Le Queen Anne’S Revenge,

Hector Barbossa, Roi de la Confrérie, s’autorisa un sourire satisfait alors qu’il remontait à bord de son navire.

« Il me faudrait peut-être un autre chapeau, murmura t’il. Qu’en penses-tu Héléna ? »

Encore secouée par la disparition de son fidèle Domez, la jeune femme ne répondit pas et Barbossa soupira avec agacement. Ce faisant, il se souvint de la curieuse déclaration de la jeune femme au sujet de la pierre de résurrection et se crispa.

«  On lève l’ancre, bougez-vous. Héléna dans ma cabine. »

Héléna lui lança un regard furieux en surprenant les sourires et les coups de coude qu’échangeaient les hommes d’équipage et le suivit.

Une fois dans la cabine, Barbossa la considéra avec froideur.

«  Bien à présent que nous sommes seuls, j’aimerais que tu me dises la vérité. Une fois de plus.

- La vérité sur quoi ? » Demanda Héléna.

Barbossa se força à maîtriser son agacement et la toisa.

«  Si tu commençais par me parler de cette pierre de résurrection.

- Et bien, Cortes en a trouvé lorsqu’il a colo

- Ce n’est pas ce que je te demande Héléna. En quoi cette pierre a-t-elle un rapport avec moi !!! »

Héléna se mordit les lèvres.

«  Je m’en suis servie pour te ramener. Ou plutôt, Calypso l’a fait, moi je n’ai fait que la lui procurer. »

Sous le choc, Barbossa ne répondit tout d’abord pas puis :

«  Donc tu veux dire que je te dois ma… résurrection.

- En quelque sorte, » sourit Héléna qui s’approcha de lui.

Barbossa recula et lui lança un regard noir.

«  Tout cela fait partie de ton plan n’est-ce pas ?

- Quoi ???

- Tout ça, ma résurrection, notre rencontre, ta prophétie et tout le reste !!! Depuis le début tu m’utilises ! »

Héléna pâlit un peu plus.

«  Non ! Hector, je, entre nous…

- Une partie de ton plan pour me rendre plus malléable. Tu es de mèche avec le capitaine Teague depuis le début hein Héléna. Quand je pense que je t’ai aidée à redevenir Seigneur, que j’ai abandonné le pouvoir du sabre, pour, pour…

- Je croyais que tu ne l’avais pas fait pour moi. » Tenta de plaisanter Héléna.

Elle recula devant le regard furieux de Barbossa.

«  Hector arrête, si, si j’avais voulu t’utiliser pourquoi, pourquoi te nommer Roi ? »

Barbossa lui lança un regard terrible.

«  Sans doute pour répondre à un de tes nouveaux plans tordus. »

A ces mots, une expression fugace de remord passa sur le visage de la jeune femme et Barbossa blêmit alors qu’il y comprenait un aveu.

«  Tu me paieras ça Héléna Teach. »

Un hoquet secoua la jeune femme et elle se dirigea vers la porte, le menton haut alors qu’elle s’efforçait de ravaler ses larmes.

« Où vas-tu ? Pesta Hector.

- Chercher la pierre que j’ai promise à Jack. »

Le pirate rougit de rage et la rattrapa par le bras.

« Tu crois vraiment que je vais te laisser t’en sortir comme ça ? Tu restes ici. Et si je dois te mettre aux fers pour ça, je le ferais. »

Héléna frémit et plongea dans le regard cruel de Barbossa.

« Pourquoi veux-tu que je reste puisque tu n’as pas confiance en moi ?

- Justement. Je préfère avoir mes ennemis sous la main. Maintenant va te mettre au lit. »

Incrédule, Héléna le fixa.

« Quoi ?? Tu veux que je…

- Tu m’as assez utilisé Héléna Teach. A présent, c’est mon tour de mener le jeu. Tu vas faire exactement ce que je te dis de faire. J’ai assez servi ton plaisir, à toi de servir le mien. Si tu te montres assez docile, peut être que nous irons chercher cette fameuse pierre. »

Le cœur d’Héléna rata un battement tandis qu’elle cherchait les yeux d’Hector.

