Des dentelles et des bijoux



Résumé : Durant la saison 3, Vane a été capturé, Rogers est alité, Eleanor en charge... Pourquoi décide-t-elle de le faire pendre ? Que ressent-elle réellement pour le pirate ? 

 

Genre : Romance, Drame

 

Pairing : Woodes Rogers/ Eleanor Guthrie, Charles Vane/Eleanor Guthrie

 

Rating : M

 

Note : Ecrit dans le cadre des Nuits du FoF 60 minutes pour un thème, ici : Dentelle

Répond également au défi du Discord Paradisio di Dante : 50 nuances de romance


Des dentelles et des bijoux

Les choses avaient bien mal tourné pour Eleanor Guthrie. La fille de l’ancien gouverneur de Nassau, l’ancienne reine de New Providence, se trouvait désormais enfermée dans une geôle sombre de la Tour de Londres et elle ne se faisait pas la moindre illusion sur ce qui l’attendait lorsqu’elle en sortirait.

 

La pendaison, la mort déshonorante des pirates…

 

Eleanor ne pouvait pas dire qu’elle ne la méritait pas. Après tout, elle avait passé des années à la tête de divers trafics, s’enrichissant au passage. Sous couvert de respectabilité, elle avait dirigé en secret des bordels et des commerces louches. 

 

La porte de sa cellule s’ouvrit avec un grincement et elle se prépara à regarder la mort en face.

 

Au lieu du bourreau, elle découvrit un homme jeune et visiblement issu de l’aristocratie. Surprise, Eleanor le considéra avec méfiance puis, l’espoir monta en elle à mesure qu’il lui exposait les raisons de sa visite.

 

Pacifier Nassau et faire du repaire de pirates de tous poils un endroit civilisé, tel était le rêve de Woodes Rogers… Un objectif que, selon lui, il atteindrait plus facilement si Eleanor lui apportait son aide. Entre la corde et la perspective de retrouver une liberté relative, la jeune femme n’hésita pas. Une fois à Nassau, elle serait chez elle, sur son terrain… Elle aurait les ressources nécessaires pour se débarrasser de Rogers s’il devenait trop gênant.

 

« J’ai besoin de noms, je veux savoir quels sont les hommes susceptibles d’être ralliés à ma cause et ceux qui ne nous rejoindrons jamais. »

Le corps mutilé de son père dansa quelques instants devant les yeux d’Eleanor et elle lâcha.

« Charles Vane. C’est le seul dont il vous faudra vous méfier. C’est un animal. »

 

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Visiblement, Woodes Rogers avait été satisfait de sa conversation avec Eleanor car la jeune femme se retrouva bientôt dans un navire en partance pour New Providence.

 

Fini les robes de prisonnière et les cachots obscurs… Eleanor retrouva avec délices l’air marin, le parfum des embruns et ce gout de liberté qu’elle aimait tant. Peu à peu un plan se formait dans son esprit. Faire reconnaitre Nassau comme une enclave britannique et ainsi, garder la mainmise sur son petit royaume insulaire. C’était ce qu’elle avait toujours désiré et Rogers était prêt à lui offrir.

 

Cela et bien d’autres choses… 

En effet, Eleanor n’avait pu ignorer bien longtemps les regards chargés de désir retenu dont la gratifiait Woodes. Elle se savait belle et pouvait se montrer charmante et éduquée. Woodes se voyait comme son sauveur, elle ne chercha pas à le détromper. 

 

Lorsqu’ils touchèrent enfin le port de New Providence, Eleanor était devenue la maitresse de Rogers. Un statut qui lui assurait une quasi-totale immunité et qui lui permit de renouer avec sa position passée. 

 

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L’or de l’Urca était à leur portée mais, au lieu du trésor espéré, ils n’avaient capturé que du sable et Charles Vane.

 

Rogers était alité, victime d’une fièvre, et Eleanor à la tête de la colonie anglaise. 

