Sur le Green Bottle, James Norrington avait de plus en plus de mal à ordonner ses idées et se retrouvait avec surprise occupé à se battre pour garantir la sécurité d'une bande de pirates qu'il se serait fait un devoir de pendre dans d'autres circonstances.
Leur départ de Shipwreck Cove ne s'était pas fait sans mal, la méfiance naturelle de Sao Feng les avait obligés à fournir une profusion d'explications et poussé Teague à la limite de sa patience.
Audrey avait même accepté de se dessaisir du grimoire qu'elle avait volé à son époux, préférant le laisser sous la garde de Teague attendu qu’elle se méfiait à présent de cette Calypso qui avait si bien su l'utiliser tout comme Beckett l'avait fait en son temps. La jeune femme était devenue taciturne et passait de longues heures enfermée seule dans sa cabine, fuyant même la compagnie de James, le cœur étreint par un affreux doute. Audrey ne cessait de penser à Tia, à la manière dont cette dernière l'avait recueillie, lui avait redonné le goût de vivre et l’avait consolée après les épreuves qu'elle avait vécues. Durant de nombreuses années, elle s'était félicitée d'être tombée sur une femme telle que celle la, dont le savoir lui avait permis de se mettre en sécurité. Longtemps, elle avait cru que Tia Dalma était comme elle, une victime innocente de la cruauté d'un homme et non une manipulatrice perverse.
Elle gardait également ses distances avec James, sentant le ressentiment sourd mais présent qu'il lui vouait depuis l'annonce du mariage d'Elizabeth. De temps à autres, Audrey se risquait à effleurer l'esprit de James, cherchant à connaître ses pensées, mais elle se heurtait invariablement au souvenir de celle qu'elle commençait à haïr.
La course vers le bayou, occupait tout leur temps et depuis deux jours qu'ils avaient quittés la forteresse pirate, Audrey n'avait pas eu de contact avec les hommes d'équipage ou James.
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Finalement ce dernier se décida à venir frapper à sa porte et se glissa d'un air presque penaud lorsqu'elle l'autorisa à entrer. Les deux complices se jaugèrent un instant puis James détourna le regard, il se haïssait pour ce qu'il allait lui demander mais ne pouvait continuer sans savoir.
« Elizabeth. Dites-moi, est-ce que vous la voyez ? »
Audrey grimaça brusquement lassée de toujours être utilisée. D'abord Cutler de la manière la plus abominable qui soit, puis son propre frère Anthony, Tia, qu'elle avait longtemps considérée comme sa planche de salut et enfin James qui ne voyait en elle qu'un moyen de se rapprocher de celle qu'il désirait.
« Oui je la vois. Répondit-elle laconiquement, devinant sans peine la question qui allait suivre.
- Et comment va-t-elle ? »
Audrey eut un sourire mauvais à cette question. Elle en avait assez d'être toujours celle qu'on utilisait, assez de lire le désir pour d'autres femmes dans les yeux de James. Elle avait vu la manière dont il avait regardé Tia Dalma, elle avait lu le désir brûlant auquel il n'avait résisté qu'à grand peine. Le regard planté dans le sien, ses prunelles mauves assombries par la colère sourde qui grondait en elle Audrey répondit :
« Elle va merveilleusement bien. Elle aime tout ce qu'il lui fait, les humiliations, la manière dont il la prend comme un animal, elle aime la poussée violente de son sexe en elle, elle est une victime consentante dont le corps réclame d'être pris. La lumière autour d'elle s'atténue à mesure qu'elle s'enfonce dans la luxure. Elle aime la sensation des lèvres d'une femme sur …
- Taisez-vous. Murmura James, blanc comme un linge.
- … son corps. Elle aime être attachée, prise par un homme qui n'est nul autre que son propre père.
- Non ! C'est faux vous, vous mentez !
- … Chaque coup de reins, chaque jouissance du gouverneur Swann dans le corps de sa fille damne un peu plus celle-ci. Elle ignore qui la prend ainsi. Elle cherche à se persuader que c'est son époux mais en vérité elle s'en moque, elle est bien trop occupée à songer au seul homme qui compte pour elle. Mais son âme s'assombrit, son cœur se durcit…Et elle jouit James !
- Taisez-vous Audrey… Implora-t-il, pétrifié par l'horreur qu'elle suggérait.
