«  Prends la barre.

- Will... Soupira Bill. Tu ne peux pas mettre pied à terre.

- Un tas d’épaves flottant n’est pas une terre. » Rétorqua Will avant de s’élancer.

 

 

L’île des Épaves

 

Les larmes aux yeux, Elizabeth se jeta dans les bras de Will. Indifférente aux pirates qui les entouraient, oubliant la perte de son navire, Elizabeth unit ses lèvres à celles de Will dans un profond baiser.

« Tu m’as tellement manqué. Souffla-t-elle en caressant le visage de Will.

- Toi aussi … Murmura Will en la fixant comme s’il ne pouvait pas se rassasier d’elle. Tu es magnifique. »

Elizabeth soupira douloureusement et glissa sa main sur sa joue avant de renoncer à parler. Ils n’avaient que peu de temps elle le savait. Trop peu pour le perdre en discussions inutiles. Leurs mains se joignirent et Will posa un regard brûlant de désir contenu sur elle.

«  Je craignais qu’il ne te soit arrivé quelque chose… »

Elizabeth lui rendit son regard et souffla.

« Non… Je vais bien. Mais l’Empress a coulé… » Précisa-t-elle avec tristesse.

 

Non loin du couple enlacé, Barbossa poussa un soupir bruyant.

« Touchantes retrouvailles mais cela ne nous avance à rien ! »

Will, les yeux dans ceux d’Elizabeth répondit :

«  Si au contraire, j’ai des informations à vous transmettre et il y a des chances pour qu’elles soient importantes. »

Elizabeth resserra son étreinte sur Will et soupira,

« Qu’as-tu appris ? »

Will hésita légèrement puis se lança.

« Il y a des âmes coincées entre nos deux mondes…

- Magnifique ! Ironisa Barbossa. Mais que veux-tu que ça nous fasse !!! »

 

Le capitaine Teague sortit brusquement de l’ombre et fixa Will.

«  Continue petit.

- Oh… » Murmura Will frappé par la ressemblance du vieux pirate avec Jack.

D’ailleurs où était Jack ???

Question qu’il s’empressa de formuler…         

« Où est Jack ?

- Pas encore arrivé. Répondit Elizabeth. Hector l’a abandonné à Tortuga. »

Barbossa répondit par un sourire faux et Will soupira, à la fois inquiet pour le pirate et soulagé qu’il ne soit pas là.

«  Les âmes coincées. Rappela Teague.

- Oh... Et bien elles sont de plus en plus nombreuses, incapables de franchir la frontières entre nos deux mondes. Expliqua Will. Larry, un des, une des autres âmes, prétend qu’ils sont victimes d’une sorte de magie noire. »

La mine d’Elizabeth s’allongea.

« Magie noire ????

- Du vaudou. Murmura Teague.

- Oui c’est-ce qu’il a dit ! S’exclama Will. Vous savez ce que c’est ? Comment on arrête ça ???

- La seule manière d’arrêter un loa c’est de le tuer. » Répondit Teague sans émotion.

 

Pintel et Ragetti échangèrent un regard inquiet tandis que Barbossa se tournait vers Will.

«  Tes problèmes sont vraiment très intéressants mais nous avons autre chose à faire que de traquer ton mage vaudou. La Compagnie est sur nous !! »

Will, la main dans celle d’Elizabeth se tourna vers Barbossa

« Peut-être bien que les deux choses ont un lien.

- Ou peut-être pas… » Répondit Barbossa en haussant les épaules.

Elizabeth serra la main de Will.

«  Comment puis-je t’aider ? »

Will soupira, triste de gaspiller ces précieux moments.

« Larry m’a donné un nom : Blackbeard. Souffla-t-il tandis que les Seigneurs pirates, déçus, reprenaient le chemin de la salle du conseil. Un pirate.

- Mais pourquoi ferait-il ça ? » Demanda Elizabeth.

 

Will eut un geste d’ignorance.