«  Je t’en prie… Tu ne peux pas… Tu ne peux être aussi cruel. Elizabeth… elle était innocente et tu le sais, Hector je t’en prie.

- Et bien puisque tu en es persuadée, ça ne te fera rien de payer un peu de ta personne pour que je vole à son secours. » Ricana Barbossa.

Héléna baissa les yeux et réfléchit intensément. Elle aurait pu partir, elle le savait. Mais dans ce cas, jamais elle ne pourrait remplir la promesse qu’elle s’était faite de rattraper l’erreur qu’elle avait commise. Et puis… Peut-être que si elle restait suffisamment longtemps avec Barbossa, celui-ci comprendrait qu’elle était sincère. Du moins en ce qui le concernait. Et surtout… Elle ne voulait pas le quitter. Pas lui.

«  D’accord, j’accepte tes conditions, » souffla-t-elle.

Barbossa ricana.

«  Bien Héléna, dans ce cas tu ne verras pas d’inconvénients à commencer maintenant n’est-ce pas ? »

Tout en parlant, le pirate appuya sur les épaules de la jeune femme dans une invite évidente. Blême, Héléna se laissa glisser à genoux sur le sol tandis qu’Hector inclinait le visage en arrière.

« Soulage-moi Héléna Teach. »

La jeune femme avala sa salive et défit le fut de son amant d’une main tremblante. Sa bouche se referma sur le sexe tendu de désir qu’il lui présentait et il crispa ses doigts dans ses longs cheveux.

«  Au fond Héléna. » Ordonna-t-il.

La langue de la jeune femme glissa sur lui et elle obéit. Là, Barbossa haleta légèrement et ondula des hanches avant de se laisser aller dans sa gorge, secoué par des spasmes de plaisir.

Héléna leva les yeux vers lui et Barbossa la fixa, un sourire mauvais aux lèvres.

«  Va donner ton cap à l’homme de barre. »

Un soupir de soulagement échappa à la jeune femme en comprenant qu’il comptait remplir sa part du marché. Sans lui donner le temps de réfléchir plus avant, Héléna se précipita vers la porte. La voix de Barbossa la rappela.

«  Héléna ?

- Oui Hector ?

- Veille à être disponible quand je le désirerais, je n’en ai pas encore fini avec toi. »

Aux oreilles de la jeune femme, la menace résonna comme une promesse…

Le Black Pearl

Accoudée au bastingage, Angelica fixait Jack, inquiète. Cela faisait de nombreuses minutes que le pirate semblait plongé dans une conversation avec un interlocuteur invisible. De plus en plus angoissée, la jeune femme s’approcha de son mari et effleura son bras.

«  Jack ? »

Le pirate sursauta à sa vue et pendant une fraction de seconde, Angelica aperçut son visage dévoré par la peine, puis Jack se reprit et lui sourit.

«  Angie mon ange… Que se passe-t-il ? »

La jeune femme le regarda avec angoisse et se força à reprendre d’un ton égal.

«  Ca fait des heures que tu as pris ton quart, tu devrais aller te reposer un peu. »

Jack posa des yeux injectés de sang sur elle.

«  Quand on sera de l’autre côté, quand nous aurons trouvé Philip et sa sirène. »

Angelica grimaça puis se reprit.

«  Jack, je me sens seule…. »

Le pirate cligna des yeux et secoua la tête.

« Pas maintenant, pas tant qu’elle est là.

- Elle ???? »

Sans lui répondre, Jack se dégagea de son étreinte et se dirigea d’un pas hésitant vers la cale.

Angelica le suivit des yeux et se mordit les lèvres pour contenir son inquiétude.

«  C’est de pire en pire, murmura Gibbs à ses côtés. C’est comme s’il était retourné là-bas.

- Là bas ?

- Dans l’antre du démon, le Purgatoire de Jones. » Précisa Gibbs d’un ton sépulcral.

Angelica réprima un frisson à cette évocation et se tourna vers la porte derrière laquelle Jack avait disparu.

«  Comment a-t-il atterri là bas ? »

Gibbs évita son regard.

«  Je crois que le mieux c’est qu’il vous le dise lui-même. Moi j’ai jamais trop compris comment elle s’y était prise.

- Elle ??? » Releva Angelica.