 

Charles était son prisonnier…

 

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Le revoir lui fit un choc mais elle s’efforça de rester impassible, l’observant longuement entre ses longs cils sombres. Même enchainé et privé de nourriture, ainsi qu’elle l’avait ordonné un peu plus tôt, Vane exhalait la puissance animale. Des souvenirs d’étreintes farouches et passionnées, bien loin de la tendresse et du respect dont faisait preuve Woodes, traversèrent la mémoire d’Eleanor et elle dut se faire violence pour ne pas céder au désir qui, invariablement, inondait ses reins à la vue du pirate.

 

Vane redressa le visage à son entrée, la gratifiant d’un sourire méprisant. La jeune femme lissa la dentelle de sa robe pour s’accorder un répit avant l’affrontement puis s’approcha de lui.

« Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi avoir tué mon père alors que nous venions enfin de nous retrouver ? »

Vane secoua la tête.

« Ton père t’a trahie, Eleanor. Quand je l’ai menacé, tu sais ce qu’il a fait ? Il a proposé de te livrer à moi en échange de sa liberté. Et cela alors qu’il me savait décidé à te tuer. Il t’aurait sacrifiée sans hésiter pour sauver sa vie ou même pour une poignée de pièces d’or. Voilà ce qui il était. Et tu sais que c’est la vérité. »

Eleanor détourna les yeux. Il ne mentait pas, elle en était certaine. Tous ces mois passés à nourrir sa haine pour Vane, saisissant le premier prétexte venu pour le rejeter… La mort de son père en valait bien un autre.

 

« On dirait que tu n’as pas trop souffert de ta captivité, » observa Vane en désignant la robe de la jeune femme.

 

La sensation du regard clair de Vane glissant sur son corps réveilla un appétit trop longtemps inassouvi chez la jeune femme mais elle recula. Elle ne pouvait pas succomber à nouveau. Même si elle ne rêvait que de sentir ses mains rêches et puissantes sur sa peau et sa bouche sur la sienne, elle devait garder la tête froide. 

 

« Le Gouverneur Rogers a de grands projets pour Nassau, déclara-t-elle. J’ai décidé de le rejoindre. »

Un sourire amer se forma sur les lèvres du pirate et il la détailla.

« Des dentelles et des bijoux… lui lança-t-il sans dissimuler son dégout. Voilà donc ton prix. Tu n’as aucun honneur, aucune fierté. Tu es prête à coucher avec Rogers et à tous nous trahir pour quelques bouts de soies et de dentelle. Pour assouvir ton ambition et garder ton foutu pouvoir sur cette île. »

Son accusation résonna dans l’âme de la jeune femme. Elle ne supportait pas qu’il la méprise, pas cet homme-là, pas après ce qu’il avait fait… Même s’il n’avait pas entièrement tort. 

 

Sans savoir ce qu’elle comptait faire au juste, Eleanor s’approcha de lui.

 

Elle pouvait sentir son odeur de transpiration, de rhum et d’embruns, un parfum male qui n’était qu’à lui. Elle se souvint avec un vertige de la chaleur de sa peau contre la sienne, de la puissance de leurs étreintes. Et alors, elle comprit. Tant que Charles Vane marcherait sur cette terre, elle ne pourrait pas être libre. Un jour ou l’autre, elle finirait par renoncer à tout pour cet homme, pour le gout de ses baisers, pour le sentir la plaquer au sol et s’enfoncer en elle. Folle de rage à cette réalisation, elle le frappa au visage, le martelant de ses poings jusqu’à en faire saigner les jointures de ses doigts.

 

Vane, stoïque, encaissa et Eleanor recula, des gouttes rouges retombant sur la dentelle blanche de sa robe.

 

« Tu seras pendu demain à l’aube, » lâcha-t-elle avant dans sortir sans un regard en arrière.

 

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Une fois hors de la geôle, Eleanor dissimula brièvement son visage derrière ses mains ensanglantées afin d’étouffer ses pleurs. 

 

Vane avait tort. Ce n’était pas pour conserver de dentelles et des bijoux qu’elle s’était offerte à Woodes Rogers. C’était pour se libérer des sentiments qu’elle ressentait pour lui.

 


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