- Et chaque fois qu'elle le fait, elle pense à cet homme qu'elle aime de tout son cœur. Ainsi celui qui pourrait la sauver devient le plus sûr instrument de sa perte car il lui fait connaître le plaisir dont Beckett se repaît, dévorant son âme et son innocence. Chaque minute qui passe fait qu'elle lui appartient un peu plus. Bientôt elle ne pourra plus résister et il la détruira !
- Non pas Elizabeth, non !
- Mais ne croyez pas que vous êtes l'homme qui anime ses pensées, que vous êtes son rédempteur et son tentateur. Non celui à qui revient ce rôle c'est Jack Sparrow. La vie est bien faite… Vous ne trouvez pas James ? »
Ce dernier lui répondit par un long regard meurtri et furieux tout à la fois qu'Audrey lui rendit une flamme de défi dans le regard, priant silencieusement pour qu'il lui prouve à quel point elle se trompait.
« Je ne peux pas croire cela. Murmura James, vaincu.
- Pourquoi ? Parce qu'il vous est impossible de croire que votre si merveilleuse, si innocente Elizabeth Swann se vautre dans tous les bras prêts à lui dispenser du plaisir ? Ou alors qu'une femme dotée d'une âme aussi pure s'amourache d'un pirate qui en vaut à lui seul dix comme elle ? » Persifla Audrey, aveuglée par la rage et l'aversion qu'elle ressentait envers celle qui détenait le cœur de Norrington, là où elle n'avait réussi à posséder que les frustrations de son corps.
James laissa retomber ses bras en guise d'impuissance et secoua tristement la tête.
« Non ce que je ne peux pas croire c'est que vous soyez aussi cruelle…Madame Beckett. » Répondit-il simplement avant de tourner les talons pour se diriger vers la porte de la cabine.
Audrey, touchée par ses paroles, sa colère envolée, le regarda sortir et les regrets lui serrèrent le cœur. Elle se sentait mal, alors qu’elle réalisait l'injustice et la méchanceté gratuite de ses propos guidés par la jalousie qu'elle éprouvait de le voir toujours aussi profondément amoureux de celle qui ne luttait même pas contre Beckett et qui, elle le savait, serait bientôt détruite.
« James … Attendez. » Tenta-t-elle d'une petite voix.
Il s'immobilisa un instant puis ses épaules s'affaissèrent et James sortit de la cabine, la laissant en proie à ses remords tandis qu'il rejoignait ses démons intérieurs et s'offrait une rasade plus que généreuse de rhum.
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Une fois seule, Audrey fondit en larmes. Elle avait perdu James, elle le savait. Elle l'avait maintenu à distance, fait fuir comme elle l'avait fait avec toutes les personnes qui avaient tentées de l'approcher après son évasion de l'enfer et la quasi renaissance qui avait suivie le sauvetage de Jack. Elle laissa les larmes rouler sur ses joues et lança une nouvelle fois les pinces de crabes, que, dans une autre vie, son amie Tia Dalma lui avait appris à utiliser pour les arts divinatoires. Audrey demeura figée devant la confirmation de ce qu'elles lui annonçaient depuis déjà plusieurs semaines, depuis avant même leur visite à l’île des épaves.
Elle ne l'avait dit à personne, pas plus à Teague qu'à James mais ils arriveraient trop tard au bayou. Tia sera déjà partie, guidée comme eux tous vers un destin plus fort qu'elle. Audrey savait déjà qu'à ce moment, en constatant sa disparition, James choisirait de se rendre à Port Royal. Elle ferma les yeux et les larmes coulèrent cette fois sur ses joues librement, comme si ce simple geste avait le pouvoir de déjouer le destin qu'Audrey savait être le sien. Elle avait beau lancer inlassablement chaque jour, les pinces de crabes, leur réponse était toujours la même le néant.
A Port Royal s'arrêterait son avenir, elle ne pouvait plus voir la suite car elle était condamnée à ne pas quitter cette ville. Audrey avait compris que seule la mort qu'elle avait si souvent déjouée l'attendait à Port Royal, car là-bas, elle retrouverait l'homme qu'elle avait passé une partie de sa vie de femme à aimer avant de passer l'autre partie à le haïr. Elle avait toujours su qu'elle ne pourrait se cacher indéfiniment qu'à un moment ou l'autre, elle retomberait aux mains de son époux. Elle n'avait pas peur, son âme était perdue depuis si longtemps qu'elle ne savait pas quel mal on pouvait encore lui faire. Son regard emplit de regrets caressa la porte par laquelle James avait disparu. Un moment elle avait cru pouvoir échapper à son destin, laisser l'horreur derrière elle et se construire une nouvelle existence avec James. Seulement, il aimait Elizabeth Swann et à cause de cela elle allait mourir. Audrey soupira. Elle ne craignait pas la mort, elle était fatiguée de vivre une vie qui ne lui apportait rien d'autre que des espoirs brisés à l'image de James. Non elle s'éteindrait avec joie si seulement elle était sure que cela scellerait la fin de ses souffrances.
