Chapitre 15 : Plongée en enfer


Sur le Hollandais Volant, James Norrington découvrait son nouvel environnement non sans appréhension. Il lui semblait être entouré de monstres, et finalement c'était bien le cas. Les occupants de ce navire n'avaient plus grand chose d'humain et Norrington se demanda si un jour lui aussi ressemblerait à ces créatures. Cette pensée lui fit froid dans le dos car même s'il n'accordait plus grande importance à sa vie, il n'avait pas envie de ressembler à un poisson ou autre crustacé.

« Rassurez-vous ce ne sera pas le cas, lui dit Jones qui semblait lire dans ses pensées. Mais je ne sais pas si votre sort sera plus enviable. Précisa-t-il dans un rire cruel.

- Vous n'y êtes pas je me fiche royalement de ce qui peut advenir de moi, lui répondit James, désabusé.

- Dans ce cas vous êtes au bon endroit. »

 

Jones dédaigna James pour se tourner vers Bill.

« Alors Bill Turner, tu es content ton ancien capitaine va sortir du trou dans lequel il croupit. »

Bill ne répondit pas. Norrington le dévisagea d'un air effaré, en effet même s'il était au courant de la situation familiale de Will il ne s'était jamais rendu compte de ce que représentait le fait de faire partie de l'équipage de Jones.

« Vous êtes le père de Will ? Lui demanda-t-il

- William est mon fils, oui. Confirma Bill d'un air ému.

- Mon dieu pauvre garçon, ne put s'empêcher de dire à voix haute Norrington. Comme s'il avait besoin de cela en plus du reste…

- Que voulez-vous dire ? lui demanda Bill en lui jetant un regard aigu. Tout ira bien à présent je sais que Jack veillera sur Will comme s'il était son propre enfant. J'en suis sûr, j'ai vu comme Jack était soulagé quand il a compris que Will était en vie. Le fait de savoir que Jack va le rejoindre est un réconfort pour moi et c'est grâce à vous. Je ne sais pas pourquoi vous faites ça mais je vous en remercie.

- Vous m'en remerciez ? Ne soyez donc pas si pressé de le faire… »

Norrington éclata d'un rire douloureux et poursuivit.

« C'est quand même incroyable de savoir que vous êtes soulagé de savoir Sparrow auprès de votre fils. Comment fait donc ce diable de pirate pour que tout le monde lui accorde une telle confiance ?

- Jack est quelqu'un de bien et c'était un bon capitaine, juste avec ses hommes. Précisa Bill.

- Au contraire de moi je suppose ? Intervint Jones. Et bien cette remarque te vaudra cinq coups de fouet supplémentaires Bill. »

Un rictus mauvais aux tentacules, Jones se tourna vers son maitre d'équipage.

«  Allez y Jimmy fouettez le.

- A vos ordres mon capitaine, » lui répondit l'autre avec une joie mauvaise dans les yeux.

 

Norrington ne réagit même pas à l'inutile cruauté du châtiment et se tourna vers Jones.

« Et pour moi quel sort réservez-vous ?

- Ah dites-moi, vous êtes pressé. Soit je vais exaucer votre vœu. » Déclara Jones en saisissant James à l'aide d'une de ses tentacules

James sentit tout son être se recroqueviller à ce contact humide et spongieux. Il du prendre sur lui-même pour ne pas montrer la terreur et le dégout qui prenaient possession de lui.

Jones le regarda et sourit

« Vous êtes courageux, ça me plait, j'aurais d'autant plus de plaisir à vous briser. Allons, partons délivrer Sparrow puisque c'est le vœu de tous. »

 

()()

 

Norrington, accroché à Jones se crut aspiré dans un tourbillon et des images insoutenables envahirent son esprit. Des images de douleurs, de torture, comme si toutes les souffrances de plusieurs vies se trouvaient concentrées en un seul lieu. James crut qu'il allait perdre la raison, lorsqu'il entendit au loin une musique faible certes mais qui n'était que douceur et tendresse et à laquelle il s'accrocha avec désespoir. Soudain, le cauchemar cessa, les images se retirèrent de sa tête et la musique se tut. James tomba à genoux sur le sol dur et ne put retenir des larmes de souffrance. Il se força à lever les yeux vers Jones qui le contemplait, intrigué.

« Comment, comment pouvez-vous supporter une horreur pareille ? lui demanda Norrington.

- Je vous demande pardon ? L’interrogea Jones, c'était bien la première fois en cinq cent ans qu'un de ses "invités" lui posait une telle question.

- De telles souffrances, de telles atrocités. Souffla Norrington Et cette musique….

- Vous avez entendu la musique ? S’étonna Jones. Mais c'est impossible !

- Oh si c'est possible. » Lui répondit Norrington qui pleurait sans pouvoir s'arrêter.

 

Avant que Jones n'ait pu interroger plus amplement son surprenant nouveau prisonnier qui semblait si sensible, une voix railleuse retentit.

«  Tiens face de poulpe ! Tu ne peux plus te passer de moi on dirait ! »

En entendant cette voix James sentit la haine et la colère l'envahir. Dire que c'était pour sauver cet homme, ce moins que rien qu'il était ici. Que la vie est donc injuste, pensa t'il en serrant les poings.