Gibbs prit une expression consternée tandis qu’Angelica se dirigeait vers la cale.

«  S’il vous plait, lui dites pas ce que je vous ai dit… » Plaida Gibbs.

Les yeux sombres d’Angelica se posèrent sur lui et elle soupira.

« Je ferais mon possible… »

()()

Jack s’autorisa une longue rasade de rhum et fixa Elizabeth.

«  Tu n’es pas vraiment là. Si tu étais là, il n’y aurait plus de rhum. »

La jeune femme se contenta de le fixer avec dureté et Jack se mordit la lèvre. Plus le temps passait plus elle était blême et ses yeux entourés de larges cernes noires. Comme si elle mourrait peu à peu sous ses yeux une fois de plus.

«  Jack, il faut qu’on parle. » Annonça Angelica dans son dos.

Un hurlement échappa à Jack et il lâcha sa bouteille qui se brisa sur le sol.

«  Bugger ! Regarde ce que tu as fait ! Maintenant y’a plus de rhum.

- Et c’est pas plus mal vu l’effet que ça te fait en ce moment. »

Jack jeta un regard égaré en direction d’Elizabeth mais celle-ci avait disparu.

«  Jack, je m’inquiète pour toi, murmura Angelica.

- Quoi ??

- Tu passes ton temps à boire et à parler tout seul. Ça me fait peur Jack.

- J’ai toujours bu ! » Se défendit le pirate.

Un vague sourire se forma sur les lèvres d’Angelica devant cette affirmation qui ressemblait au Jack qu’elle connaissait.

«  Certains hommes trouvent que tu te comportes comme lorsque, lorsque tu étais dans le Purgatoire de Davy Jones… Commença Angélica avec précautions. Jack qu’est-ce que tu vois ? »

Le pirate hésita et Angelica posa sa main sur la sienne.

«  Jack, toi et moi tu te rappelles ?

- Elizabeth. » Souffla le pirate.

Le visage d’Angelica se contracta un bref instant puis elle se reprit.

«  Jack tu n’es pas responsable de ce qui lui est arrivé, pas plus que mon père, personne ne pouvait savoir.

- Je savais, je savais qu’il y avait un risque mais je pensais qu’il était encore plus grand pour toi et je… »

Jack s’interrompit, les yeux dans le vague et Angelica retint son souffle.

«  Je l’ai sacrifiée Angelica, pour te sauver. Comme elle l’a fait avec moi pour sauver Will.

- Will ?

- Son forgeron, » cracha presque Jack.

Le cœur d’Angelica se serra devant son amertume évidente mais elle se força à se calmer.

«  C’est Elizabeth qui t’a envoyé au Purgatoire n’est-ce pas ?

- Elle m’a attaché au Pearl, murmura Jack. Puis elle est venue me chercher. »

Les yeux d’Angelica s’emplirent de larmes alors qu’elle réalisait qu’à nouveau Jack ne semblait plus la voir.

«  Comme nous allons la chercher maintenant, souffla t’elle. Jack, ce que tu vois, ce n’est pas vraiment elle, c’est, ce sont tes remords, parce que tu te sens coupable. Parce que tu es un homme bien, enfin de temps à autres… »

Jack la fixa d’un air égaré et Angelica l’attira contre elle.

« Moi non plus je ne veux pas te perdre Jack. Tu es tout ce qui me reste. Je t’aime Jack.

- Tout comme moi, murmura le pirate. Depuis toujours.

- Et à jamais. » Compléta Angelica avant de l’embrasser.

Jack la serra contre lui tandis qu’elle le poussait vers le tonneau le plus proche. Leurs souffles se mêlèrent alors que l’étreinte devenait plus passionnée et Angelica libéra sa verge gonflée.

«  Angie, souffla Jack.

- Tu m’as manqué. » Répondit la jeune femme en se glissant sur lui.

Jack sourit légèrement tandis qu’elle ondulait sur lui.

«  Dis plutôt qu’une certaine partie de mon anatomie t’a manqué…

- Aussi oui, » plaisanta la jeune femme.

Le Hollandais Volant

Philip frémit à la vue du navire en train de couler d’où des survivants tentaient de s’échapper. Le jeune homme commença à se signer avant de se reprendre tandis que les sirènes qui ne le quittaient que rarement se jetaient sur leurs proies.