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Le gouverneur Swann mit la dernière main à sa tenue, les traits tirés par ses dernières nuits sans sommeil. Le vieil homme était las et chancelait tant sous le poids de sa culpabilité que sous celui des heures passées à posséder son rêve. Il ne dormait pratiquement plus, son cœur rongé par le remord lui interdisant le repos.
Il en était arrivé à attendre le courrier avec une impatience mêlée de dégoût envers lui-même. Ses mains tremblaient lorsqu'il décachetait les missives de Beckett qui se résumaient le plus souvent à une simple heure griffonnée à la hâte. Il passait ensuite sa journée à se persuader qu'il n'irait pas, qu'il n'empirerait pas son crime et que ce qu'il avait déjà fait suffisait à signer sa déchéance et sa perversion. Et pourtant, chaque soir il se retrouvait, impatient, à la porte de son gendre, poussé par un désir plus fort que lui, incapable de lui résister et se méprisait pour cela.
Weatherby avait abandonné tous ses biens et négligeait les affaires qu'il avait passé sa vie à faire fructifier, s'en remettant entièrement à Cutler dont il avait fait son unique héritier parce qu'il lui avait offert son désir. Il n'avait plus la tête à s'occuper de cela, l'esprit entièrement occupé du souvenir de la peau d'Elizabeth sous ses doigts, des gémissements qu'elle poussait chaque nuit tandis qu'il la besognait, la prenant chaque fois plus fort alors qu’il réalisait les fantasmes qui avaient fleuri dans son âme durant ses longues années de solitude.
Un coup frappé à la porte le sortit de ses pensées sinistres et Weatherby répondit avec distraction, songeant à l'invitation à déjeuner de sa fille et de son gendre, arrivée ce matin, et à laquelle il ne pouvait faire autrement que de se rendre.
« Gouverneur, votre calèche est avancée. » Annonça le valet en posant un regard inquiet sur son maître.
Weatherby, l'air vieilli, se retourna et prit une inspiration avant de répondre d'une voix triste.
« J'arrive… »
Le valet regarda son maître, les épaules affaissées, se diriger vers la porte, et se demanda comme le reste de la maisonnée ce qui avait causé l'apathie du bon gouverneur et qui le poussait à passer des nuits entières dehors sans que personne ne sache ce qu'il y faisait.
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Dans sa chambre richement décorée, Elizabeth mettait elle aussi la dernière main à sa tenue. Cela faisait plusieurs jours qu'elle évitait le plus possible de se regarder dans la glace, mal à l'aise devant la créature que lui renvoyait cette dernière. Finalement, avec un soupir résigné, elle étala une couche épaisse de fard sous ses yeux et tenta de masquer au mieux les cernes que le plaisir avait déposées sur son visage. Sa main tremblait lorsqu'elle remit une mèche en place et elle grimaça en sentant la douleur cuisante de son dos qui portait les marques de la leçon de la nuit qui avait précédé. Cutler s'était conduit comme un rustre avec elle, jouissant des cris qu'elle avait poussés sous la morsure du fouet, ce dernier laissant de légères zébrures rouges sur sa peau pâle.
Elizabeth détourna le regard et rougit à ce souvenir. Elle avait mal. Mais ce n'était pas la souffrance physique, ni même la confirmation du seul intérêt sexuel dépourvu d'amour qui la tourmentait. Ce n'était pas non plus le fait que son mari ait osé la frapper. Non ce dont elle avait honte, c'était de la manière dont son corps avait réagi et l'orgasme qui l'avait laissée pantelante alors qu'il continuait à la frapper, son regard victorieux planté dans le sien tandis qu'il l'asservissait à son plaisir.
Cutler entra dans la pièce, un sourire courtois aux lèvres et alla lui baiser la main avec galanterie.
« Comment vous sentez vous ma chère ? Pas trop éprouvée par la leçon de la nuit dernière ? »
Elizabeth, le regard flamboyant de rage, se dégagea.
« Je n'aime pas ces pratiques. Si vous osez me frapper encore je vous jure que vous le regretterez ! »
Cutler sourit mais son regard se durcit.