«  Sparrow… C'est ton jour de chance. Déclara Jones qui ne releva ni la provocation et ni l'insulte. Tu as apparemment des gens qui tiennent à toi,aussi incroyable que ça puisse sembler. J'ai donc rencontré tes amis et nous sommes parvenus à un accord te concernant.

- Je ne vois pas ce qui t'étonnes là-dedans. Fanfaronna Jack.

- Veux-tu connaître les termes de l'accord que nous avons passé Sparrow ?

- Je t'en prie.

- Ta liberté et ton bateau contre cet homme, dit-il en désignant Norrington, et l'assurance que dans un délai d'un mois vous me restituerez mon cœur. Sans quoi vous irez à nouveau par le fond et cette fois il n'y aura pas de survivants pour venir marchander ta liberté. Suis-je clair Sparrow ?

- Limpide mon ami. »

 

Jack plissa les yeux pour mieux distinguer les traits de l'homme dans la pénombre et finit par reconnaître Norrington.

«  Commodore ??? S’écria-t-il, stupéfait, avant de se tourner vers Jones. Mon ami laisse-moi te dire que tu t'es fait avoir cette fois. Tu as échangé le Capitaine Jack Sparrow contre un vulgaire ivrogne ! Termina-t-il en riant.

- Sparrow, je vais te tuer, cria James qui s'élança sur l'homme qui venait de l'insulter.

- Ca suffit ! cria Jones stoppant net le mouvement de Norrington. Toi, dit il à Jack, tu viens avec moi quant à l'autre qui s'est porté volontaire pour te remplacer et bien qu'il reste ici !

- Volontaire… « répéta Jack, incrédule.

Il se tourna vers Norrington.

« Ben dis donc l'ami elle devait être bien raide celle-là ! Moi qui ai toujours pensé que tu me détestais.

- C'est le cas.

- Ouf me voilà rassuré, un instant j'ai cru que tu t'étais découvert un penchant pour moi ! » Lui répondit Jack en souriant.

 

Le pirate se tourna alors vers Jones sans plus s’intéresser à James.

« Bien partons l'ami, je crois qu'il n'a plus besoin de nous et j'ai hâte de retrouver mon Pearl.

- Ca ne te gêne pas de le laisser ici ??? Releva Jones, toujours médusé pas l'égoïsme de Jack.

- Non pourquoi ? Tu l'as dit il l'a choisi à l'inverse de moi. Je n'irais pas à l'encontre de ses dernières volontés. » Rétorqua Jack avec légèreté.

 

Ne trouvant rien à répondre à cette affirmation, Jones attrapa Jack qui grimaça au contact froid de ses tentacules. Le poulpe l'emporta avec lui et lui fit traverser son petit enfer personnel.

 

()()

 

Agacé par la présence de Jack, Jones ne remarqua pas que de nouvelles images étaient venues s'ajouter à celles déjà nombreuses de ses souffrances. En effet, à chaque fois que Jones se rendait à son Purgatoire, il traversait sans émotion les souvenirs de ses souffrances passées et de celles qu'il avait fait endurer aux pauvres bougres qui avaient eu le malheur de croiser sa route. Et Jones avait le temps durant sa longue existence de stocker beaucoup d'images, tellement qu'il n'y faisait plus attention. S'il l'avait fait il aurait découvert avec surprise que des images de la fiancée de Will Turner enlaçant ce dernier puis souriant à Sparrow peuplaient à présent son mur des peines.

 

()()

 

De retour sur le Hollandais Volant, il se tourna vers Sparrow et se demanda si celui-ci avait lui aussi ressentit quelque chose en effectuant la traversée. Jack lui décocha un grand sourire et respira l'air du large à grandes inspirations.

« Ca va Sparrow ? demanda Jones. Euh la remontée s'est bien passée ? »

A ces mots son équipage lui lança de petits regards furtifs et étonnés. Il faut dire qu'un tel souci d'une personne était plus qu'inhabituel chez leur capitaine qui n'était pas réputé pour sa compassion, loin s'en faut !

« La remontée ? Bah oui, j'ai rien senti. Dit Jack.

- Tu es sûr ? Redemanda Jones, étonné.

- Si je te le dis ! Répondit Jack. amusé par l'intérêt que Jones semblait porter à la chose. Bon où est le Black Pearl ?

- Le voilà. Répondit Jones en soupirant avant de désigner le Pearl à Jack.

- Très bien, mes amis, souvenez-vous de ce jour comme celui où vous avez failli garder prisonnier le Capitaine Jack Sparrow ! déclara Jack qui atterrit sur le pont de son bateau après une habile pirouette.

- Un mois ! Lui cria Jones agacé. N'oublie pas Sparrow un mois c'est tout ce que tu as ! »

 

Mais Jack, ne l'écoutait déjà plus, tout à la joie de retrouver son précieux Black Pearl. Jones se mit alors à songer à ce qui s'était passé avant. Comment diable son nouveau pensionnaire avait réussi à voir ses souffrances? Il cherchait comment cela avait pu se produire mais le cours de ses réflexions fut vite interrompu par Jimmy Legg qui vint lui demander ses ordres.

 

Jones lui répondit et fut rapidement assailli par des petites choses à régler. Il en oublia James.

 

()()

 

Au loin, le Black Pearl s'éloignait mollement sur les flots avec pour seul passager le Capitaine Jack Sparrow !


Chapitre 14                                                                                                     Chapitre 16


Écrire commentaire

Commentaires: 0