«  C’est notre nature, Philip… » Souffla Syréna d’une voix languide tandis qu’elle posait un regard envieux sur ses compagnes.

Philip la regarda avec désespoir.

«  C’est la tienne aussi n’est-ce pas ? »

La sirène baissa les yeux, une expression coupable sur le visage et Philip réalisa soudain qu’elle ne rejoignait jamais ses compagnes durant les moments où il récoltait les âmes.

«  Syréna, est ce que… est ce que tu, enfin ces hommes…

- Je vais bien, Philip, » lui répondit-elle d’une voix fatiguée.

Une jeune sirène blonde parmi les plus hardies ondoya vers eux.

« Elle ment, depuis que tu lui as volé son cœur notre sœur ne connait plus le bonheur… » Chantonna-t-elle.

Philip se crispa en reconnaissant la mélodie et la sirène poursuivit.

«  La faim la torture mais elle ne veut pas céder à sa nature… »

Syréna cracha en direction de l’autre sirène et Philip recula, glacé d’effroi devant son visage déformé par la haine. La blonde recula avec un sourire moqueur et rejoignit les autres au milieu des cris de ceux qu’elles déchiraient.

Un silence inconfortable s’installa entre eux et Philip finit par parler, sans la regarder.

«  Elle dit vrai n’est-ce pas ? »

Syréna baissa les yeux et il se pencha au bastingage dans l’espoir illusoire de la toucher.

«  Pourquoi ne te nourris tu pas ?

- Je ne veux pas que tu me voies comme un monstre, » répondit Syréna.

Le visage de Philip se crispa alors qu’il réfléchissait. Il avait vu les sirènes déchiqueter des hommes. Il avait encore leurs cris dans les oreilles. Mais celle-ci…

«  Vas-y, souffla t’il. Rejoins-les. »

Syréna leva un regard indécis sur lui et Philip soupira.

«  Dieu t’a créée à son image. Et ainsi tu es parfaite. Je ne veux pas que tu changes pour moi, parce qu’alors ce ne serait plus toi. Alors, va rejoindre tes sœurs. 

- Merci Philip. » Murmura Syréna avant de s’éloigner à toute vitesse, dévorée par son appétit de chair.

Sur le pont du Hollandais Volant, Philip détourna les yeux. Pendant une fraction de seconde le remords l’envahit au bruit des cris des hommes dévorés puis il se reprit. On ne pouvait en vouloir aux hommes de manger les biches pour se nourrir. Alors pourquoi cela serait différent pour les sirènes ? Le jeune homme repoussa la voix pernicieuse qui lui soufflait qu’elles ne faisaient pas que les dévorer mais volaient aussi leurs âmes et s’empressa auprès de ceux qui attendaient leur ultime passage, tournant le dos au massacre qu’il avait autorisé.

Le Queen Anne’S Revenge

Barbossa regarda d’un air sombre le cap que lui avait fourni Héléna et qui ressemblait à s’y méprendre à celui de la Muerta. Derrière lui, la jeune femme restait silencieuse. Depuis des jours qu’ils avaient passé leur improbable accord, Hector ne s’était pas adouci même s’il l’appelait chaque soir dans sa cabine pour y faire l’amour. Des étreintes qui lui laissaient à la fois émerveillement et frustration tant il se donnait de mal pour paraitre froid à son égard, la réduisant à l’état de réceptacle de ses ardeurs.

«  Dis moi, tu es sûre de toi ? Demanda Hector. Je veux dire, cette île, c’est la Muerta.

- Non, rassure toi, elle y ressemble c’est vrai mais ce n’est pas celle que tu redoutes.

- Je ne redoute rien ! » Pesta Barbossa.

Héléna grimaça. Décidemment quoiqu’elle dise, cela l’éloignait de son amant. Barbossa glissa nonchalamment sa main autour de sa taille.

«  Qu’allons-nous trouver là-bas ?

- Les descendants de Cortes, répondit-elle. Enfin l’un des descendants, Federico. Si quelqu’un sait où trouver ces pierres c’est lui.