« Oh mon chaton sort ses griffes. Il faudra donc encore dompter ce caractère impétueux, il me semblait pourtant que vos cris n'étaient pas de protestation la nuit dernière. »
Elizabeth rougit mais releva la tête avec hauteur.
« Je vous l'ai dit je n'aime pas ça, je ne trouve aucun plaisir dans la douleur ! »
Cutler éclata de rire et prit doucement son poignet dans sa main, la fixant avec froideur.
« Bien sur ma petite catin. Je sais que d'autres caresses vous satisfont plus que les miennes. Je n'en ai jamais douté. Venez donc votre père va arriver et j'ai une surprise pour vous. Disons pour me faire pardonner les mauvais traitements de la nuit dernière. » Finit-il un peu plus chaleureusement.
Elizabeth soupira et réajusta sa tenue, coupable à l'idée que ce qu'il disait soit en partie en vrai. Elle le suivit sans un mot, ne voulant pas inquiéter son père.
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Le gouverneur la regarda approcher, osant à peine poser les yeux sur elle, gêné de se surprendre à détailler sans pudeur ce corps délicatement moulé dans le satin bleuté de la robe qu'elle portait, sa poitrine laissée largement apparente par le décolleté orné de dentelles. Seul à l'aise, Cutler sourit et échangea gaiement tout au long du repas, se réjouissant de la suite qu'il était seul à connaître. Un sourire mauvais naquit sur ses lèvres tandis qu'il proposait son bras à Elizabeth et les conduisait dans le petit salon où il avait choisi de faire servir les liqueurs. A son bras, Elizabeth poussa une exclamation étouffée en découvrant le décor qu'il avait fait mettre en place, la somptuosité des coussins moelleux jusqu'auxquels il l'accompagna avant de lui servir galamment un verre rempli d'une liqueur verdâtre.
« Tenez ma chérie. Gouverneur, prenez place je vous prie. » Suggéra-t-il en désignant un fauteuil en tissu, placé face à l'ottomane dans laquelle Elizabeth avait pris place.
Mercer entra à son tour, une liasse de gravure dans les mains, et referma silencieusement la porte à laquelle il donna un tour de clé. Cutler porta un verre à son beau-père avant de se servir un cognac et resta debout au milieu de la pièce. Weatherby, nerveux, le regarda.
« Allons Cutler, ne nous faites pas attendre plus longtemps. Vous disiez sur votre invitation que vous aviez une nouvelle à annoncer. Quelle est donc cette dernière ? » Demanda-t-il en scrutant les traits de sa fille, brusquement paniqué à l'idée que celle-ci puisse être enceinte.
Cutler sourit et fit un discret signe à Mercer qui les resservit.
« Et bien Elizabeth et moi nous partons en voyage ce soir. »
Elizabeth se releva légèrement, tremblante de colère en apprenant cette décision dans laquelle elle n'ait eu aucune part. Beckett n'en tint pas compte et continua, un désagréable sourire aux lèvres, fixant le gouverneur.
« J'ai donc pensé que vos adieux à votre fille se devaient d'être à la hauteur des sentiments que vous lui portez. »
Le gouverneur blêmit à cette mention tandis qu'Elizabeth les regardait avec incompréhension. Cutler se tourna vers elle, prêt à lui donner le coup de grâce.
« Oh rassurez-vous ma chère, vous allez comprendre. Mr Mercer, veuillez montrer à ma femme ces ravissantes gravures que vous avez dessinées. »
Mercer s'avança, un sourire cruel aux lèvres tandis que Beckett se tournait à nouveau vers le gouverneur.
« C'est un artiste vous savez. Il a un coup de crayon remarquable quand il s'agit d'immortaliser les visages et leurs expressions. »
Weatherby sentit son cœur s'arrêter et comprit enfin le piège dans lequel il était tombé.
« Elizabeth. Non, ne regarde pas !
- C'est trop tard Gouverneur. Et puis je n'ai jamais été enclin aux secrets de famille, ils sont si destructeurs… » Souffla Beckett.
Derrière lui, Elizabeth regarda les gravures et blêmit, brusquement sourde au monde extérieur. Son regard affolé passa des gravures à son père avant de revenir sur ces dernières. Chacune d'entre elles était d'une précision atroce, la jeune femme hurla de se reconnaître, le visage tendu par le plaisir sur chacune, tandis que l'homme qui la chevauchait n'était autre que son père. Elle laissa tomber les dessins, les feuilles parsemant le sol tandis que son monde s'écroulait.