« Je ne sais pas mais Larry avait l’air terrifié. Je t’en conjure Elizabeth soit prudente, je ne veux pas avoir à supporter de te voir attendre ton passage. »

Elizabeth baissa légèrement les yeux.

« Je ferais mon possible. Mais la situation ici n’est pas meilleure. La Compagnie redouble ses attaques. »

Will lui caressa doucement la joue.

« Mais ils ont un bon Roi …

- Je ne suis pas sûre d’être à la hauteur. Soupira Elizabeth.

- Tu le seras. J’ai confiance en toi. »

 

Depuis le Hollandais Volant, Bill les interrompit soudain.

«  Will … Nous ne pouvons pas rester plus longtemps. »

Elizabeth sentit une boule se former dans son ventre et referma ses doigts sur le bras de Will.

«  Reste… ou plutôt laisse-moi t’accompagner. »

Will posa un regard chargé de regrets sur elle.

« Là où je vais tu ne peux pas aller… »

Des larmes se formèrent dans les yeux d’Elizabeth et elle soupira.

« C’est tellement injuste.

- Je sais… Souffla Will en la serrant contre lui. Elizabeth… Si, pendant mon absence, je veux dire, continue à vivre… »

Elizabeth eut un léger sourire ironique et cherchait une réponse lorsque Bill les appela.

«  Will ! Vite. » Le pressa Bill.

Le jeune capitaine posa un regard chargé de regrets sur sa femme et leurs bouches se rejoignirent une nouvelle fois avant qu’il la lâche à regret.

«  Je ne peux pas rester plus longtemps. C’est trop risqué… »

Elizabeth grimaça et ravala ses larmes.

«  Oui je comprends. Répondit-elle d’un ton bravache tandis que Will reculait lentement, leurs mains se séparant

- Au revoir Elizabeth. Sois heureuse… Fais attention à toi… » Souffla Will avant de remonter sur son navire qui disparut aussi vite qu’il était venu.

 

Elizabeth ferma les yeux, elle laissa les larmes brûlantes inonder ses joues puis les essuya d’un geste rempli de rage avant de rejoindre les pirates.

 

 

L’Île aux Épaves, Salle du Conseil

 

 

Lorsqu’Elizabeth reprit sa place un grand silence se fit et la jeune femme retint un soupir inquiet.

« Connaissez-vous un pirate nommé Blackbeard ? » Demanda-t-elle.

Sa question amena un tollé d’injures et de crachats, tous les Seigneurs se coupaient la parole. Finalement Barbossa réussit à s’imposer.

« Madame Turner.

- Seigneur Swann !! Toujours !!! Le corrigea Elizabeth sous le regard approbateur de Teague.

- Seigneur Swann…. Comme nous l’avons dit … Les problèmes que pourrait rencontrer votre mari dans l’accomplissement de sa tâche ne sont hélas pas du ressort de la Confrérie. Aussi si nous pouvions nous concentrer sur ce qui est VRAIMENT important … »

 

Elizabeth serra les poings.

« Et qui vous dit que les deux choses ne sont pas liées ? »

Barbossa soupira, pestant silencieusement contre le sentimentalisme des femmes.

« Parce que vous pensez que la Navy s’amuse à jeter des sorts ? 

- Non. Reconnut Elizabeth. Mais peut être que ce que la Compagnie cherche c’est en fait ce Blackbeard.

- Complètement idiot … »Murmurèrent les pirates.

 

Elizabeth soupira tandis qu’ils se répandaient en injures. Elle cherchait un moyen de leur faire comprendre que c’était possible lorsqu’une voix s’éleva derrière elle.

«  La blondinette a raison… Les deux choses ont le même responsable. »

Elizabeth sursauta brièvement tandis que Gibbs reculait brutalement et se signait.

« Par les dieux de l’enfer… Tout mais pas …elle. » Déclara-t-il d’un ton effrayé.

 


Chapitre 2                                                                                                         Chapitre 4


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