- Est-ce que tu veux dire que tu ne sais pas précisément où elles se trouvent ? Releva Barbossa avec agacement.

- En quelque sorte… Répondit Héléna d’un ton évasif.

- En quelque sorte, » répéta Barbossa.

Sa main glissa sur les fesses de la jeune femme.

«  Est-ce que tu me caches autre chose ? Ou plutôt, y a-t-il une chose, je ne sais pas, un détail, dont tu ne m’aurais pas parlé ?

- J’ai défiguré la femme de Federico… Murmura Héléna.

- Ah… pourquoi ? C’était ton amant ?

- Non sûrement pas ! Cracha Héléna. Mais ce bâtard a lancé Blackbeard sur mes traces et c’est à cause de lui s’il m’a trouvée.

- Blackbeard, encore et toujours Blackbeard, ragea Barbossa. Pourquoi faut-il que tu y reviennes sans cesse !

- C’était mon frère avant, mon jumeau, » souffla Héléna.

La main de Barbossa remonta sous la chemise de la jeune femme et ses ongles effleurèrent la cicatrice qu’il lui avait laissée.

« Tu as le sens de la vengeance, sourit-il. Une qualité. »

Héléna cilla tandis qu’il la poussait sur le lit et l’embrassait avec voracité. Un gémissement lui échappa tandis qu’il caressait ses seins sans douceur et Barbossa libéra sa bouche.

«  On a assez parlé pour l’instant, tu ne crois pas ? »

Héléna sourit et l’attira à elle. Pour la première fois depuis des jours elle avait l’impression de le retrouver enfin.

Le Black Pearl

En nage, Angelica se laissa retomber sur le corps de son amant.

«  Encore un peu de vin, souffla t’elle en attrapant leurs coupes.

- J’aimerais mieux du rhum, murmura Jack d’un ton dépité.

- Après… »

Angélica roula sur le lit et but à petites gorgées, satisfaite. Depuis leur conversation quelques jours plus tôt, Jack était redevenu normal, enfin autant qu’il pouvait l’être. Elle avait été stupide de croire qu’il ressentait quelque chose pour Elizabeth. En fait Jack se sentait coupable de l’avoir menée à la mort et puisqu’Elizabeth était venue le chercher au Purgatoire… Soit, ils devaient faire la même chose. Une fois qu’elle serait revenue, ils pourraient oublier cette histoire et reprendre leur vie. Et puis, elle ne perdait pas de vue qu’il existait un espoir même infime pour que son père revienne. Après tout si Jack était revenu, si Barbossa était revenu et si Elizabeth revenait… Pourquoi pas Edward Teach ?

Jack jeta un regard à la jeune femme et soupira. Il aimait Angelica. Il l’aimait vraiment mais parfois, il se demandait s’il l’aimait à cause de ce qu’ils avaient vécu et qu’il avait jadis balayé ou de ce qu’ils vivaient et dont il payait le prix. Son regard croisa celui d’Elizabeth qui les observait, toujours muette et avec la même expression de reproche. Peut-être qu’Angelica avait raison, peut-être qu’elle n’était pas vraiment là et était une sorte de… culpabilité. Cette idée le mit mal à l’aise et il se pencha sur Angelica. Penser à Elizabeth ne la ramènerait pas. Et les cuisses de sa femme étaient si attirantes. Un sourire gourmand aux lèvres, Jack descendit sa bouche jusqu’à l’entrejambe humide de plaisir d’Angelica et cette dernière gémit.

«  Oh Jack… »

Ailleurs

Elizabeth inspira longuement tandis que la voix de Lizzie s’élevait, chargée de colère.

« Il nous ignore !

- Il recommence à vivre, murmura Elizabeth. Pourquoi ne nous laisses-tu pas mourir… »

Le silence lui répondit et Elizabeth soupira.

«  J’en ai assez.

- Et notre vengeance ?

- C’est un pirate. Murmura Elizabeth. Et il aime Angelica.

- Cette idée te fait mal, à chaque fois que tu y penses, j’ai mal, pleurnicha Lizzie. Et il nous a trahies pour ELLE. »

Elizabeth chercha une réponse mais une nouvelle vague de souffrance la submergea et elle hurla.