Cutler ricana avec méchanceté.
« Tellement de plaisir ma petite catin, tellement de nuits passées à jouir dans les bras de votre si dévoué papa. Et vous vous êtes laissé faire avec bonheur, appelant même ses caresses comme vous l'aviez fait avec cette fille que je vous ai offerte. Pauvre petit chaton, vous avez passé tellement de temps à faire l'amour en vous persuadant que l'homme qui vous prenait était un autre que moi. Et bien vous avez été exaucée. Même si je doute que ce soit celui que vous espériez tant. »
Elizabeth tenta de se lever, le cœur brisé et les larmes aux yeux. Elle n'osait regarder à nouveau vers son père, comprenant qu'elle y lirait sa culpabilité.
« Vous êtes un monstre … » Souffla Weatherby tandis qu'Elizabeth retombait lourdement sur les coussins, incapable de bouger.
Cutler eut un sourire charmant.
« Un monstre moi ? Oh Gouverneur ce n'est pas moi qui ait pris ma propre fille et fait d'elle ma maîtresse. »
Le gouverneur se leva, égaré, et se dirigea vers la porte avant de se retourner vers sa fille.
« Elizabeth … je… pardonne moi Elizabeth ...je ... Je ne savais pas ce que je faisais... Je ne voulais pas…
- Bien sûr que si vous le vouliez. Comme vous le voulez encore du reste. »
Elizabeth gémit et se découvrit incapable de bouger tandis que son cœur cognait rapidement dans sa poitrine. Cutler se retourna vers elle et sourit.
« Ce n'est pas la peine de lutter, vous êtes trop alanguie pour vous lever, trop épuisée… »
Il se tourna vers le gouverneur.
« Votre fille partira ce soir, elle va me servir de monnaie d'échange. Le pirate Jack Sparrow paraissait pressé de la retrouver et est disposé à payer un prix conséquent. Mais je vous laisse lui dire au revoir comme il se doit Gouverneur. »
Elizabeth frissonna en entendant le nom de Jack, l'esprit de plus en plus embrumé par l'alcool que lui avait donné Beckett.
Weatherby recula, frappé par l'horreur de son geste et par ce que l'autre lui suggérait sans ambiguïté. Cutler reprit d'une voix tentatrice.
« Allons une dernière fois, sentir encore sa peau sous la vôtre, la savourer… Et cette fois savoir qu'elle vous regardera, qu'elle saura que c'est vous qui savez si bien lui donner du plaisir. »
Le Gouverneur rougit de honte, son sexe réagit malgré lui aux paroles de Beckett qui s'en aperçut et éclata d'un rire bref.
« Ne soyez pas timide Gouverneur. Venez prendre ce que vous avez revendiqué tant de nuits déjà. »
Elizabeth, les larmes aux yeux, secoua faiblement la tête tandis que Mercer se penchait sur elle. La lame de son couteau déchira le haut de sa robe d'un geste précis et entailla légèrement sa peau au passage. Elle tenta de ramener ses bras sur sa poitrine nue avant de pousser un gémissement d'impuissance, terrifiée en sentant le regard cruel avec lequel Mercer la détaillait.
Weatherby secoua la tête et détournant le regard de la poitrine blanche qui s'offrait à leurs yeux.
« Laissez la partir. Laissez-la. Vous avez déjà tout. Je vous ai tout donné. Laissez ma fille en paix. »
Le visage de Cutler se contracta et il se tourna vers Elizabeth.
« Lève-toi ma petite catin. Et va chercher ce que tu veux. »
Elizabeth gémit tandis que l'ordre lui vrillait la tête et se leva malgré elle. Le regard affolé en réalisant que son corps ne lui appartenait plus elle s'approcha de son père, luttant sans succès contre la force qui la poussait.
Weatherby ne bougea pas lorsqu'elle lui prit la main avant de la suivre comme dans un rêve vers l'ottomane où elle se laissa tomber, des larmes d'impuissance sur ses joues. Cutler eut un sourire supérieur et s'assit tranquillement pour savourer son cognac.
« Maintenant Gouverneur. » Ordonna-t-il en poussant un peu Elizabeth.
La jeune femme, les yeux agrandis d'effroi, posa la main de son père sur sa poitrine et sentit son corps se tendre à ce contact.