()()

La douleur.

Toujours la douleur et ces sortes de mains minuscules qui reconstituaient inlassablement son esprit alors qu’elle ne souhaitait que partir. Puis la Fontaine revenait avec sa souffrance, et le supplice recommençait.

« Je t’en supplie, murmura Elizabeth.

- Non, j’ai besoin de toi, sans toi je ne suis plus rien. »

Une vague d’amour déferla en Elizabeth et elle s’apaisa. Si la souffrance était le prix à payer pour l’entendre. Alors elle le paierait.

Isle Grande

Héléna posa un regard vide sur Barbossa.

Dans la taverne, à quelques mètres d’elle, le pirate glissait sournoisement la main dans le décolleté d’une putain lourdement fardée. Leurs bouches se rejoignirent et la jeune femme n’y tint plus. Elle traversa la salle et fixa le pirate.

«  Capitaine Barbossa, je crois qu’il est temps de partir.

- Partir ? Alors que je m’amuse tellement ? Non, non ma chère seconde. Mais tu peux t’occuper des provisions pendant que je fais les honneurs de mon navire à cette délicieuse Eliane.

- Marian, corrigea la fille.

- Eliane donc. » Grinça Barbossa.

Héléna le suivit des yeux tandis qu’il s’éloignait avec la catin et serra les poings. Des larmes de dépit perlèrent à ses yeux et elle les essuya d’un geste rageur avant de retourner au navire.

Le Queen Anne’S Revenge

Héléna frappa à la porte de Barbossa.

« Quoi ? » Lui lança le pirate d’un ton rogue en ouvrant la porte.

Le regard d’Héléna embrassa le torse nu d’Hector puis la jeune putain allongée sur le lit, entièrement nue.

«  Hector…. Ne fais pas ça, souffla-t-elle.

- Quoi donc ? Est-ce si étonnant qu’un homme ait envie d’une femme qui ne soit pas défigurée pour changer ? »

Héléna blêmit.

«  Dans ce cas tu comprendras certainement qu’une femme ait envie d’un homme entier. » Persifla-t-elle avant de se diriger vers la passerelle qui servait à débarquer.

Un grognement de rage retentit derrière elle et Barbossa traversa le pont pour la saisir par le bras.

«  Tu n’as pas l’autorisation de débarquer Héléna.

- Tu n’as pas d’ordres à me donner Hector. Je suis un Seigneur de la Confrérie, ragea Héléna.

- Et moi je suis Roi alors retourne tout de suite dans tes quartiers. »

Héléna se dégagea de son étreinte et débarqua avec un air méprisant.

«  Considère que notre collaboration prend fin Hector Barbossa. Je trouverais la pierre sans ton aide. 

- Va au diable, démon de l’enfer ! » Lui cracha Hector, furieux.

Héléna le fixa tandis qu’il s’éloignait puis redressa les épaules. Il ne serait pas dit qu’Héléna Teach obéirait à un homme. Et surtout pas à Barbossa.

Une heure plus tard,

La main sur la barre du navire qu’elle s’était procuré, Héléna sourit. Ce qu’il y avait de bien dans les ports c’est qu’il s’y trouvait toujours des hommes prêts à tout en échange de quelques écus. Y compris à voler un navire.

«  Capitaine La Rouge ? Où allons-nous ? Demanda un homme.

- Appelle moi Rosa. Viens, je vais te donner notre cap. » Sourit-elle férocement.

Le Hollandais Volant,

Philip sourit à la vue de Syréna. La jeune sirène leva un regard inquiet sur lui mais il lui tendit la main.

« Viens… »

Alors qu’il la soulevait pour l’emmener dans sa cabine tandis que les âmes débarquaient, Syréna nicha sa tête contre son torse.

«  J’aimerais être différente Philip…

- Pas moi… » Murmura le jeune homme en la posant sur le lit.

Leurs bouches se rejoignirent et Philip oublia que celle de Syréna avait un gout métallique tandis qu’il s’enfonçait en elle. Avec des gestes lents, Syréna l’attira à elle tandis que Philip savourait la douceur de celle à qui il avait offert son cœur et sacrifié son âme.

Chapitre 31                                                                                                     Chapitre 33