Le gouverneur gémit à son tour, honteux de son excitation, de son sexe douloureux qui poussait sur son pantalon et appelait une libération. Il soupira lourdement et évita le regard plein de larmes d'Elizabeth puis posa sa bouche sur une de ses pointes érigées. Il la suça lentement tandis qu'il remontait une main sur la cuisse nue d'Elizabeth et relevait ses jupons comme il l'eut fait pour n'importe quelle catin. Elizabeth gémit, incapable de faire un mouvement, subissant l'horreur de ce corps qui la trahissait. Elle sentit les doigts pressés de son père la fouiller et son humidité les imprégner tandis que l'habituelle langueur s'emparait d'elle.
Face à eux Cutler sourit à nouveau.
« Faites-lui plaisir Gouverneur. Goûtez-la comme elle l'a si souvent fait avec vous. »
Elizabeth voulut crier son refus, sa peur, mais un gémissement étranglé remplaça son indignation tandis que Weatherby, le cœur battant s'agenouillait devant elle, laissant pendre ses jambes de chaque coté de l'ottomane. Ses mains tremblaient, et il était à demi fou de lire le désir dans les yeux qu'elle posait sur lui. Avec précipitation il colla sa bouche sur ses lèvres les plus intimes, sa langue remplaça ses doigts en elle et il lapa les marques de son désir. Elizabeth poussa un long gémissement de détresse en sentant son cœur s'affoler sous la caresse, son bassin s'avança vers cette bouche qui la dévorait tandis que les mains de son père parcouraient son corps. Elle hurla lorsqu'elle sentit l'orgasme venir et la bouche qui l'embrassait se crispa sur son clitoris.
Weatherby ne pensait plus à rien, dévoré par le besoin de la prendre il avait repoussé loin de lui la honte légitime qu'il ressentait. Il se releva et défit son pantalon, libérant enfin son sexe avant de l'enfoncer brutalement en elle, savourant la contraction de ses muscles autour de lui.
« Non … » Pleura Elizabeth qui récupérait la maîtrise de son corps et cherchait à se dégager.
Le gouverneur gémit lourdement et lui saisit les poignets tandis qu’il allait et venait brutalement en elle. Il la regarda longuement sans voir la détresse dans ses yeux, le désir qu'il avait d'elle remplaçant toute autre pensée. Finalement au bout de longues minutes, il jouit avec un râle de plaisir et resta profondément ancré en elle tandis que sa semence se déversait.
Elizabeth, le cœur brisé, pleurait doucement quand il reprit ses esprits, toujours en elle. Weatherby, pétrifié devant l'horreur de son geste recula brutalement, il remonta son pantalon et passa une main égarée sur son visage.
« Seigneur qu'ai-je fait … » Murmura-t-il en le voyant, recroquevillée sur elle-même, les épaules secouées par les sanglots.
Il avança vers la porte, l'air perdu.
« Pardonne moi … Elizabeth … pardonne moi … » Répéta-t-il avant de sortir sans que personne ne fasse un geste pour l'arrêter.
Cutler se leva et s'approcha d'Elizabeth, puis écarta avec une fausse tendresse une mèche sur son visage.
« Je vais te donner à ton pirate que tu aimes tellement mais n'oublie jamais ma petite catin. Tu es à moi. Et tu m'obéiras quand je le voudrais. Tu m'appartiens … » Murmura-t-il en caressant son anneau de mariage avant de s'écarter à son tour et de sortir de la pièce accompagné de Mercer, la laissant seule.
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Le Gouverneur rentra directement chez lui, ne pouvant chasser le regard meurtri de sa fille de son esprit. Les larmes aux yeux, révolté devant l'horreur de son geste, de ce désir qu'il savait ne pas pouvoir vaincre, il alla s'enfermer dans son bureau. Il pleura longuement sur l'homme qu'il avait été avant de se saisir de son coupe papier et de s'entailler les veines, laissant le sang s'écouler lentement sur son riche tapis venu des Indes.
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Chez elle, prostrée, Elizabeth leva un regard mort sur Mercer. L'assassin lui sourit avec ironie avant de la forcer à se couvrir.
« Le navire nous attend Lady Beckett. » Annonça-t-il d'un ton moqueur.
Elle se leva sans y penser et le suivit sans combattre. Elle venait de réaliser que toutes les souffrances n'étaient pas d'amour et que son époux avait finalement le pouvoir de la briser.
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Le navire affrété par Beckett était déjà loin en mer, lorsque, le lendemain matin, le valet du Gouverneur découvrit celui-ci mort, le coupe papier gisant sur le sol au milieu d'une flaque de sang tandis que sur le visage du suicidé se voyait encore l'humidité des larmes de remord qu'il avait versées.
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